J’ouvre un œil. Mon cerveau est embrumé, encore dans un rêve. Je fais une longue promenade solitaire au bord de la mer, sur le sable chaud.
Ce confinement ne fait que confirmer ce que je savais au fond de moi : j’ai un immense besoin de solitude. Oh, bien sûr, c’est un peu trop en ce moment. Mais paradoxalement je me sens libre. Je suis d’ordinaire au service de mes clients : écoute, disponibilité et réactivité sont mon quotidien.
Ce confinement m’a affolée au début : comment survivre sans relations humaines, quasiment sans travail en raison de la fermeture du site.
Puis la vie prend vite le pli du changement. On instaure de nouveaux rituels, on s’astreint à quelques « missions » quotidiennes pour ne pas perdre pied.
Tout est immobile. J’ai parfois l’impression d’être seule au monde. Le temps semble arrêté. Même l’air paraît figé. L’atmosphère est incroyablement calme mais, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas pesant mais léger et reposant.
En réalité cette immobilité n’est qu’une impression : la vie continue.
Il n’y a aucun bruit dans l’immeuble. Mais le silence total n’existe pas.
Le balancier de la pendule oscille, de droite à gauche et de gauche à droite. Il serait presque hypnotique si on le suit du regard. L’oscillation est accompagnée du tic-tac si rassurant dans le silence. Le carillon est audible et reconnaissable. Chaque quart d’heure est signalé par une sonnerie différente : très courte pour le premier quart d’heure puis avec une ou deux notes de plus pour chaque quart d’heure supplémentaire. Avec un peu d’entraînement, on peut connaître l’heure rien qu’en écoutant le carillon.
Il y a aussi le bruit de la rue. Comme un pied de nez, le temps est magnifique depuis que nous sommes confinés. Les fenêtres sont ouvertes. On entend le bruissement des arbres : les feuilles se frottent les unes contre les autres sous l’effet du vent. Les oiseaux profitent de notre absence pour s’exprimer : le « rire » des mouettes, le chant des merles, le croassement des corbeaux, le piaillement des perruches, les mésanges qui zinzinulent et les cris plus ou moins mélodieux des autres espèces du parc. Très loin, on entend des voitures qui passent : c’est à peine perceptible, presque un ronronnement. De temps en temps, une voix humaine : une femme téléphone. J’entends sa voix aigüe qui parle à toute vitesse comme si elle avait peur de ne pas avoir le temps de tout dire. Je distingue aussi le claquement de ses sandales sur les pavés. Puis elle s’éloigne, le bruit s’atténue et le silence revient.
Soudain, à vingt heures, le monde sort de sa somnolence : les vuvuzelas, klaxons, casseroles et applaudissements résonnent. C’est notre façon de manifester notre reconnaissance aux soignants mais aussi aux éboueurs, facteurs, policiers, livreurs, personnel des magasins… Bref tous ceux qui, non seulement nous sauvent la vie, mais nous permettent également de vivre de la façon la plus « normale » possible !
Quant à moi, grâce au confinement, je me suis lancée dans un vieux rêve : l’écriture
Mina16
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Merci pour vos commentaires. La plage n'était qu'un rêve malheureusement …
Merci pour votre parole apaisée, même si pour moi "seule au monde " n'est pas supportable aussi longtemps. Au bord de la mer, peut-être, remarquez, comment diable avez-vous pu profiter d'une plage ?
@Mina16, une belle description de ce que nous vivons nombreux. Merci de l'avoir exprimé de manière positive. J'ai presque l'impression que vous l'avez exprimé pour moi, tant il y a de similitudes avec mon quotidien, même si apparemment nous ne vivons pas dans la même région.
Peut-être me déciderai-je moi aussi à relater mon ressenti.