Arsène Lupin, Jean Valjean, Julien Sorel, Edmond Dantès…autant de héros intemporels de la littérature. Admirables, pour certains, détestables pour d’autres et pourtant tous marqués par le sceau d'un parcourt remarquable, rythmant des récits mémorables. Ce qui réunit ces personnages romanesques malgré leurs différences ? Une caractérisation forte et intense de leur identité et parcourt de vie dans le récit.
S’il est essentiel de ne jamais oublier d’identifier les personnages d’un roman ou scénario d’un point de vue social (travail, éducation…), physique et psychologiques (peurs, secrets, humeurs…), ce sont bien les étapes qu’il aura à franchir et plus encore ce qu’il sera prêt à accomplir pour parvenir à ses fins qui le rendra unique, authentique et captivant. En d’autres termes, quels sont les enjeux de vos personnages principaux ? Que gagnent-il s’ils parviennent à atteindre leur objectif ? Que perdent-ils ou que sont-ils prêts à perdre pour réussir ? Plus le personnage sera prêt à tout sacrifier (amis, travail, sa propre vie…), plus l’on montrera sa détermination et plus cela alimentera un récit haletant. La littérature spécialisée évoque aussi souvent le terme de « moteur » du passage à l’action (amour, haine, ascension sociale, recherche de justice, de liberté…).
Va-t-il réussir ? Et comment va-t-il parvenir à franchir toutes ces épreuves ?... Autant d’étapes à franchir qui emporteront le lecteur dans la tourmente d’un récit aux multiples rebondissements. Ces épreuves ont aussi un autre intérêt : celui de nourrir l’arche transformationnelle des personnages du récit. Comment se caractérise le personnage principal en début de récit et que devient-il en fin de récit. Ce peut être, par exemple, la jeune femme timide et pauvre qui deviendra grâce à son travail et à sa ténacité une entrepreneuse assurée. Ou à l’inverse, le flic intègre, submergé par un désir de vengeance, qui se transformera en un cruel justicier. Parcours initiatique, régressif, c’est ce changement progressif ou brutal qui contribuera à rendre ces femmes et hommes plus humains, faillibles et attachants.
Bien entendu, vous l’avez compris, ces sont ces obstacles et retournements de situation qui nourriront la capacité, le besoin d’agir des personnages et au final, composeront les nœuds dramatiques des chapitres de votre récit.
Auteur du roman Je sais qui m’a tué et scénariste
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Thierry Rucquois Je crois que nous nous sommes mal compris. Certains livres peuvent évidemment dépeindre avec talent les états d'âme de l'auteur. Proust l'a joliment prouvé. En revanche, le pavé "300 pages pour vous parler de mon nombril", non merci. Vous dépeignez habilement ce que sont devenus les romans policiers, et il est vrai que beaucoup sont ennuyeux (j'ai dans le collimateur ces "polars venus du froid" ou, comme je l'ai déjà écrit, le commissaire porte le nom d'une chaise IKEA, et le suspect celui d'une vodka aux herbes de la toundra) par la faute d'éditeurs réticents (on se demande pourquoi) à fournir aux lecteurs un agréable moment de détente. Il faut croire que ce serait trop simple. Heureusement, beaucoup de romans policiers anciens sont passionnants par la qualité de leur intrigues. C'est ce que j'essaye d'écrire en apportant, je l'espère, une touche d'originalité.
@Patrice Dumas Le mal être d'un auteur, je ne m'en fous pas personnellement. Tout est une question de goût et de couleur, je pourrais vous citer quelques ouvrages intéressants mais je vois bien que ce n'est pas votre came, ce dont je respecte. Paradoxalement, moi ce sont les polars qui m'ennuient. Flic alcoolique, ripoux de service, cadavres et gros calibres, chnouf et yun kun kun me font baîller...En revanche, je ne peux pas vous donner tort sur la déconfiture du roman. Pour mon anniversaire, on m'a offert des livres de Perrin, Giordano, Manel (ce qui se vend le mieux apparemment) et c'est bien loin de la merveille que je suis en train de lire actuellement "La petite lumière" de Antonio Moresco.
@Bregman je suis tout à fait d'accord avec vous...
"Plus le personnage sera prêt à tout sacrifier (amis, travail, sa propre vie…), plus l’on montrera sa détermination et plus cela alimentera un récit haletant." Je crois qu'en tant que lecteur, nous projetons beaucoup de nos aspirations personnelles sur les personnages auxquels nous avons besoin de nous identifier. Que ce soit à travers l'écriture ou la lecture, ces projections nous offrent l'opportunité de vivre par procuration d'autres vies que nous n'osons pas forcément ou que nous ne prenons pas le temps d'explorer…
Un héros, le plus souvent, est un individu ordinaire confronté à une situation extraordinaire (ce qui vaut aussi pour un salaud). Et ça marche à tous les coups. J'entends au sens large "une situation extraordinaire", ce qui recouvre des interrogations, pas forcément dramatiques, ou des épreuves, plus ou moins difficiles à surmonter. Que nombre d'auteurs ou de scénaristes l'aient oublié explique en partie la déconfiture du roman et du cinéma français. Qui a envie de perdre son temps à lire une histoire sans le moindre intérêt, à aller voir un film dépeignant une vie sans relief ? Avez-vous remarqué dans les films le nombre croissant de "zéros" qui poussent un caddie dans les allées d'un supermarché (passionnant !) ou les livres dont le sujet est le mal être de l'auteur (on s'en fout) ? Donnez-moi le nom d'UN héros apparu durant les dix dernières années, un vrai, du calibre de ceux que nous avons connus "avant". Et le premier qui me dit Vernon Subutex, je lui...
Merci beaucoup pour cet article qui nous aidera à coup sûr pour améliorer notre travail.