Aujourd’hui, ami(e)s auteurs, je vais vous exposer différentes manières d’alléger et clarifier votre style.
Pour ce faire, je m’appuierai comme toujours sur des exemples, dussent-ils choquer. Cette fois-ci, il s’agira d’extraits de la nouvelle traduction de La Roue du Temps (LRDT pour les intimes ^^) – déjà citée en commentaire d'un précédent billet, celui sur l’abus du participe présent :
« Voici un exemple assez édifiant : la nouvelle traduction de l’immense best-seller de fantasy « La Roue du Temps », publiée à grand tapage par les éditions Bragelonne.
"(…) le garde revêtu d’une longue cape devant lequel se campa Lan était appuyé sur un arbre, la tête reposant sur la poitrine. Quand son chef lui tapa sur l’épaule, il sursauta, se redressant si vite qu’il faillit lâcher l’arc qu’il serrait entre ses mains gantées. Dans le mouvement, la capuche de sa cape glissa, révélant le casque en fer conique qu’il portait sur sa tête. Le soldat se hâtant de remettre en place la capuche, Lan n’eut pas le temps de voir vraiment son visage derière la grille de protection du casque. »
4 phrases, 4 participes présents : trop, c’est trop ! :-)
Il y a malheureusement d’autres maladresses stylistiques. Je pourrais en faire un billet, mais je me bornerai à rappeler que ce texte aurait pu être traduit ainsi, sans violer la version originale :
« Lan se campa devant un garde drapé d’une longue cape. L’homme se tenait adossé à un arbre, la tête sur la poitrine. Quand son chef lui tapa sur l’épaule, il se redressa d’un sursaut ; sa capuche glissa, révélant un casque conique, et il faillit lâcher l’arc que serraient ses mains gantées. Le soldat releva vivement la capuche. Lan n’avait pas eu le temps de discerner son visage à travers la grille du casque. »
Pour la défense de l’éditeur, j’ajouterai que la traduction précédente, quoique plus littéraire, était entachée de très nombreuses fautes, erreurs et approximations ; et pour la défense du nouveau traducteur, je précise que l’éditeur lui a imposé un travail ventre à terre sur les (volumineux) tomes de la saga, en vue d’un rythme de parution aussi court que possible.
Personnellement, je trouve la nouvelle traduction made in Bragelonne fade, dissonante, parfois fautive ; rien à voir avec la magnifique traduction de Jean Sola pour « Le trône de fer » – enfin, son début seulement : les lecteurs, déconcertés par un style trop littéraire (ma parole, ce mot va finir par devenir péjoratif !), ont fait pression pour que l’éditeur change de traducteur…
Tout cela prouve plusieurs choses : en matière de qualité, l’édition traditionnelle ne rend pas toujours des copies irréprochables ; le lectorat d’aujourd’hui n’est plus aussi sensible à la belle langue, il semble même qu’elle dérange parfois, tant le baragouin inepte de la publicité, des médias et de la littérature industrielle ont abaissé le niveau d’exigence et déformé la perception esthétique de l’écrit ; par conséquent, aujourd’hui tout est permis, et chacun peut trouver des lecteurs sans trop se conformer aux canons de l’écriture.
Il n’en reste pas moins que lorsque l’on veut éviter de choquer la frange du lectorat encore imprégnée de bonne littérature, ou séduire un éditeur classique soucieux de la beauté d’un texte et de sa conformité aux règles de bon usage, mieux vaut éviter de faire n’importe quoi.
L’on pourra me répondre que même la première traduction bâclée de « La Roue du Temps » s’était écoulée à des millions d’exemplaires. Oui, mais je rappellerai que Robert Jordan était déjà connu, notamment pour avoir écrit certains épisodes de la série “Conan”. En outre, il a su créer un univers qui sort vraiment de l’ordinaire. Je regrette beaucoup que la fantasy soit considérée en France comme un genre mineur, au point que l’on n’ait pas jugé utile de gratifier cette saga d’une traduction optimale. »
Eh bien finalement, j'en ai fait un billet ! Rien de tel pour encourager des auteurs débutants que de leur montrer les fautes dans les livres édités, et leur démontrer qu'en se donnant un peu de peine, ils pourront mieux faire dans leurs propres écrits.
Je le répète, l’éditeur et le traducteur ont des excuses. Jean-Claude Mallé est essentiellement un traducteur de fantasy ; or, comme évoqué ci-dessus, les traductions de genres dits mineurs (!) sont rarement très littéraires, à mon profond regret. Il y a eu des exceptions. J’ai mentionné Jean Sola ; j’ajouterai au palmarès, entre autres, les traducteurs du grand Theodore Sturgeon (je ne me souviens que d’Alain Glatigny, qui avait traduit Cristal qui songe, mais la performance littéraire du recueil Romans et nouvelles concerne plusieurs traducteurs) ; et sans être à proprement parler « littéraires », les traductions de Harry Potter, de La Croisée des Mondes ou de la trilogie de Jonathan Stroud sont impeccables.
Je reproche à Mallé quelques choix de traduction critiquables, mais surtout un style plat et lourd, en plus de fautes caractérisées comme « résidant » (le participe présent) employé de façon récurrente à la place de « résident » (le nom). Tout le monde s’en fiche, me direz-vous. Eh bien, pas moi ; sans doute suis-je une incurable perfectionniste, mais je trouve de telles bavures anormales dans une édition passablement haut de gamme. Cela dit, si je vous disais sur quelles bévues je suis tombée dans La Blanche, prestigieuse collection de Gallimard, vous tomberiez à la renverse.
Attention, ami(e)s autodité(e)s : ce n’est pas une raison pour vous laisser aller. Ce qu’on pardonne à Gallimard ou même à Bragelonne, on ne vous le pardonnera pas. Les auteurs autoédités sont la cible d’un a priori négatif ; on présuppose leurs livres médiocres et mal rédigés – cf, sur mon blog, mon empoignade avec la blogueuse « institutionnelle » Sophie Adriansen.
Bien sûr, de plus en plus de lecteurs ont tendance à avaler l’histoire tout rond, avec la peau, les poils et les coquilles. Les anormaux de mon espèce, qui, sans qu’en souffre leur plaisir de lire, captent simultanément l’intrigue, les malfaçons et les intentions de l’auteur en prime, ne sont pas légion. Mais si tout le monde ne relève pas toutes les bavures, il y aura toujours des lecteurs qui en repèreront une par-ci, par-là.
En tant qu’autoédité(e)s, vous avez un devoir d’excellence dont sont exemptés les auteurs édités. Hé oui.
- D’abord parce que vous ne pourrez vous défausser sur personne ; seul maître à bord, vous êtes seul responsable du résultat.
- Ensuite, parce que fournir une copie irréprochable est le seul moyen de vous faire remarquer de façon positive (que ce soit par les lecteurs ou les éditeurs) « malgré » votre statut d’auto-édité(e).
- Enfin, parce que la réputation de « l’indésphère » (la sphère des indépendants) toute entière dépend des efforts de chacun, et rejaillira sur tous.
Je me suis montrée bavarde, mais le sujet en vaut la peine. Poursuivons la démonstration.
Pourquoi un style plat et lourd serait-il un obstacle au succès d’un livre, me direz-vous ?
Je vous l’accorde, ce n’est pas toujours le cas : on voit des ouvrages monstrueusement médiocres devenir des succès, être encensés sur la blogosphère littéraire, remporter des prix pour auteurs autoédités. Seulement, les professionnels du livre – éditeurs, libraires, critiques – se tordent de rire ou de dégoût à leur seule évocation, et cela fait beaucoup de tort à l’indésphère.
En outre, j’imagine que vendre n’est pas votre seul objectif ; si c’était le cas, il faudrait vous mettre d’urgence au mum porn bas-de-gamme, aussi vendeur que des gilets de sauvetage dans les derniers instants du Titanic. Non, on peut supposer que vous avez surtout envie d’être fiers de vous, de vous relire avec la glorieuse certitude que vous avez fait de votre mieux et que même les chercheurs de poux de mon espèce n’auront pas grand-chose à redire.
Au-delà de la correction orthographique et syntaxique, il y a la musique. Et là, nous touchons à l’essentiel.
Le style c’est l’essence de la littérature, On devine aisément pour quelle motivation les femmes, de la puberté au grand âge, se seront ruées sur 50 nuances de Grey. Et l’on se doute bien qu’une fois le livre refermé, aucune phrase ne les hante plus ; qu’aucune mélodie ne les accompagne, ne résonne en contrepoint de leurs joies et de leurs chagrins, ne leur donne l’impression d’avoir soulevé fugacement un coin de voile sur les mystères de l’existence. Nulle beauté, nulle profondeur n’émanent de ce genre d’ouvrage ; ce n’est qu’un moment d’évasion, une distraction sans conséquence.
Or, si nous écrivons, n’est-ce pas pour saisir, transcrire, transmettre une bribe de ce qui fait la grandeur et la fragilité de l’être humain, un aperçu du splendide, tragique ressac de la vie et de la mort ? Je gage que oui, pour la plupart d’entre vous. Et en lisant, nous recherchons la même émotion fugace, mais rémanente.
Eh bien, tout cela passe par la musique des mots. Au-delà du contenu, le rythme et l’harmonie des phrases sont aussi un message. Ce sont eux, en partie, qui touchent l’âme du lecteur, ravissent ses sens, laissent une empreinte durable dans sa mémoire. L’écriture n’est pas seulement un exercice, mais un art lorsque l’on veut s’en donner la peine. Comparées au pouvoir des mots qui chantent et enchantent, les histoires affriolantes soigneusement stéréotypées ne sont que de vulgaires pièges à lecteurs, des produits à usage unique – sans doute aussi utiles qu’un mouchoir en papier, mais aussi vite oubliés.
Les motivations de lecture sont infinies, et personnelles.
La musique des mots, c’est ce que j’ai ressenti il y a quelques mois dans l’excellent roman d’une auteur de monbestseller.com, Catarina Viti : Femme au bord du monde. Je ne l’ai pas fini, d’abord parce que je souffre de troubles qui rendent la lecture pénible. Également parce que, bien que cette histoire m’ait beaucoup touchée, j’avoue avoir du mal à accorder mon tempo à ces ouvrages lents, subtils, qui dissèquent et explorent des états d’âme. Les drames n’ont pas manqué dans ma vie, mais je les ai exorcisés par l’action ; dans les moments difficiles, mon issue, c’est l’acceptation – une fuite en avant, pourrait-on dire, même si je ne fuis jamais avant que la bataille ne soit irrémédiablement perdue. Aussi, quand je vois l’héroïne ou le héros d’un livre englué dans le chagrin et l’impuissance, j’ai envie de lui crier : « avance, tourne la page ! Quand les choses sont consommées, que l’on ne peut plus se battre, il faut accepter, lâcher prise et renaître. » Ma réaction est injuste, j’en suis consciente, car tout le monde n’a pas ce genre de comportement. Et elle est littérairement absurde, car bien souvent, le ressort d’une histoire repose sur l’impuissance de ses personnages : s’ils se contentaient de passer à autre chose, où serait l’intérêt du livre ?
Pardon pour cette longue parenthèse, qui ne visait qu’à rendre à Catarina un hommage très mérité. Car malgré mon abandon à mi-chemin, la grâce et la musicalité de son roman m’ont touchée, et j’y songe encore.
Revenons à nos moutons : la nouvelle traduction de la Roue du Temps. Pour vous démontrer que l’ancienne, quoique bâclée par endroits, avait une saveur bien plus marquante, je commencerai par comparer 2 extraits.
1) Voici les traductions successives de la première épigraphe du tome 1, qui figure un fragment de texte d’une ère antérieure à celle du récit.
Ancienne version :
« Et l’Ombre tomba sur la terre, et le Monde éclata pierre par pierre. Les océans sortirent de leurs rivages, les montagnes furent englouties et les nations éparpillées aux huit coins du Monde. La lune était comme du sang, et le soleil était comme de la cendre. Les mers bouillonnèrent, et les vivants envièrent les morts. Tout fut fracassé, et tout fut perdu sauf le souvenir, et un souvenir par-dessus tous les autres – le souvenir de celui qui provoqua la venue de l’Ombre et la destruction du Monde. Et celui-là on le nomma Dragon. »
Nouvelle version :
« Alors les Ténèbres s’abattirent sur les terres et les pays furent brisés pierre après pierre. Les océans débordèrent, submergeant les montagnes, et les nations durent s’éparpiller aux huit coins du monde. La lune se transmua en sang et le soleil en cendres. Tandis que les océans bouillonnaient, les vivants commencèrent à envier les morts. Tout fut dévasté et perdu, à part les souvenirs, et, parmi eux, celui du fléau qui provoqua l’Invasion des ténèbres et la Dislocation du Monde. Et celui-là, les homme l’appelèrent Dragon. »
Grâce à un rythme et à des répétitions judicieusement placées, la première version imite parfaitement le style incantatoire propre aux textes sacrés ; par conséquent, sa résonance est beaucoup plus appropriée et efficace que celle de la seconde. Et cette dernière, malgré une volonté – affichée par le traducteur – de faire plus « moderne », a tort de remplacer « changé », terme consacré (« l’eau changée en vin », « les princes changés en crapauds », etc…), par « transmué », inutilement pédant, ou « destruction » par « dislocation », terme scientifique bien moins évocateur, même s’il se veut plus exact puisque le Monde n’a pas disparu.
2) À présent, le début du récit.
Ancienne version :
« Au cours d’une Ère que d’aucuns ont appelée la Troisième, une Ère encore à venir, une Ère passée depuis longtemps, un vent s’éleva dans les Montagnes de la Brume. Ce vent n’était pas le commencement. Il n’y a ni commencement ni fin dans les révolutions de la Roue du temps. Mais c’était un commencement. »
Nouvelle version :
« Au cœur d’un Âge nommé le troisième par certains – une ère encore à venir et depuis longtemps révolue – un vent se mit à souffler dans les montagnes de la Brume. Sans être le Début, car il n’y a ni commencement ni fin à la rotation de la Roue du Temps, ce vent était un début. »
Là encore, je trouve le premier texte plus envoûtant, et je déplore le remplacement du mot « révolutions » (qui avait le mérite d’évoquer non seulement un tour complet sur soi-même, mais aussi les profonds changements qui vont de pair) par le disgracieux « rotation » (en plus, « la rotation de la Roue »… hum !) ; et celui du mot « commencement » par l’insignifiant « début », qui clôt très platement ce passage épique. [Le volume 1 de ma saga Élie et l’Apocalypse s’intitule Impasse du Commencement. Imaginez le bide s’il s’appelait Impasse du Début ! :-p ]
Avant de poursuivre avec des exemples de phrases fautives, un mot sur l’emploi des répétitions.
Cette figure de style se décline en anaphore rhétorique (répétition du même mot ou groupe de mots en début de phrase ou de vers), épiphore (même chose en fin de phrase), symploque (qui combine les deux précédentes), épanalepse (répétition simple, comme dans la tirade de Danton : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. »)…
Au-delà d’une banale insistance, la répétition possède la particularité d’induire un souffle, une résonance, et de renforcer la musique du texte – raisons pour lesquelles elle est très présente dans les livres sacrés, les contes et les chansons. Les exemples précédents, surtout les anciennes versions, vous en donnent une bonne illustration.
À partir de phrases maladroites qui m’ont attiré l’œil lorsque j’ai feuilleté la nouvelle version de LRDT, je vais vous présenter quelques fautes de construction à éviter absolument. J’en profiterai pour pratiquer quelques petites digressions utiles.
Comme tout cela sera un peu long, je vous propose de nous retrouver la semaine prochaine pour ces illustrations pratiques sur le travail de réécriture, où vous trouverez sûrement matière à auto-améliorer encore davantage vos manuscrits.
En attendant, mes ami(e)s, bon travail d'écriture ou de réécriture !
Elen
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Merci Elen
@Chathymi
Le plus pratique pour me joindre, c'est mon profil facebook : https://www.facebook.com/EBKoridwen.
Sans vouloir me mêler de votre dialogue, je pense que ce que Michel Canal a voulu dire en abrégé, c'est "l'école de la recherche de l'excellence". La perfection n'existe pas, les talents sont multiples, mais la volonté de faire de son mieux est à la fois un objectif personnel très gratifiant pour les auteurs, et un hommage rendu à leurs lecteurs.
Bien amicalement,
Elen
@Michel CANAL Bonjour michel, "belle langue" reste pour moi un "concept" bien aléatoire. L'important, à mes yeux, lorsque je lis un livre, c'est le style. Comme disait Céline, celui qui met "ses tripes sur la table". Ce qu'il avait fait au delà parfois de ses forces ou de "sa folie".
Vous dites être "de la vieille école, celle de l'excellence", j'estime, mais cela n'est que mon humble avis, et qui ne vaut pas grand chose , que vous vous placez là dans un espace de prétention qui ne vous ressemble pas. Puisque je vous ai lu, et dans les rubriques. L'excellence, à qui est-ce reservé?
Je suis d'accord avec vous concernant la part généreuse de Elen. Je prends et je laisse, et j'ai le plus grand respect pour celui et celle qui sait partager le gite et le couvert. Ce qu'elle fait. En ce sens je la remercie mille fois. Bonne journée Michel.
@.elen-brig-koridwen, le mepris, oui, c'est quelque chose aujourd'hui! La difficulté avec internet and Co c'est que l'on a pas encore inventé "la retenue". J'ai souvent été moi-même interpelée d'avoir dit / écrit spontanement des choses que je ressentais et qui était très mal reçu. J'en avais même resolu de ne plus me servir de ces outils. Pourtant, les propos trop contenus, pas assez spontanés, trop agencés, m'agacent un peu aussi. Comme on disait avant, gnangnan . J'en suis là. Je pense qu'à l'automne je vous contacterai personnellement pour vous poser des questions litteraires plus personnelles( mais je sais pas encore où, je dois pouvoir trouver vos coordonnées quelque part...) Merci et belle journée. Cha
@Christophe Lucius
Merci pour la traduction de l'expression "indésphère" ! Comme "blog'litt" (blogueur littéraire), "fast book" (littérature industrielle, par analogie avec "fast food") et quelques autres, il s'agit d'une expression de mon cru que j'emploie couramment en oubliant de l'expliquer.
Petite rectification pour éviter un malentendu : je ne recommande pas de "simplifier son texte jusqu'à l'épure". Il y a des styles luxuriants, et c'est très bien ainsi. En revanche, il faut remodeler ce qui est confus, lourd, alambiqué, et nuirait à l'harmonie de la phrase ou à son sens. Ce n'est pas du tout difficile, comme le montrent les exemples que je donnerai dans la seconde partie.
J'ajoute que comme la plupart du temps, les titres en rouge ne sont pas de ma plume. :-) En particulier, je ne trouve pas la nouvelle traduction de LRDT trop littéraire, bien au contraire ; je la trouve plate et maladroite. Par ailleurs, je ne me permettrais pas de juger les nouveaux lecteurs "inéduqués" ; en revanche, il est clair que les formules trop littéraires les effarouchent, et c'est très dommage.
Pour ma polémique avec Sophie Adriansen, qui, elle, méprise clairement les autoédités, suivre ce lien : http://www.blog-elenbrigkoridwen-elieapocalypse.fr/2016/01/les-blogueurs-litteraires-sont-ils.html
@Michel CANAL
Merci pour votre commentaire, mon cher Michel. J'avoue être très affectée de voir grandir le fossé entre les rares amoureux de notre merveilleuse langue et les auteurs d'aujourd'hui, jeunes ou non, qui prônent que peu importe la forme pourvu qu'on ait l'histoire. Je médite d'ailleurs un énième billet sur le sujet, qui n'aura pas sa place ici puisqu'il ne s'agira pas d'un article didactique.
Je ne pratique aucune forme "d'élitisme" (mot que l'on vous jette à la tête dès que l'on se met à prôner une certaine exigence qualitive) au sens où ces gens-là l'entendent : celui d'un mépris envers ceux qui ne feraient pas assez bien, au nom de critères que les idéologues en question réfutent par avance en proclamant "au nom de quoi peut-on juger ?". Je ne juge personne sur son style littéraire ni sur quoi que ce soit ; j'ai lu avec grand intérêt (et promu) de très bons romans dont la forme laissait pourtant fort à désirer. Il n'empêche que j'aurais aimé les voir atteindre à un état optimal – j'ai d'ailleurs aidé bénévolement en ce sens lorsque l'occasion m'en était donnée. Car je rêve de voir tout un chacun pourvu des moyens d'améliorer ses écrits s'il le souhaite. Toujours faire de son mieux est, me semble-t-il, un droit et un devoir. Devoir vis-à-vis de soi-même, de ses lecteurs. Quant à l'argument selon lequel "tout se vaut, et estimer le contraire est un acte méprisant", il ne mérite guère que la profonde tristesse qu'il m'inspire.
Amitiés,
Elen
Chère @Elen Brig Koridwen, comme vous avez raison : "le lectorat d’aujourd’hui n’est plus aussi sensible à la belle langue, il semble même qu’elle dérange parfois, tant le baragouin inepte de la publicité, des médias et de la littérature industrielle ont abaissé le niveau d’exigence et déformé la perception esthétique de l’écrit ;"
Tout est-il permis pour autant ? Même si "chacun peut trouver des lecteurs sans trop se conformer aux canons de l’écriture. Pour moi, non ! Je suis de la vieille école, celle de l'excellence. C'est ainsi que j'ai été instruit puis formaté.
Et combien votre billet nous est utile à nous, auteurs auto-édités ! Vous avez raison de le rappeler : "En tant qu’autoédité(e)s, vous avez un devoir d’excellence dont sont exemptés les auteurs édités... parce que fournir une copie irréprochable est le seul moyen de vous faire remarquer de façon positive (que ce soit par les lecteurs ou les éditeurs)... on peut supposer que vous avez surtout envie d’être fiers de vous, de vous relire avec la glorieuse certitude que vous avez fait de votre mieux et que même les chercheurs de poux de mon espèce n’auront pas grand-chose à redire."
Au plaisir de vous lire encore longtemps Elen, nous dispensant généreusement vos conseils. Bonne journée. Avec toute ma sympathie. Michel