
Je n’avais jamais eu envie jusqu’ici de me créer un compte Facebook ou autre et j’avais tendance à n’y voir que des points négatifs d’un point de vue sociologique ou psychologique. Je voyais cela comme une perte de temps, une image faussée de la société et de la relation avec ses proches, une manière de galvaniser sa vie, de l’embellir derrière un écran quand ce n’est pas derrière des filtres. J’avais l’impression qu’il y avait deux types de personnes : les exhibitionnistes qui partageaient chaque instant de leur vie, même des banalités incroyables (la recette réalisée, le plat du restaurant…) que les autres, les voyeurs allaient suivre attentivement sans rien poster. Une étiquette pas fameuse je l’avoue. Alors quand je me suis rendue compte qu’à l’ère actuelle une personne désirant faire découvrir quelque chose à des inconnus devait forcément passer par les RS, j’ai créé mon compte Facebook et Instagram.
J’ai tenté plusieurs types de communication, des vidéos de lecture de passage de mon livre (13000 vues pour une des premières alors que d’autres n’avaient quasiment pas de visibilité). J’ai compris comment Facebook mettait plus en avant les pages auteurs lorsque celles-ci payaient une publicité, comment l’algorithme a pu m’empêcher de rencontrer de futurs lecteurs au départ. J’ai tenté d’ouvrir le dialogue avec les lecteurs avec mes « questions du dimanche ». C’est là que plusieurs personnes ont pu commenter, qu’une discussion à pu s’ouvrir, que j’ai commencé à gagner des abonnés mais aussi à découvrir l’agressivité de certains, cachés derrière leur écran se permettant de juger ou de dénigrer telle question.
Au bout d’un an, avec la pression des réseaux sociaux « poster plusieurs fois par semaine pour rester visible », mon temps a vite été pris en otage entre les démarches à réaliser pour mes livres, le temps passé à créer du contenu, à poster, à partager, à répondre au détriment de ce que j’aimais faire : écrire et lire ! J’ai alors revu mes exigences à la baisse constatant de toute façon que peu de ventes se réalisaient par ce biais et que les rencontres les plus intéressantes étaient celles de mes séances dédicace régulières, là également où l’essentiel de mes ventes se réalisaient.
Pouvoir communiquer sur les dates et les lieux de mes séances dédicace,
Recevoir les avis des personnes ayant lu mes romans,
Avoir pu communiquer avec Wendy Delorme qui a écrit « Viendra le temps du feu », roman avec des thèmes similaires au mien.
Beaucoup de travail,
Chronophage,
Peu de bénéfices,
Peu de ventes,
Peu de visibilité.
Les seules fois où de nombreux livres ont été téléchargés sur Amazon grâce à la communication sur les RS c’est lorsque j’avais mis l’ebook gratuitement ! Là les lecteurs n’hésitaient pas à découvrir un auteur inconnu.
Je crois que l’auteur lui-même n’est pas la meilleure personne pour parler de son roman sur les réseaux sociaux, ce sont les lecteurs qui doivent le faire ou les chroniqueurs/ service presse. Comme si un auteur n’était pas légitime à faire de la communication sur son propre travail.
Natalia Clément-Demange
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Merci pour la sincérité de votre article. Un auteur n'est sans doute pas la meilleur personne pour faire la promotion de son livre.
@Clarisse Balsamo
Merci beaucoup pour le partage de votre expérience qui me conforte dans mon idée : m'éloigner sans culpabiliser des réseaux sociaux pour profiter de mon temps pour écrire.
Merci pour votre article dont je partage les conclusions.
D'une manière générale, sur les réseaux sociaux, je ne trouve pas de domaine où le bénéfice l'emporte sur le risque.
Mais, une injonction nouvelle a vu le jour, à rebours d'une prudence ancestrale valorisée par de nombreuses sociétés. Oubliée la sagesse, si précieuse aux anciens, aujourd'hui, il faut savoir prendre des risques.
Quelle aberration que de courir de grands risques et d'engranger de faibles bénéfices ? Au lieu de la freiner, les réseaux sociaux accentuent cette déviance humaine.
L'individu asocialisé est tenu de tout risquer, de sacrifier son équilibre psychique sur l'autel des réseaux sociaux, pour être visible, pour exister.
Quand on n'existe plus en l'autre et par l'autre, on prend tous les risques.
Les réseaux sociaux ne sont plus la panacée pour un auteur débutant qui s'y lance maintenant. Il y en a des milliers... et les internautes tendent à revenir à ce qu'ils connaissent déjà. Ce qui était valable dans les années 2020 pour les réseaux sociaux ne l'est plus aujourd'hui. A moins d'être influenceur/influenceuse avec au moins 25 000 abonnés ("followers") générant beaucoup d'engagement ou d'interactions, on n'a (presque) aucune visibilité sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, ce ne sont pas des services publics mais des entreprises qui se payent sur nos données privées (profils identifiés et vendus à des annonceurs et autres) ou qui nous demandent de "sponsoriser" (payer pour une meilleure visibilité) nos publications. Il faut savoir que seuls 10% de nos abonnés verront passer nos publications (ce qui ne veut pas dire qu'ils vont s'arrêter dessus et cliquer sur l'URL. Attention, en général, le temps de lecture d'une publication est environ de 15 secondes maximum dans le déroulement du fil d'actualité.)
X (ex-Twitter) est de plus en plus délaissé en raison de la politique de son actuel propriétaire : de toute façon, l'algorithme favorise : 1/ les clashs et les polémiques (qui font de l'engagement et permettent de caler des pubs dans les fils de commentaires) 2/ les tweets publiés par les "coches bleues" payantes 3/ les tweets sponsorisés (paiement pour visibilité accrue). Tout contenu non "natif" (qui fait sortir de l'écosystème, avec un lien URL qui renvoie hors du réseau social) est invisibilisé par l'algorithme. A moins d'y avoir déjà une très forte communauté créée avant 2022, à oublier. Attention, un "Like" (J'aime) n'est pas synonyme d'engagement réel : il peut simplement récompenser une idée qu'on trouve sympa et ne pas se convertir en achat...
Facebook est vieillissant : à tel point qu'il est très sérieusement question de créer des "bots" agissant via l'intelligence artificielle (IA) pour interagir avec les comptes, faire de l'interaction artificielle et retenir les gens sur ce réseau social… La population moyenne de ce réseau social est en général âgée de 40 à 80 ans, avec une forte population de retraités. Une constante : le refus du payant. Ce qui explique en partie que les groupes d'auteur(e)s soient en général peuplés de personnes faisant leur publicité dans le vide, chacun n'étant là que pour sa pomme. Idem pour les groupes thématiques où les photos ou vidéos simples font bien plus de vues que des publications renvoyant vers des URLs extérieures. (Idem, invisibilisation par l'algorithme des publications envoyant en dehors de Facebook). Idem, les positions de Mark Zuckerberg sont un repoussoir pour une partie des personnes qui ont un compte sur ce réseau.
Instagram : on voit débarquer sur Instagram les (vieux) abonnés de Facebook... et on voit partir d'Instagram vers TikTok la population la plus jeune. Si vous n'avez pas un minimum de sens esthétique pour faire de "jolies" publications, à oublier. Difficile pour un(e) nouvel(le) auteur(e) de s'y faire une place, ce qui est prescripteur sur ce réseau social, ce sont les influenceurs/influenceuses littéraires, qui sont assaillis de livres et se permettent de choisir qui ils/elles mettent en valeur.
Threads : gros engouement pour ce réseau social, mais beaucoup de désengagement désormais suite à la stratégie de Mark Zuckerberg.
TikTok : rien à en dire, je ne pratique pas. Mais grosse visibilité possible si l'on y a une grosse communauté ou si l'on est cité par un influenceur/influenceuse. Au risque de patauger au milieu de contenus stupides, de désinformation systématique, etc.
Bluesky : l'un des derniers venus. Interface semblable à Twitter, mais il n'y a pas d'algorithme : on ne voit sur son fil d'actualité que les comptes que l'on suit, on n'est vu que par le suivi qui est fait de nos publications et par les interactions (reskeets , ce ne sont pas des "tweets" mais des "skeets".) L'interaction est donc primordiale. Possibilité de faire apparaître ses publications littéraires dans le fil thématique "Livres FR" en incluant les mots-clés "livre" "lecture" ou "roman" dans sa publication. (On peut épingler des fils d'actualité thématique en parallèle à son fil d'actualité, ce qui permet de récupérer des publications parlant de sujets qui nous intéressent.) Intéressant pour trouver et fédérer une nouvelle communauté. Le système de blocage des casse-pieds est extrêmement efficace.
Amazon : à souligner également, un mouvement de boycott se met en place contre Amazon, suite à la position de Jeff Bezos. Quel sera l'impact pour les autoédité(e)s ? A suivre.
Autre chose : si l'on écrit autre chose que des genres rentrant dans des cases bien spécifiques : feel good, romance, SF, fantasy, polar, dark romance, rien à faire. Le lectorat majoritaire ne s'intéresse qu'à cela. Et peu de lecteurs/lectrices paieront pour un(e) auteur(e) inconnu(e). Autant écrire pour le plaisir et partager son œuvre gratuitement, ici ou là. A ce moment-là, effectivement, les clics se multiplieront.
Merci, excellent. Totalement d'accord avec votre conclusion.