Le charme spécial des livres d'occasion...
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Lui : Mais tu dois bien avoir des préférences ?
Elle : Oui, Henry James, Dylan Thomas, Scott Fitzgerald et les livres d’occasion…
Lui : Mais pourquoi d’occasion ?
Elle : Parce qu’ils sont moins chers ou gratuits et aussi parce qu’on peut savoir à l’avance avec une relative certitude si ça vaut le coup de les lire...
Lui : Comment ? dit-il, en s’asseyant
Elle : Je cherche des miettes de pain ou de gâteau entre les pages parce qu’un livre lu en grignotant est forcément un bon livre, je cherche aussi des tâches de gras, des traces de doigts et peu de pages cornées...
C’est plutôt sur le dos qu’il faut chercher les pliures parce qu’un livre qu’on tord en le lisant est un bon livre aussi. Si c’est un livre à couverture rigide, je cherche des taches, des griffures, des éraflures : tous ces indices sont valables.
Le nec plus ultra, ce sont les pages gondolées. Cela signifie que le lecteur n’a pu prendre son bain sans son livre. Et que sa lecture prévalait sur toute autre forme d' activité, au détriment de la rêverie quitte à esquinter l’objet livre
Lui : Et si la personne qui l’a lu avant toi était un crétin ? il faut quand même en savoir un peu sur l’auteur ?
Elle : Depuis la télévision, les réseaux sociaux, la lecture passe tellement de mode qu'elle n’est pratiquée que par des gens dotés d’un certain degré d’intelligence.
Selon Borges " les bons lecteurs sont plus singuliers que les bons auteurs"
C’est un acte postérieur, plus résigné, plus courtois, plus intellectuel.
Et leur palette d’interprétation est si vaste et si fragile, infinie, elle varie selon l’état d’esprit du moment, selon les accidents de la vie : un malheur, un amour, un voyage...
Voilà, il savait maintenant à quel genre de snobinarde il avait à faire...
Texte librement interprété à partir d'un extrait du roman de Gianfranco Calligarich : "Le dernier été en ville"
» Ecrit-on différemment quand on écrit à la main ?