C’est tout à fait charmant (et ce mot désuet est un vrai compliment pour moi). L’histoire, bien sûr, l’est. Mais avant tout, le style, votre manière d’écrire, j’allais dire de parler, tant j’ai eu l’impression que l’on me racontait cette histoire, que j’entendais leurs voix. Vous avez su trouver un ton pour chacune, et sans tomber dans la carricature de leurs conditions. Vous nous les présentez peu à peu, on les découvre et assez vite, j’ai eu l’impression de les connaître, qu’elles étaient mes voisines. Je suis un peu injuste en disant que le style avait compté plus que le récit lui-même, car vous avez ce sujet du choix des livres, c’est un sujet magistral. Mais pour moi, vous l’avez traité un peu vite au début, pourquoi ces choix, comment ces choix, ce qu’ils ont fait résonner pour Eliane, avant d’avoir l’écho d’Eline, oui j’aurais aimé en savoir un peu plus sur votre sélection, son sens, sa logique. Et un peu plus qui aurait pu prendre la place de passages plus légers, qui allègent donc, qui font le romanesque du récit, mais dé-densifient un peu finalement la puissance de votre message. Celui de ce sujet magnifique, celui des livres, de ce qu’ils apportent à leurs lecteurs, fait avancer ces deux femmes l’une vers l’autre et a porté ma curiosité. Bravo, j’ai beaucoup aimé et je vous souhaite plein de succès.

Votre écriture a une énergie formidable qui dépeint avec beaucoup de justesse, tant les émotions, que les moments ou les scènes. On comprend cette petite fille et ses déchirures, et on se prend d’une totale affection pour elle. Vous avez cette manière brute, directe, honnête, de dire les choses, sans chercher d’excuses, de faux-semblants. On a envie de savoir comment une enfant aussi déchirée peut se construire. Votre résumé est très bien fait, vous avez su à la fois écrire un roman et dessiner la psychologie d’un être à part. Merci pour ce partage.

Ah… la vie ordinaire des personnes, ne l’est en fait jamais vraiment. Telle celle de Charles. Vous l’écrivez avec une affection telle qu’on s’approprie son histoire, qu’il devient un ami, un grand-père. Et avec dignité. Comme souvent ceux qui justement ne parlent pas beaucoup, ont envie d’oublier les parties grises de leur vie. C’est un beau témoignage, merci de l’avoir partagé.

Ce qui m’a le plus attiré dans votre incroyablement belle histoire, c’est le rythme, la musique de vos arrangements de mots, cela exacerbe leur profondeur, leur sens dévoilé et leur sens caché. C’est une ode, une poésie, tant les images que vous nous laissez entrevoir le sont. Je pensais au Dark side of the moon des Pink Floyd, la face cachée, celle que l’on ne peut que deviner. Et cette musique planante et magnifique, je trouve que cela ressemble à votre histoire. La splendeur nous stoppe dites-vous dans une page, c’est cela, vos mots et ce qu’ils évoquent, nous stoppent.

Il est certain que l’adolescence amène à de longues introspections narratives telles que vous l’avez fait. Même de très loin !, même si celles d’un garçon sont différentes de celles d’une fille, cela fait remonter des souvenirs, on s’immerge. Un commentaire cite une parenté avec Flaubert ou Maupassant. Pas totalement faux, mais le temps était plus lent alors, on devait être moins impatiente, et je me demande si quelques bribes de son futur, dites ici ou là, ne donneraient pas à son histoire le petit piquant qui peut-être lui manque un peu ?