Interview
Le 02 nov 2022

Le nouveau maire.

Au "never say never", correspond la locution imagée d'une fable du Moyen-âge "Ne dis jamais : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau", contant le récit d'un alcoolique qui se noie dans une fontaine publique. Ce qui arrivera à notre héros est-il du même tonneau ? L'auteur nous éclaire en nous contant l'histoire de son incorruptible Maire. La nouvelle de Bahloul pour l'appel à l'écriture monBestSeller sur le thème de "Rien ne s'est passé comme prévu"
La nouvelle de Bahoul sur le thème de Rien ne s'est passé comme prévu"La nouvelle de Bahoul sur le thème de Rien ne s'est passé comme prévu"

Adam Benatia, qui venait d’être élu maire de la ville, se leva pour accueillir son visiteur, Saad Sendali, président de la commission des marchés publics :

– Pour l’appel d’offre relatif aux travaux de voirie et d’assainissement, monsieur, l’ouverture des plis aura lieu lundi prochain, en séance publique.  

– À ce propos, monsieur Saad, j’aimerais avoir quelques détails sur la société “Best Solutions”. J’ai remarqué sa présence sur la plupart des chantiers de la ville.

– Justement, monsieur, je voulais vous en parler. Il s’agit d’une société dont je connais personnellement les performances et qui ne nous a jamais déçu. Elle honore toujours ses engagements et excelle dans son domaine. D’ailleurs, l’homme qui la dirige est ici. Il aimerait vous rencontrer en personne. Je vous le recommande ; c’est quelqu’un qui tient parole et qui respecte toujours les délais.

– Je vois, dit le maire.

– Puis-je vous le présenter, monsieur ? C’est un honnête homme.

– D’accord, puisque vous me le recommandez si chaudement.

– Je vous prie de m’excuser une minute.

Et il sortit.

Après quelques secondes, il entra suivi d’un homme assez grand, à l’allure sûre, et fit les présentations.

– Monsieur le maire, je vous présente monsieur Nizar Badou. Monsieur Nizar, voici monsieur le maire.

Puis il s’excusa et les laissa seuls.

L’homme s’entretint avec le maire une bonne demi-heure, puis dit au maître de céans qui l’écoutait, subjugué par tant d’aisance et d’assurance naturelles :

– Monsieur le maire, je sais que vous êtes un homme qui se préoccupe de l’avenir de sa ville, de notre ville, car cela nous concerne aussi. Je puis vous assurer que je suis un homme qui respecte ses engagements. Et puisque c’est la première fois que nous nous rencontrons, je me suis permis de vous apporter votre présent ici, à votre bureau. Bien entendu, je reste à votre entière disposition.

Il tira de sa mallette une grosse enveloppe qu’il mit entre les mains du maire, médusé, puis il ajouta en se levant :

– Je me ferai un plaisir de vous revoir, monsieur le maire.

Sur ce, il sortit.

Le maire, sidéré, se mit à réfléchir.

Ainsi donc, c’est ainsi qu’on passe les marchés publics. Je me demande où ces gens-là puisent autant d’assurance ? Enfin, d’affront, plutôt. Et dire qu’on se demande toujours pourquoi tant de problèmes surgissent au niveau des infrastructures de la ville dès les premières pluies.

Le maire, qui venait de découvrir le pot aux roses, décida aussitôt de coincer ces morveux qui dilapidaient l’argent des contribuables ; ces prétendus honnêtes hommes qui se montraient les plus âpres aux profits que les véritables escrocs.

La première chose à faire était de découvrir à qui appartenait cette société qui s’était octroyé la plupart des marchés de la ville. Ce Nizar devait être lié à une famille qui siégeait au parlement, à la chambre des conseillers ou au conseil de la ville.

En tout cas, pensait-il, y’a là de quoi ébranler le siège de quelques personnalités, au risque d’aviver les guerres secrètes que se livrent les partis depuis des lustres.

Il avait là de quoi mettre un terme au clientélisme. Il donnerait l’exemple du citoyen honnête qui est là pour servir les intérêts de son pays.

Ce soir, lors de son rendez-vous avec ses alliés, il discuterait des mesures à prendre à l’encontre de ces messieurs des marchés publics, quitte à annuler carrément l’appel d’offre.

Le maire fut convoqué à la capitale.

En rentrant chez lui deux jours plus tard, la fameuse enveloppe toujours dans son cartable, il s’arrêta à un feu rouge, la sortit et regarda pour la première fois son contenu.

– Sacré bon Dieu ! s’écria-t-il avant de refermer la mallette.

Le lendemain, à la mairie, il rencontra le chef du conseil municipal et le responsable de l’habitat et de l’urbanisme. Tandis qu’ils discutaient de sujets variés, ses compagnons s’esclaffaient sans retenue. Quand il eut pris congé et qu’il se retrouva seul dans son bureau, il demeura un moment pensif.

Ces messieurs semblent vraiment se la couler douce, se dit-il. Comment font-ils pour rire ainsi ?  

Le lundi matin, le maire, yeux brillants et large sourire, reçut le président de la commission et son fameux rapport. Sans l’ombre d’une hésitation il prit un stylo, portant le logo Best Solutions, signa le document, puis se laissa choir au fond de son fauteuil, l’air pensif, un petit sourire satisfait au coin des lèvres.

 

 

 

 

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Bonsoir@Eléonore ROSE: Merci infiniment pour votre intérêt pour ma nouvelle. Je suis ravi qu'elle vous ait plu. Ma première Novella "La révoltée de l'Atlas" est en ligne sur la plateforme, un roman et d'autres nouvelles sont en perspective.
Merci infiniment et à bientôt.

Publié le 06 Novembre 2022

Bonsoir@Michel Canal: Je vous remercie du fond du cœur pour avoir pris le temps de lire ma modeste nouvelle.
Effectivement, j'ai développé assez tôt un amour tellement profond pour la langue française que je me suis immergé dans la lecture depuis que j'étais en primaire. Et, sans vouloir passer pour un prétentieux, je peux vous dire que j'ai laissé derrière moi au lycée où j'ai passé sept ans de mes études secondaires( de la première année jusqu'au bac), une légende qui fut racontée durant plusieurs années après mon départ à l'université. Je ne doute nullement que c'est cet amour pour la langue française qui anime chacun de nous, auteurs et lecteurs sur cette plateforme. Nous devons nous estimer heureux d'avoir ce lieu d'échange et de rencontre. Nous devons aussi remercier, comme il convient, l'équipe@Mon Bestseller pour tous leurs efforts et l'excellent travail qu'ils déploient pour nous offrir ce lieu d'échange si riche et accueillant.
Merci à tous, auteurs, lecteurs et administrateurs pour vos efforts.

Publié le 06 Novembre 2022

Bonsoir@Catarina Viti: Je voudrais tout d'abord vous exprimer ma profonde gratitude pour l'intérêt que vous avez manifesté à l'égard de cette nouvelle et pour vos remarques et suggestions pertinentes et bien fondées. J'en tiendrais compte certainement. Merci à vous de tout cœur.

Publié le 05 Novembre 2022

Une nouvelle sympathique et agréable à lire
D 'autres en préparation ?

Publié le 03 Novembre 2022

Une nouvelle sympathique et agréable à lire
D 'autres en préparation ?

Publié le 03 Novembre 2022

Merci @Bahloul, pour cette nouvelle contribution au thème d'écriture "Rien ne s'est passé comme prévu". Oui, on est bien là dans ce qui est devenu un adage : "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau".
On peut, tout comme ses collaborateurs et lui-même in fine, sourire du changement d'attitude du maire qui découvrant le pot aux roses concernant l'attribution des marchés publics, avait décidé de coincer "ces morveux qui dilapidaient l’argent des contribuables ; ces prétendus honnêtes hommes qui se montraient les plus âpres aux profits que les véritables escrocs (...) Il donnerait l’exemple du citoyen honnête qui est là pour servir les intérêts de son pays (...) lors de son rendez-vous avec ses alliés, il discuterait des mesures à prendre à l’encontre de ces messieurs des marchés publics, quitte à annuler carrément l’appel d’offre".
Même si le thème lui-même laisse à penser de la chute, votre histoire est bien menée, cher Bahloul.
Effectivement, comme le souligne @Catarina Viti, si vous utilisez le terme "cartable" il vaut mieux ne pas utiliser après le terme "mallette". Mais c'est juste un point de détail facilement corrigé si vous le souhaitez. J'aurais d'ailleurs utilisé chaque fois pour l'un comme pour l'autre "cartable" ou "attaché case", plus dans l'air du temps pour ces personnages.
Je souligne au passage votre maîtrise de notre langue française, que beaucoup de Français dont c'est la langue maternelle ne maîtrisent pas aussi bien que vous. J'ajouterai (c'est anecdotique) qu'à la Réunion dans les îlets isolés des cirques dans les hauts, les jeunes n'ayant pour instruction que celle de l'instituteur ou institutrice parlaient mieux le français que leurs collègues de la ville, et que de même en Afrique ceux qui ont été instruits à l'école, puis au collège et au lycée s'expriment beaucoup mieux en français que de nombreux nationaux dans leur propre pays.
Avec toute ma sympathie. MC

Publié le 03 Novembre 2022

Votre nouvelle mériterait vraiment une réécriture après "refermer la mallette" (d'ailleurs, pourquoi mallette puisqu'avant : cartable ?). Si vous avez besoin de caractères supplémentaires pour tourner une nouvelle fin, vous pouvez même supprimer "ce soir, lors de son rendez-vous... appel d'offre (qui affaiblit l'idée, car on a déjà bien compris le personnage).
Je me permets ces remarques, non pour ramener ma science, mais parce que, selon moi, vous avez une excellente histoire et qu'il suffirait de peu pour en faire un bijou... un tantinet de dérision en plus peut-être.
Merci en tout cas. Pour moi, une des meilleures contributions à ce jour. Réconfortant !

Publié le 03 Novembre 2022

Merci@Zoé Florent d'avoir pris le temps de lire cette modeste nouvelle qui illustre ce qui se passe de plus en plus dans les coulisses de différents services de différents ministères. Pour cela, on dit au Maroc: " Une tête qui ne tourne point est une colline": Pour dire qu'il ne faut pas s'éterniser sur une seule opinion.
Merci encore une fois. Je vous souhaite une bonne nuit.

Publié le 02 Novembre 2022

Cette nouvelle m'a évoqué deux citations et un proverbe :
- "Qu'est-ce que la richesse ? Il en est pour qui une vieille chemise est déjà une fortune. Un autre se trouve pauvre avec dix millions. Au fond, il ne s'agit que d'une situation." de Franz Kafka.
- "Avoir le courage de ses opinions ne mène nulle part, si l'on n'en a pas aussi la persévérance." de Louis-Philippe Robidoux.
- Et, plus basique, je te l'accorde :-), "l'occasion fait le larron."
En bref, une nouvelle intéressante, à la chute inattendue, sur le thème "Rien ne s'est passé comme prévu". Merci de l'avoir partagée ici et bonne journée !
Michèle-Zoé

Publié le 02 Novembre 2022