La naissance officielle d’une censure de Droit
Avant on liquidait ses ennemis au poison, à l'arme blanche, au pistolet, ou plus simplement on les brûlait en place publique, mais ça c’était avant...
C’est sous François 1er que naît officiellement la censure en France, une censure justifiée et appuyée par le Droit. L'« affaire des placards », objet de la première censure officielle du roi, porte un coup à l'institution ecclésiastique et, par conséquent, à la monarchie de droit divin. Ces placards dénonçaient " les horribles, grands et insupportables abus de la messe papiste, inventée directement contre la sainte Cène de Notre Seigneur, seul médiateur et sauveur de Jésus-Christ". De la naissent l'interdiction publique de tenir certains propos et du même coup le début des guerres de religions entre Luthériens et Calvinistes
Et si l’un des paradoxes de la révolution est de libérer la pensée et la parole, c’est là qu'on a payé le plus cher cette liberté
A la révolution, la Déclaration des Droits de l’Homme place la liberté d’expression au centre du débat public (articles 10 et 11). Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. Et pourtant, c’est bien de la limite du Droit d’expression et des dangers qu'elle représente qu’est née la censure, et les sévices qui l'accompagnent souvent. Et pour quel ordre public, celui qui protège ses intérêts ou celui qui fait avancer la Société ?
Au XIXe, la censure intervient sur les mœurs, le respect d’autrui, au pretexte de la morale
Censure et moralité sont liées… Ces principes traversent le XIXe et XXe siècle et notamment dans le but de protéger la jeunesse de toute apologie de la violence et du vice. Et c’est pourtant au XVIII e et surtout au XIXe que le combat des auteurs et des artistes a été le plus vif : pas de morale dans l’art et pas de censure en écriture.
Sade embastillé, Wilde incarcéré à Reading et plus récemment Gabriel Matzneff destitué de sa respectabilité parce qu’inspiré par des muses interdites… ont payé cher ces pensées qu’ils croyaient libératoires. Le retour à la censure est rampant, le politiquement correct paralysant…et le débat s’appauvrit parfois de multitude de précautions.
Mais attention, chacun situe et pèse la morale à sa propre balance. Les mouvements libératoires de la censure sont un balancier avec des retours sévères et innatendus.
La censure a-t-elle pour vocation de cacher des secrets honteux ?
Donald Trump veut interdire John Bolton en librairie car il contiendrait des informations classées secrètes. Celui ci, ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, auteur de , « The Room Where It Happened ». sera finalement décrété "éligible à l'édition" par la Cour de Justice Américaine.
L'aide à Xi Jinping pour assurer sa réélection à la tête des Etats-Unis, des faveurs accordées à des autocrates, son approbation "off" sur les camps de concentration chinois, les moqueries perpetuelles de son entourage pour son ignorance (La Finlande fait elle partie de la Russie ?, l’Angleterre est elle une puissance nucléaire ?) sont elles de vrais secrets d'Etat ?
Cacher l’ignardise, ce n’est ni protéger du vice, ni une arme contre la calomnie.
Bref la censure a-t’elle pour vocation de cacher des secrets honteux, de bailloner la vérité, d'interdire la calomnie, d'empêcher les propos haineux ?
Tout à la fois et son inverse. Complexe.
Et ou classer la censure dans l’art de l’écriture ?
Dans les contextes nouveaux de sables mouvants, ou l'intersectionnalité devient progressivement une philosophie dominante, ou placer le talent des écrivains et quand les faire taire ?
Celine et Brasillach, risquent bien de retourner à la cave dans cette nouvelle époque ou toute forme d’expression semble être régulée par la notion éthique et sous-jacente du respect de l’autre.
» Qui sont les petits éditeurs et à quoi servent ils ?