Actualité
Le 28 Jan 2022

Un hommage à la lecture

La lecture, c'est comme une compagne, comme une amie nous raconte Nathalie Ruiz... Elle ponctue la vie. On la connait, on la reconnait, on la perd de vue, on la reperd de vue puis on la retrouve. Selon l'humeur et les évènements de notre existence
La lecture et soi : une histoire de coupleLa lecture et soi : une histoire de couple

“Longtemps, je me suis couché de bonne heure”, écrivait Marcel Proust.
“Longtemps, je me suis couchée, un livre à la main”, aurais-je pu écrire.

La lecture a été ma compagne de vie depuis ma petite enfance. Pendant une quarantaine d’années, j’ai toujours eu un livre en cours. Et j’ai cumulé les rituels de lectrice passionnée que beaucoup d’entre vous doivent connaître.

 

Le soir, avant de dormir, lire quelques pages jusqu’à tomber d’épuisement, mais lire. 

Le dimanche matin, ce plaisir inégalable de lire après le petit déjeuner, sans hâte, sans urgence. Prendre son temps, finir un chapitre, parfois même l’ouvrage s’il est prenant.

Faire une expédition en librairie, flâner, lire les résumés, les coups de cœur, sauter sur le nouveau roman d’un auteur préféré, anticiper le plaisir de le lire.

Prendre un verre avec une copine lectrice et partager avis et impressions sur les derniers livres lus en commun ou échanger des conseils de nouveautés.

Offrir ce livre que l’on a tellement aimé à quelqu’un que l’on aime beaucoup.

 

Pendant plus de quarante ans, ma compagne de vie ne m’a jamais lâchée. Il y a eu des hauts, des bas, des déménagements, des décisions à prendre, des voyages, des fêtes, des rencontres, des réunions, des disputes, des choix. Mais toujours, elle était là. Toujours, un livre était posé sur ma table de chevet. Toujours.

 

Et puis, il y a deux ans, elle m’a quittée. Comme une vraie amie, elle est partie discrètement, sans reproches. Elle avait compris qu’il n’y avait plus de place pour elle et n’a pas insisté.

 

Il y a deux ans, je suis entrée dans un tourbillon de douleur, de peine, d’inquiétude et de remise en question. Il y a eu le confinement, puis le décès de mon père, puis les interrogations lancinantes, l’angoisse sourde face à la solitude de ma mère âgée, les choix de vie à faire, repartir dans le nord et reprendre ma vie d’insouciance ou rester dans le sud et choisir la famille. Puis à nouveau la douleur, le décès de ma belle-soeur, en trois mois, le chagrin de mon frère, le déchirement de toute la famille. Il n’y avait plus de doute à avoir, mon choix était fait: je changerai de vie et je repartirai de zéro près des miens, dans ma ville natale.

 

Pendant cette période de ma vie, mon cerveau, mais aussi tous mes sens, tout mon être était occupé à souffrir, puis à réfléchir, puis à décider. Je n’avais ni le temps, ni l’envie de penser à la lecture: toutes les parties de moi étaient en tension permanente, focalisées sur mille choses.

 

Une fois mon choix de vie fait, je suis petit à petit revenue à moi, je me suis retrouvée. Mais ma compagne de vie ne m’a pas rejointe de suite. Elle a attendu que je sois prête, que je retrouve la paix. Une paix différente, nourrie de tout que j’avais vécu. Ma nouvelle paix.

 

Puis, il y a peu, un matin, au petit déjeuner, j’ai eu envie de lire. J’ai pris un polar d’Arnaldur Indridason, mon café, et je me suis posée au soleil, sur la terrasse. Sans un mot, ma compagne de vie est venue me rejoindre et s’est assise près de moi. Toujours discrète, elle n’a pas dit un mot. Mais j’ai compris qu’elle ne repartirait pas de sitôt et qu’elle resterait à mes côtés un bon bout de temps.

Nathalie Ruiz

 

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Merci @Nathalie pour votre hommage, il m'a été très agréable de le lire et comme le dit Christiane, de voir que votre compagne de vie est revenue bien plus forte qu'avant.

Publié le 11 Janvier 2023

Chère Nathalie, je suis très heureuse d'apprendre que votre amie est revenue.
Vous me donnez l'occasion de passer une petite annonce :
De plus en plus de textes entrent sur le site (c'est l'effet Da Costa / Figaro / etc. : "sus au 600.000 exemplaires !"), et cela va si vite qu'on ne voit même plus les titres passer.
Il n'a jamais été plus important qu'aujourd'hui que les lecteurs lisent et laissent des messages aux auteurs, et plus important encore : que les auteurs lisent les auteurs, car ceci est l'ADN du site.
Autrement (et je crains que cela soit déjà le cas à 80%), ce site ne sera plus qu'une place de dépôt de manuscrits, où chacun laissera le sien en attendant fiévreusement d'être nominé "livre du mois", en route pour le Concours, en route pour la gloigloire, en route pour les milliasses d'exemplaires vendus, le top 10 et tutti frutti.
Chère Nathalie (je reviens vers vous), si jamais vous aviez quelques heures à sacrifier à la lecture d'un auteur du site, je vous propose de découvrir le magnifique livre de David Naïm https://www.monbestseller.com/manuscrit/15982-allotropismes
Pourquoi lui ? Parce qu'il me paie grassement pour que je fasse la promotion de son bouquin.
Ah, oui, c'est vrai, vous ne me connaissez pas : chez moi, tout est au second degré, et encore... je ne vous parle pas des 1er avril... terrible.
Bonne lecture !

Publié le 01 Avril 2022

@Christiane Pablo Mora
Merci beaucoup Christiane! La bonne nouvelle c'est que "mon amie" est revenue bien plus forte qu'avant! Les séparations ont parfois du bon sans doute...Encore merci!

Publié le 31 Mars 2022

@Nathalie Ruiz
Quel hommage à la lecture ! Je suis certaine que votre réflexion et votre aveu trouveront écho auprès de beaucoup d’entre nous. Votre « amie » s’est éclipsée durant deux ans, votre cœur et votre corps étaient ravagés par d’autres émotions. Je lui en veux, elle aurait pu vous accompagner encore et vous aider à passer le cap…mais peut-être aviez-vous besoin de son silence.
Merci pour votre article.

Publié le 30 Mars 2022