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Le 24 juin 2021

Nuit de noces

Michel Canal inaugure l'appel à l'écriture monBestSeller "Nuit de Noces" de manière pimentée. Quand les amies de la mariée sont gourgandines sur les bords, tout le monde s'amuse...Et la nuit de noces s'anime
Une femme diaboliqueUne femme diabolique

Le jour tant attendu était arrivé. Les parents de Claire avaient fait le nécessaire pour que le mariage de leur fille unique avec un officier soit l'aboutissement de son parcours brillant, et la réplique du leur un quart de siècle plus tôt. L'organisation avait été confiée à une prestataire de services (on dirait aujourd'hui une "wedding planner"). 

Une centaine d'amis, de personnalités et de collègues avaient accompagné les familles à la mairie, à l'église, au cocktail. Le dîner dansant, pour un cercle plus restreint, regroupait les privilégiés : familles ensemble, dans une ambiance digne, privilège de l'âge et de leur statut de notables ; les mariés, leurs amis et leurs collègues, dans une ambiance plus festive. La pièce montée fut apportée à 22 heures et les mariés firent leurs adieux à minuit, les yeux bandés, pour une destination surprise orchestrée par Elodie. 

Ils partirent ainsi, assis à l'arrière d'une voiture. La distance leur parut extrêmement longue, sur un l'itinéraire comportant de nombreux virages. Aidés pour descendre de voiture puis amenés à l'aveugle vers leur supposée chambre nuptiale par Elodie et une inconnue, ils espéraient que leur périple touchait à sa fin mais déchantèrent quand Elodie leur annonça qu'ils avaient une demi-heure pour se remettre de leurs émotions et se préparer pour une nuit inoubliable.

Leur premier geste fut de retirer le bandeau. Ils se trouvaient dans une suite "royale" dont le meuble principal était un lit aux proportions inhabituelles, encore plus large que celui de leur "lune de miel" à Maurice. Détails curieux qui les firent se regarder en souriant, des menottes habillées de fourrure pendaient à la tête de lit, au bout d'une sangle. Un martinet et un plumeau, en évidence sur un oreiller, permettaient un scénario bien connu. Un service à champagne pour plusieurs personnes et un plateau de petits fours étaient disposés sur le guéridon du salon. Autre surprise, leurs affaires de toilette habituelles avaient été amenées dans la vaste salle de bain attenante. Ils en étaient encore à l'étonnement quand une voix sensuelle, émanant d'un haut-parleur invisible, annonça qu'il s'était écoulé dix minutes.

Claire vint se blottir dans les bras de son amant, devenu officiellement son mari, et l'embrassa avec amour. 

— Je suis ta femme en vrai. J'ai très envie de toi, mon amour. Déshabille-moi. Puis nous irons prendre une douche. Nous avons beaucoup transpiré. 

Ils étaient en train de s'embrasser sous la douche quand la voix annonça qu'il s'était écoulé vingt minutes. 

— Que crois-tu qu'il va se passer, mon chéri ? Ce seau à champagne, quatre verres. Tu crois qu'Elodie va venir trinquer à notre bonheur ? Et qui d'autre pour la quatrième flûte ?

Ils en étaient à se diriger vers le lit, finissant de se sécher dans le peignoir mis à disposition, quand on frappa à la porte. Ils se regardèrent, interloqués. Claire se blottit contre Eric, la tête dans le creux de son épaule. Eric répondit « Entrez ». 

La porte s'ouvrit sur Elodie et Nina, toutes guillerettes. 

— Vous ne pensez pas que votre bonheur doit être partagé ? 

Claire s'esclaffa de rire. Eric resta figé par l'inattendu.

— Mon cher Eric, tu ne verras pas d'inconvénient à ce qu'on te prépare la mariée pour une nuit de noces qui fera date dans tes souvenirs ? Mais tu vas devoir assister aux préparatifs bien sagement. Tu devines comment ? dit-elle en indiquant du regard la tête de lit.

C'est ainsi que Eric dut assister (impuissant serait un terme inapproprié pour la circonstance) au plaisir partagé des trois femmes dont une, vraie blonde épilée, n'avait jamais été son amante. 

Il croyait son tourment terminé quand il pensa que sa femme, mue en déesse de l'amour, allait enfin s'adonner au plaisir conjugal... Il ne faisait que commencer, soumis à leurs caresses démoniaques avant d'être détaché pour pouvoir, enfin, honorer sa femme.

Quelle nuit ! 

Il avait épousé une femme diabolique. Combien de fois le lui avait-il dit ?

 

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Merci @monBestSeller pour l'illustration d'une femme diabolique, incarnée par l'actrice hollywoodienne Joan Crawford dans la version américaine de 1955. Dans une grande demeure du Sud, une femme tyrannique tire les ficelles des attitudes et des passions de son entourage...
Certes, on est loin des manières décrites comme "diaboliques" de l'amoureuse sans tabous et libertine de L'éveil de Claire, mais... n'y a-t-il pas mille manières, pour une femme, d'être diabolique ?
Pour info, un premier film portant le même titre, lui aussi américain, était sorti en 1934. Il s’agissait du premier volet de la trilogie policière mettant en scène le personnage de Sophie Lang, la voleuse internationale incarnée par Gertrude Michael.

Publié le 27 Juin 2021

@ANTALL, @Martine PLATARETS, un moment de rigolade dans notre monde de brutes est bien agréable. Je n’aurais osé relater une scène à pleurer de désespoir.
Mais méfions-nous, ce qui paraît singulier, voire loufoque, peut vouloir exprimer une vérité sans le laisser croire vraiment.
L’essentiel est d’en rire... et a posteriori tout est permis.
Une chose au moins est certaine : quelle nuit ! Et oui, Martine : pauvre homme ! Cependant, je vous rassure, il s’en est remis. Au plaisir de lire votre version.

Publié le 25 Juin 2021

Bonjour,

J'adore ce style et je me suis bien régalée. Pauvre homme et vive les nuits de noces !

Publié le 25 Juin 2021

Bonjour et merci pour ce moment de rigolade ! Après trois lectures, je pense que cette publication est une blague... Pour moi, cela ressemble au scénario des films du dimanche soir à 23h sur M6. La coquinerie ambiante a été approuvée par l'église ? Les dialogues par AB Production ? Venant de vous cela ne peut être sérieux, je me suis bien poilé.
Amitiés
Norin

Publié le 25 Juin 2021

Hi hi @lamish, sacrés Claire et Éric ? Je dirais surtout : sacrée Claire ! Et toute ma compassion pour Éric. Car oui, les femmes peuvent être diaboliques.
Tu imagines le supplice qu’il a dû subir ? Un double supplice ! Le premier, supplice de Tantale, immobilisé, menotté, en rut... Le second, toujours immobilisé, soumis aux diaboliques "attentions" de trois hétaïres déchaînées dont l’imagination, on s’en doute, était sans limites !
J’en frémis quand je pense à ce qui l’attendait encore, après s’être requinqué avec ses tortionnaires (champagne et petits fours). Que la vie peut être dure parfois !
Merci Michèle pour ton passage amical... je n’en attendais pas moins de toi.
Bises à toi.
Michel

Publié le 24 Juin 2021

Merci @monBestSeller pour la mise ligne. Nous savons déjà que d’autres suivront pour ce thème distrayant autant qu’intéressant.

Publié le 24 Juin 2021