L’écrivain et philosophe roumain Emile Cioran disait « Un livre doit remuer des plaies, en provoquer même. Un livre doit être un danger ».
Vous retrouvez-vous comme auteur dans cette situation ou cet état d’esprit ?
Je ne me retrouve que partiellement dans cette citation : l’écriture peut être une mise en danger pour l’auteur, certes. Remuer des plaies, en provoquer de nouvelles, aller chercher au plus profond de l’écrivain ses failles … mais est-ce obligatoire pour accoucher d’un bon texte ?
Je ne le crois pas. La joie, la plénitude et la sérénité peuvent être les moteurs d’une écriture tout aussi riche et intéressante. Il y a parfois de la complaisance à plonger dans ses propres parts sombres et douloureuses. Ecrire dans la légèreté demande un véritable effort de mise à distance de soi et d’humilité.
Quant au lecteur, doit-il forcément se mettre en danger pour profiter de sa lecture ? Doit-il toujours aller au bout de lui-même ? Passer au niveau supérieur, comme dirait Takeshi Kovacs dans Altered Carbon ?
Je ne le crois pas non plus. La lecture peut être une mise en danger mais elle peut aussi être un moment de lâcher-prise et de douceur dans un monde insécurisant.
En un mot, mieux vaut être dans la justesse de son moment, lorsqu’on écrit et lorsqu’on lit. Torturé ou acidulé, profond ou léger, un texte en dit toujours long sur son auteur.
Il suffit au lecteur de lire entre les lignes.
Constance Dufort
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
La lecture est plus qu'un danger. Preuve a l'appui ici :
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@Constance Dufort, je suis d'accord avec vous, nul besoin de souffrir pour raconter de belles histoires, nul besoin de souffrir pour lire de belles histoires. Il est bon quelquefois de se laisser aller à au lâcher-prise, à la légèreté et la douceur de vivre, d'écrire, de lire, d'aimer. Ce sont nos instants de vies difficiles, nos passés douloureux, et nos peurs de l'avenir qui peuvent nous amener à la question de la mise en danger et je pense qu'elle nous est nécessaire pour justement exorciser la douleur. Puis, le jour se lève, les rayons du soleil sèchent les larmes et réchauffent les coeurs, la vie reprend ses droits, l'amour poudre les joues d'une rosée souriante...Belle soirée Thalia
@Constance Dufort
Entièrement d'accord avec vous qu'il est plus facile d'émouvoir en évoquant nos douleurs qu'en partageant nos joies.
Quand à la question de la mise en danger, un auteur, livrant ses sentiments par écrit prend incomparablement plus de risque que celui qui, pour vivre heureux vit bien planqué...
Merci de votre intéressant témoignage
Domi Montesinos auteur de "Mamilou en short..."
@Constance Dufort, j'ai beaucoup appréciè votre billet, que je trouve très juste. Pour écrire un bon texte, je pense qu'effectivement il n'est pas obligatoire de se mettre en danger. Dans le monde incertain d'aujourd'hui et insécurisant, le voyage et le rêve peuvent apaiser des souffrances, des douleurs à celui qui lit, qui cherche à guérir. J'ai bien aimé votre remarque "La lecture peut être une mise en danger mais elle peut aussi être un moment de lâcher-prise et de douceur dans un monde insécurisant", qui résume mon état d'esprit du moment. Merci pour ce partage. Amicalement. Cristina