Angelo Rinaldi, académicien, fut la terreur des Maisons d'éditionL'exercice de la méchanceté intelligente s’est élevé au rang d’art avec lui, nuisant sans doute à sa propre carrière
Peut on avoir été un grand critique littéraire si l'on n'a pas défendu un certain nombre d'écrivains ?
Plus prosaïquement, dans nos vies de lecteurs et d’auteurs qui se déroulent en accéléré, qu’attend t’on d’un critique littéraire ? Donner envie de lire un livre ! (sans jouer la Bécassine). Or nombre de critiques semblent souvent s'adresser aux éditeurs aux écrivains, aux confrères, en un mot, au « monde littéraire ». Ou pire : à la Postérité.
Prétexte à faire valoir sa culture, certains critiques littéraires offrent des exercices purement narcissiques. Tour à tour drôle, sarcastique, ou trop bienveillant, le critique est finalement peu exposé à la critique elle même. La matière à juger en toute (in)objectivité se transforme en un jeu de flatterie ou de déconstruction déstiné à le valoriser. Une cour pressante (et parfois servile (son tour viendra)) entoure le critique car il est visible, et demandera sans doute à son tour un service. Juge, et arbitre, il arrive qu'il soit écrivain. Plus complexe. Dans ce cas, la méchanceté paie souvent, la bienveillance aussi.
On oublie les critiques, on garde les auteurs.
Kundera déclarait en substance « ce qui déplaît dans l'oeuvre d'un créateur, c'est toujours précisément ce qu'elle a d'unique, d'inouï ». Alors, à tous les critiques qui ont vilipendé Proust, Céline, Ionesco, Balzac à leur époque, à tous ceux qui ont jeté l’opprobre sur les "scandaleux" impressionnistes, les forçant à assurer eux-mêmes la promotion de leurs œuvres, il ne faut pas oublier, qu’on oublie les critiques, et qu’on garde les auteurs et les artistes (certains d’entre eux en tout cas).
Il est vrai qu'une critique au vitriol est parfois plus riche et excitante qu'une lecture bienveillante rapide. Un « dezinguage » en règle est motivant, car ce qui repousse le critique est parfois ce qui attire le lecteur. Pour preuve, Houellebecq (qui certes aurait eu sa promotion), est attaqué sur son sujet sulfureux, traité dans « Soumission ». Considéré comme à la fois misogyne et islamophobe, ses détracteurs sont aussi devenus ses agents commerciaux (avec ou sans son assentiment).
La critique littéraire pressurée par l’urgence de l’actualité.
Et ces mêmes livres, qui font la une des colonnes dès l’automne : présentés comme les référents de la littérature, ne sont là en grande partie, que pour manque de temps ! Les auteurs s'en font complices, à sortir comme des coucous suisses leurs livres. Réglés comme du papier à musique. Le souci de l'actualité, l'urgence, est sans doute le plus grand boulet de la critique littéraire. Imaginez un journal promouvoir un livre un an après sa sortie, ou découvrir un ouvrage inconnu dans la collection du Livre de poche. Ringard, le magazine !
Le temps d'évaluer une œuvre plutôt qu'un seul livre (il faut l’admettre, cela arrive avec le Goncourt), le temps de prendre de la distance, le temps de penser... est rare. Dommage.
Christophe Lucius
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Bonjour à tous, un bel article rempli de vérités, et je rejoins @zema birdy, dans le processus de découverte, je ne me fie JAMAIS aux critiques et bien souvent malgré les a priori, ce sont mes proches qui me font découvrir des pépites. Bonne journée à tous.