Interview
Le 10 juin 2023

"Le complexe du homard adulte" est la Sélection de juin du Prix Concours monBestSeller.

Interview d’Isabelle Blondeau, enseignante passionnée qui n’est jamais sans une idée de scène, de dialogue, ou d’intrigue en tête.
"Le complexe du homard adulte" est la Sélection de juin du Prix Concours monBestSeller
Question: 

De quoi parle votre livre ?

Réponse: 

Isabelle Blondeau Nous suivons Charline, jeune femme détestable qui mène une vie dissolue et qui considère systématiquement l’autre comme un défouloir. Affublée contre son gré par les services secrets russes du rôle d’espionne, elle doit à la fois combattre un mafieux, ses propres démons et un anonyme qui la pousse dans ses retranchements via des échanges de SMS belliqueux auxquels elle finit par prendre goût.

À travers le parcours introspectif de Charline, mon livre évoque trois grands thèmes revisités dans un style corrosif : l’acceptation de soi, ou plutôt de son passé, les relations entre les hommes et les femmes, et la place faite à l’homme dans notre société féministe.

J’ai avant tout souhaité traiter de cette période, parfois très longue, souvent même au-delà de l’adolescence, pendant laquelle nous ne savons pas qui nous sommes, ni comment nous positionner par rapport aux exigences de la société. Dans cette histoire, Charline ne colle pas aux codes, elle est crue, dérangeante ; elle est aussi une illustration poussée à l’extrême de tout ce que les défaillances de notre éducation d’enfant ont engendré dans la formation de notre personnalité d’adulte.

 

Question: 

Quel est l’univers de votre livre ?

Réponse: 

L’univers de mon livre est avant tout visuel parce qu’il est une explosion d’images, les vraies tout comme les stylistiques. J’ai voulu en faire un film qui s’imposerait dans nos esprits à sa lecture. Les descriptions suivent les humeurs de Charline, et le foisonnement de métaphores traduit son incapacité à verbaliser ses émotions sans les teinter d’amertume.

Paradoxalement, cet univers est aussi celui de la cécité : la relation ambiguë qu’entretient Charline avec son interlocuteur anonyme permet d’évoquer l’expression consacrée « l’amour est aveugle ». Cette intrigue est, en fait, une réécriture moderne du mythe de Psyché. Cette dernière avait interdiction de connaître l’identité de son mari, et a su dépasser les apparences pour aimer un homme qu’elle croyait, au départ, être un monstre. Il s’agissait en fait de Cupidon : mandaté par sa mère, la jalouse Aphrodite, il s’était piqué à ses propres flèches en constatant la beauté de Psyché.

 

Question: 

Comment est construit votre roman ?

Réponse: 

Mon roman est construit comme un compte à rebours : l’histoire commence fin octobre et se termine aux fêtes de fin d’année. Le but est évidemment symbolique : fin décembre, les villes, les gens sont en joie car ils célèbrent Noël. Je voulais que Charline y célèbre sa propre renaissance, qu’elle enchaîne sur le début d’une nouvelle année, c’est-à-dire d’un nouveau commencement, et qu’elle lève le voile sur l’identité de son interlocuteur mystère. Janvier, c’est le mois de Janus, le dieu romain des commencements et des fins, des choix, du passage et des portes. Pour Charline, de nouvelles possibilités s’ouvrent ; la colère fait place à l’apaisement, le passé au futur.

 

Question: 

Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Réponse: 

Je connaissais la théorie du complexe du homard de Françoise Dolto, j’ai simplement voulu la pousser un peu plus loin. De par son comportement, et quand bien même elle ne serait plus une adolescente, Charline n’a toujours pas trouvé sa carapace définitive. Elle est donc sans cesse en position de vulnérabilité face au monde. Aussi, pour éviter d’être une proie, c’est elle qui prend les devants en se faisant prédatrice. La meilleure défense, c’est l’attaque… ?

 

Question: 

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ?

Réponse: 

C’est tellement naturel chez moi que j’ai du mal à l’expliquer. Je suis née comme ça, avec des idées se bousculant dans la tête, un besoin viscéral de coucher sur le papier des histoires, de donner vie à des personnages. Plus tard, au collège, l’impulsion véritable m’a été donnée par ma prof de français : chaque vendredi, avant de commencer son cours, elle m’avait octroyé la permission de lire à la classe un extrait de l’histoire que j’étais en train d’écrire. Avec mes yeux d’enfant, j’avais l’impression naïve que mon travail passait pour du talent ; il n’empêche, cela a suffi pour me conforter dans l’idée que je devais continuer d’écrire. Forte de cette expérience, j’essaie à mon humble niveau de valoriser les compétences de mes élèves autant que cette enseignante a su le faire avec moi.

 

Question: 

Un mot sur votre expérience monBestSeller ?

Réponse: 

Dans ma recherche de bêta-lecteurs pour passer mon livre à l’épreuve de la critique, je suis tombée sur le site monBestSeller qui m’a semblé être le bon endroit pour recevoir des remarques constructives. Je ne m’attendais pas à ce que mon livre soit lu autant de fois, ni qu’il reçoive tant de commentaires élogieux. La bienveillance et l’effort de chacun à passer du temps pour me lire et/ou me laisser un petit mot m’ont profondément émue. Je ne pouvais pas finir cet entretien sans les valoriser à mon tour.

MERCI !

 

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Bravo pour votre sélection au Prix Concours monbestseller !

Publié le 13 Juin 2023

Je n’ai pas eu le plaisir de lire "Le complexe du homard adulte", @Isabelle Blondeau, mais j’ai savouré vos propos dans l’interview. Je suis par ailleurs admiratif de "l’enseignante passionnée" que vous êtes. Je déplore, depuis longtemps déjà, la raréfaction de ces enseignants qui pour des raisons diverses perdent le sens de leur mission ou en sont empêchés. J’aimerais avoir la même admiration pour mon fils enseignant d’anglais dans le secondaire.
À travers vos explications, je comprends aisément que "Le complexe du homard adulte" ait fait l’objet de la Sélection de juin du Prix Concours monBestSeller.
Je n’ai hélas — pour l’instant — pas le temps de savourer votre livre, mais je ne doute pas du succès en librairie de cette histoire qui s’inspire du concept développé par la grande Françoise Dolto.
Avec toute ma sympathie. MC

Publié le 11 Juin 2023