Ce qui m’a frappée, dès l’entrée dans votre roman, est la finesse du regard que vous portez sur les événements de l’Histoire, et pour la servir, une autre finesse dans la recherche de la langue, le choix des mots. Tout dans ce livre m’a semblé pesé, pensé, ordonné jusqu’à atteindre un haut degré d’harmonie. Pour quelqu’un comme moi, qui ne connaît rien de votre culture, j’ai aussi aimé la musique des mots de votre langue.
J’ai été ensuite sensible à la dimension historique de votre récit, à la richesse de votre documentation, tout ceci contrebalancé par une dimension supplémentaire qui vient se superposer au récit, et que je qualifierais de symbolique et mystique.
J’ai vécu cette lecture comme un voyage de fresque en fresque, à travers lesquelles vous m’invitez à passer sans m’attarder, sans m’appesantir. J’ai ressenti parfois un peu de frustration quand vous me proposez des scènes dans lesquelles j’aurais aimé me plonger, ou des personnages avec lesquels j’aurais aimé faire plus ample connaissance.
Le titre m’a attirée : les « hommes » qui savent mourir ne sont-ils pas en priorité ceux qui ont su vivre ? La mort n’est-elle pas la logique continuation de la vie ? son apothéose. Pasolini expliquait la mort comme le montage de la vie, ce n’est qu’après la mort du corps, disait-il, en substance, que l’on voit apparaître soudainement le sens d’une existence, un peu comme le montage (le final cut) est au cinéma l’acte décisif qui donne le sens du film.
Au-delà de cette lecture, se trouve pour moi un monde étranger (parce que je ne partage pas votre culture, et je pense que la mienne vous semble aussi étrange et incompréhensible), mais je trouve que vous savez poser cette « étrangeté », vous savez la présenter (dans le sens de « présentation ») la mettre à disposition de façon à ce que l’étranger puisse en découvrir une partie, ou au moins sentir naître en lui le désir de s’en approcher.
Merci infiniment pour cette lecture.
Publié le 23 Octobre 2022