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13 déc 2020

Comment reconnaître et utiliser les figures de style et procédés littéraires. 3/3 : Amplification et atténuation

Les figures d’amplification et d’atténuation sont des procédés d’écriture qui permettent de modifier le degré des idées et des mots en augmentant leur puissance (l’hyperbole), ou à l’inverse, en les rendant plus faibles (la litote, la prétérition, l’euphémisme, l’antiphrase). Après les figures de répétition et les figures d'analogie, troisième chapitre de notre encyclopédie de la figure de style : les figures stylistiques servant à exagérer ou atténuer les propos. À vos plumes !

Tout savoir sur les figures stylistiques d'amplification et d'atténuation en littératureTout savoir sur les figures de style et maîtriser l'art d'amplifier ou d'atténuer vos mouvements... littéraires

Les figures d’amplification et d’atténuation

Tout savoir sur les différentes figures d'amplification et d'atténuation pour bien les connaître et les reconnaître. Et bien utiliser ces procédés d’écriture qui modulent l'intensité et rendent ce que l’on veut dire plus expressif.

> L'hyperbole

L'hyperbole est la principale figure de l'exagération. Elle exagère l'expression d'une idée ou d’une réalité -le plus souvent une exagération qui tend vers l’impossible- pour la mettre en relief. Elle fait appel aux superlatifs, accumulations de mots, comparaisons…
> Son effet littéraire
Son pouvoir évocateur frappe l’imagination du lecteur.
Utilisée pour créer une impression forte sur le lecteur, l’hyperbole sert à persuader, à caricaturer ou encore à appuyer un propos ironique ou faire rire. Elle permet de sortir des images communes en créant une accroche puissante.
Selon La Bruyère, l'hyperbole exprime un état des choses inconcevables pour permettre à l'esprit de mieux connaître la réalité.
> Exemples d’hyperboles et citations
De nombreuses hyperboles sont entrées dans le langage courant : à mourir de rire, je meurs de faim, un bruit à réveiller un mort, vieux comme le monde, trempé jusqu’aux os… Une popularité qui leur a fait perdre de leur puissance.
L’éternité pour moi ne sera qu’un instant. Jean-Baptiste Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire.
Ses moindres actions lui semblent des miracles. Molière, Le Tartuffe.
Je crois que je pourrais rester dix mille ans sans parler. Jean-Paul Sartre, Huis Clos.
> Le saviez-vous ?
Les Précieuses du XVIIè étaient fans de l’hyperbole dont elles usaient et abusaient sans retenue. Molière en a rendu compte... Plus tard, elle sera très utilisée par les satiriques et surtout les auteurs romantiques du XIXè. Victor Hugo en fit sa figure de prédilection.

Voir aussi la gradation dans les figures de répétition.

> La litote

La litote est la figure inverse de l’hyperbole, elle tend à tout diminuer. Si elle en dit moins, c’est pour suggérer davantage.
> Son effet littéraire
Elle cherche à susciter chez le lecteur un sens bien plus fort qu’une formulation simple de l’idée exprimée.
C’est souvent l’intérêt des formules négatives ou restrictives qui caractérisent la litote. L’humour est aussi fréquemment une de ses composantes.
> Exemples de litotes et citations
Le langage familier aime souvent la litote : il n’est pas mauvais ce gâteau, je ne suis pas mécontent de ton travail, je suis assez fier de ta réussite, c’est loin d’être faux, vous n’êtes pas sans savoir…
Va, je ne te hais point, déclare Chimène à Rodrigue (Corneille, Le Cid), sans aucun doute, la plus célèbre litote de la littérature.
Ils se donnent la comédie, n’importe, mettons tout à profit, ce garçon-ci n’est pas sot et je ne plains pas la soubrette qui l’aura. Marivaux, Le jeu de l’amour et du hasard.
Ce n’était pas un sot, non, non, et croyez-m’en, / Que le chien de Jean de Nivelle. La Fontaine, Le Faucon et le Chapon.

> La prétérition

La prétérition vise à passer sous silence une vérité ou une idée sous-entendue. Elle fait semblant de ne pas vouloir dire quelque chose, mais le dit tout de même. Elle se reconnaît souvent à l'emploi de formules comme : Ai-je besoin de vous dire... ; je ne vise personne… ; … pour ne pas le nommer… ; il n’est pas utile de vous rappeler que…
> Son effet littéraire
Elle influence l'attitude de l'interlocuteur ; elle éveille son attention, ou attise sa curiosité, commente un raisonnement.
La prétérition est une figure très employée de l’ironie.
> Exemples de prétéritions et citations
Nous n'essaierons pas de donner une idée de ce nez tétraèdre. Victor Hugo, décrivant Quasimodo. Notre-Dame de Paris.
Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l'intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. Balzac, Le Père Goriot.

> L'euphémisme

Un euphémisme consiste à employer une expression atténuée pour rendre une réalité moins brutale.
> Son effet littéraire
Il évoque le concept plus que le fait. Soit il met l’événement à distance par un effet de dilution, soit il se centre sur l’un des aspects qui caractérise le fait ou le nom.
> Exemples d’euphémismes et citations
Il nous a quittés, sous-entendu, il est mort.
Théâtre des opérations, pour champ de bataille.
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine... André Chénier, Les Bucoliques.
Vivre est un village où j'ai mal rêvé dit Aragon pour décrire un monde dans lequel il a notamment traversé deux guerres mondiales (Au bout de mon âge).

> L'antiphrase

L'antiphrase exprime une idée par son contraire. C’est une phrase (ou un mot, une locution) positive qui sous-entend l’inverse. Une figure ironique par excellence.
> Son effet littéraire
Elle évoque une forme de cynisme qui souligne l’inverse de ce qu’il proclame. Il donne au lecteur le sentiment d’être complice.
> Exemples d’antiphrases et citations
Que tu es drôle ! pour souligner un propos qui ne l’est pas.
Félicitations ! pour reprocher à quelqu’un une bêtise.
Ma mère a mis son châle jaune et son beau chapeau, celui au petit melon et à l’oiseau au gros ventre. Jules Vallès, L’Enfant.
Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Voltaire, Candide.

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