Marie Berchoud

Bah, ça fait du cinq / cinq puisqu'il progresse vivement ! Les avis de lecteurs, c'est pas mal... ce prochain week-end ?

Je n'ai lu qu'un quart de l'ouvrage, mais j'ai savouré. J'y reviendrai, c'est le livre de la lenteur et moments singuliers, radieux ou voilés, "chaque jour je plante un arbre"... ce doit être en rêve, moi j'ai déjà bien du mal à veiller sur les arbres déjà là, jeunes, fragiles ou alors anciens et sauvages.... Merci pour ces paperolles.

Une voix juste, forte, et qui pourrait sembler détachée, mais ne l'est pas. pas vraiment. Sinon, le feu, n'est-ce pas... La petite fille solitaire, née sous le double augure alcool papa et pas de chance maman, observe le monde sans affects, en apparence; plutôt réfugiée en elle-même, et qui va tresser sa dépendance et aussi sa dépression, malgré la force poétique en elle, "les flammes du feu", qui enfantent les étoiles elle se love sans doute sa dignité, à terre et très haut dans le ciel, à terre où les garçons la jettent, la forcent, et finissent par la détruire, au fil des absences de perspectives, l'addiction à l'alcool de son père, sa pauvre mère dominée, puis les études lâchées, les boulots pourris, et elle s'évade encore de façon "borderline", elle fait ce qu'on lui a fait, elle reprend ce qui lui a été pris et qui est sans prix, sa vie, son soi, intime, et tout ça finira... mal et digne. Destruction, vol et même envol des flammes au ciel. Une vie d'enfant, l'adulte perdue, et la fin ... logique hélas mais digne et belle, enfin. Bravo, l'auteure !

Un livre in-dis-pensable. Car pensable et impensable à la fois : dire la maladie, l'accompagner de mots tandis qu'elle se faufile en vous, progresse et se répand, allume çà et là des mèches qui sont aussi des étoiles et des songes / mensonges... Il me faudra plus que l'espace de ce commentaire pour en parler. Quelques citations, p. 10, "alitée ton regard s'élève", p. 42, "maladie, rupture de l'harmonie homme / nature", p. 110, "la malade doit être intelligente et obstinée, sans scrupules et armée. Elle n'a pas le droit...[...] d'être faible" + "écrire, se rapprocher du rêve" (p. 130)... Vous aussi, rapprochez-vous. Je fais le pari que nul ne regrettera cette approche en lecture si vivante, si proche de l'oreille intime...

Lecture agréable, et je retrouve au fil du flux, les jeux classiques de l'émotion, et des personnages, la femme de type Orlando (Virginia Woolf), avec ses résurrections incessantes, tel Dorian Gray, qui aurait été moins égocentrique ou plus mégalomane et doté d'autres super-pouvoirs. A la frange du réel et de ses au-delà, on s'amuse bien et, après les voyages de l'héroïne, la librairie est à la fois un refuge, une mission et une fin, sans parler du reste.... Ne pas tout dévoiler !