Interview
Le 17 avr 2023

Migrants... Et si c'était nous

Marie Diowo écrit. Son roman sera bientôt déposé sur monBestSeller. Sur un sujet qui nous semblait naturel, nous lui avons proposé d'écrire sur la littérature et les migrants (qui touche au thème de son livre). Et voilà ce texte si spontané, frais qui dénonce bien sûr le drame des migrants mais aussi l'impuissance, la mémoire si courte de notre Société. Enchainer l'information, plutôt que de lui donner du sens

Il y a eu Aylan !

Je repense au corps échoué en mer Egée du petit «Aylan» qui m’émeut aujourd’hui ! Sans oublier ceux des centaines d' enfants qui continuent de perdre leur vie en mer à la recherche du bonheur.
D’autres ont suivi et d’autres suivront encore… !
Ma crainte est de voir ces migrants tomber dans l’oubli comme le petit ange «Aylan».

C’est le propre de l’humain ! Oublier et se laisser rapidement distraire par autre chose, par d'autres thèmes.
Nous n’avons pas le droit de tourner la page de leur histoire effroyable ! Ne les oublions pas !
J’ai mal ! Je vis leur souffrance et j’ai honte ! Accepter cela ! Voir autant de vies innocentes s’éteindre avant l’heure !

Ma façon à moi de rendre hommage est d’écrire pour mes sœurs et mes frères, «MIGRANTS».

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L’immigration existe, et ce, depuis de nombreuses années !

Chaque jour, l’on entend parler des migrants. Chacun a son opinion sur la question.

Pour ma part, j’ai écrit ce texte pour les migrants car je suis révoltée de voir à quel point l’homme peut s’émouvoir pour oublier immédiatement pour reprendre enfin une vie normale comme si de rien était ! L’ indifférence reprend très vite ses droits !

Oui ! Je le crie haut et fort ! Les migrants sont traités comme des animaux ! Entassés dans des tentes et devant faire face à des températures extrêmes auxquelles nombres ne sont pas habitués, le manque de nourriture, le manque d’eau, des jours et des jours sans prendre une douche...

Pendant que des bombes étincellent les cieux de pays en guerre, pendant que des pieds s’activent au pas de course à la recherche de lieux plus sûrs, pendant que des âmes meurtris pleurent leurs morts à ne plus pouvoir s’arrêter, que faisons-nous ?
Nous qui ne connaissons point une telle souffrance, nous qui dormons paisiblement chaque nuit, nous qui mangeons à satiété, nous qui connaissons la paix !

Et si c’était NOUS !          

Je me pose la question ! Et si c’était NOUS qui subissions la guerre ?

J’ai un profond respect pour les « MIGRANTS » ! Ils sont forts, ils sont courageux, ils sont dignes face à leur malheur !
’ils fuient la guerre et la pauvreté dans l’espoir de trouver une vie meilleure dans les pays occidentaux. Mais un grand nombre de migrants n’auraient jamais quitté la terre qui les a vus naître. Ils seraient restés fidèles à la mère terre qui les a nourris en son sein, si elle pouvait les nourrir encore.

L’Italie, la Grèce et bien d’autres pays encore vivent au quotidien cette réalité si poignante.

Aujourd’hui, ils sont à bout de souffle et crient leur désarroi ! Non pas des migrants mais des cadavres gorgés d’eau qui ont réussi à fouler le sol de leur terre promise. ils se sont éteints bien avant. Les vagues ne leur ont point laissé de répit. Sans distinction d’âge, de sexe ou de religion, elles ont emporté leurs âmes dans les profondeurs des abîmes.

Qui porte cette responsabilité ?

Les nations riches qui font miroiter à ces pauvres gens une réalité plus rose ?

Les politiques sont au centre du débat

Mais on le sait d’autres vies continueront d’en payer le prix fort. D'autres vies, embrasseront à leur tour la mort.

Les migrants fuient car ils ont peur, ils ont tout perdu, ils sont homosexuels dans des pays qui n’en veulent pas, de la mauvaise religion, de la mauvaise obédience. Ils sont en danger de mort.

La vie des migrants en vaut la peine ! Ce n’est pas comme s’ils ne servaient à rien !

Si la vie d’un prince est précieuse aux yeux de nos sociétés, alors celle d’un migrant peu importe d’où il vient est aussi précieuse qu’un diamant !

C’est inacceptable de les ignorer !

C’est impensable de les refouler !

Les renvoyer chez eux, c'est leur proposer la moert.

Ils ont choisi de vivre en quittant leur terre en guerre, ils ont choisi l’Europe.

Tendons-leur une main bienveillante et protectrice.

Comment pouvons-nous les renvoyer à nouveau dans la gueule du loup ?

Et si c’était NOUS ?

Réfléchissons-y et faisons appel à notre cœur sans oublier notre raison.

Nous devrions prendre le temps d’une courte méditation afin d’interroger notre conscience pure.

C’est un impératif car l’enjeu est de taille…

Marie Diwo

 

Marie Diowo
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@ BAITZ Pierre Heol
Je réagis un peu à chaud et m’en excuse mais juste pour vous dire que personnellement je me contrefiche de vos coquilles car ce que vous avez dit est très juste, très touchant et puissant. C’est tout ce qui importe. Je dirais même plus, faites des coquilles beaucoup plus grandes, insubmersibles et totalement résistantes aux coups, et envoyons-les-leur car ce sera toujours mieux pour traverser que ces bateaux gonflables.
Je suis au passage atterré aujourd’hui de voir l’argent qui est dépensé pour lancer « la plus grosse fusée du Monde » (c’est toujours à celui qui aura, malgré tout, la plus grosse) pour s’en aller … atterrir sur la lune ou Mars alors qu’il y a sur terre une telle indigence.
On est chez les fous.

Publié le 20 Avril 2023

Y-a-t ’il une couleur légitime pour parler des migrants ?
Nos routes parallèles se frôlent. Nous, dans nos avions, nous descendons dans nos camps. Nous les appelons villages de vacances. Enceintes encerclées de barbelé ou l’opulence règne, ou l’indigène ne peux accéder à la bouffe à gogo des buffets ou il fait bon vivre sous le soleil au bord de la piscine.
Ou pour votre bon plaisir, vous distraire, on vous envoie visiter le marché local en début de matinée, moment de fraicheur ou les étales abondent de quartiers de viandes et de poissons brillants qui sortent de l’eau. Les mouches arrivent après votre départ. Elle recouvre tout mais on ne vous le montre pas.
Vous venez voir la misère mais pas vivre nos vies. On vous exhibe le dénuement d’enfants nus courant dans la crasse des caniveaux.
Notre chemin parallèle à nous est terrestre. On vous voit dans le ciel. Nous, nous croisons des coupeurs de routes qui nous dépouillent de nos maigres bien. La chaleur, la soif, la marche, des kilomètres entassé à l’intérieur d’un camion bâché, le viol, la mort au coin du chemin ou au fond d’une embarcation gonflable bondée.
On vous voit de loin. Vous nous regardez sous nos cartons. Vous vous apitoyez de voir une mer de plastique recouvrir nos lagunes. Vous pleurez de voir nos bandes de gamin croupir sur les trottoirs, ces jeunes filles à peine pubère mère de famille nombreuses.
Et vous repartez sans vous retourner. Vous emportez en souvenir quelques clichés de la misère du monde. Vous êtes bien en sécurité derrière la vitre de votre hôtel. Ce n’est pas votre problème.
Nous aussi on va dans des camps. Nos rêves nous poussent vers monde merveilleux. Au moins, on aura un peu à bouffer. On nous donnera des vêtements, un téléphone, de l’argent.
On nous donnera peut-être un peu de dignité. Et richesse ultime, on nous rendra peut-être notre statut d’homme.
Mais vous, vous ne comprenez pas : La misère est plus acceptable au chaud, Pourquoi venir affronter ces conditions extrêmes ? Pourquoi s’exhiber à la face d’une civilisation au sommet. Pourquoi venir troubler notre conscience ? perturber l’ordre établi ? pourquoi venir s’entasser devant nos portes ?
Mais en parallèle, qui suis-je pour écrire ces lignes ? est ce que j’usurpe un statut. Comment allez vous accueillir un homme qui fait des fautes d’orthographe quand il écrit ? Votre entre soi et votre politesse, vous fait dire coquille. Une erreur de conjugaison vous ulcère. L’ordre grammatical ne peut être perturbé par un étranger, un ignare, un inculte à la chose littéraire. Allez vous acceptez des idées nouvelles, une vision différente ? est-ce que cet étranger ou ce sans brevet pourrait passer devant nous au classement ?
Allez-vous accepter un homme qui a un autre « dieue » (sans faute dans ma langue) ?
Qui se cache derrière ce masque ?
Est-ce que vos belles paroles en place public ne vont pas devenir venin quand vous allez fermer vos volets.
J’ai côtoyé ses gens. J’ai migré, travaillé, mangé avec eux. Je les ai aidé dans la mesure de mes moyens. Et puis, je suis retourné dans mon pays d’origine. Il n’avait pas grand-chose mais ils m’ont offert le bien le plus précieux qu’ils possédaient : Une prière.
- « tu es vieux maintenant, mais on va prier pour toi tous les jours jusqu’à ta mort ». Ils ont ainsi exprimé leur gratitude.
Avec toute ma bienveillance. Courage à toi Marie.
Ps : Mes excuses pour les coquilles qui vont heurter la sensibilité des puristes de l’ordre.

Publié le 20 Avril 2023

Très beau texte poignant sur une réalité rangée très vite dans l'oubli du temps. C'est un drame qui s'inscrit plus que jamais dans notre futur commun et il serait plus que nécessaire de le garder en mémoire et d'apporter chacun sa contribution (de quelque façon que ce soit) à l'éradication de ce mal "banalisé" de notre société moderne. @Marie Diwo au plaisir de vous lire.

Publié le 19 Avril 2023

@Marie Diowo C'est un terrible drame que vous évoquez, et comment l'ignorer ? Je ne crois pas que qui que ce soit y soit insensible ; ce n'est qu'une impression. Il faut cependant comprendre que l'on puisse se sentir démunis, tant les drames qui secouent notre monde se multiplient, que nous ne pouvons pas concrètement absorber le flux migratoire exponentiel qui en découle.
Il me semble important également de distinguer les réfugiés migrants de ceux qui croient trouver un eldorado économique ailleurs. Tout récemment, les Européens ont ouvert grand leurs portes aux réfugiés ukrainiens ; ils ont été accueillis et pris en charge rapidement, efficacement…
Pour les autres, ceux qui paient leur rêve de leur vie, nous pouvons agir, mais en prévention. Les accueillir sans discernement serait une politique à la petite semaine. Nous n’avons ni les moyens ni les solutions pour tenir un tel engagement sur le long terme.
Ils ne sont pas médiatisés, mais des échanges entre chefs d’États ont lieu ; des échanges qui visent à trouver des solutions pour endiguer ce terrible fléau. Ces solutions, inutile de se mettre des œillères, devront passer par une information préventive des populations tentées par cette aventure suicidaire ; par le démantèlement des réseaux de passeurs, véritable mafia organisée qui exige des sommes astronomiques pour envoyer des populations vers une mort quasi certaine ; à mes yeux, le plus urgent.
Les temps ont changé, notre monde est fou. Étouffées par une tendance égocentrique, les nobles causes font long feu. Nous ne sommes plus une terre d’accueil, et je crains que cet état de fait ne soit pas près de changer. Reste notre capacité à la résistance, celle que nous pouvons prouver individuellement, à notre nano-échelle.
Merci pour ce billet, efficace piqûre de rappel ;-)… Amicalement,
Michèle-Zoé

Publié le 18 Avril 2023

Bonjour Marie
Merci pour votre texte et pour essayer de réveiller l’occident en remettant les choses en perspective et en refixant une juste échelle des valeurs et vraies priorités.
Je trouve que votre texte s’inscrirait très bien dans le concours pour la nouvelle : « à son réveil, rien n’avait changé » avec plus ou moins le message suivant : Au réveil de l’humanité du 17 avril 2023, rien n’avait changé, seulement les noms des migrant(e)s noyé(e)s.
Objectivement, Marie, et vous le savez au fond de vous, il ne vous faut rien attendre de l’Occident, ni de l’Afrique d’ailleurs, car leurs dirigeants n’ont aucune réelle volonté de changer les choses. Il faut regarder les choses en face. J'ai lu par exemple récemment sur Macron qu'il se revendiquait stoïcien. Sans lui jeter la pierre plus qu'à un autre, le fait est que le stoïcien part du principe qu'il ne doit pas avoir d'état d'âme à ne pas pouvoir changer les choses si celles-ci ne peuvent, de son point de vue, pas être changées. Vous voyez tout de suite comme cela est commode, dans le cas d'espèce des migrants, comme dans tant d'autres domaines à traiter. Ce manque de compassion est généralisé dans la classe dirigeante et diffusé en nous. Tout ce que nous pouvons faire à notre niveau, c’est individuellement, lutter contre cette tentative d'anesthésie du cœur par l'intellect, éprouver une réelle compassion c’est-à-dire « nous mettre à la place », « comme si c’était nous » (ou du moins essayer car nous ne pouvons pas vraiment le comprendre sans l'avoir vécu) ce qui aura pour effet, individuellement, de nous pousser à un mode d’action ou un autre, que chacun choisira, pour sauver ce qui peut encore l'être.
Ce, en attendant que cette domination humaine pitoyable cesse et que la mémoire de Dieu rappelle les morts pour une vraie nouvelle vie.

Publié le 17 Avril 2023