"Je dis souvent qu’il faut croire en ses rêves, et surtout aller au bout."
Le 2 août 2018, une auteure poste son roman "La nuit sur les toits" sur une plateforme de lecture en ligne : monbestseller.com.
Quelques jours plus tard, son livre compte des dizaines des lecteurs, puis, rapidement, des centaines. A la fin du mois, "La nuit sur les toits" est désigné Livre le +, et restera pendant huit mois numéro 1 du classement.
Aujourd’hui, le compteur de ce roman affiche plus de 42 664 lectures, mais, plus important, la "page livre" de Victoire Sentenac compte des centaines de messages de lecteurs conquis.
Depuis ce jour d’été 18, l’eau a coulé sous le pont des publications de Victoire. Après quelques distinctions, comme le Prix Roman 2019 au Salon International du Livre de Mazamet pour un autre roman intitulé « À faire voler nos âmes » ; le premier prix d’un concours de nouvelles 2019 organisé par la commune de Saint-Pierre du Mont, Victoire a donné le jour à onze romans (et un recueil de nouvelles) qui ont tous trouvé un lectorat fidèle et conquis.
Aux dernières nouvelles, Victoire Sentenac tente une nouvelle expérience en 2024 : éditer son dernier opus "L’arbre de Rose" chez Kobo Original.
Question:
Bonjour Victoire Sentenac, qu’est-ce qui t’a poussée à poster ton premier roman sur le site monbestseller.com ? Est-ce que tu t’attendais à un tel succès ?
Réponse:
Victoire Sentenac : Lorsque j’ai terminé l’écriture de mon premier roman, mon réflexe initial a été de l’envoyer à quelques grandes maisons d’édition. Je n’avais jamais entendu parler d’autoédition, ou de manière très anecdotique, et je n’envisageais pas d’autre moyen d’être lue. Une fois reçues les premières lettres types de refus, et au-delà de la déception, j’ai immédiatement pensé aux lecteurs. Comment accéder à eux sans le support de l’édition traditionnelle ? Je savais qu’il existait des plates-formes de mise en relation d’auteurs et de lecteurs, j’ai donc fait quelques recherches et rapidement trouvé le site de monbestseller.com, qui m’a immédiatement inspiré confiance, j’ai donc inscrit mon roman et attendu la suite fébrilement… Et je n’ai pas été déçue ! Les tous premiers commentaires m’ont fait l’effet d’un adoubement, enfin j’avais un lectorat et je touchais les lecteurs au cœur. Cette reconnaissance formidable m’a propulsée vers l’écriture de mon second roman, « À faire voler nos âmes », et encouragée à continuer.
Je ne m’attendais absolument pas à un tel succès, et je peux dire aujourd’hui que ces 40.000 lectures sur monbestseller.com sont à la fois le point de départ et le socle de ma vie d’auteure !
Question:
Peux-tu nous parler des lecteurs, de l’impact de leurs retours et de leurs commentaires ?
Réponse:
Victoire Sentenac. Le retour des lecteurs est la pierre angulaire, non pas de mon inspiration, mais du moteur qui la soutient. C’est un lien direct avec eux, une sorte de cœur à cœur où l’on sent l’enthousiasme et les émotions, parfois à leur paroxysme, qui sont transmis « à chaud », lorsqu’ils viennent d’achever leur lecture et sont encore imprégnés de ce qu’elle a provoqué en eux.
Je n’aurai jamais la prétention de changer la vie des lecteurs avec mes livres, en revanche, au vu des innombrables retours positifs que je reçois et qui m’émerveillent chaque jour, je sais que mes histoires et mes personnages adoucissent leur quotidien durant quelques heures et leur permettent de s’évader, de réfléchir à leur propre vie, et bien souvent de se sentir réconfortés, moins seuls face à ce qu’ils traversent ou ont traversé. En un mot, ils se sentent compris. Et leurs retours me permettent de savoir que je le suis aussi. Cela n’a pas de prix.
Question:
Victoire, moi qui te regarde évoluer depuis le tout début de ton aventure, je t’ai vue d’abord balbutier sur Facebook, puis prendre de plus en plus d’assurance au fil du temps. J’ai vu surtout tes lecteurs venir d’abord timidement, puis de plus en plus franchement, puis je t’ai vue prendre ton envol.
Pourrais-tu partager cette expérience, nous dire comment ta vie a été transformée par le fait d’écrire et de publier ?
Réponse:
L’assurance est indéniablement venue grâce aux lecteurs
Victoire Sentenac. Effectivement, j’ai commencé timidement, me cachant derrière un pseudonyme… conservé par la suite d’ailleurs, car même si j’étais « sortie du bois », cela restait plus confortable d’avoir deux identités professionnelles bien distinctes, l’infirmière puéricultrice avec son nom sur la blouse d’un côté, l’auteure de romans avec un nom différent sur les couvertures de livres de l’autre.
L’envie d’écrire est là depuis que je sais lire, mais l’assurance est indéniablement venue grâce aux lecteurs. C’est un cercle vertueux qui a permis l’épanouissement et l’affirmation de celle que je suis réellement au fond de moi, plus je suis lue, plus je m’affirme, plus je m’affirme, plus je suis lue… Je suis convaincue que l’authenticité de mon écriture, qui reste une mise à nu de soi, quoi qu’on en dise, contribue au fait de toucher sincèrement les lecteurs. Si on triche avec qui l’on est, si l’on essaie d’imiter quelqu’un d’autre ou de dissimuler ce qu’on a vraiment envie de dire, je pense que les autres le ressentent.
Actuellement, je ne conçois plus ma vie sans écrire, car cela fait partie de ma manière d’être au monde. C’est mon ikigai, l’équivalent japonais de la joie de vivre et de la raison d’être, autrement dit ce qui donne un sens à sa vie dans un équilibre entre ce qu'on aime, ce dont on a besoin et ce qui est utile au monde.
Question:
Est-ce que selon toi, il y a un déclic qui fait passer dans l’autoédition ? On sait, de plus, qu’écrire est un choix que tu as posé après d’autres dans ta vie (tu as commencé par être clerc de notaire, puis tu t’es reconvertie dans le soin aux personnes, et tu pratiques aujourd’hui en qualité d’infirmière puéricultrice).
Réponse:
Vendre ses livres soi-même… une solution facile et intuitive
Victoire Sentenac. À chaque grande période de ma vie correspondait un besoin, ainsi les études de droit à une époque où je me cherchais une colonne vertébrale, un axe ferme à quoi me raccrocher dans les tourmentes et les fragilités de mes vingt ans…
Ensuite, je suis devenue mère, rencontrant des aléas et de grandes joies, qui m’ont permis de comprendre à quel point le soin aux enfants et le souci de l’autre donnaient un sens à ma vie, d’où ma reconversion vers les études paramédicales.
Et puis… l’élan créatif a ressurgi voilà quelques années, pour venir y déposer toutes les larmes et les joies d’une existence au mitan.
J’ai beaucoup de chance, parce que ma vie d’infirmière puéricultrice nourrit avec une force inouïe mon écriture. Je suis au cœur de la souffrance et des espoirs humains, j’accompagne au quotidien des enfants extraordinaires, des familles meurtries, des parents angoissés, reconnaissants, titubant dans une expérience de la maladie parfois brutale, et dont ils sortent, la plupart du temps, grandis. C’est pour cette raison que la résilience est au cœur de tous mes romans et l’humanité, leur fil rouge. Même si je suis souvent confrontée au pire, je continue de regarder vers la lumière. L’espoir est ce qui fait tenir, envers et contre tout.
En fait, je n’ai pas l’impression d’avoir eu un déclic pour l’autoédition, tant les choses sont arrivées naturellement. À partir du moment où j’ai découvert que l’on pouvait proposer à la vente ses romans en ligne soi-même, j’ai trouvé cela si facile, si intuitif, que j’ai presque oublié qu’on pouvait aussi être publié par une maison d’édition ! Et puis pour une personne comme moi, qui aime contrôler ce qui lui arrive, c’est une aventure formidable ! Je suis mon propre chef, je décide de tout, ma créativité est totalement libre et peut s’exprimer sans entraves… J’adore élaborer mes couvertures, par exemple, et puis je reconnais que l’aspect financier est très rassurant aussi, car les tableaux de bord des ventes sont quotidiens et les revenus versés mensuellement, là où les auteurs édités restent dans le flou pendant parfois une année complète.
Question:
Une chose m’a frappée en visitant ton site et ta page auteur Facebook : la clarté, la simplicité. Ton image dit : « Victoire est une femme a la vie comblée : une famille, un travail choisi et aimé, des livres… tout simplement ». Comment as-tu placé cette pièce « auteur autoédité » dans le puzzle de ta vie de femme.
Réponse:
Être soi-même, une des clés de la réussite dans l’autoédition
Victoire Sentenac. La simplicité et l’authenticité sont des termes qui me correspondent. Je ne peux pas faire semblant, surjouer une image, agir selon des valeurs qui ne seraient pas les miennes. Je reconnais que mes grands choix de vie se sont souvent imposés de façon très intuitive, qu’il s’agisse de ma famille ou de mon travail… Peut-être parce que j’écoute encore beaucoup mon enfant intérieur !
En tous cas, la pièce « auteur autoédité » est venue s’insérer tout naturellement dans ce puzzle, jusqu’à en devenir une pièce maîtresse ! Mon mari me soutient et comprend totalement cette nécessité de m’isoler pour écrire, tout comme mes enfants, désormais en âge de respecter également cette partie importante de ma vie, eux qui s’apprêtent à prendre leur envol pour construire la leur. Cela leur montre aussi que tous les chemins ne sont pas linéaires, et qu’on peut fort bien s’épanouir hors des sentiers battus.
Question:
Chez toi, les autres occupent une place de choix. J’en veux pour preuve le contenu de ton site : là où les auteurs autoédités parlent d’eux-mêmes, de leur travail, tu fais la part belle aux autres en publiant régulièrement des chroniques de livres. Quel rôle jouent les autres dans un parcours d’auteur autoédités ?
Réponse:
Les autres auteurs édités et autoédités : source d’inspiration
Victoire Sentenac. Les autres m’inspirent, tout simplement. Comme je le dis souvent, lire un bon livre me donne systématiquement envie d’écrire. La lecture me nourrit, m’apaise, m’enrichit, m’émerveille, je pourrais comparer cela à un gigantesque terrain de jeu dont les limites sont sans cesse repoussées, exactement comme l’écriture, finalement ! C’est un territoire sans fin, renouvelable à l’infini, où l’on puise ce dont on a besoin en fonction de son humeur, de ce que l’on vit, de ce que l’on recherche… Et sur un temps humainement plus acceptable que la frénésie d’écrans dans laquelle nous sommes tous plongés, à des échelles variables.
J’aime chroniquer les auteurs que je lis car j’inscris la trace qu’ils ont laissée en moi durablement, je sauve de l’oubli les heures que j’ai passées à leurs côtés, et puis la littérature est un partage, alors si je peux donner envie à d’autres de se laisser tenter, tout le monde est gagnant…
J’aime l’idée d’une communauté de gens qui lisent et qui écrivent, qui se retrouvent dans cette sensibilité-là, dans ce rapport au monde… Je m’y sens bien, à ma place.
Question:
Quels sont les principaux défis que tu rencontres en tant qu'auteure autoéditée ? Qu'est-ce qui te motive à continuer à écrire et à publier de nouveaux romans ?
Réponse:
Un : le lectorat. Deux : le lectorat. Trois : le lectorat.
Victoire Sentenac. Le premier défi lorsqu’on débute en tant qu’auteure autoéditée, c’est de trouver son lectorat, le second, de l’élargir, et le troisième, de le garder !
Je reconnais que se savoir attendue représente à la fois une formidable motivation et un sacré défi à relever, d’ailleurs je surveille toujours avec appréhension l’accueil et les premières critiques de mes derniers romans, car on n’est jamais à l’abri de décevoir ses lecteurs. Parfois même, ce sont eux qui me donnent envie d’écrire une suite ! Ça a été le cas pour mon roman Et regarder la vie, je ne pensais absolument pas rédiger un troisième tome après le tome 1 « À faire voler nos âmes » et le tome 2 « Et entendre ton rire », mais je lisais tant de commentaires réclamant une suite que j’ai fini par l’écrire, produisant donc une trilogie qui est à ce jour mon plus grand succès, la boucle est bouclée !
Question:
Pour finir, peux-tu nous dire quelques mots sur ton expérience Kobo Writing Life ?
Réponse:
Victoire Sentenac. La branche éditoriale de Kobo m’a contactée un jour afin de me proposer une collaboration. Il s’agissait pour moi d’écrire un roman qui serait publié par Kobo Original en édition numérique, et en exclusivité sur Kobo bien entendu. Je suis donc désormais ce qu’on appelle une auteure hybride, avec la casquette d’auteure éditée pour mon roman « L’Arbre de Rose », et autoéditée pour mes autres romans, passés et à venir.
Cette expérience a été extrêmement enrichissante, car j’ai découvert à la fois le confort et les contraintes de ne plus être seule face à l’écriture. Cela m’a fait prendre conscience de défauts d’écriture que je ne percevais pas, mais également à quel point un regard extérieur, bienveillant et professionnel sur le processus créatif pouvait être bénéfique.
Tout s’est très bien passé car l’équipe de Kobo a complètement respecté mes attentes, et j’avoue que bénéficier d’un coup de pouce à la sortie pour la visibilité du roman est un plus appréciable ! On rejoint ici les limites de l’autoédition, où l’auteur ne peut compter que sur lui-même pour assurer sa promotion.
En tous cas, tout comme le site monbestseller.com a été à l’époque ma rampe de lancement et le point de départ de toute cette magnifique aventure, je rends hommage ici à l’équipe de Kobo Writing Life qui m’a permis de réellement prendre mon envol en donnant une belle lumière aux auteurs autoédités.
Merci infiniment, Victoire, pour cette rencontre. Bonne continuation !
Les livres de Victoire sur Kobo
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@Louis Benjamin merci à vous, je suis vraiment heureuse de partager ici mon expérience!
Pour répondre à votre question sans rentrer dans les détails ;) je peux envisager aujourd'hui d'être auteure à plein temps, ce que je ne fais pas encore car j'adore mon métier d'infirmière, et qu'il s'agit tout de même d'un grand saut dans l'inconnu, mais qui sait?...
Merci pour cette belle interview. C'est un beau témoignage. Et félicitation à Victoire !
Une question : est-ce que le succès de vos livres vous a rapporté beaucoup d'argent ou pas tant que ça (désolé si je suis peut-être un peu indiscret ^^) ?
@Sylvie de Tauriac merci infiniment pour votre commentaire chaleureux, je vous souhaite également de beaux succès dans cette passionnante aventure de l'autoédition!
Amitiés,
Victoire
@Marie Berchoud merci pour votre message, écrire ne résout effectivement pas tous les problèmes, mais permet parfois de donner un sens à l'absurde... et de se sentir un peu moins seul face à l'adversité, d'où l'importance, comme vous le soulignez, de la sincérité et de l'authenticité,
Amitiés,
Victoire
@Zoé Florent je suis très heureuse de vous lire également, nous avions eu de beaux échanges à mes débuts, et vous faites partie de celles et ceux qui m'ont aidée à prendre confiance! Merci encore à vous,
Amitiés,
Victoire
@Steve WALK merci beaucoup pour vos félicitations, je suis touchée et heureuse de constater que la communauté MBS rassemble toujours autant d'auteurs et de lecteurs passionnés qui se comprennent dans leurs émotions littéraires! Je souhaite également un beau parcours à votre œuvre,
Amitiés,
Victoire
Victoire Sentenac peut inspirer et apporter de l'optimisme à tous les auteurs autoédités. Les parcours sont parfois différents mais la passion est la même. Magnifique témoignage. @Sylvie de Tauriac
@ Victoire Santenac. Bravo, quelle histoire juste et riche : un roman, autrement dit, sauf que là tout est vrai, vécu. la clé, être soi-même, très bien.
Et voici ma question : et en cas d'histoire vitale complexe où, en toute logique aveugle et juste les enchainements de vie se font mal, comment s'en sortir ? je veux dire : émerger ?
Oui, écrire.
Quant à toucher un public assez large, hum... Mon hypothèse au présent : cultiver la divine simplicité (Dante ?)
@Victoire Santenac Eh bien, que d'eau passée sous les ponts, que de nouveaux romans et activités connexes depuis ma lecture ici de "La nuit sur les toits" !
Heureuse de vous lire et d'avoir de bonnes nouvelles de votre parcours de romancière.
Merci pour ce billet. Amicalement,
Michèle (ex-Lamish)
Bravo et vive monbestseller !
Toutes mes sincères félicitations à Victoire Sentenac pour bien sûr le chemin parcouru et encore plus pour sa sincérité et son art de combiner harmonieusement métier et l'écriture.
Je partage son enthousiasme de sentir les réactions des lectrices et lecteurs à ses livres au fil du temps. Mon expérience avec MBs est toute récente et l'attrait de la philosophie est moindre que celle des romans, mais qui n'essaie pas n'a rien et rate une expérience palpitante et instructive.