Interview
Du 26 mai 2021
au 26 mai 2021

Coupable pour toujours

Un style haletant pour un fuyard bousculé. L'escapade d'un faux coupable précipitée par une innocence non prouvable. La participation de Nicola Niclass à l'appel à l'écriture monBestSeller sur le thème Faux coupable.
Fuir parce qu'on ne peut prouver son innocenceFuir parce qu'on ne peut prouver son innocence

Je dois partir maintenant. Je dois quitter cet endroit déplaisant au plus vite. Je dois renoncer à la vérité par crainte d'être capturé. Je dois abandonner ce lieu propice à la débauche. 

Je dois décamper rapidement. Je dois déguerpir avant l'arrivée de la gendarmerie française. Je dois détaler de ces environs malsains et inappropriés pour un ancien détenu. Je dois filer à l'anglaise, par la porte du garage, afin d'esquiver les caméras de surveillance des voisins de palier.

Je dois échapper à la justice et aux tribunaux par tous les moyens. Je suis un récidiviste aux yeux des lois métropolitaines. Je dois éviter les barrages de la police et de la brigade d'intervention. Je dois m'expatrier de cette nation francophone et européenne. 

Tant à faire avant que j'abandonne cet appartement de banlieue et cette scène de crime. Je dois me dépêcher, car peut-être, l'un d'eux a pu donner l'alarme. Je me hâte avec vigilance afin de ne négliger aucun détail. 

Par nécessité, j'active mon départ. Je précipite avec intelligence et avec discernement les événements. J'accélère les prises de décisions mais je ne veux rien oublier. La mort d'un agent de l'ordre enflamme souvent les débats publics traitant des thèmes de la sécurité nationale et départementale. 

Je dois ralentir mon rythme cardiaque. Je commence à modérer mes actions. Je contiens ma colère et ma haine envers la malchance d'aujourd'hui. Je réduis la voilure afin de contrôler mon stress. Je sais que les forces de l'ordre vont tout entreprendre pour appréhender "un soi-disant coupable" et venger l'un des leurs. 

Je dois m'éloigner coûte que coûte de cette situation. Présentement, je dois fuir. Peut-être, après, je trouverai une solution. 

Je saisis l'occasion en vol. Je dérobe certains objets utiles. Je ramasse certaines armes à feu. Je prends la drogue et l'argent sur la table en verre du salon. Sans remords, je m'accapare ce dont j'ai besoin pour décamper d'ici. 

Bientôt, une chasse à l'homme commencera. Je veux être un gibier de qualité. Une proie de choix. Je ne veux pas être une victime du système même si j'en suis une. 

Je dois appréhender la scène de crime afin d'échafauder une hypothèse de survie. J'imagine une stratégie afin d'effacer les preuves matérielles. Il faut gagner du temps, beaucoup de temps ! Cette avance sur mes poursuivants sera une véritable aubaine. 

Brusquement, un terrible accident survient. Je renverse la bougie allumée servant aux préparatifs des stupéfiants. La nappe en nylon s'embrase. Rapidement, le feu se propage. Je sors hâtivement de l'habitation. 

D'autres logements commencent à brûler. A l'horizon, aucun pompier. Je contourne différents édifices. Au loin, des cris ! L'incendie s'est répandu. L'embrasement de l'immeuble s'est diffusé aux bâtisses voisines. 

J'espère qu'il y ait au moins un survivant. Je voulais simplement déguerpir. Jamais, la gendarmerie ne m'aurait crû. Jamais, on ne m'aurait écouté. 

Je cours à travers les ruelles. Je transpire. Je suis fatigué de cet exercice forcé. L'effort physique est intense. Je file tel un lâche. Je cavale à travers les bâtiments. J'entends les sirènes de la police ou celles des pompiers. Aucune idée. Aucune importance. 

J'enjambe une barrière de protection pour les petits. Je traverse la place de jeux. Je grimpe sur le rebord du mur "Des Champs des Merles". Bientôt, j'atteindrai la rue "Des Roitelets" puis celle de "Sa Majesté". 

Je cours tel un fauve. Je cours tel un criminel. Je cours tel un assassin. Je dois partir. Je dois quitter cet arrondissement suffoquant sous le béton et l'asphalte. 

La nuit, le grincement des voitures me réveillait. La nuit, le bruit de la rue était un véritable cauchemar. Je dormais mal et peu. 

J'en avais marre de vivre ici. Je ne regrette pas mon déménagement involontaire mais obligé. Je sanglote uniquement pour les pauvres qui vont éventuellement tout perdre à cause du sinistre. 

Cet arrondissement était pourri. Je suis même content qu'il brûle. Ainsi, la municipalité construira de nouveaux quartiers d'habitations pour les enfants et les familles d'immigrés. 

Nicola Niclass

 

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