@Zoé Florent
J’ai pris le temps de lire ce livre à fond : ce fut un moment aussi passionnant qu’instructif !
Passionnant, car au-delà du plaisir un peu voyeur de découvrir les secrets les plus intimes de votre vie pleine de drames et péripéties poignantes, j’ai retrouvé toute la précision, la sensibilité et l’élégance de votre style (Je n’ai pu m’empêcher de noter sur deux grandes pages celles de vos formules et trouvailles d’écriture qui m’ont le plus séduit).
Instructif, surtout et avant tout :
Je n’avais encore jamais lu une pareille profondeur, intensité et lucidité d’analyse des sentiments d’une fille emportée par l’impérieux besoin de rendre toute la justice due à sa mère, dont l’amour fut trop souvent bien mal récompensé de son vivant.
Il en naît une irrésistible émotion à travers cette véritable rédemption d’une maman qui à travers votre livre, accède au « paradis » de votre esprit puissamment empathique et pleinement reconnaissant.
Ce livre montre parfaitement que la pire des injustices n’est pas d’ordre matériel (comme on tend à tout ramener aujourd’hui), mais d’ordre AFFECTIF.
Pour accéder au bonheur de cette lecture, il faut certes au départ un tout petit effort pour s’habituer à autant de personnages familiaux – nombreux, mais tous nécessaires - qui interviennent sur plusieurs générations dans la construction du récit. Le procédé consistant à remplacer la simple chronologie par une alternance de flashs back et la superposition de couches d’information successives (votre petit péché mignon !) peut également déstabiliser jusqu’au moment où les recoupements finissent par se mettre tous bien en place.
Quelques phrases parmi tant d’autres qui m’ont parlé particulièrement :
« Il avait ce qu’il fallait pour que j’accepte qu’il me fasse des enfants » (p 30),
« Courage et compassion vont souvent de pair » (p34),
« Ton besoin de plaire motivait et justifiait tes lâchetés » (p37),
Le syndrome du « saint-bernard »des maîtresses du père croyant le réconforter face au caractère soi-disant revêche de sa femme en fait poussée par lui à bout ! (p60),
« Mon décrochage s’était produit avant mon dérapage » (p 75),
« En une heure, de rêveuse idéaliste je me suis muée en adolescente désabusée à tendance suicidaire »(p76),
« Seul mon silence était envisageable pour vous protéger l’une contre l’autre du mal que vous auriez pu vous faire » (p 77),
« Ironie du sort, c’est ce manque de courage que t’avait toujours reproché maman qui lui a permis de conserver son époux à ses côtés » (p82),
« Mais le ver est malheureusement déjà dans le fruit ; il a été grassement nourri » (p97),
« Découvrir cet "homme-papa" que je connais si peu » et qui ne s’est soucié que de son "contrat social" (p139),
Le MERVEILLEUX récit du non-avortement (p157),
« La croyance, véritable machine à faire courber l’échine » (p158),
« Une union "tare avec tare", d’une logique implacable » (p158),
« Je n’oublierai jamais ton premier regard, jamais. Tes grands yeux sombres étaient porteurs d’une interrogation immense, doublée d’une sorte de jugement. Impossible de l’oublier. Comme si tu connaissais déjà le avant, et pressentais le après » (p159),
« Je réalise, vu sa peine pour la casquette, qu’elle doit aimer papa autant que je t’aime, maman » (p171),
« Laideur d’âme indissociable, me semble-t-il, d’une intelligence étriquée » (p191),
« Gardez vos poules, je lâche mes coqs ! »(p192),
MERVEILLEUX récit de la dispersion des cendres du papa, digne de Marcel Pagnol (p194)...
Toute cette auto-psychanalyse n'aura pas été seulement précieuse pour vous-même, mais aussi pour le lecteur que je suis qui une fois de plus a appris tant de choses de cette vie dont 'il croyait déjà tout connaître.
MERCI !
Publié le 28 Janvier 2024