Ecrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. C’est reposant un écrivain, ça écoute beaucoup. Ça ne parle pas beaucoup parce que c’est impossible de parler à quelqu'un d’un livre qu’on a écrit. C’est à l’opposé du cinéma, à l’opposé du théâtre et d’autres spectacles… Parce qu’un livre, c’est l’inconnu, c’est la nuit, c’est clos, c’est ça. C’est le livre qui avance, qui grandit…
Marguerite Duras traduit ici la solitude de l’écrivain. Et la pression qu’il subit.
Pourquoi arrêter d'écrire ? Pour vivre en fait !
Quand Philippe Roth annonce officielement qu’il va cesser d’écrire, il traduit autrement le combat de l’écrivain : lassitude ou épuisement ou peut-être moins humble : une œuvre achevée.
Il déclare « Je n'ai plus l'énergie pour supporter la frustration. Écrire est une frustration quotidienne"
"Je ne peux plus passer des jours à écrire cinq pages que je jette ensuite" ajoute t’il.
Un post-it affirme désormais sur son ordinateur : "La lutte pour écrire est terminée".
"Je le regarde tous les matins et cela me donne une force incroyable" déclare l’écrivain.
Arrêter d’écrire est aussi paradoxalement un sujet d’écriture.
Alain Nadaud parlait dans un de ses derniers romans de la lutte continue de l'écrivain, d’une « impossible rencontre avec des lecteurs et des éditeurs censés le soutenir ». C'est une reflexion sur ce que l’auteur considère comme une suprême épreuve, le résultat de son histoire singulière.
Pierre Patrolin dans son roman "j’ai décidé d’arrêter d’écrire" n’en peut plus de se relire, de se corriger, de biffer des mots, de déplacer des virgules. De conserver et comparer les différentes versions de ses textes."
À quoi bon ? Il préfère « laisser le monde exister sans besoin d’être décrit ».
On attend son prochain roman.
Laissons le mot de la fin à Gérard Mordillat : « Je n’oserai jamais dire que j’arrête d’écrire, par peur d’entendre : "Je ne savais même pas que vous aviez commencé".
Des romanciers qui ont abandonné l’ecriture sont finalement peu nombreux.
On peut se demander ce qu’ils auraient pu écrire, s’ils avaient continué à écrire ?
C’est peut être cela le plus intéressant dans toute cette histoire.
» Lire le Goncourt en passant l'aspirateur