Eric Brambilla

J´ai beaucoup aimé ce roman riche et original qui dépeint à grosses couches une version pas si futuriste que cela de nos sociétés et aborde de nombreux thèmes existentiels qui me sont chers. Attention, plongée dans les arcanes du mal et de ses mécanismes. En terme de style, si je devais comparer à ce que je connais, je dirais que j´y retrouve un soupçon de Stephenson (pour les descriptions). Le héros est finalement plutôt attachant malgré ses travers bien que peu réaliste. Est-ce une version marseillaise de l´auteur? Les autres personnages sont tout aussi volontairement hauts en couleurs et au caractère souvent très (trop) tranché. Ca fait leur charme, mais on pourrait faire plus subtil. Ils mériteraient peut-être qu´on les découvre plus progressivement (plus au travers de leurs actes), comme un artichaut que l´on effeuille lentement pour en savourer le cœur. Sur le fond, l´artifice d´un mal absolu qui serait extérieur à l´homme facilite le récit d´aventure et permet d´en exagérer les effets (un peu, quoique, en fait...), Je trouve le chapitre Manathym vs Drome Humain trop explicatif, comme si le lecteur avait besoin qu´on lui résume la situation. Est-ce bien nécessaire? Et le chapitre Nim et Tao Révélations pourrait arriver avant la mort de Dan. Le dernier livre, trop explicatif, en rupture de style et en mode « tell » plutôt que « show » mériterait peut-être d´être élaboré dans un livre à part (rencontre extraterrestre?). Attention aux fautes, il en reste. Sinon, je serais très curieux d´avoir votre retour sur mon roman, D.E.X, dont une partie se passe à Montréal et aborde des sujets communs comme la télépathie, le mal...

Allez, 5 étoiles pour encourager la Philofiction, c´est si rare (même si Kafka en faisait sans le dire et que Werber en a fait un business). Dans un style déconstructeur bien différent du mien, des histoires étonnantes, parfois amusantes, souvent érotiques et toujours décapantes. A ne pas mettre entre toutes les mains.

Pas franchement séduit par cette petite nouvelle au départ, je trouvais le récit assez banal pour quiconque est familier avec les métavers. Mais la fin relève le tout. Les métavatars me rappellent le film Clone avec Bruce Willis, mais j´aime bien le côté libre-service de vos métavatars. Par contre, je trouve dommage de vous être limité à une si courte nouvelle. Vous pouviez facilement en faire un roman en mode "show but don´t tell", le métavers offrant de multiples opportunités pour une intrigue naviguant entre monde réel et virtuel et des aventures à couper le souffle. Je vous invite donc dans Betterlife, le Metavers de mon roman D.E.X. :-) Curieux de savoir ce que vous en penserez.

5 étoiles pour l´ironie, l´humour, l´absurde, l´imagination. Très bon le délire de la Régie des Transports (et sa suite) et les vacances de merde. J´aime moins "dernière chance" par contre. Bon, "Retraite anticipée" me rappelle les pires passages de mon roman D.E.X (sic). :-D Elle dénote par le ton et la quasi absence d´humour noir qui égayait la lecture des autres nouvelles. Mais le format est lourd, (je me fais le même reproche, malgré de gros efforts pour ne pas tomber dans le travers du pamphlet moralisateur, Show but don´t tell!) mais le final surprenant est excellent. Et j´ai exactement la même analyse et le même ressenti (cette impression d´un immense gâchis). Sinon, attention aux verbes faibles.

Une réflexion déjantée et profonde, un style sombre et désabusé, des thèmes qui me sont chers (libre-arbitre...). Un cocktail intéressant. Pourquoi n´en avoir fait qu´une courte nouvelle? (Attention, quelques coquilles sans importance.)