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Le 25 mar 2022

Littérature jeunesse : véhiculer les messages par l'imaginaire

Mélodie Ducoeur, auteure jeunesse évoque ici la nécessité d'utiliser d'autres langages pour parler des sujets graves aux enfants. Ne rien cacher, surtout mais utiliser les codes et la réthorique qui leur parlent.

"A l’heure où le numérique a envahi notre quotidien et celui de nos enfants, comment redonner le goût de la lecture à une jeunesse rivée derrière les écrans qui a appris à recevoir des informations sans les chercher et qui, inondée d’images et de vidéos, n’a pas les outils pour décrypter ces informations ?

Un exemple concret ?
En ce moment, les images de la guerre en Ukraine sont relayées par toutes les chaînes de télévision, créant de l’angoisse chez de nombreux enfants.
Comment les informer mais aussi les rassurer et aborder avec eux un sujet aussi tabou que celui de la mort d’enfants ?
La quasi-totalité de la littérature existante sur le sujet utilise l'anthropomorphisme : des personnages animaux.
Comment cette littérature pourrait-elle rivaliser avec les films d’animation et les jeux vidéo qui mettent en scène des super-héros aux pouvoirs surnaturels dans des univers empreints de magie si fascinant pour nos enfants ?

La maman lapin ou renard qui a perdu son bébé a-t-elle encore une chance de capter l’attention de la jeunesse actuelle ?
La fantasy est sans doute la réponse au besoin d’évasion de la nouvelle génération. 
Ses possibilités sont infinies tant en termes de super-pouvoirs qu’en royaumes imaginaires.
La magie, le merveilleux ou le fantastique sont des leviers efficaces de transposition pour traiter objectivement des sujets graves mais adoucir une réalité oppressante. 

Tous les sujets, même les plus tabous peuvent être abordés, y compris celui de la mort par le biais de la fantasy ou du merveilleux.
En 2022, la jeunesse a toujours besoin de rêver, mais les standards du rêve ont bien changé.
C'est aux auteurs de l’imaginaire que la mission est confiée, la haute mission de redonner le goût de la lecture à cette génération qui boude les livres."

Mélodie Ducoeur

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C'est une réalité indiscutable que de s'avouer que le numérique est de plus en plus présent dans la vie des jeunes de cette décade.

Cependant, en statut de jeune dont j'en fais parti, il serait fallacieux de se dire que la jeunesse n'est plus intéressée par les livres. Les jeux vidéos, l'imaginaire et la fantaisie, on aime ça mais c'est pas ce qui m'a empêché de commencer à écrire et à lire des romans dans l'adolescence en dehors des œuvres qu'on nous confiait au lycée.

« Assouplir le travail pour adoucir la technicité » voilà ce qui doit être fait. Il n'y a pas que les auteurs de l'imaginaire qui doivent se tuer à la tâche. La jeunesse rêve toujours et a besoin des œuvres semblables à celles qui ont fait rêvées les générations précédentes : fables, poèmes, romances, intrigues.

Ça n'ennuie pas. Ça cultive.

Toutefois, la jeunesse a besoin de moins de lourdeur et de rigidité dans l'écriture. On rentre dans un ère où le pédantisme des mots connaît une désuétude.

Publié le 01 Mai 2022

bonjour@Antoine Loiseul comme vous me le conseillez, je suis allée à la pêche aux infos. Une récente étude remet en cause nos certitudes. Les enfants lisent toujours. Pour l'école et par goût personnel, pour près de 8 jeunes sur 10. Plus de 3 heures/semaine et en moyenne 4 livres par trimestre (aussi bien que les adultes, 12 à 21/an selon l'âge). 55 % pour le plaisir, 48 % pour se détendre, 42 % pour s'évader. Ce sont les 7-11 ans qui lisent le plus. J'ajouterai que ce n'est pas parce qu'un enfant joue à des jeux vidéo qu'il ne lit pas. Mon fils ainé jouait, joue encore, bien qu'il travaille et vous verriez sa bibliothèque, vous en pâliriez d'envie ! Je pense qu'il suffit de bien doser ses temps de loisir et qu'il incombe aux parents de mettre des limites. Je ne nie pas que certains sont addicts aux jeux, comme d'autres le sont à d'autres plaisirs... Cordialement. Fanny

Publié le 28 Mars 2022

@FANNY DUMOND Ok, donc, on est d'accord. Vous reconnaissez aussi que les enfants sont beaucoup sur les écrans. Comme vous, je sais que c'est une évolution, qu'il y a du pour et du contre. Tout est une question de juste milieu. Et, en effet, un ordinateur ou un livre ne remplaceront jamais un adulte bienveillant. Ravie de cet échange et de constater que nous sommes sur la même longueur d'ondes, même si mes propos au départ avaient pu prêter à confusion.

Publié le 28 Mars 2022

@FANNY DUMOND
Les faits ne sont pas des préjugés : plus de 80 % des enfants de 6 à 9 ans jouent à la vidéo, et 84 % de 9 à 14 ans... Combien d'entre eux ont lu un livre ? Je vous laisse le rechercher.

Publié le 28 Mars 2022

bonjour@Mélodie Ducoeur loin de moi l'idée de dénigrer vote travail, mais c'est votre premier paragraphe qui m'a fait réagir. Vous auriez écrit "certains" enfants, j'aurais passé mon chemin. Pour fréquenter assidûment ma médiathèque, je peux vous assurer que de très nombreux enfants en ressortent les bras chargés de livres, à tel point que je ne m'y rends plus les mercredis et samedis. Donc vos préjugés m'indisposent. Les enfants rivés derrière leur écran, certes, mais que voulez-vous ma bonne dame, il faut savoir vivre avec son temps. Les écrans ne sont-ils pas dans les écoles et davantage lors des confinements et, ceux privés d'informatique, ne pouvaient plus suivre les cours en ligne. Ah ! la jeunesse beaucoup trop vilipendée que je soutiendrai toujours, quand les adultes ne donnent pas leur part au chien pour passer leur temps sur les écrans. Quant à faire des recherches, la jeunesse est beaucoup plus douée que certains adultes. Mes petites-filles, l'une ado et l'autre proche de la majorité, se connectent pour chercher des infos, dès qu'elles ont un doute et possèdent un vocabulaire très riche et savent tenir une conversation, avec nous, adultes. Quant à leur parler des choses graves, nous l'avons toujours fait à l'oral et sans aucun tabou. Un livre est un support, mais il ne répondra jamais à toutes les questions qu'il peut soulever. J'avais acheté un livre illustré sur la sexualité à mes enfants âgés d'une dizaine d'années et nous l'avons lu ensemble et j'ai répondu à toutes leurs questions. Cordialement. Fanny

Publié le 28 Mars 2022

@madline3 Vous avez tout à fait raison. Il semble pourtant qu'il n'y ait que des mamans animaux dans la littérature jeunesse actuelle pour expliquer la mort de bébés aux enfants de 6-10 ans. Je pense comme vous que les animaux sont plus adaptés aux tout jeunes enfants qu'à la tranche d'âge supérieure, les pré-ados et les adolescents. Pourtant, la mort et notamment celle de bébés et d'enfants est un thème qui concerne toutes les tranches d'âge. La fantasy est sans doute une piste pour captiver d'avantage les plus grands, même si l'univers du merveilleux fascine aussi les tout-petits (autant que les animaux).

Publié le 28 Mars 2022

@madline3 Vous avez tout à fait raison. Il semble pourtant qu'il n'y ait que des mamans animaux dans la littérature jeunesse actuelle pour expliquer la mort de bébés aux enfants de 6-10 ans. Je pense comme vous que les animaux sont plus adaptés aux tout jeunes enfants qu'à la tranche d'âge supérieure, les pré-ados et les adolescents. Pourtant, la mort et notamment celle de bébés et d'enfants est un thème qui concerne toutes les tranches d'âge. La fantasy est sans doute une piste pour captiver d'avantage les plus grands, même si l'univers du merveilleux fascine aussi les tout-petits (autant que les animaux).

Publié le 28 Mars 2022

@FANNY DUMOND Je m'excuse si c'est le sentiment que vous avez eu en lisant mon article. Je n'avais pas l'impression de dire ça, d'autant plus que je n'ai pas ce genre de préjugés et que je ne pense pas qu'un gosse est un abruti qui passe ses journées sur les écrans. Je ne faisais que constater que les écrans ont envahi notre quotidien. Qui peut dire aujourd'hui que son enfant ne sait pas ce qu'est une télévision ou une tablette ? Qui peut dire que son enfant n'a jamais été fasciné par un dessin animé ou un jeu ? Quel parent aujourd'hui d'un enfant en âge de lire n'a jamais eu à lui limiter le temps passé devant un écran ? Pour moi, la lecture reste primordiale chez nos enfants et un écran ne pourra jamais remplacer un livre. J'expliquais que la concurrence est rude parce que les concepteurs de jeux vidéo et de films d'animation arrivent à captiver facilement les enfants. La littérature se doit donc elle aussi d'évoluer pour continuer à intéresser la jeune génération. J'indiquais que la fantasy est une piste à explorer, notamment pour aborder le thème de la mort quand aujourd'hui pratiquement tous les enfants ont entendu parler de la guerre en Ukraine même s'il n'y a pas de télévision chez eux. Ils en parlent dans les cours de récréation et récemment, une institutrice m'indiquait que cela provoquait des angoisses chez beaucoup d'enfants. D'où l'intérêt que la littérature jeunesse aborde ce thème et serve de support pour en discuter sereinement avec les enfants et atténuer les peurs.

Publié le 28 Mars 2022

Je ne supporte pas vos clichés, vos préjugés sur LES enfants que vous mettez tous dans le même sac. Désormais, l'image d'un gosse est celle d'un abruti jouant à longueur de journée sur ses écrans et qui ne lit plus ! Pour écrire pour la jeunesse, il faut justement la regarder vivre, s'amuser, l'écouter parler et, surtout, savoir se mettre à sa hauteur, c'est-à-dire avoir su garder son âme d'enfant.

Publié le 27 Mars 2022