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Le 06 mar 2024

POURQUOI ET COMMENT ÉCRIRE UN FEUILLETON ? Interview de Philippe De Vos par Fanny Dumond

Philippe De Vos aime écrire des feuilletons. Fanny Dumond aime lire les feuilletons de Philippe De Vos (et elle n'est pas la seule). Elle a eu envie d'en savoir plus...
Tribune monBestSeller COMMENT ÉCRIRE UN FEUILLETON

>Fanny Dumond. Bonjour Philippe, l’instigateur de l’onglet "feuilleton" sur mBS.

Depuis fin 2023, nous, lecteurs, avons remarqué votre deuxième feuilleton "On ne chasse pas les mouches, on vit avec ou on les tue". Vous nous aviez offert entre 2019 et 2020, et ce sans faillir durant 27 semaines, les aventures de Virgile sous le titre "Ourbé et Éterna ou Les 7 travaux de Virgile". Pouvez-vous nous expliquer comment cette idée de "feuilletonner" vous est venue ?

>Philippe De Vos. En vérité, je crois que je me suis pris au jeu de mBS, bien malgré moi. Après avoir timidement déposé "Qui a vendu mon âme au diable" en 2017 et "Page 24" en 2018, j’ai eu le privilège d’être mis en avant dans le livre + de la semaine. Cela m’a donné confiance et j’ai continué à publier, à puiser dans mes fonds de tiroir, à peaufiner d’anciens textes et à en écrire de nouveaux. Puis, est venue l’heure où je n’avais plus rien sous la main et en même temps l’envie furieuse de proposer un texte… pour être lu, dialoguer avec des lecteurs, d’autres auteurs. Une sorte d’addiction était née. J’ai remarqué que certains et taines tombaient dans cette même addiction. Depuis, je me soigne ! Mais à cet instant, j’ai déposé des débuts de romans, sollicitant les lecteurs : aimez-vous. Seriez-vous tentés de continuer la lecture ? Quelques rarissimes réponses ! Le lecteur est peu avenant sur les œuvres en construction. Déjà, lorsque le bâti est achevé, il est peu loquace, alors là ! Mais l’envie de proposer des textes était présente. Je me faisais violence pour ne pas y céder. Et puis ! un jour, j’ai soumis à la lecture "Ourbé & Éterna", ou du moins les 3 premiers chapitres, pour voir, pour savoir. Je n’avais pas encore la suite et je me disais que ce début allait connaître le même sort que les autres, il irait rejoindre le cimetière des manuscrits inachevés. Alors, me bottant les fesses (à moi-même), j’ai proposé à mBS de créer un onglet "feuilleton" et j’ai écrit, dans la foulée, une tribune sur ce sujet.

C’était le meilleur moyen de m’obliger à écrire, chaque semaine, un chapitre, et de donner un rendez-vous précis à mes lecteurs, ceux qui voulaient suivre l’histoire. Ainsi, tous les samedis après-midi, durant plusieurs mois, j’ai déposé un épisode, en tenant bon, en respectant les délais que je m’étais imposés. Me prenant au jeu, le goût du feuilleton était né.

 

>Fanny Dumond. C’est donc le "pourquoi" de cette nouvelle aventure au long court ?

>Philippe De Vos. Fin 2023, à nouveau, plus rien à proposer sur mBS ! Que du resucée ! Le désert de Gobi. Mais toujours l’envie d’offrir un texte, de recevoir des commentaires, d’échanger. Mais écrire quoi ? Bizarrement, avant même que l’idée d’un roman ou simplement sa première phrase surgisse dans ma tête, c’est le titre qui s’est présenté le premier : "On ne chasse pas les mouches, on les tue ou on vit avec". Dieu sait comment il m’est apparu ! Peut-être quelque diptère qui m’importunait à l’époque, qui m’agaçait comme la mouche harcèle une vache et que celle-ci finit par "vivre" avec. Bref ! Le titre était là. Aussitôt, une étrange histoire est venue se greffer dessus. Une histoire loufoque, avec des protagonistes hauts en couleur (surtout pas caricaturaux), un peu égocentrés, dont le fil rouge est la mort de l’un d’entre eux. On commence par cela : son enterrement.

C’est alors, qu’au lieu de me lancer dans l’écriture un peu classique du plan et d’une fin que je connaîtrais déjà, avec une production à tempérament, je décidai de proposer un feuilleton, c’est à dire dix à quinze pages chaque dimanche, sans savoir moi-même la suite des aventures de mes personnages. C’est la meilleure façon de se stimuler pour aller au bout, de ne pas abandonner au moindre grain de sable (des dunes du désert de Gobi). Pour cela, l’encouragement de quelques lecteurs est primordial et fort heureusement, je l’ai obtenu. Merci à eux. Ils sont une poignée, mais diablement importants.

La crainte, bien sûr, est de les décevoir de temps en temps. Je me suis engagé à écrire une histoire loufoque, elle doit le rester jusqu’au bout. Et c’est là où l’amusement de trouver des situations burlesques me permet de continuer. Parce que je ne fixe aucune limite au délire. 

 

>Fanny Dumond. Pouvez-vous détailler le processus de création au fil des semaines ? 

>Philippe De Vos. La création est affaire d’imagination. Elle est très différente entre "Ourbé" et "Les mouches". Pour "Ourbé", roman fantasy, m’est venue l’idée de 7 quêtes : 7 monstres mythologiques à abattre par un jeune héros prénommé Virgile. Il me fallait aussi présenter les cités de ce monde parallèle. Parler des Dieux. Parler des maîtres de guildes qui accompagnent le héros. Faire voyager ce petit groupe à travers le monde… sur les ailes d’immenses oiseaux. Etc. Sans plan, il y avait tout de même une certaine logique dans le déroulement de l’histoire, si bien que je n’ai jamais connu le syndrome de la page blanche. Juste une fois où une grippe m’a tenu au lit 5 jours et j’ai dû écrire mon épisode sur deux jours sinon je faisais faux bond à mes lecteurs. Il m’a fallu également beaucoup de documentation sur les mythologies pour raconter ces aventures-là. Ce fut au tout début, mais aussi au fil de l’écriture. Par exemple, emmenant mes héros de l’autre côté de l’Atlantique, il me fallait trouver une mythologie locale. Cette semaine-là, je m’étais mis dans de beaux draps lorsque la providence m’a mis sur les pas de Paul Bunyan et Babe, son bœuf bleu. C’est ainsi que j’ai découvert que même aux États-Unis des pionniers avaient développé une sorte de mythologie et avaient leurs propres héros "antiques".

Pour "On ne chasse pas les mouches", les idées arrivent au fur et à mesure. J’ai vite compris que je ne tiendrais pas longtemps avec trois personnages, d’un côté un couple (mari et femme et en même temps cousin cousine) Tave et Mine et de l’autre Céleste, la sœur du mort. Donc, après quelques chapitres centrés sur eux, j’ai élargi sur d’autres personnages, et ce n’est pas fini ! Ceux qui ont déjà lu le début de l’histoire savent que de drôles d’événements se déroulent dans la maison du défunt, où vit sa sœur désormais, et au cimetière où celui-ci se trouve enterré… Et que le ciel semble être tombé sur la tête de Céleste ! L’un de mes lecteurs m’a écrit que mes personnages étaient antipathiques, des affreux, et que c’est cela qui était très amusant, finalement (je résume sa pensée). Normalement, l’auteur mise sur l’empathie que le lecteur va développer pour les personnages. J’ai fait le pari inverse. Mais de façon étrange, je finis par trouver ceux-là forts sympathiques, car leur connerie est immense.

 

>Fanny Dumond. Comment gérez-vous votre temps et quels sont les écueils que vous rencontrez dans ce périple ?

>Philippe De Vos. Pour "les mouches", je me fixe une dizaine de pages par semaine, en A5, corps 14. Ce ne sont pas les heures qui me manquent donc pour écrire ces 8 minutes de lecture. C’est plutôt de savoir où je vais, d’être cohérent, de ne pas ouvrir des portes que je ne saurais refermer à un moment… Il m’arrive d’écrire des choses qui vont provoquer la fin de l’histoire trop vite. Donc, je jette. Il m’arrive d’écrire des choses qui m’emmèneraient trop loin, qui multiplieraient les pistes et les péripéties, donc je jette. Il m’arrive de me plagier moi-même, me référer à des choses déjà écrites, donc je jette.

La véritable "limite", c’est de se dire, au moment où je publie un chapitre : je ne vais pas le modifier dans une semaine ou un mois, donc il faut que je sois satisfait de moi. Dans une écriture plus classique, on écrit, on revient en arrière, on tergiverse, on s’abandonne. On se donne le temps. On laisse reposer le texte. On sait qu’après les premières couches, il y a la finition. Là, on se retrouve dans la situation de l’équilibriste où la moindre erreur provoque la chute. Il faut faire avec… et ne rien regretter.

 

>Fanny Dumond. Avez-vous l’angoisse de la page blanche et la crainte de décevoir vos lecteurs au cas où vous ne seriez pas au rendez-vous ?

>Philippe De Vos. Comme je l’ai expliqué pour "Ourbé", la réponse est non. Pour les "mouches", l’histoire étant délibérément loufoque, c’est avant tout la peur de faire trop classique qui est présente. Il faut qu’un truc bizarre arrive régulièrement. Il faut presque que le lecteur se dise : "n’importe quoi !" et que, malgré cette réflexion, il ait envie de connaître la suite. L’incroyable doit être crédible et à la toute fin, offrir une explication rationnelle. Il faut aussi penser au lecteur, ne pas lui mâcher le travail, mais plutôt l’emmener vers de fausses pistes. C’est la chose la plus complexe, dans l’élaboration de l’histoire.

 

>Fanny Dumond. Est-ce stimulant ou une contrainte d’écrire ainsi ?

>Philippe De Vos. C’est un challenge qui me permet de ne pas écrire un texte qui termine sa vie dans la pile des romans non achevés. Et donner un rendez-vous fixe, chaque dimanche, pour le feuilleton "On ne chasse pas les mouches" est le meilleur moyen d’arriver à mes fins. Et puis ! je teste mes limites. Si on ne fait pas ce genre de choses sur mBS, où le fera-t-on ?

 

>Fanny Dumond. Où puisez-vous votre énergie, votre motivation ?

>Philippe De Vos. C’est le challenge lui-même qui est motivant. Il évite la fameuse procrastination qui était l’un des défauts du personnage principal de "Page 24"… Tiens ! Il se prénommait Philippe. Comme c’est étrange.

 

>Fanny Dumond. "Ourbé et Éterna" est un roman classé dans la catégorie Fantasy, tandis qu’"On ne chasse pas les mouches" est davantage une galerie de portraits réalistes me rappelant "La Comédie humaine" de Balzac. D’où vous vient votre éclectisme remarqué par vos lecteurs ?

>Philippe De Vos. Je crois tout d’abord que je me fatiguerais l’esprit à écrire toujours le même livre. D’où cette diversité dans les miens où l’on trouve du roman fantasy, du polar, de la SF, de l’autofiction, du roman humoristique, et du loufoque !

Vous y allez un peu fort avec "La Comédie humaine" ! Même si dedans il y a du fantastique ("La Peau de chagrin" par exemple), du polar ("Une Ténébreuse Affaire"), du roman philosophique, de l’étude de mœurs, des scènes de vie de province, de campagne, etc. Mais selon moi, "La Comédie humaine" est le summum de ce qui s’est fait en littérature. Indépassable. Et sûrement pas une littérature démodée. Au contraire, elle est ultramoderne. C’est à peine si je suis une brindille d’herbe qui pousse sous le chêne balzacien !

 

>Fanny Dumond. Dans ce second feuilleton, plus particulièrement, je devine que vous vous amusez beaucoup à l’écrire et que vous prenez plaisir à divertir vos lecteurs. Ai-je raison ?

>Philippe De Vos. C’est le B.a.-ba de l’affaire. Sans ce plaisir, inutile de continuer. Je sais que les fidèles lecteurs et lectrices se comptent sur les doigts d’une main, mais cela m’encourage. Cependant, il faut d’autres stimuli : le plaisir d’inventer une histoire, le plaisir de peaufiner des phrases, le plaisir de trouver des rebondissements qui soient crédibles. L’adrénaline produite par le stress est aussi importante. Elle apparaît fatalement si on joue le jeu, quand on ne fait pas cet exercice en dilettante.

 

>Fanny Dumond. Les avis de vos lecteurs vous influencent-ils pour poursuivre l’écriture ?

>Philippe De Vos. Je les lis avec attention, mais s’ils me montrent une voie, j’ai tendance à m’en écarter pour pouvoir les surprendre. Le jour où ils me diront qu’ils ne s’amusent plus à me suivre, alors ce sera à double tranchant. Soit j’arrêterai, soit cela me motivera pour les étonner encore plus.

 

>Fanny Dumond. Pour conclure, que diriez-vous à celles et ceux d’entre nous qui voudraient se lancer dans l’écriture "feuilletonesque" ?

>Philippe De Vos. Je leur dirais : si vous vous embarquez dans cette aventure, tenez bon. Tenez vos engagements. Donnez un rendez-vous fixe à vos lecteurs et surtout : jouez le jeu. Écrivez au fur et à mesure. Ne présentez pas une histoire achevée que vous saucissonnez ensuite.

Présenter, en feuilleton, une histoire, c’est partir soi-même à l’aventure en tant que lecteur. Vous découvrez au fil de l’écriture, dans un rythme bien défini, l’histoire que vous proposez aux autres. Et vous n’avez pas moyen de revenir en arrière. Ce qui est publié est publié !

L’enjeu, aussi, est de se mettre en danger. Il est évident que le texte offert est imparfait et que, plus tard, une fois achevé, il nécessitera des corrections. Mais si vous êtes tatillon au point de réécrire vingt fois la même phrase de vingt façons différentes, alors il est probable que l’exercice tournera court. Le feuilletoniste doit accepter les imperfections. Il les corrigera dans un second temps, dans une version revue et corrigée de toutes les maladresses essaimées. Mais là, il ne présentera plus son texte en feuilleton, mais en roman.

 

>Fanny Dumond. En vous souhaitant d’autres belles inspirations pour la suite de votre feuilleton et pour d’autres futures créations, je vous remercie beaucoup, Philippe, d’avoir bien voulu nous parler, avec passion, de ce genre particulier d’écriture.

>Philippe De Vos. C’est moi qui vous remercie, Fanny, d’endosser le rôle de lectrice assidue de mon nouveau feuilleton et en même temps le rôle de journaliste. Ce n’est plus Fanny Dumond, mais Fanny Trapenard !

 

Fanny, reporter épisodique de mBS.

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29 CommentairesAjouter un commentaire

Bonjour@Chloé Cordani Pourquoi pas, maintenant que Philippe nous a donné sa méthode et l'exemple sur le site. J'en lisais quand j'étais ado et ils m'apprenaient la patience et faisaient galoper mon imagination dans l'attente de la suite. Un grand merci à vous et y a plus qu'à ! Bien cordialement. Fanny

Publié le 12 Mars 2024

@Chloé Cordani
Et merci à vous d'avoir lu et commenté cette interview.
On attend impatiemment de votre découvrir dans cet exercice !

Publié le 12 Mars 2024

Merci pour cette interview super constructive et intéressante. J'aime énormément ce format de feuilleton, autant pour l'auteur qui, d'une certaine manière ne se lasse pas dans l'écriture, que pour le lecteur qui peut y retrouver une manière plus ludique de suivre des aventures. Comme une forme de lâcher prise mentale, il faudrait que j'en lise davantage et essayer d'en écrire, pourquoi pas!

Publié le 11 Mars 2024

Bonjour@Chris Simon Merci beaucoup ! Je suis ravie d'avoir proposé cette interview à Philippe afin qu'il nous explique comment il procède et pour mettre en avant le genre feuilleton. Et c'est vrai qu'écrire est avant tout un plaisir, voire un amusement malgré tout le boulot en coulisses. Bonne journée à vous. Bien cordialement. Fanny

Publié le 11 Mars 2024

@Rémi Mézières c'est moi qui vous remercie d'avoir alimenté le débat. Si vous voyez des bonbons et des joujoux dans ce timbre-poste, c'est que vous avez gardé votre âme d'enfant et ça n'a pas de prix. Il s'agit du concept de l'imagination que j'ai demandé à Copilote (je ne saurais même pas dessiner un mouton). C'est dommage, on ne voit pas un arc-en-ciel, des nuages, des montgolfières colorées, un cadenas ouvert, un oiseau, des crayons de couleur, des livres, une planète... Rassurez-vous, c'est bien moi qui écris mes petites fantaisies, ce serait un comble de laisser la machine s'amuser à ma place. Je vous souhaite une bonne journée et de continuer à prendre du plaisir avec notre passion commune. Bien cordialement. Fanny

Publié le 11 Mars 2024

@Yannick A. R. FRADIN
Merci pour toutes ces précisions qui donnent encore un peu plus d'épaisseur à cette page. Il y a moult façon d'aborder l'écriture d'un feuilleton et j'espère que d'autres se lanceront.

Publié le 10 Mars 2024

@Chris Simon
C'est vrai, si on n'éprouve pas soi-même du plaisir à écrire, en inventant au fur et à mesure, alors il y a peu de chance que les lecteurs s'amusent à leur tour. En tout cas, moi je m'amuse, et tant que je m'amuse, je continue à raconter et à trouver des idées loufoques, aidé en cela par mes personnages qui sont un peu perchés et qui me poussent dans mes retranchements !

Publié le 10 Mars 2024

@FannyDumond Merci pour cette ITW. Le feuilleton est dynamique et une bonne façon pour un auteur de stimuler son imagination @Philippedevos La notion de plaisir d'écrire que vous trouvez dans le feuilleton, dans l'improvisation d'histoire ddont vous ne connaissez pas vous mieme la fin est ce qui fait quevous transmettez du plaisir au lecteur. Merci de rappeler que l'écriture est avant tout un plaisir, le plaisir d'embarquer des perosnnages dans une histoire que l'on partage avec le lecteur. Bonne continuation.

Publié le 10 Mars 2024

Bonjour@Yannick A. R. FRADIN et @Catarina Viti Merci beaucoup pour vos précisions et comme dit Catarina, on devrait sortir le nez de notre trouloulou. Comme ce genre n'est visiblement pas démodé, il nous reste à souhaiter que cette page inspirera d'autres monBestselleriens. Excellent dimanche à toutes et tous. Bien cordialement. Fanny

Publié le 10 Mars 2024

Aujourd'hui, on trouve des feuilletons dans certains magazines, souvent à destination d'un public féminin d'ailleurs, et effectivement au format numérique, sur pas mal de forums et notamment pour des fanfictions, et aussi, depuis une petite dizaine d'années, une tendance au feuilleton à choix multiples, qui a été pas mal développée sur YouTube avec des versions plus visuelles où le texte s'affiche avec un fond sonore et/ou quelques images ou animations, un peu sur le modèle des livres dont vous êtes le héros.
Chaque semaine, un nouvel épisode, dont la suite est orientée par le choix des lecteurs (à la majorité, ou pour les plus courageux, une suite par choix que chaque lecteur ira découvrir, ce qui est plus sympa pour les lecteurs, mais demande plus de travail).

Il y a aussi différentes initiatives comme par exemple l'application Rocambole qui publiait (ça a hélas fermé) des séries littéraires sous le format feuilleton justement, et quelques magazines spécialisés qui proposent des nouvelles et autres textes courts, dont parfois un épisode d'une série qu'on peut poursuivre à chaque nouveau numéro (on retrouve le modèle de devoir acheter chaque numéro si on ne veut pas rater un passage et découvrir le feuilleton dans son ensemble).

Sinon, un format intéressant pour le feuilleton aujourd'hui, c'est de le destiner à sa communauté de lecteurs. Soit sous forme confidentielle via par exemple une lettre d'information que seuls ses abonnés reçoivent (ça implique d'avoir un site ou un blog d'auteur avec un autorépondeur pour collecter les adresses mails), soit de manière publique via par exemple un RS spécifique, ou plusieurs RS.

Dans tous les cas, ça implique une contribution sans faille, car à partir d'un lecteur assidu, il y a une attente, et un épisode qui n'est pas remis en temps et en heure est un risque de perdre un lecteur ou de faire diminuer son implication.
Que ce soit une fois par semaine ou une fois par mois, c'est la régularité et la ponctualité qui fidéliseront le public (et bien sûr la qualité du contenu).
Du coup, mieux vaut, comme pour les séries télé, animés & co, ne commencer à diffuser que quand on a du matériel disponible sous le coude et, pourquoi pas, prévoir des saisons^^

On trouve même des séries sous forme de feuilletons en mode payant, sur par exemple Patreon, mais ça fonctionne probablement mieux si on est déjà un minimum connu ou qu'on a en tout cas réussi à se construire une communauté sur le support concerné et qu'on l'alimente régulièrement.

Il y a en tout cas de quoi expérimenter et se faire plaisir.

Publié le 10 Mars 2024

@Catarina Viti
C'est justement parce que je crois que je m'organise très mal que cette question des onglets, je la remets sur le tapis. Que faire ? La semaine passée, j'ai à la fois déposé le chapitre 14 à part et en même temps, j'ai mis à jour mon fichier qui navigue autour de la place 70. Cette tribune m'apporte de nouveaux lecteurs, mais demain ? Mettre en avant chaque chapitre, oui, mais ça devient encombrant au bout d'un moment… Donc, la bonne méthode, je ne la connais pas. Je vois, moi aussi, passer des feuilletons et j'ai l'impression que soit cela n'en n'est pas, soit les auteurs laissent tomber…
Je vais essayer de rassembler mes neurones pour trouver l'approche d'une solution. Si quelqu'un détient la bonne formule…
(Notons aussi, au passage, que dans les formules anciennes des feuilletons, les lecteurs devaient être assidus. S'ils n'achetaient pas la revue ou le journal, ils loupaient des épisodes. Le numérique pallie le problème)

Publié le 09 Mars 2024

Oui, Philippe, c'est ce qu'il serait intéressant de nous dire : comment s'organiser sur mBS pour diffuser son feuilleton. Vous vous sentez ? Parce qu'il m'arrive de voir de nouveaux auteurs qui débarquent avec une forme feuilleton... mais ça ne va pas loin. Un onglet : non, car il faudrait l'alimenter, ce qui suppose un groupe prêt à y aller.

Publié le 09 Mars 2024

@Catarina Viti, @FANNY DUMOND
Le numérique est effectivement très bien adapté au format feuilleton. Il est plus souple que le papier, encore que, respecter les délais qu'on s'impose est le meilleur moyen d'aller au bout, comme je l'ai écrit. Pas étonnant qu'il fasse fureur. Le plus handicapant, c'est pour l'auteur : faire savoir chaque semaine que son épisode est paru. Une fois qu'on se retrouve aux fins fonds du classement, il n'y a guère que ceux qui ont glissé le feuilleton dans leur bibliothèque qui vont le savoir. À moins de mettre, en nouveautés, le nouveau chapitre, chaque semaine ! Enfin ! il me semble qu'il y a un truc à trouver. Ça pourrait (je radote) être un truc du même genre que "du côté des lecteurs".

Publié le 09 Mars 2024

Salut @Fanny Dumond3, je crois que de nos jours, la feuilletomania se pratique essentiellement sous forme numérique. Il faudrait demander à miss Gwen. A. Elle, mais je crois bien que le fameux "50 nuances de Grey" est d'abord paru sous forme de feuilleton. Je crois aussi que sur des sites d'écriture comme Wattpad, le feuilleton fait fureur. Faudrait sortir le nez de notre trouloulou ! Il s'en passe des choses... si vous saviez !

Publié le 09 Mars 2024

@FANNY DUMOND2
Merci pour votre commentaire,
Et merci aussi, pour votre timbre-poste, où, si l’on s’approche un peu, brillent encore des joujoux et des bonbons habillés d’or…

Publié le 09 Mars 2024

Bonjour@Yannick A. R. Fradin et @Catarina Viti Effectivement, il est fort dommage que ce genre littéraire soit tombé en désuétude. Je ne sais pas si de nos jours, on en trouve encore dans les journaux que je n'achète plus. Ça, c'est une autre histoire, moderne ! J'en doute. Au cours de mes recherches de livres anciens (démodés ?), j'ai déniché une brassée de mensuels pour jeunes filles dans lesquels elles pouvaient suivre des feuilletons. J'ai su que mon arrière-grand-mère, née dans les années 1880, était addict à ces lectures. Merci Catarina de vous/nous avoir expliqué comment les trouver. Comme vous, Yannick, je devrais changer de lunettes ;-) Je savais juste que lorsqu'on en publie un, on coche la case "feuilleton" et que cela apparaît sur la publication de leur auteur. D'où, peut-être, l'utilité de plus de visibilité. Merci beaucoup à vous deux de votre fort sympathique participation. Je vous souhaite un excellent weekend et de bien poursuivre vos si belles occupations. Bien cordialement. Fanny

Publié le 09 Mars 2024

@ Fanny, un grand merci pour ces mots ! Bonne fin de semaine, un rayon de soleil réel ou imaginaire, ça fait toujours du bien; j'essaie d'en composer aussi !

Publié le 09 Mars 2024

Bonjour@Marie Berchoud à moins de gratter du papier comme un ermite indécrottable de sa grotte, nous ressentons tous ce besoin d’élargir notre horizon, d’entrer en contact avec d’autres auteurs, ceux qui partagent notre goût de la littérature, d’apprendre l’un de l’autre et quand on s’amuse et qu’on se prend des fous rires mémorables, on a tout gagné. Je comprends bien votre tristesse suite à la disparition de votre atelier aux mille odeurs. J’écris chaque semaine ailleurs, pour m’éclater, et le jour où ce blog disparaitra, je serai désemparée. J’ai deux vieux ordinateurs et je ne sais pas ce qui se cache dedans. Peut-être mon premier livre dans le petit et dans l’autre, compta et divers comptes rendus de réunion. Beurk ! Merci beaucoup Marie et bon week-end à vous. Bien cordialement. Fanny

Publié le 09 Mars 2024

@Catarina Viti : je te remercie.
J'avais suivi un autre chemin sur lequel aucun onglet feuilleton n'était visible.
En partant de la base "Tous les livres", je trouve effectivement l'onglet "Feuilleton", que je n'avais jamais remarqué, en premier choix de "Autres".
Comme quoi, il y a des trésors cachés sur mBS !
Ou alors, c'est moi qui devrais faire réviser mes lunettes :p

Publié le 09 Mars 2024

Tous les livres => Filtrer par genre => Autres => Feuilleton
Tel est le chemin, dear @Yannick A. R. FRADIN !

Publié le 09 Mars 2024

Merci @Philippe De Vos et @Fanny Dumond pour cet échange sympathique.

J'aime beaucoup le format du feuilleton et j'ai d'ailleurs découvert certains auteurs sous ce format, qui tombe un peu en désuétude de nos jours, mais reste tellement attractif et plaisant à lire comme à écrire.

Je vais sûrement passer pour un ignare, mais tant pis^^
J'ai eu beau chercher l'onglet "feuilleton" dont vous parlez en début d'échange, je ne suis pas parvenu à le trouver.
Où diable se trouve cet onglet sur la plate-forme ?

Publié le 08 Mars 2024

@vous qui lisez. Vous prêchez une convaincue (en un mot, surtout ;) ! Le feuilleton, quelle idée excellente, ancienne et toujours là. J'en ai eu fait (forme sûrement incorrecte !)avec des complices, sur le défunt site latelier-des-sens.com ; notre défi ultime avant séparation du groupe pour diverses causes , ce fut : un site parfumé, les odeurs, faire ressentir les odeurs. Hum... quand je retrouve des bribes sur ancien ordi, c'était plutôt une vaste rigolade entre soi (mais j'ai écrit mes 1ers textes longs, "à l'ouest extrême du silence, il y a des possibilité", par exemple...

Publié le 08 Mars 2024

@Rémi Mézières Bonjour ! Merci beaucoup de votre commentaire bienvenu. Oui, nous sommes quelques-uns à écrire sans aucun plan, avec une vague idée de départ, à laisser nos personnages vivre leur vie. Et comme le dit si bien Philippe, d’être notre propre lecteur, étonné de découvrir ce qui se cache dans notre imagination. Et c’est tellement vrai que certains de « nos bébés » nous manquent comme des membres de notre famille que nous n’aurions pas vus depuis longtemps. Je me souviens d’avoir lu les premiers chapitres de l’un de mes livres pour un petit auditoire impatient de connaître la suite et de son étonnement quand je lui ai dit que je n’en avais aucune idée. Les encouragements sont bienvenus pour poursuivre. Cependant, sans, je continue malgré tout, parce que c’est un plaisir, un loisir et oui, « du bonheur ». L’idée de proposer mes histoires à tempérament ne m’est jamais venue, elle est tentante, mais exigeante dans le sens qu’il faut tenir la cadence et ne rien lâcher. Pour Philippe, c’est un défi avec lui-même, mais principalement un jeu auquel il nous convie. Alors, pourquoi pas le rejoindre dans sa cour de récréation ? Bien cordialement. Fanny

Publié le 08 Mars 2024

Le principe du feuilleton est génial.
Sans expérience particulière de l’écriture et surtout sans prétention aucune, j’ai construit mon premier roman « La guerre des morts » comme un feuilleton. D’un jour sur l’autre, j’ignorais comment et dans quelles conditions, j’allais tourner ma page. J’ai vécu pendant plusieurs mois, un quotidien formidable avec les personnages d’une nouvelle famille, jusqu’au déchirement de la séparation.
Le bonheur tient à peu de chose…

Publié le 08 Mars 2024

@Catarina Viti
C'est le premier pas qui compte. Ensuite, il faut JUSTE tirer sur le fil et dérouler la pelote !
Mais je comprends… avec toutes vos occupations, ça devient un challenge. Pour 2025, alors !

Publié le 07 Mars 2024

En tout cas, vous m'avez donné envie !!! (bon, pour 2024, c'est un peu compromis :-)))))

Publié le 07 Mars 2024

Merci à mBS pour la publication de mon article, si bien illustré, qui m’a permis de faire mes premières armes en tant que reporter ;-) Un grand Merci à Philippe de s’être prêté au jeu et de m’avoir livré ses petits secrets de fabrication et d’avoir satisfait à ma curiosité, car chaque semaine, je me demande : mais comment fait-il ? Je suis ravie de ce nouvel écrit à quatre mains avec mon compère en écriture depuis… des années sur le site ! Et que vive la Littérature sous toutes ses formes. Fanny

Publié le 07 Mars 2024

mBS, merci pour la publication de cette interview que m'a proposée Fanny. Merci pour cette illustration qui me fera croire, un instant, que j'appartiens aux grands siècles des feuilletonistes, le XIXe et le XXe.
Remettons à la mode le feuilleton, c'est tout ce que je peux souhaiter… peut-être, alors, un onglet à côté (ou à la place) "du côté des lecteur", afin que ces feuilletons puissent être suivis par les lecteurs avec facilité.
Je rejoins Le philosophe en me remémorant la liste non exhaustive des grands feuilletonistes : Dumas, Sue, Balzac, Verne, Féval, Leblanc, Souvestre & Allain…

Publié le 07 Mars 2024

Le feuilleton : que de chefs-d'œuvre ont été rédigés ainsi !

Publié le 06 Mars 2024