Interview
Du 26 déc 2025
au 26 déc 2025

Les mots qui nous ont changés

Ce petit texte est un hommage aux instituteurs. Ceux qui nous ont pris la main, qui nous ont offert une explication personnelle, qui, par un sourire ou une mimique nous ont fait entrer dans le champs très privé de ceux qui aiment les mots. Savoir lire un texte et entrainer derrière soi une petite sarabande d'enfants, c'est une grande victoire en soi...

 Adorer un livre, c’est d’abord adorer sa couverture. De tous les livres que j’ai lus, ou on a lu, nous une génération d'élèves, dans nos classes scolaires, au primaire et au collège, je me souviens de tant de couvertures de petits livres, avec leurs odeurs d'encre, leurs illustrations, leurs couleurs, telles des couleurs dans un rêve : des manuels scolaires, de la bande dessinée, comme celle d'Ali Baba et les quarante voleurs, de Robinson Crusoé, des contes et des petits romans. De ces romans, je me souviens de Rémi, dans Sans famille, de l'Île au trésor, de Au voleur..

Mais de tout ce qui est marqué dans ma mémoire, profondément, et je n'oublie rien de rien, dans ces temps, ce sont ces trois petits livres : trois parties d'un roman "Les misérables" : Fantine, Cosette, et Gavroche.

Une image, ne vaut elle pas mille mots, comme on dit ? Fantine, femme pauvre, souffrante, en train de quitter sa vie d'ici-bas, avec un cœur brisé, mais tellement grand, se souciant de l’avenir de sa fille, unique. Cette fille, c'est Cosette. Avec des vêtements déchirés et des regards tristes, tenant un balai plus long que son petit corps, balayant des sols d’une auberge. Gavroche brandissant un pistolet, à côté d'une femme d’une poitrine nue, brandissant, elle, un drapeau de couleurs vives. En fait, c'est un tableau d'Eugène Delacroix, titré : la Liberté guidant le peuple.

Notre professeur de cette année-là, une année collégienne, nous lisait ces trois parties de ce roman, avec tant d'enthousiasme. Il faisait la lecture debout, donnant le dos à un tableau noir, remplie d’écritures. J’aimais l’écouter en regardant sa main droite se levant, tandis que sa main gauche portant le petit livre. De temps à autre, il s’arrêtait de lire, pour nous expliquer quelques paragraphes, en nous laissant imaginer. J’imaginais Jean Valjean, un homme robuste vêtu d’un ancien costume, je l’imaginais en train de voler un morceau de pain noir. J'imaginais sa rencontre avec Fantine allongée sur son lit d'agonie. J’imaginais les Thénardier dans leur auberge en maltraitant la petite fille Cosette.

Si j'adorais les livres, avec leurs couvertures, leurs illustrations, depuis ma petite enfance, avant même de s’inscrire à l’école, de savoir lire, ni d’écrire, j'adorais aussi raconter des contes, des contes mythologiques berbères que ma grand-mère nous racontait au tour d’un petit feu pendant les nuits froides d'hiver. Je les racontais à mon tour, à mes petits amis.

Peut-être, ce désir de raconter des histoires, depuis ma petite enfance, est à la base d’un autre désir : écrire, notamment dans une langue que j'ai tant adorée le français. Et qui sait ?

Ce que je sais, c'est que ne prétendant ni être écrivain, ni écrivain en herbe, c'est que j'ai à force d'aimer écrire, je garde encore avec moi, après tant d'années passées, un petit cahier où j'ai noté avec un stylo Bic, un certain résumé de deux parties des Misérables, et que j’ai titré : Fantine - Cosette. En une seule page, la remplissant toute entière en dépassant même la ligne rouge de la marge. Dans ce cahier de 24 pages, j'ai noté aussi une petite biographie : né en 1802 à Besançon, cet auteur va devenir le chef de l'école romantique. Il est célèbre à 17 ans. Il a écrit beaucoup de livres et de poèmes (les contemplations), les misérables (roman). Victor Hugo.

Sous forme d’une chute de ce petit article, de cette écriture libre et sincère, ce cahier d’élève collégien que j’étais, est à vendre. Une chute à faire rire. J'aime tant de l'humour. Le meilleur roman qui m'a fait tant rire en le lisant, c'est Don Quichotte de la manche. Mais ça, c'est un autre sujet.

Ahmed Bez

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@Vanessa Michel
Merci beaucoup pour ce jolie commentaire, ces mots encourageants...Mes saluts..

Publié le 28 Décembre 2025

@Ahmed Bez
Votre témoignage convoque tout ce qui peut conduire à lire et à écrire : les couvertures et images qui vous parlaient déjà, avant de savoir lire ; les lectures qui vous étaient contées et que vous racontiez à votre tour, nous offrant un exemple de vos visions d’antan au cœur de votre récit d’aujourd’hui. Et puis enfin, l'évocation de ce cahier, l'écriture : la vôtre, celle qui recopie et qui résume, ce cahier qui vous suit, à la fois comme racines et comme élan.
J'ai trouvé cette histoire d’amour de la langue, et ces successions, presque chronologiques, de multiples transmissions et émerveillements, très touchantes.
Merci à vous ! Bien cordialement.

Publié le 27 Décembre 2025