Ce qui frappe, en premier lieu, chez Yannick A. R. Fradin, c’est l’énergie qu’il déploie, la sincérité avec laquelle il s’implique dans son activité, et sa constance. En poussant plus loin, on découvre le soin qu’il met à réaliser son œuvre, et l’on comprend vite que son exigence personnelle est aussi guidée par l’importance qu’il accorde aux autres, et à ses lecteurs, bien évidemment.
C’est un auteur qu’on a vu débuter en 2013 sur monbestseller. Toujours à l’écoute des commentaires et des remarques, il n’a cessé de chercher à perfectionner ses textes. Et, dès que possible, il nous a fait partager ses questionnements au travers de tribunes, et de nombreuses interventions sous forme de commentaires.
Depuis le premier encouragement de @Danic, (lecteur), le 8 mars 2014 : BRAVO Yannick ! Continue ! Yannick n’a pas arrêté. Auteur "hybride" autoédité et édité, il multiplie les écrits, les activités artistiques en lien avec son sujet de prédilection l’imaginaire, et, en particulier, la fantasy. Présent dans les écoles, les associations, sur les salons et les foires, Yannick vit de ses livres et les fait vivre avec passion.
Yannick A.R. Fradin a signé "Le Cycle de McGowein".
En parallèle à ce projet d’envergure, Yannick écrit des nouvelles et des contes lyriques et merveilleux mettant en scène des créatures légendaires (griffon, dragon, kitsune, sirène, licorne, etc.).
Un de ses textes a été publié en maison d’édition, d’autres sont parus dans des revues et des magazines.
En projet : un roman de fantasy amérindienne, un roman de fantasy et d’aventure, un roman de médiéval-fantastique, une série de polar fantastique, avec un brin de fantasy, et enfin une saga de science-fantasy.
Enfin, pour terminer cette présentation, Yannick écrit aussi des récits inspirés d’histoire locale et de légendes régionales.
Question:
Questions de Aude Mercier
Ecrire est un métier, mais promouvoir ses livres en est un autre. Comment faites-vous ?
Réponse:
Yannick A.R. Fradin. A mon sens, ce n'est pas la vente qu'on doit viser, mais plutôt l'engagement d'une communauté. Les ventes ne seront que l'un des résultats de cet engagement.
Plus tôt on se constitue une communauté de lecteurs, mieux on peut parler de ses projets et de leurs avancées. Il est vivement conseillé d'avoir un QG personnel où regrouper sa communauté, et communiquer avec elle, comme un site ou un blog d'auteur, afin de ne pas dépendre des changements ou des suppressions des outils qui appartiennent à d'autres.
Pour la parution d'un livre, il convient également de respecter un processus. J'applique donc les bases du marketing d'édition. On parle souvent de 6 mois entre le moment où on commence à faire la publicité d'un livre et le moment où il est disponible à l'achat.
La concurrence est rude. Si on publie sans faire le travail de marketing en amont, pendant et après la sortie d'un livre, le flop est assuré à 99,9%.
Question:
Peut-on vivre de sa plume ? Est-ce votre cas ?
Réponse:
Oui, on peut vivre de sa plume ! Mais ça implique de se retrousser les manches, et de comprendre que ce n'est jamais acquis, car l'écriture comme activité professionnelle reste soumise à une forte précarité.
Je suis à temps plein depuis un peu plus de 4 ans, sachant que j'ai débuté mon activité en juin 2018, et je peux dire que je ne ménage pas mes efforts.
En autoédition, il y a forcément de l'argent à avancer au début, et ensuite tout le long de l'activité. Il faut voir cela comme un investissement.
Il va falloir bosser beaucoup et régulièrement pour mettre en place les différents outils et les différents processus, sans se décourager et en apprenant de chaque difficulté. Ce sera plus facile si on se montre résilient, voire obstiné, mais il faut aussi apprendre à le faire de manière efficace et réfléchie.
Pour vous donner une idée, en ce qui me concerne : un "bon" week-end de dédicaces voit un chiffre d'affaires qui approche ou dépasse les 1.000 €. Un "mauvais" est inférieur à 400 €.
Mes revenus sont suffisants pour que ma femme ait pu passer à temps partiel il y a quelques années, mais ils ne suffiraient pas à faire vivre ma famille. Je pourrais gagner plus d'argent en travaillant plus, mais ce serait au détriment de notre qualité de vie actuelle. C'est une question d'attentes, de choix, de dosage et de situation.
Question:
Ecrivez-vous tous les jours ? A quoi ressemblent vos journées ?
Réponse:
J'écris par passion, et aussi parce que c'est un métier qui me permet d'être disponible pour ma famille. Mon épouse est Sage-Femme à l'hôpital, elle bosse en vrac les jours, nuits et week-ends selon un rythme qui change chaque mois. Nous avons cinq enfants en bas âge qui nous occupent pas mal. Alors, on jongle avec l'agenda.
Donc, je n'écris pas tous les jours, c'est impossible.
Une journée "type" de mon quotidien ? Je préviens, ça ne va pas être glamour !
7h : préparer les enfants et les emmener à l'école pour 8h30.
De retour chez moi vers 9h, une fois la maison remise en ordre et les tâches ménagères urgentes faites, je peux me mettre au travail généralement vers 9h30-10h.
Généralement, c'est sur la plage horaire 10h-13h que j’écris, les jours où je n'ai pas d'intervention extérieure du moins, et sous réserve de ne pas être trop épuisé (sinon je fais du world-building, de l'architecture narrative, je note de nouvelles idées, je mène des recherches thématiques, etc.).
Je mange généralement vers 13h-13h30 (quand j'en prends le temps !) et ensuite je me remets au boulot de 14h à 16h (si je n'ai pas d'intervention extérieure toujours), cette fois-ci, pour m'occuper de tout ce qui relève du marketing et de la communication.
Ensuite, je récupère mes enfants à l'école à 16h30, et je m'occupe d'eux jusqu'au coucher, vers 20h.
Le temps de gérer les tâches ménagères (assez lourdes quand on est 7 à la maison, surtout le linge !) jusque environ 22h, je me remets au boulot si j'en ai la force pendant une heure ou deux, soit pour poursuivre l'écriture de l'écrit en cours, soit pour gérer l'administratif (un dossier à envoyer pour un salon par exemple, ou répondre à des lecteurs, ou rédiger un article de blog, etc.).
Mais ça, c'est aujourd'hui. J'ai eu beaucoup plus de travail les premières années pour automatiser un maximum de choses et réduire la charge administrative récurrente, ou du moins le temps que j'y consacre.
Interview de monBestSeller
Question:
Question de Laura Beslay
Comment se répartit votre temps (création d’histoire, promotion, suivi des RS, etc.) ?
Réponse:
C'est variable au fil de l'année, mais pour faire une moyenne réaliste et honnête en volume horaire, je dirais dans les 30 % pour la création et dans les 70 % pour l'administratif, avec un volume hebdomadaire de travail moyen de 60h, qui monte vite à 80h les semaines coup de feu, à l'occasion, par exemple, d'une nouvelle parution.
Ce temps consacré à la création et à l'administratif sera variable d'un auteur à l'autre. Le mien n'est pas forcément représentatif. C'est simplement le mien.
Notre prochaine invitée est …. Chris Simon ! A moins que ce ne soit Adèle Prince
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@Chris Simon : je ferais indéniablement plus de ventes si j'y passais plus de temps et si j'étais plus rigoureux sur le suivi, mais je préfère tourner mon temps et mon énergie sur le direct, je m'y épanouis plus.
Sur Amazon, j'ai déjà bien optimisé mes mots clés et mes publicités, le contenu A+ & co, et j'utilise différents logiciels qui m'aident à y voir plus clair et à faire des choix plus pertinents et porteurs, comme Helium10 que tu connais sûrement, mais pour faire bondir mes ventes, il faudrait y consacrer un temps que je n'ai pas envie d'y consacrer.
Je suis un homme de terrain plutôt qu'un auteur numérique^^
@Yannick A. R. FRADIN Merci pour ta réponse, vu ton genre, je pense que tu pourrais améliorer tes ventes sur AMZ en ayant une couverture qui est plus dans le genre horreur Fantasy, surtout si tes publicités affichent peu de clics par rapport aux impressions, ou bien encore trouver des mots clés plus percutants pour ton livre sur AMZ. Mais peut-être sais-tu déjà tout ceci et ce genre est une niche tres petite en France... ;-)
Bravo pour ta tenacité.
@Chris Simon : bonjour Chris. Depuis que je finance des publicités payantes (un peu plus de 3 ans maintenant), mes ventes d'ebooks représentent environ 20% de mon chiffre d'affaire annuel. Avant, c'était moins de 5%.
Je développe un peu pour celles et ceux qui aimeraient un peu plus de détails.
Pour le format ebook, je suis en exclusivité Amazon.
J'ai passé une année sans exclusivité pour les mettre à disposition du plus grand nombre sur tous supports : Kobo, Apple Livres, Chapitre, Decitre, ma boutique personnelle, etc. mais le bilan annuel n'était pas fou. Les royalties générés sur tous les autres supports qu'Amazon confondus sur l'année m'ont moins rapporté qu'un seul mois sur Amazon en lecture abonnés (koll pour les connaisseurs).
Les outils de recherche sur les supports français, je pense par exemple à Kobo pour la FNAC, en sont à l'âge de pierre. Seuls les lecteurs qui connaissent le titre ou l'auteur du livre peuvent trouver le livre, il est autrement invisible, et cela se ressent terriblement sur les ventes.
C'est une bête logique financière, mais après une année passée en vente sur tous supports, je suis repassé en exclusivité Amazon (alors que j'ai horreur du principe de l'exclu...).
L'exclusivité Amazon, c'est pour moi plusieurs dizaines de milliers de pages lues chaque mois en plus des ventes et l'accès à des outils puissants non disponibles hors exclu. C'est certes mal payé par rapport à la vente d'un livre, en équivalent de nombre de pages lues, je suis à moins d'un tiers de ce que me rapporte la vente d'un livre, mais les abonnés koll n'auraient de toute façon pas acheté le livre : ils payent un abonnement pour justement avoir accès à un large choix de titres tout le long de l'année.
Je considère que ce sont des ventes en plus, un peu comme un bonus.
Je suis à une moyenne de 50000 / 55000 pages lues par mois, donc si on fait une moyenne à 400 pages par ouvrage, ça fait l'équivalent d'environ 130 / 140 lecteurs mensuels en plus. Ce n'est pas négligeable. Cela conduit aussi peut-être à des ventes papiers supplémentaires, avec des abonnés koll qui veulent des livres dans leur bibliothèque ou pour offrir, mais je n'ai aucun moyen de le mesurer.
@YannickA.R.FRADIN Bonjour Yannick, merci pour tes explications et bravo pour ce succès, car vivre de ses romans restent difficile en France. J'ai une question. La vente de tes formats ebooks représente quel pourcentage dans tes ventes ? Bonne journée
@Philippe SCHNEE : bonjour Philippe. Organisation millimétrée non, mais organisation tout de même oui^^
C'est surtout ma situation familiale et le métier de ma femme qui travaille en vrac jours nuits et week-ends de manière changeante chaque mois qui complique la donne. L'un de nous doit forcément être présent pour s'occuper des enfants quand l'autre travaille.
Sinon, si on oublie un instant les situations familiales, qui sont impactantes quel que soit le métier exercé, je parlerais plutôt de progression que d'organisation.
Quand on est indépendant et qu'on doit porter plusieurs casquettes et gérer pas mal de choses, on est certes plus efficace quand on organise les tâches à accomplir, mais à mon sens, c'est surtout la visée qui importe.
S'organiser oui, mais avec des objectifs concrets, des étapes clés et des délais raisonnables et réalistes pour atteindre les objectifs sans s'épuiser ni avoir l'impression de procrastiner.
L'organisation est à mon sens efficace quand elle se fait en fonction des objectifs qu'ont veut atteindre. Et cela, ça se fait progressivement, avec des ajustements réguliers en fonction des aléas de la vie, de l'expérience qu'on acquiert, des réussites et des échecs, etc.
J'aime bien l'expression "business plan" et je la trouve particulièrement adaptée à une activité d'autoédition. Je pense qu'un auteur, encore plus un auteur autoédité, a tout intérêt à penser et à s'organiser comme un entrepreneur en parallèle du travail d'écriture.
Ca peut paraître fade et/ou contraignant, mais si on n'a pas un minimum de rigueur et au moins un vague plan de progression, on n'avance pas, ou pas efficacement. Après, même si c'est contraignant, charge à chacun d'ajuster cela selon sa capacité de travail, d'organisation, pour que ça reste gérable et que ça ne devienne pas étouffant.
C'est à mon sens la principale différence entre un auteur "amateur" et un auteur qui se professionnalise. Le premier écrit pour le plaisir d'écrire et de partager. Le second également, mais il a aussi à coeur de proposer un travail abouti et de toucher ses lecteurs cibles. Et pour cela, il n'y a pas d'autre choix que de passer à l'action.
La marge de progression est grande pour tout le monde, moi y compris, le tout, c'est de placer la barre à un niveau gérable et acceptable pour réussir à tenir le cap de la manière la plus confortable et la plus durable possible ;-)
Merci beaucoup pour ce témoignage. Ca fait vraiment du bien de savoir que nous ne sommes pas tout seul à rêver et devoir gérer les difficultés à vivre de sa plume. Organisation millimétrée, si je comprends bien. Ma marge de progression est encore très grande :)
@Gwenn A. Elle : peut-être bien un Daft Punk en effet :p
@Yannick A. R. FRADIN
Ah ah ah ! Une Lady Gaga un peu spéciale, ou peut-être plutôt un Daft Punk ?
Encore merci pour votre patience et pour votre bienveillance.
Petit à petit, l'oiseau fait son nid ;) Et oui, c'est vrai, il ne faut pas oublier de regarder en arrière le chemin parcouru.
Bravo à vous.
Belle soirée !
Gwenn
@Agate Ourlane : avec plaisir. Tant mieux si ça a pu aider ne serait-ce qu'un peu.
Oui, pas à pas, je pense que c'est c'est important. Si on veut tout faire d'un coup, c'est impossible (moi en tout cas, j'en suis incapable). Si on part dans tous les sens, on s'épuise et on n'arrive à rien, ou en tout cas à rien de bien.
Fixez-vous des objectifs et cochez-les un à un, à votre rythme, par ordre de priorités.
Petit à petit, le chemin va s'éclaircir et vous y verrez de plus en plus clair ;-)
@Gwenn A. Elle : pas facile de vivre dans l'anonymat quand on vise l'autoédition, mais ça doit être possible. Je croise de temps en temps un auteur en salons, qui porte un masque et un costume en permanence et qui n'utilise qu'un nom de plume totalement tiré par les cheveux. Personne ne sait de qui il s'agit, ni les auteurs ni les visiteurs (peut-être les organisateurs^^), et je ne l'ai jamais entendu parler. D'ailleurs, avec son costume, on ne sait même pas si c'est un homme ou une femme. C'est amusant mais assez contraignant pour lui/elle. Par contre, je ne sais pas du tout si ça fonctionne financièrement parlant.
Donc intervenir de manière anonyme, c'est possible bien que très limitant.
Pour envisager vivre de sa plume, ça me semble par contre une difficulté supplémentaire...
Je comprends que les multiples casquettes de l'autoédition puissent donner une impression de vertige, ou d'Everest à franchir, mais il ne faut pas s'attaquer à la montagne en ne voyant que le sommet. En commençant par la base, un pas après l'autre, on progresse plus facilement et sans s'essouffler ;-) Mais avancer avec constance et faire preuve d'efforts réguliers permettra d'atteindre le sommet plus facilement et plus rapidement, c'est certain.
Il peut être utile de faire une fiche de route qu'on met à jour aussi souvent que nécessaire, avec un objectif "ultime" et des objectifs intermédiaires, afin d'employer son temps et son énergie sans se disperser ni vouloir tout faire en même temps. Une chose après l'autre, par ordre de priorités, sinon on est vite submergé et on risque de se décourager. Paris ne s'est pas fait en un jour. Bâtir une voie professionnelle personnalisée non plus. Et quand on avance, c'est bien aussi de regarder en arrière de temps en temps, pour voir le chemin déjà parcouru et pas seulement celui qu'il reste à parcourir ;-)
Oui, mille mercis, @Yannick A. R. FRADIN, pour votre ouverture, votre sincérité, votre rare transparence. Un message aussi réconfortant que rassurant pour les si nombreux novices qui découvrent, tâtonnent, s'interrogent...
Bonne soirée ! Très amicalement,
Michèle
@Yannick A. R. FRADIN
Un grand merci pour ce retour d'expérience très inspirant ! Le chemin à parcourir semble assez colossal mais passionnant. Je vais avancer pas à pas...
Amicalement,
Agate
@Yannick A. R. FRADIN
J'avais peur de vous déranger avec mes questions, je vois que vous y avez répondu de bon coeur et de manière claire et complète.
J'ai remarqué qu'en plus, malgré ma relecture, ma question était très mal formulée !
Merci beaucoup pour votre patience et pour votre attention.
Les salons me plairaient sans doute mais j'avoue trouver difficile l'idée de devoir avoir autant de casquettes à son actif lorsque l'on s'autoédite. C'est vertigineux !
Et devoir arrondir ses fins de mois me semble tellement injuste au vu du travail effectué en amont...
Je retiens bien sûr qu'il faut se diriger vers ce que l'on aime...
Aller faire des dédicaces sans stylo c'est pas très pro, ni respectueux de son lectorat. Je serais par contre capable de prendre deux ou trois stylos et de me les faire embarquer à la première dédicace !
J'ai moi aussi regardé de plus près les algorithmes et j'ai vite été larguée... Pourtant, comme vous le dites en fin de réponse, il ne suffit pas de savoir écrire, il faut également savoir compter ! Ou du moins, comprendre les chiffres !
Je vous remercie pour le partage des anecdotes et erreurs que vous avez commises... C'est instructif ! ^^
Je suis animatrice sociale de formation. J'ai travaillé auprès de nombreux publics et j'ai malheureusement du faire face à des épreuves difficiles qui m'ont poussée à garder mes distances... Mais j'envisage maintenant de retrouver mes publics par le biais de l'écriture... Pour le moment, j'ai surtout un livre érotique à promouvoir donc ça risque d'être compliqué, surtout auprès des enfants ! Mais peut-être plus tard ! ^^
Oui, j'ai failli interpeller @Agathe Ourlane également, en pensant que ça l'intéresserait mais je vous en ai laissé le soin, ne sachant pas si vous me répondriez ;)
Cette histoire de statut est délicate parce que, je ne vous apprends rien, écrire prends du temps et faire la promotion également... Et lorsqu'on se lance, il n'y a pas d'indemnités versées en attendant la vente éventuelle... Il faut donc vivre de ses deniers sans garantie que son livre va se vendre.
Je pense qu'aujourd'hui, le statut le plus adéquat pour moi serait artiste-auteur mais peut-être que plus tard je créerai également une petite entreprise, si je suis amenée à faire beaucoup d'interventions. Mais je ne me suis pas encore penchée sur les tarifs pratiqués. Et je n'en suis qu'à mes débuts...
J'aurais adoré vivre dans l'anonymat et n'avoir qu'à écrire ! Mais peut-être qu'en fin de compte, ça ne me conviendrait pas. En tout cas, il me semble qu'il n'y a pas vraiment de choix si on veut pouvoir vivre de son écriture.
Merci pour l'information au sujet de la commission européenne concernant le statut européen de l'artiste auteur... Je vais tâcher de me tenir au courant.
Et oui, je mesure à quel point "le monde de l'édition est vaste et opaque".
Encore un grand merci à vous !
Sincèrement,
Gwenn
@Gwenn A. Elle
- Quel statut avez-vous ?
Ah, je suis content que vous me posiez la question du statut ! J'avais failli en parler dans les conseils aux auteurs débutant dans l'autoédition en réponse à @Agate Ourlane, mais on est déjà dans une étape de professionnalisation, alors je l'avais gardé pour plus tard.
En France, il est obligatoire, dès le 1er € gagné, de déclarer ses revenus et de payer ses cotisations sociales et ses impôts.
Vendre ses livres ou des prestations de service, ou les deux, implique d'avoir un statut, même si une tolérance est observée par les pouvoirs publics du moment qu'on déclare les sommes perçues, ne serait-ce qu'en traitements et salaires, en début d'activité et pour des sommes relativement faibles, mais c'est quand même mieux et clairement conseillé d'avoir un statut avant de commencer à vendre.
A partir du moment où on se professionnalise et où on veut vendre ses livres au public, que ce soit en numérique en percevant des royalties ou en direct sur des salons ou via une boutique en ligne par exemple, ou en Click & Collect, disposer d'un statut devient vite incontournable et de toute façon obligatoire aux yeux de la loi.
J'ai créé le mien en mars 2018 et j'avais alors opté pour la micro-entreprise (code APE 9003B "autres créations artistiques", on peut avoir d'autres codes APE, notamment si on se destine plus à de l'édition, si on se regroupe avec d'autres auteurs par exemple, ou si on crée sa propre maison d'édition).
Je travaille toujours sous ce statut aujourd'hui, mais je vais développer un peu, car c'est l'occasion de donner quelques informations à ceux que ça intéresse.
Depuis janvier 2021, on est censé débuter une activité d'auteur sous le statut d'artiste-auteur, et depuis janvier 2023, c'est obligatoirement sous ce statut qu'on pourra débuter une carrière d'auteur, sauf à choisir une forme d'entreprise (EIRL, EURL, SASU, SARL, etc.).
Un artiste-auteur, pour ses cotisations sociales, dépend de l'URSSAF Limousin (tous les artistes-auteurs de France sont gérés par ce seul et unique URSSAF).
Un auteur qui exerce son activité en tant qu'entrepreneur avec une forme d'entreprise devra payer ses cotisations à l'URSSAF de son département.
Aujourd'hui, il est plus avantageux de passer par le statut d'artiste-auteur.
On bénéficie d'une meilleure protection sociale, on paye ses cotisations sociales sur ses bénéfices et non sur son chiffre d'affaires (et ça change tout, parce que des frais, il y en a de tous les côtés : frais d'illustration, de mise en page, d'impression, d'expédition, de salon, de route, d'assurance en RC Pro pour les salons, d'hébergement, etc.), on bénéficie d'un SIRET unique même en cas d'activités multiples avec par exemple une entreprise en parallèle (du moment que c'est la même adresse qui est déclarée), etc.
Bref, je ne vais pas détailler les statuts ici, car je pourrai en parler pendant des heures, mais un statut est obligatoire.
Dès le premier euro perçu, il est obligatoire de déclarer ses revenus, de payer ses cotisations sociales et ses impôts.
Ne pas le faire nous expose à des sanctions qui peuvent coûter très cher.
Avoir un statut permet, au-delà du fait d'être en règle, d'avoir un SIRET. Or, un SIRET est nécessaire pour émettre des factures.
Artiste-auteur ou sous une forme d'entreprise, il y a des avantages et des inconvénients des deux côtés.
Le statut d'artiste-auteur est plus avantageux, surtout quand on débute son activité.
Je suis toujours sous le régime de la micro-entreprise aujourd'hui, en 2024, mais ça me coûte sensiblement plus cher que si j'étais sous celui d'artiste-auteur.
Pourquoi ne pas avoir changé allez-vous me dire ? Ou demandé à être rattaché au régime artiste-auteur en plus de ma micro-entreprise ?
La réponse est simple : les très nombreux et très lourds dysfonctionnements de l'URSSAF Limousin depuis l'ouverture du régime aux indépendants en janvier 2021.
Ca fait trois ans et c'est toujours le bazar. Moins qu'au début, mais encore bien trop (à mon goût du moins).
D'après les études du CNL, 8/10 auteurs ont été impactés négativement par ces dysfonctionnements (c'est énooorme !), parfois (souvent...) de manière plutôt dramatique (financièrement).
Du coup, je patiente avant de demander à rejoindre le régime d'artiste-auteur, parce que ça me casse les pieds d'imaginer de devoir passer des heures à me battre avec une bureaucratie qui ne sait pas comment gérer ses dossiers.
Bon, quand on débute, je recommande quand même de ne pas se poser de questions et de rejoindre le régime des artistes-auteurs.
C'est simple et rapide. Il suffit de se connecter au site de l'INPI et de suivre les indications (et de croiser les doigts pour ne pas avoir à gérer trop de dysfonctionnements... mais en début de parcours, s'il y en a, ce ne sera rien de bien fâcheux).
Dans mon cas personnel, j'envisage d'être rattaché au régime des artistes-auteurs, mais de conserver ma micro-entreprise en parallèle.
Les artistes-auteurs sont par exemple très limités en ce qui concerne les droits accessoires (animations d'ateliers, lectures publiques, ce genre de chose). Ils ne peuvent pas toucher plus de la moitié de leurs revenus annuels sous forme de droits accessoires et il y a un plafond annuel à 7000 je ne sais plus combien d'euros.
Quand on fait beaucoup d'interventions, ça devient vite limitant et il est alors utile d'avoir une autre possibilité de facturer et de payer ses cotisations.
Depuis le 1er janvier 2023, en cas de double statut par exemple artiste-auteur et micro-entrepreneur, on a un SIRET commun (avant c'était 2 SIRETS distincts...), ce qui simplifie quand même l'identification de la structure, mais il faudra jongler avec les déclarations à faire au bon URSSAF. URSSAF Limousin pour ce qu'on encaisse sous le statut d'artiste-auteur, URSSAF départemental pour ce qu'on encaisse sous le statut d'entreprise. Bref, des joyeusetés administratives à gérer.
Être auteur autoédité, ça veut aussi dire qu'il va falloir "manger" de l'administratif.
D'où l'aspect d'entreprenariat dont je parlais, qui est incontournable.
On aime ou on n'aime pas, mais c'est un passage obligé, et en France, "on" (comprendre les pouvoirs publics) aiiime la paperasse !
Ce n'est pas une critique mais un constat.
Pour être en règle aux yeux de la loi et transparent dans l'exercice de son métier, il faut faire preuve d'une certaine rigueur et respecter les procédures qui régissent notre statut.
Et cela, beaucoup de primo-auteurs autoédités l'ignorent ou n'en prennent pas la juste mesure.
Opter pour l'autoédition, c'est endosser la casquette d'entrepreneur en plus de celle d'auteur (ainsi que d'autres si on veut collectionner, mais ces deux-là sont la base de l'autoédition).
On peut aussi dépendre d'une association, mais là, ça se complique encore (si, si, c'est possible !), alors je n'en parlerai pas. Sachez juste que cela existe mais qu'il faut encore plus aimer la paperasse.
Et vous, quel statut aurait votre préférence ? Artiste-auteur ou une forme d'entreprise ?
NB : depuis le 1er janvier 2023, il n'est normalement plus possible ni autorisé de créer une micro-entreprise pour exercer l'activité d'auteur, mais c'est loin d'être harmonisé sur le territoire. Dans certains départements, ça passe, dans d'autres non. Tout cela s'harmonisera peut-être dans le courant de l'année ou dans les années à venir.
En tout cas, à ce jour, deux choix possibles :
- artiste-auteur (URSSAF Limousin) : le plus fréquent et le mieux adapté
- une forme d'entreprise autre que la micro (URSSAF départemental) : EIRL, EURL, SASU, SARL, etc.
Outre les montants de cotisations et les plafonds, c'est aussi l'obligation comptable qui est à prendre en compte et à comparer.
Bref, bienvenue dans le monde joyeux de l'administratif français !
Vous aimez écrire ? Et bien il va aussi falloir compter ;-)
A la fin du mois de mars, dans à peu près 3 semaines, une commission européenne va statuer sur la création d'un statut européen d'artiste-auteur.
Si la création d'un tel statut a lieu, alors ce sera une avancée significative pour la reconnaissance du métier et son harmonisation sur le territoire.
Si la création ne se fait pas, alors on continuera à galérer de la même manière pour y voir un peu clair dans le monde vaste et opaque de l'édition.
@Gwenn A. Elle : bonjour Gwenn et merci pour votre message et vos questions.
- Pensez-vous qu'il est nécessaire de participer à des interventions ou faire des salons soit nécessaire pour vivre de sa plume ? Et sans votre travail d'enluminure et de calligraphie en plus ?
Non, je ne pense pas que ce soit nécessaire.
Je dirais que c'est surtout une question de positionnement et de choix.
Je connais des auteurs qui vivent de leur plume avec leurs seules ventes numériques, parfois via un seul support (généralement Amazon KDP).
J'en connais qui arpentent les librairies de France, ne mettent jamais le nez en salons et vivent quand même de leurs seules ventes en librairie (plus difficile, car avec la marge libraire, il faut vendre sensiblement plus), même des auteurs uniquement autoédités.
Je fais beaucoup de salons et autres événements "physiques" parce que je suis un homme de terrain. J'aime voir des gens, discuter avec eux, leur raconter des histoires oralement avant de les faire voyager par écrit, rencontrer d'autres camarades plumitifs, des éditeurs, etc.
Il y a plusieurs manières de "gagner" sa vie ou d'arrondir ses fins de mois via l'écriture.
L'essentiel à mon sens est de choisir la ou les voies qui nous conviennent, qui nous font du bien et sont un plaisir plutôt qu'une contrainte.
Participer à des salons par exemple, c'est assez fatigant. Les amplitudes horaires sont souvent larges. Il faut partir tôt, rentrer tard, porter tout le matériel, charger, décharger, recharger, redécharger, trouver où dormir la nuit du samedi au dimanche, prévoir de quoi manger et boire, etc. Sans oublier de préparer une petite checklist pour être sûr de ne rien oublier d'essentiel (j'en connais par exemple qui sont déjà venus dédicacer... sans stylo !).
Je fais beaucoup d'événements en direct parce que j'aime cela.
Je me suis mis au numérique sur le tard, à l'été 2020, parce que je voulais aussi développer cet aspect, mais très franchement, passer des heures derrière mon écran à étudier des tendances et des algorithmes m'ennuie profondément. Je le fais parce que ça fait partie de mon métier, mais je me régale bien plus sur des salons et des foires.
Mes collègues qui ne font que du numérique (et qui s'y prennent bien) sont plus vite rentables. Mais ce n'est pas mon "trip". Les salons, si !
Avant de me mettre au numérique, mes ouvrages existaient déjà en ebooks et se vendaient un peu tout seuls. Depuis que je m'y suis mis, j'ai pu dégager un revenu régulier et nettement plus confortable, mais je n'ai aucune envie d'y passer plus de temps. Je suis déjà bien assez devant mon écran pour bien des aspects de mon métier, l'écriture en tête.
Si on est agoraphobe ou qu'on n'aime pas voir des gens, ou répéter dix mille fois la même chose à longueur de journée, ou qu'on vit mal de voir X personnes passer devant son stand sans un regard pour son livre, ou pour nous, alors on peut être en souffrance en salon.
Si on aime voir des gens, discuter avec eux, présenter ses ouvrages à longueur de journée avec forcément une haute dose de répétitions (même si on adapte le discours pour ne pas avoir l'impression d'être un robot muni d'un bouton "repeat"), alors on passera un bon moment en salon. D'ailleurs, les auteurs les plus avenants et les plus "ouverts" vendent globalement mieux que ceux qui restent prostrés sur leur chaise ou qui retroussent le coin de leurs lèvres en laissant échapper un vague grognement plaintif ou un filet de bave (ou les deux :p) quand quelqu'un s'approche de leur table.
Je vivais de ma plume avant de développer la partie calligraphie et enluminure et la vente de mes livres représente encore l'essentiel de mes revenus.
En fait, de juin 2018 à juin 2020, je dessinais et je peignais derrière mon stand pendant les salons et autres événements, notamment sur les fêtes médiévales, pour m'amuser et passer le temps pendant les temps morts, et m'entraîner sur divers éléments vus au cours de mes apprentissages en autodidacte et des formations que je me payais.
Sur la seule année de juin 2019 à 2020, on me demandait régulièrement si je pouvais dessiner une lettrine, un texte, un prénom, et comme ça m'amusait, les gens partaient faire un tour et récupéraient la création lors de leur passage suivant.
C'était un bon moyen de m'entraîner et de faire plaisir en même temps.
Le problème, c'est qu'à force de créer, je me suis certes bien entraîné, mais j'en ai eu pour une année à ce rythme sur les événements publics pour plus de 400 € de ma poche en matériel.
Du coup, à l'été 2020, j'ai décidé de me professionnaliser aussi pour la partie calligraphie et enluminure et j'ai payé une adjonction d'activité auprès du greffe du tribunal.
Depuis l'été 2020, je continue à créer, mais cette fois-ci de manière rémunérée. Mes tarifs restent très accessibles, mais je n'ai plus de perte financière et ça me permet même de faire entrer des revenus supplémentaires.
Ca m'a aussi ouvert des portes pour animer des ateliers en milieu scolaire, médiathèque, centres sociaux, etc.
En fait, je pense que quand on a une passion et/ou des compétences qui se marient bien avec le métier d'écrivain, il faut en profiter pour ajouter des cordes à son arc.
Quelques exemples en vrac :
- j'ai enseigné l'anglais pendant près de 13 ans. C'est la transmission qui me plaisait en premier lieu. Accompagner d'autres personnes pour les aider à acquérir et développer des savoirs et des savoir-faire, des compétences. Je poursuis ce goût du partage et de la pédagogie via des ateliers d'écriture et d'enluminure (parfois en anglais dans des lycées européens d'ailleurs)
- j'ai toujours aimé dessiner et faire ce qu'on appelle de la "belle écriture". J'ai décidé de prendre le temps de me plonger dedans en 2018 à l'occasion des temps morts des salons et autres événements. C'est progressivement devenu une activité accessoire/parallèle à mon activité d'écriture. Certes, le temps que je passe à dessiner, je ne le passe pas à écrire, mais ça m'a ouvert de nouveaux horizons, et peut-être que ça m'aide à mieux vivre l'écriture en faisant aussi autre chose qui me plaît en parallèle
- j'aime raconter des histoires oralement et gestuellement (j'aime aussi le théâtre et le théâtre improvisé). Cela me permet d'être à l'aise aussi pour par exemple donner des lectures publiques
Nous avons tous des forces et des faiblesses.
S'il est intéressant de travailler sur les deux, je pense qu'utiliser ses forces pour aider au développement de son activité est tout indiqué.
Interrogez-vous.
Qu'aimez-vous faire ? Comment envisagez-vous de "vivre" l'écriture ? Sous quelles formes ? Quelles autres compétences pourraient vous aider à être plus efficace, ou à toucher d'autres publics, à alléger la charge de travail, etc. ?
Pour en revenir à votre question initiale, la seule chose "nécessaire", c'est de se faire plaisir et d'explorer les voies possibles pour les aménager à notre convenance, ou du moins les adapter au mieux à ce qui correspond à ce qu'on a envie de faire, et la manière dont on veut le faire.
On en arrive presque à du développement personnel, mais c'est en fait vrai pour n'importe quel métier.
Utiliser ses points forts pour faire mieux, travailler sur ses faiblesses pour en limiter l'impact négatif.
Renforcer et développer ce qui fait du bien, écarter ou réduire ce qui fait du mal ou cause des désagréments.
@Laura Beslay : bonjour Laura et merci pour votre message.
Je le dois aussi à toutes les personnes qui me soutiennent et dont je me suis entouré sur le plan professionnel, et à toute l'aide récoltée ici ou là, sur mBS au début de l'aventure et dans mille et un autres endroits depuis (et aussi aux erreurs commises, on oublie souvent de remercier ses erreurs, mais elles aussi nous font avancer^^).
Ce n'est en effet pas facile de concilier les différentes obligations et configurations familiales et/ou professionnelles, mais petit à petit, une pierre après l'autre, on avance malgré tout ;-)
Bonjour @Yannick A. R. FRADIN
Merci pour votre transparence et vos confidences... Comme vous nous y invitez, je me permets de vous poser deux questions personnelles :
- Pensez-vous qu'il est nécessaire de participer à des interventions ou faire des salons soit nécessaire pour vivre de sa plume ? Et sans votre travail d'enluminure et de calligraphie en plus ?
- Quel statut avez-vous ?
Bravo pour votre parcours et belle continuation !
Gwenn
Un grand merci pour cet article qui respire la spontanéité et la générosité. Je vous ai lu avec beaucoup d'intérêt, d'autant plus que je partage certaines de vos obligations familiales. Ce n'est pas facile de tout concilier, mais vous lire me fait dire que ce n'est pas impossible. :-) Je vous souhaite beaucoup de réussite, mais vous êtes en bonne voie et vous ne le devez qu'à vous-même !
Si quelqu'un a des questions d'ordre général sur l'autoédition ou sur ma pratique "personnelle" pour voir comment d'autres auteurs abordent le vaste monde de l'édition et en particulier de l'autoédition, n'hésitez pas ;-)
Dans tous les cas, l'élément le plus important reste de prendre du plaisir à ce qu'on fait !
@Sylvie de Tauriac : bonjour Sylvie.
A ma connaissance, la crise du papier n'a pas changé grand chose aux choix de sélection des maisons d'édition. Cela a impacté le prix moyen des livres, qui a légèrement augmenté, et retardé certaines publications, notamment pendant les deux années de Covid, qui ont été accompagnées de la pénurie de certains types de papier, mais ça n'a pas vraiment eu d'impact sur le fait d'accueillir ou non de nouveaux auteurs.
Par contre, ce qui a un impact, et vous avez raison, c'est bien la question de rentabilité. Une maison d'édition est une entreprise dont le fonds de commerce est essentiellement la vente de livres.
La production est énorme et elle s'est envolée pendant la Covid, à tel point que de nombreuses maisons d'édition ont dû fermer leurs soumissions pendant plusieurs mois, voire une année, tant elles étaient noyées sous l'afflux de manuscrits/tapuscrits.
Aujourd'hui, elles connaissent aussi un afflux de textes rédigés par ou à l'aide d'IA génératives, ce qui pose un autre problème.
En tout cas, encore aujourd'hui, la plupart des grosses maisons d'édition publient essentiellement des succès venus de l'étranger. Elles font donc surtout de la traduction et de l'adaptation, pour limiter justement les risques financiers. Si les auteurs francophones et notamment français ont leurs chances, la concurrence est rude et les places peu nombreuses. Il faut bien cibler les maisons auxquelles on envoie son manuscrit/tapuscrit, bien travailler sa lettre d'accompagnement et son synopsis de soumission si on veut avoir une meilleure chance de sortit du lot. Et si on a la chance de sortir du lot et de se voir proposer un contrat, encore faut-il que ledit contrat convienne. Les places sont tellement "chères" que beaucoup d'auteurs n'osent pas négocier le contrat qu'on leur propose, soit par méconnaissance, soit par peur d'être "jetés", et quand on veut négocier un contrat qui ne nous convient pas, c'est effectivement un risque.
Pour ma saga de fantasy "Le Cycle de McGowein", publiée en autoédition, j'ai été contacté par 5 maisons d'édition, dont 2 "grosses" maisons de l'imaginaire français. Aucune n'a été en mesure de me proposer un contrat décent. 3 ont refusé de négocier, 2 ont accepté de négocier du bout des lèvres, mais les négociations n'ont pas été bien loin et je n'avais aucun intérêt financier (et je ne parle même pas de l'intérêt moral...) à signer les contrats qu'on me proposait en l'état. C'était bien plus satisfaisant et rentable de continuer en autoédition.
Edition à compte d'éditeur ou autoédition, c'est surtout une histoire de choix et de positionnement. Il y a des avantages et des inconvénients des deux côtés.
Si vous vous intéressez au fonctionnement du monde du livre et de l'édition française, je ne peux que vous encourager à vous abonner à la lettre d'information du SNE (syndicat national de l'édition), c'est gratuit et c'est une mine d'informations, à votre agence régionale du livre (vous trouverez laquelle sur le site de la Fill, pour moi par exemple dans les Hauts de France, il s'agit de l'AR2L), c'est également gratuit et foisonnant d'informations, notamment locales et donc plus pertinentes quand on intervient sur le terrain (salons, foires & co), et à consulter régulièrement (au moins une fois par an) les rapports, infographies et études du CNL (centre national du livre).
@Catarina Viti : hello et merci pour ta question^^
J'ai commis une "grosse" bourde à l'occasion de ma première parution, qui est spécifique à mon cas, mais que d'autres pourraient éviter, et une erreur sur mes trois premières années de parutions, qui pour le coup concerne tous les auteurs, quoi qu'ils publient, autoédités ou pas d'ailleurs.
Ma première parution a été un recueil de trois contes de Noël régionaux se déroulant dans trois villes de mon département, dont ma ville de résidence.
J'ai passé une commande de 100 exemplaires, ce qui représentait un budget de 500 € (recueils en couleurs avec des frais de port un peu élevés), une somme non négligeable quand on débute et qu'on ne sait pas si on va vendre ou pas (investissement/prise de risques).
Et une fois ma commande reçue et trois salons réalisés (j'avais aussi publié un roman et deux petits contes au format agrafé en parallèle), une amie dont le nom de famille est Noël me fait gentiment remarquer, à l'occasion justement de ce 3ème salon, qu'il y a un souci avec le titre du recueil, et me demande si c'est volontaire (encore aujourd'hui, je la remercie chaudement de me l'avoir dit !).
Le titre du recueil est "Trois contes de Noël axonais".
Et ce qui apparaissait en fait sur la 1ère de couverture, c'était "Trois contes de Nöel axonais".
Vous voyez la différence et le souci, n'est-ce pas ?
Ni l'illustratrice qui a réalisé la couverture, ni les 8 bêta-lecteurs intervenus sur le texte et la couverture, ni mes proches, ni moi, ni mes deux correctrices, ni l'imprimeur, ni les journalistes, ni les chroniqueurs, n'ont remarqué cette coquille, pourtant évidente une fois qu'on l'a remarquée.
Le livre a été vérifié maintes fois par près de 50 personnes, j'ai validé un BAT (bon à tirer), mais personne n'a remarqué cette coquille plus que très gênante (et c'est un euphémisme !) sur une 1ère de couverture, et en plus dans le titre même de l'ouvrage.
En tout cas, ça ne fait clairement pas professionnel de proposer ça au public.
D'abord un peu sonné, j'ai immédiatement retiré ce livre de la vente, et je me suis retrouvé avec 96 exemplaires invendables sur les bras. Et pour les 4 qui avaient été vendus auparavant, j'ai pu retrouver les acheteurs et leur offrir la nouvelle version corrigée avec le titre correct à l'occasion de la deuxième édition du recueil (à mes frais bien sûr).
Résultat des courses, j'ai perdu les 100 exemplaires et 4 des nouveaux, soit une perte financière qui a plombé ma trésorerie un moment, surtout que je me lançais à peine.
Bon, je n'avais pas que ce livre en présentation, donc quand je l'ai retiré, je ne me suis pas retrouvé avec une table vide, j'avais encore mon roman et mes deux petits contes agrafés.
Mais ce recueil, malgré cette horrible coquille sur la couverture, était autrement impeccable, extérieur comme intérieur. Ca fait carrément mal au coeur, ça fait mal aux finances, et ça donne un coup au moral aussi (mais peut-être suis-je un peu trop sensible :p).
Au moins, ça m'a appris à me montrer extrêmement vigilant et pointilleux sur les moindres détails d'une couverture !
Je ne peux que chaudement vous recommander de scruter chaque élément à la loupe avant de valider n'importe quel BAT, et d'apporter un point de vigilance tout particulier à la couverture, car c'est le premier élément que voient les lecteurs, celui qui les attire ou les repousse.
Morale de cette petite histoire : un malheureux petit tréma peut coûter bien cher !
L'autre erreur, que j'ai commise à répétition, et que l'écrasante majorité des auteurs autoédités, encore plus "débutants", commettent aussi, est de vouloir publier trop vite.
Une fois que le livre est prêt, on a envie de le proposer au public. Tout de suite. Maintenant !
C'est normal, c'est humain, et c'est l'un des avantages de l'autoédition de pouvoir publier facilement et rapidement.
Dans les faits, il suffit d'envoyer le fichier, de valider le BAT, et quelques jours après, on peut avoir sa première commande entre les mains.
En moins d'une semaine après l'achèvement de son livre, on peut le proposer sur son stand ou dans sa boutique.
Le souci, si on s'empresse de publier trop vite, c'est que son livre (même s'il est impeccablement mis en page et corrigé) est invisible.
La vente d'un produit, et un livre est un produit, répond à certaines exigences si on veut donner des chances à ce produit de toucher son public.
Or, la visibilité est la première chose dont un produit a besoin pour se vendre.
Dans l'article de cette page, je parle d'un délai moyen de 6 mois entre le moment où on commence à faire la publicité de son livre et le moment où il paraît effectivement.
En marketing d'édition, on a besoin de temps pour faire connaître un livre, pour créer une attente, pour toucher un public cible, pour laisser le temps à des chroniqueurs de lire le livre et d'en proposer une chronique, pour proposer des offres de lancement, pour monter dans le classement (et donc être plus visible) d'un site ou d'une plate forme de vente (comme Amazon KDP par exemple), pour toucher sa propre communauté, pour informer la presse, etc.
En marketing, on dit qu'en moyenne une personne ne verra un message qu'une fois qu'il lui aura été délivré 7 fois, et de préférence sous 7 formats différents.
Je ne vais pas faire un cours de marketing ici, mais se donner un peu de temps pour présenter son livre, créer une attente, le rendre visible à son public cible, rendra la vente du livre bien plus efficace.
Je n'ai jamais autant vendu de livres à leur parution (et ensuite) que depuis que j'applique les étapes du marketing d'édition, que je ronge mon frein et que je prends 3 à 6 mois (6 mois c'est quand même mieux) pour préparer le public à la parution d'un ouvrage.
Certes, on peut faire le marketing après la parution, ça fonctionne pour le direct, mais pour les plates formes et les sites de vente type Amazon, FNAC & co, où les algorithmes font la pluie et le beau temps en termes de visibilité, un livre qui n'aura pas été bien préparé à l'avance dégringolera très vite dans les abysses du classement et ne remontera jamais. Seuls les lecteurs qui le chercheront vraiment pourront le trouver. Donc seuls ceux qui le connaissent pourront se le procurer. Sur la plupart des sites en ligne, seuls les 50 ou 100 premiers titres sont visibles du public. Si notre livre ne figure pas sur la ou les premières pages, il est invisible et ne se vend pas.
Si on veut avoir de meilleures chances de vendre, il est donc important (pour ne pas dire indispensable) de préparer le terrain. Ca demande du temps, beaucoup de travail et probablement de se former ou de s'entourer de personnes compétentes qui sauront faire le job dans les règles de l'art. En somme, même si on est enthousiaste et pressé de proposer son nouveau bébé au monde, si on ne l'y prépare pas, le monde s'en fichera en fait. Si on veut que le monde s'intéresse à notre bébé, il va falloir le faire tout beau, le montrer, le mettre en scène, raconter le début de son histoire avant sa naissance officielle, donner envie au monde d'être là pour l'accueillir quand le Grand Jour arrivera.
Pour résumer : adopter un comportement professionnel, connaître les processus et leurs étapes, mouiller la chemise et s'adapter au fil de ses avancées, erreurs, réussites, etc.
Merci, votre article est très intéressant car il est utile de connaître l'expérience des autres. Je pense également que la crise du papier est une des raisons pour laquelle les maisons d'édition sont frileuses et hésitent à publier de nouveaux auteurs. C'est une prise de risque et ils veulent de la rentabilité assurée. Les autoédités ont l'avantage de créer leur propre ligne éditoriale, ce qui est une liberté. Votre article fait du bien car il redonne un peu d'espoir à ceux qui veulent vivre de leur plume. @Sylvie de Tauriac
Bonjour @Yannick A. R. FRADIN, un grand bravo pour ton article.
Tu mentionnes à deux reprises que tu as commis des erreurs^^ de parcours. Est-ce indiscret de te demander de quoi il s'agit (si tu penses que cela peut informer les auteurs mBS) ?
Bonne continuation !
@Delphine ROBIN : bonjour Delphine :-)
Vaste question que celle des dédicaces.
Pour présenter mes ouvrages au public, je le fais un peu à la manière d'un conteur, en racontant une histoire qui me permet de présenter la thématique, l'ambiance, l'univers, les personnages, mais sans divulgâcher (hop, un petit mot canadien dans le lot) l'histoire.
Le but, c'est de leur donner une bonne idée de ce qu'ils vont trouver, ou ne pas trouver, dans l'ouvrage, tout en conservant intacte la partie de découverte de l'intrigue.
J'ai aussi quelques visuels qui donnent des informations périphériques et contribuent à plonger les lecteurs dans cette ambiance. Ils viennent en complément de la présentation orale que je peux en faire.
Pour les dédicaces, j'écris toujours un mot personnalisé en lien avec le contenu du livre, là aussi sans rien divulgâcher, que j'agrémente d'une seconde touche personnalisée en fonction des demandes spécifiques.
J'ai un texte "type" pour chacun de mes ouvrages, que j'adapte et que je tourne différemment pour ne pas écrire 30 fois le même message si 30 lecteurs consécutifs me prennent le même livre par exemple.
J'ai également des tampons personnalisés pour chacun de mes livres. Par exemple un dragon pour mon conte avec un dragon, une licorne pour celui avec une licorne, un navire pour le roman qui a un navire en 1ère de couverture, etc.
Quelques tampons de type enluminures florales et/ou géométriques pour agrémenter les coins de pages, ce genre de chose. Quand j'en ai le temps, je fais une décoration à la main, mais quand il y a du monde devant le stand, je fais des tampons.
Charge à chacun de trouver sa petite touche personnelle.
Une dédicace, c'est un mot qu'on adresse au lecteur pour lui faire plaisir. Ca doit donc à mon sens lui être directement adressé, et si la dédicace est en lien avec le contenu du livre sans en gâcher une partie du contenu, ça me paraît pertinent et c'est déjà en soi une invitation à ouvrir la première page.
J'aime bien les dédicaces décorées qui racontent déjà une histoire. Quand c'est juste une ligne bateau avec une signature, je trouve ça vide et même laid.
Mes dédicaces prennent généralement un peu de place, voire remplissent bien la page :p
Les lecteurs parfois se moquent gentiment "oh, vous commencez un nouveau roman ?".
Le tout, c'est de se faire plaisir et de faire plaisir, et de rester proche du texte qu'on dédicace, ou en tout cas de son ambiance ou de sa thématique.
Par exemple : "bonne lecture" puis signature, non, ce n'est pas pour moi.
Ce serait plutôt du genre "Bon voyage en compagnie de la Gardienne Léraline, de son amie la fée Méruline et du sombre et mystérieux guerrier Cormag McGowein". C'est court, mais ça donne déjà quelques informations, sans en dire trop. Ca peut bien sûr être adapté et étoffé d'un lecteur à l'autre. Ca m'ennuierait profondément d'écrire la même chose pour tout le monde. Une dédicace, c'est au contraire une occasion de raconter une mini histoire.
Utiliser une caractéristique, un comportement, un tic, un élément appris pendant qu'on discutait de tout et de rien, etc. d'un lecteur devant soi peut être amusant aussi, du moment que c'est fait avec tact et gentillesse.
Bonjour Yannick, merci beaucoup pour cet article qui éclairera beaucoup d'auteurs Monbestseller. Vous en êtes depuis plusieurs années, je me rappelle avoir vu votre nom depuis des années, je suis heureuse de trouver un article vous concernant aujourd'hui. Monbestseller est une communauté sérieuse, vos ficelles viennent renforcer les conseils. La pelle du début, nous sommes nombreux à l'avoir connue. Qui ne s'est pas laissé attrapé par un contrat à compte d'auteur ou autre... En tout cas, vos mots réconfortent en premier lieu, motivent en second. Une seule chose que je ne crois pas avoir vue/lue, c'est le détail de vos dédicaces et rencontres avec les lecteurs, que dites-vous ? Que signez-vous ? Je l'avoue, je ne sais jamais quoi écrire en dédicace... Vos conseils sont les bienvenus. Encore bravo !
@FANNY DUMOND : bonjour Fanny. Je pense qu'être curieux (sans être intrusif :p) et aimer lire est un bon point de départ oui.
Généralement, quand on aime écrire, c'est qu'on aime d'abord lire !
L'un nourrit l'autre et vice-versa. C'est un peu comme un cercle vertueux.
Encore faut-il être exigeant sur la qualité de ce qu'on lit (et du coup aussi écrit !).
@Agate Ourlane
- Quels conseils donneriez-vous à un auteur débutant dans l'autoédition ?
1) prendre du plaisir à ce qu'il/elle fait, notamment à écrire, et écrire régulièrement, produire des nouveautés, explorer ce qu'il/elle a envie d'explorer, même s'il s'agit de genres et de publics cibles très différents et bien sûr, aller au bout d'un projet avant d'en commencer un autre (éviter en tout cas de commencer 50 projets et de n'aller au bout d'aucun, ça implique de faire des choix et de gérer des priorités)
2) ne pas trop se disperser et éviter de brasser du vent (on a bien sûr le droit de se reposer et c'est même vivement conseillé !). Se fixer des objectifs clairs et atteignables et les ajuster à chaque fois que nécessaire
3) connaître au moins le fonctionnement basique de la chaîne du livre et le rôle des différents acteurs qui y interviennent
4) connaître les trois modes d'édition disponibles actuellement en France pour choisir l'autoédition de manière réfléchie et tout à fait assumée, et pas sans savoir ce que ça implique vraiment, comme je le vois de plus en plus souvent en salon avec de "jeunes" auteurs
5) être exigeant avec soi-même et sur la qualité de ses livres (cohérence, crédibilité, corrections de tous bords, mise en page, couverture, réseau de diffusion/distribution, etc.)
6) penser communauté avant de penser ventes et se donner les moyens de toucher et de développer cette communauté. Le meilleur moyen d'y parvenir sur le long terme est de disposer de son propre outil, généralement un site ou un blog d'auteur, avec une boutique attractive et pratique où les clients peuvent commander
7) ne pas rester seul. S'entourer d'amis/collègues auteurs avec lesquels échanger, se constituer une équipe de bêta-lecteurs, développer son entourage professionnel au fil des besoins et des rencontres (illustrateurs, correcteurs, chroniqueurs, traducteurs, etc.)
8) se comporter de manière professionnelle en toute circonstance. Gérer ses relations professionnelles comme un entrepreneur et non comme un auteur
9) être curieux (sans être intrusif) et résilient (on en prend plein les dents dans ce métier^^) et se former régulièrement, tant sur les points forts que sur les points faibles
10) se former à l'IA et notamment aux IA génératives. Comprendre ce que c'est qu'un prompt efficace. Ne pas penser que l'IA est un outil magique qui va bosser à sa place, mais l'envisager plutôt comme un stagiaire BAC+12 qui va pouvoir nous aider en périphérie de l'écriture pour peu qu'on sache lui parler correctement
10 points, je crois que c'est déjà pas mal^^
On pourrait résumer par :
- bosser, prendre du plaisir, bosser, bosser et (je l'ai dit ou pas ? :p) bosser
@Agate Ourlane
- Faites-vous tout tout seul ? ou bien déléguez-vous certaines tâches à des prestataires ? si oui lesquelles ?
Je ne suis pas compétent pour tout faire seul, et si je l'étais, les journées ne sont pas extensibles (et les nuits non plus :p), donc le temps que ça me prendrait de tout faire seul poserait une difficulté, à un moment ou un autre.
Je gère l'écriture et le maquettage (mise en page & co) de mes livres, parfois les couvertures à partir des fichiers images que mes partenaires illustrateurs m'envoient (je pense à ma série de 27 contes merveilleux) et ma communication professionnelle (publicités, devis, factures, inscriptions aux événements, etc.).
Pour le reste, je me suis progressivement entouré.
J'ai une équipe de bêta-lecteurs qui m'aide pour les phases de
relectures/réécritures/corrections, donc entre le 1er jet terminé et l'envoi en correction professionnelle.
Je travaille actuellement avec 6 graphistes/illustrateurs qui réalisent les couvertures, ou du moins les visuels de couvertures, de mes ouvrages, ainsi que quelques illustrations périphériques (communication/marketing) ou intérieures. Je travaille avec 3 français, 1 roumain, 1 philippin et 1 italienne. Maîtriser la langue de Shakespeare aide, parce qu'aucun de mes partenaires étrangers ne parle un seul mot de français. J'ai aussi une dizaine de contacts français pour des projets à venir.
Je travaille avec deux correctrices professionnelles pour la correction de mes textes.
Je travaille avec des imprimeurs et des prestataires (comme Bookelis par exemple) en fonction des choix faits pour tel ou tel ouvrage. Une partie de ma production se fait en impression à la demande et une autre avec des imprimeurs locaux ayant pignon sur rue (c'est important pour moi d'associer le tissu local à mon activité, même si les coûts s'en trouvent parfois plus élevés).
Je travaille avec des diffuseurs, des distributeurs et tous les acteurs de terrain comme des bibliothécaires, des libraires, des journalistes, etc.
Bien sûr, en autoédition, tout cela a un coût. Là où une maison d'édition à compte d'éditeur prendra à sa charge tous les coûts afférents à la création et à la diffusion du livre, c'est à l'auteur autoédité d'assumer seul ces coûts.
La notion de prise de risque est bien plus présente et forte dans le cas de l'autoédition.
Personnellement, je vois cela comme un investissement, mais il faut malgré tout disposer du budget nécessaire à la mise en route d'un projet.
Ne serait-ce que la couverture, la correction et l'impression d'un roman, ça représente déjà une somme non négligeable.
Si on ne veut pas prendre de risque financier, alors mieux vaut signer un contrat avec une maison d'édition.
Si on a un minimum l'esprit d'entrepreneur, alors l'autoédition peut être une voie intéressante.
Un auteur autoédité sera autant un auteur qu'un entrepreneur. Ces deux casquettes sont à mon sens indissociables si on veut espérer tenir le cap.
Pour le reste, on peut déléguer toutes les tâches dont on ne veut/peut pas s'occuper soi-même, mais il faut bien être conscient que cela aura à chaque fois un coût supplémentaire.
Généralement, on pare au plus urgent et indispensable (couverture, correction, mise en page, impression) et si on a besoin de déléguer d'autres postes, ça se fera progressivement au fil des besoins et des finances.
Sauf pour me lancer au tout début de l'activité, parce que là il fallait bien avancer l'argent sans savoir si ça allait fonctionner, j'ai une règle très simple : ne dépenser que ce que je peux dépenser. Pas d'endettement. Ca limite grandement les risques, mais ça limite aussi les opportunités et les choix d'investissement. Personnellement, je préfère avancer lentement, mais sûrement.
Bonjour Yannick. Ce que je retiens en priorité de vos conseils : être curieux de Tout et lire, lire ... et encore lire ! Merci de partager votre parcours époustouflant et pour le temps que vous consacrez à nous détailler votre travail-passion !!! Bien cordialement. Fanny
@Agate Ourlane
- A partir de combien de livres édités avez-vous réussi à vivre de votre plume ?
J'avais publié trois romans (les trois premiers volets d'une saga de 5 romans), 6 petits contes de 32 pages au format agrafé et un recueil de contes de 80 pages.
Donc en nombre de livres, on peut dire 10^^
Bon, j'aurais probablement pu en vivre au moins 6 mois plus tôt, avec seulement 2 romans et 3 contes en petit format, si j'avais participé à plus de salons, mais je n'étais pas encore à temps plein à ce moment-là. C'était une activité complémentaire et périphérique.
Au tout début de mon activité, quand je me suis lancé, à mon tout premier salon donc, j'avais publié un roman, deux petits contes agrafés et un recueil de contes, soit 4 livres à présenter au public.
Aujourd'hui, 5 ans après, je suis bientôt à 30 titres.
@Agate Ourlane
- Quelles formations avez-vous suivi ? si oui lesquelles vous ont été les plus utiles.
J'ai suivi de nombreuses formations à ce jour.
La plupart m'ont été utiles, au moins partiellement.
Et je continue à me former chaque année. Déjà parce que j'aime ça, et ensuite parce que cela me paraît être une évidence si je veux continuer à apprendre et à progresser.
Ce n'est pas parce que je suis moi-même formateur en écriture créative et en ce que j'ai appelé "développement métier" que je dois arrêter de me former. Au contraire même !
Je peux vous présenter les 4 formations qui m'ont été, à ce jour, les plus utiles (je précise que je n'ai aucune affiliation d'aucune sorte auprès de ces "produits", c'est simplement pour répondre à la question) :
- la formation "Self-publishing Formula 101" de Mark Dawson (entièrement en anglais et en américain)
- la formation "Autoéditeur" du Club Positif de Cyril Godefroy
- la méthode "Ecrire un roman" de Fred Godefroy (pas de la même famille que le précédent, c'est une coïncidence, même s'ils bossent aujourd'hui ensemble^^)
- les podcasts audio thématiques de Cécile Duquenne dans son "Ecole d'écriture 2.0"
Et pour transmettre ce que j'ai appris, j'accompagne moi-même des auteurs, débutants comme chevronnés, en écriture créative et en "marketing d'édition".
En mode gratuit via "Métier - écrivain indépendant", sur les RS, YouTube et via un site dédié du même nom.
En mode payant via diverses options de coaching qu'on retrouve dans les prestations de mon site officiel.
@Agate Ourlane
- Êtes-vous autodidacte ? ou bien avez-vous une formation littéraire ou dans le monde de l'édition ?
Le monde de l'édition m'était totalement inconnu quand j'ai commencé à écrire. J'ai fait mes premières découvertes sur mBS en 2013, ainsi que sur un certain nombre d'autres plates formes, sites, blogs, magazines, etc.
Comme ce monde était décidément vaste et plutôt complexe, et que j'aime bien comprendre comment fonctionnent les choses et où je mets les pieds, j'ai passé deux années de prospection, en 2016 et 2017, à arpenter les salons et autres événements du livre, pour discuter avec des auteurs, des éditeurs, des libraires, des traducteurs, bref, les différents acteurs de la chaîne du livre, avec plus d'intérêt pour la partie auteur de l'écrit, vu que c'est cela qui m'intéressait en priorité.
J'ai aussi épluché un grand nombre de sites d'éditeurs.
C'est le fruit de mes rencontres, observations, discussions, lectures, etc. qui m'a fait choisir la voie de l'autoédition, de manière totalement assumée.
Cela ne m'a pas empêché d'être édité en maison d'édition en 2017 (dans le cadre d'un appel à texte) et dans divers magazines et revues en 2017 et 2018, pendant que je faisais mes armes via des appels à textes et des concours.
Je ne me suis finalement lancé qu'à l'été 2018, le temps d'étudier et de comprendre les histoires de statut, de cotisations sociales, d'impôts, en somme de tout l'administratif qui accompagne l'exercice de l'activité telle que j'entendais l'exercer.
Je suis en grande partie autodidacte. Je me forme aussi régulièrement. Depuis que mon activité tourne bien, je réinvestis chaque année une partie de mes bénéfices pour me payer les formations qui m'intéressent. Une bonne partie en anglais, car sans équivalent en France, et quelques-unes en français. Ca va de techniques et de mécanismes d'écriture créative à du "pur" marketing.
De bonnes comme de mauvaises surprises dans tout cela, car il est dur de juger de la qualité d'une formation, surtout quand on manque de pratique et d'expérience.
Aujourd'hui, je repère bien plus vite et facilement une formation "bidon" et une formation qui va m'apporter quelque chose, mais les premières années, je n'avais pas encore assez de recul.
Pour faire simple, entre 2013 et 2018, j'ai fait toutes sortes de lectures et de visionnages de vidéos traitant de sujets qui m'intéressaient sur la thématique.
Enormément d'informations, parfois totalement contradictoires, des choses exploitables, d'autres non, des personnes qui apportaient de la valeur, d'autres qui se touchaient le nombril et possédaient en fait encore moins de connaissances et de maîtrise que moi.
Il a fallu faire du tri dans tout cela et procéder par étapes.
Impossible de tout ingurgiter d'un coup et si ça l'avait été, ça n'aurait pas été forcément productif pour autant.
Petit à petit et étant un minimum organisé, j'ai pu tester plein de choses, isoler ce qui m'était utile et ce qui ne l'était pas, voire ce qui parasitait carrément ma pratique, et j'ai commencé à construire mon identité d'auteur.
C'est un processus qui prend du temps et qui demande du travail. Ca l'a été en tout cas pour moi et d'ailleurs, ce n'est pas terminé ;-)
Je ne suis pas parti sans aucun bagage non plus. Mon premier métier (écrivain est le 3ème) était d'enseigner l'anglais. J'ai fait des études en LLCE (Langue, Littérature et Civilisation Etrangère spécialité anglais) jusqu'à la Licence et le CAPES.
J'ai eu l'occasion d'étudier de nombreux classiques de la littérature anglophone (parfois jusqu'à la nausée^^) et si cela ne m'a en rien appris à écrire une histoire, cela a au moins contribué à nourrir mon vocabulaire et mon imaginaire, à appréhender de nombreux styles d'écriture, à savoir organiser un peu ma pensée pour la retranscrire sous forme de mots via des articles, des dissertations, des rapports, des mémoires, etc.
Mais apprendre à écrire une histoire, avec des schémas narratifs, des personnages, des intrigues, etc. je n'ai jamais rien vu de tout cela lors de mes études ou de ma pratique professionnelle.
J'ai commencé comme beaucoup en écrivant avec mon coeur, et j'ai ensuite fait des lectures pour, petit à petit, apprendre et améliorer les énormes quantités de choses qu'il fallait retravailler, supprimer, modifier, etc.
Trois des lectures "techniques" les plus utiles que j'ai pu faire pour un budget très accessible ont été "La Dramaturgie" d'Yves Lavandier, "L'Anatomie du Scénario" de John Truby et "Le Voyage du Héros" de Joseph Campbell.
Et puis en parallèle des lectures techniques qu'on peut faire, il y a toutes les lectures plaisir.
Lire reste à mon sens le premier matériau pour celui qui aime écrire.
Structures, grammaire, lexique, idées, ambiance, saveurs, couleurs, émotions, etc.
Tout cela, on le vit à travers la lecture.
Une belle mise en page, une belle couverture, une belle tête de chapitre, une belle lettrine, etc.
Tout cela aussi contribue à nourrir l'auteur qui sommeille en nous.
Et bien sûr, toutes les expériences de la vie. Les films ou séries qu'on regarde, les lieux qu'on visite, les gens qu'on rencontre, les expériences qu'on vit, etc.
Porter un regard curieux sur le monde qui nous entoure aide à nourrir nos plumes ;-)
@Agate Ourlane : bonjour Agate. Avec plaisir pour répondre à n'importe quelle question que n'importe qui aurait envie de poser.
N'hésitez pas si vous en avez d'autres, et @tous, n'hésitez pas quelle que soit la question, même si elle vous paraît farfelue, bateau ou un peu trop intime.
J'essayerai de répondre aussi complètement et clairement que possible.
Pour ne pas "pondre" un énorme pavé, je traiterai chaque question dans une réponse séparée.
@Albert H. Laul_2 : bonjour Albert. Tant mieux si cette petite bafouille contribue à donner de la motivation.
C'est un métier aux mille et une facettes qui propose souvent des situations d'ascenseur émotionnel.
Ne pas renoncer devant l'effort permet d'avancer. Après, on a tous une résistance (et un goût^^) variable à l'effort. Identifier ses limites et se préserver est également important et utile. Ne rien lâcher et s'épuiser à la tâche n'est pas plus souhaitable que de stagner par manque de motivation. Pas toujours facile quand écrire est une passion, mais on a besoin d'être en bonne santé pour profiter de chaque instant, de chaque rencontre, et atteindre les objectifs qu'on s'est fixés.
C'est cela en fait qui entretient la motivation et le plaisir de faire des efforts : se donner des objectifs réalisables et atteignables, sans avoir peur non plus de se montrer un poil ambitieux.
Viser la lune pour toucher les étoiles comme on dit^^
@Laulaula : bonjour Laurence :-)
Je suis à temps plein depuis bientôt 4 ans oui^^
J'ai débuté mon activité d'indépendant en juin 2018.
J'aurais pu m'y consacrer entièrement dès septembre 2019, car mes ventes de livres m'auraient permis de sauter le pas à partir de cette date, mais j'ai mené mes autres engagements professionnels en cours à leur terme avant de faire ce choix (j'ai exercé deux autres métiers avant celui d'écrivain). J'en ai été libéré en mai 2020 et depuis juin 2020, je me consacre entièrement à mon activité d'écriture et d'illustration.
J'ai même fait valider une adjonction d'activité par le greffe du tribunal en qualité de calligraphe à ce moment-là.
Désormais, si je suis toujours romancier et nouvelliste, je pratique aussi la calligraphie médiévale et l'enluminure.
Au début, c'était par passion et amusement, mais comme pour l'écriture, je me suis professionnalisé, et aujourd'hui, ça représente des cordes supplémentaires à mon arc et ça m'aide à pérenniser l'ensemble de mon activité.
Après tout, l'enluminure et la calligraphie, ça reste de l'écriture, elle est juste un peu plus artistique :p
@Zoé Florent : bonjour Michèle :-) Je ne sais pas si je suis un exemple à suivre, mais être travailleur, organisé et tenace est indéniablement un plus quand on compte faire de l'écriture une activité professionnelle.
Et puis dans cet article, on montre une réussite, mais il faut aussi savoir qu'elle s'est bâtie sur un certain nombre d'échecs, dont une belle bourde à l'occasion de ma première publication papier (j'en rougis encore, et mes finances aussi !).
Le tout, c'est de parvenir à rebondir, d'apprendre de ses erreurs pour ne pas les répéter (on en fera forcément d'autres, c'est cadeau^^), d'améliorer sa pratique au fil de l'expérience qu'on acquiert et bien sûr de conserver le goût d'écrire intact ;-)
Certains écrivains aiment lire une belle page avant de se mettre au travail. La vôtre oblige à ne pas renoncer devant l'effort, au pied de l'ouvrage. Alors, vite ! Remettons-nous à la besogne intérieur.
Merci pour ce partage d'expérience,
Cordialement
Albert H. Laul
Bravo Yannick ! Super parcours et merci pour le partage ! Je ne savais pas que c'était ton activité principale. C'est vraiment sympa de découvrir les autres auteurs et en particulier ceux qui ont eu le courage de sauter le pas pour se lancer à temps plein dans l'écriture... Chapeau.
Merci Yannick pour cet article très intéressant. Je me pose plusieurs autres questions sur l'autoédition. Je serais ravie si vous acceptiez d'y répondre.
- Êtes-vous autodidacte ? ou bien avez-vous une formation littéraire ou dans le monde de l'édition ?
- Quelles formations avez-vous suivi ? si oui lesquelles vous ont été les plus utiles.
- A partir de combien de livres édités avez-vous réussi à vivre de votre plume ?
- Faites-vous tout tout seul ? ou bien déléguez-vous certaines tâches à des prestataires ? si oui lesquelles ?
- Quels conseils donneriez-vous à un auteur débutant dans l'autoédition ?
Amicalement,
Agate
Très sympa cet article ! Et tout aussi sympa de voir et entendre Yannick interviewé par Christophe.
Les capacités de travail et d'organisation de cet auteur m'ont toujours épatée. Sa ténacité aussi. Un exemple à suivre...
Amicalement,
Michèle