Cristina De Stefano, écrivain, journaliste et scout de l'édition Construire ou découvrir les livres à succès de demain
Cristina De Stefano « Literary scouting », travaille pour de nombreux pays et de nombreuses maisons d’édition. Elle compare son job de scout, à celui d'agent secret. « C’est, raconte-t-elle sur son blog, une activité peu connue. En tant que scout, je conseille des éditeurs du monde entier sur les livres à acheter et à traduire. C'est une guerre tactique et discrète pour détecter avant les concurrents les livres qui vont devenir des bestsellers. ». Stieg Larsson, Romain Puertolas, Joël Dicker, Arundhati, Dan Brown, font partie de ces pépites découvertes par ces chercheuses d’or littéraire. Mais attention, les pépites glissent entre les mains et nombre d’éditeurs ratent le coche.
En France, les têtes chercheuses des éditeurs sont un phénomène plus récent
Pionniers du scouting, les américains et les anglais ont leurs scouts depuis plus de 30 ans. En France, le métier est plus récent. Mais aujourd'hui, il n’y a pas une maison d'édition qui ne revendique sa scout. En général, binationales – comme Cristina De Stefano, scout littéraire sur les marchés français et italien- elles se doivent de connaître parfaitement les éditeurs et leur ligne éditoriale, les tendances lourdes et les particularités des courants culturels qui dominent dans les pays. Il faut anticiper sans être visionnaire, ce qui peut plaire en matière littéraire. Ni trop en avance, ni en retard. Sans compter sur les « accidents positifs », des ouvrages inattendus voire iconoclastes qui feront le bonheur de certains, et les « accidents négatifs », Musso démarre très lentement à l’étranger, par exemple
Un scout vend un livre, pas un auteur.
Les scouts ne vendent pas un auteur mais un livre qu'elles conseillent à un éditeur en fonction de sa ligne éditoriale. Toutes reçoivent les mêmes textes en même temps et doivent donc jouer la montre pour proposer en premier l’achat des droits de traduction. Et les enjeux peuvent, s’avérer d'importance. Par exemple, pour remporter la traduction en Allemagne du premier roman de Romain Puértolas (Le Dilettante) L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, l'un des trois éditeurs allemands pour lesquels travaille Béatrix Foisil-Penther, journaliste, rédactrice et « Literary scout », a déboursé près de 300 000 euros. Les scouts : des rentiers ? Pas vraiment. Que le livre qu'elles aient défendu devienne ou pas un bestseller ne change rien à leur salaire, elles ne touchent aucun pourcentage. Le désintéressement, une autre valeur du scoutisme ?
Sylvie Arzelier
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