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Du 14 oct 2021
au 14 oct 2021

Regard sur la nouvelle

Une approche personnelle et documentée de la nouvelle. Comment expliquer sa genèse par les genres littéraires qui la précèdent ? Un article de Richard Witzack.
La nouvelle : le format idéal pour se former à l'écriture d'un romanLa nouvelle : le format idéal pour se former à l'écriture d'un roman

La nouvelle est avant tout une histoire courte. En général, elle met en scène très peu de personnages, voire souvent un seul. De par sa dimension réduite, elle doit solliciter en permanence la curiosité du lecteur, ce qui exige une élaboration très concise. L’originalité et l’attrait de cette construction littéraire résident dans sa chute qui divise le corps du récit en deux parties bien distinctes.

La première déroule un événementiel, la seconde est le socle virtuel de son contenu.

À titre de comparaison on pourrait citer celle de Merleau-Ponty qui définit l’invisible comme la profondeur du visible. On peut exposer sous les yeux du lecteur les ingrédients de la fin, dès le début, mais imbriqués dans la trame du récit sous la forme d’un réel voilé, qui entraîne l’esprit dans des méandres de suppositions destinés à désorienter l’attention, jusqu’à l'inattendu de la conclusion qui en fait sa force émotionnelle.
Comme dans : « La parure » de Maupassant, ou le dénouement de la satire sociale des trois souhaits ridicules. C’est en quelque sorte deux histoires qui s'entrelacent dans l’histoire. De ce point de vue, l’idée d’un double langage pourrait s’associer à une possible filiation du sens de la nouvelle avec certains textes anciens qui furent écrits dans des périodes troubles dont le souci était de n’apparaitre visibles qu’aux seuls initiés.

À ce titre, la chanson de geste en est un prototype illustré dans « À la claire fontaine »
Poème anonyme attribué à tort au XVII° siècle, il s’inscrit plutôt par son style allégorique dans la tradition médiévale des poètes lyriques de la langue Occitane, du XI° au XIII°, où le troubadour chante l’amour à sa dame qui n’est autre que l’église Cathare brisée sur le bûcher de Montségur. « J’ai trouvé l’eau si belle que je m’y suis baigné » serait une allusion au baptême. « Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai », marquerait l’attachement à l’église Cathare ».  Bien des modèles de la littérature médiévale se rattachent à cette idée d’une concomitance à l’instar du son harmonique qui accompagne le son fondamental.

Les caractéristiques, qui relient les textes des épopées de l’antiquité en passant par la chanson de geste jusqu’à l’aube de la littérature française, constituent les héritages de la nouvelle, joyau de l’écriture qui montre la place majeure qu’elle occupe dans la pensée des belles-lettres. 

Richard Witzack.

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Effectivement, comme beaucoup d'autres je trouve le sujet intéressant, tant par son thème que par votre approche, mais je pense surtout que cela mériterait d'être grandement étayé. Peut être via un article plus conséquent ? Merci pour le billet en tout cas !

Publié le 06 Novembre 2021

Votre approche de la nouvelle - short story - est intéressante... mais me semble quelque peu sujette à caution.
Tout d'abord, à quel Merleau-Ponty faites-vous allusion ? Jacques ou Maurice ? Il est vrai que l'un comme l'autre aurait pu revendiquer le syllogisme qui est votre hypothèse de base.
Ensuite, les raccourcis historiques auxquels vous vous livrez font tiquer l'ancien "chercheur en science historique" que je suis par leur manque de rigueur.
Enfin, je me demande ce qu'un géant dans ce genre littéraire, comme le fut William Somerset Maugham, penserait de votre perception d'un canevas de récit court.
Cordialement et avec humour.
Boris Phillips.

Publié le 28 Octobre 2021

Bonjour, je ne suis pas sûre de bien comprendre ce qu'une chanson attestée entre le XVe et le XVIIe siècle a à voir avec le genre de la nouvelle... Parce que c'est également une forme ramassée ? Pourquoi ne pas parler alors des fabliaux qui me semblent davantage correspondre aux prémices du genre ? ou à l'Heptameron, première mise en forme notable du genre ? Quant à la dernière phrase, désolée, je n'ai réussi à comprendre son propos, mais merci d'avoir partagé vos réflexions sur ce site.

Publié le 23 Octobre 2021

Cette intéressante proposition, qui souligne que loin d’appartenir à un genre mineur la nouvelle, de par ses filiations, occupe une place prépondérante dans la littérature, se révèle très convaincante. C’est une bonne idée que de parler de la nouvelle en l’expliquant son fonctionnement singulier qui pique la curiosité et donne l’envie de lire ces textes avec un regard nouveau. Mes remerciements pour cette excellente démonstration qui ne peut que motiver le lecteur.

Publié le 23 Octobre 2021

Apprécie particulièrement l'article , je me permets de répondre au commentaire M jules x , qui dénigre sans argumenter.
Je pense que la personne n'a pas lu l'article, ou ne l'ai pas compris. L'article expose bien les mécanismes de la nouvelle, qui se retrouve bien dans les genres littéraires qui la précédé dont par exemple la chanson de geste, comme l'indique l'auteur de l'article avec la chanson "il y a longtemps...."
Merci à l'auteur d'avoir détaillé les mécanismes de la nouvelle, et d'avoir montré que ces mécanismes ont existé de tous temps

Publié le 20 Octobre 2021