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Le 14 juin 2022

« ELLE SUIS JE »

On porte son double en soi. L'autre, pas celui de la vie sociale, pas celui de la confrontation aux autres. On parle ici de notre double fait de souffrance, d' épouvante, de tourmente . Un double qu'on est seule à connaitre et à porter. Toute seule.
La nouvelle de Norin Antall pour l'appel à l'écriture monBestSellerLa nouvelle de Norin Antall pour l'appel à l'écriture monBestSeller

            Allez, je vous entends déjà marmonner. Une femme qui assume ses choix, ça vous emmerde, hein. Les vieux clichés ont la dent dure. Ce sont d’ailleurs les femmes qui critiquent le mieux les femmes comme moi, non ? Fière de son corps et du pouvoir qu’il suscite, sans sacre inviolable ni la plus petite once de remords, une femme assumant les rentre-dedans sans demi-mesure et qui avance tête haute sur le chemin qu’elle s’est tracé. Bon, ne m’érigez pas non plus en messager céleste et divin, faut pas déconner. Ceci dit, le chemin de la providence me rend parfaitement en accord avec moi-même, et avec une notion que nous devons être amenées à enfin retrouver pour de bon : la liberté.

            J’ai gardé le silence pendant vingt-cinq ans, et je vous défie d’essayer de me faire taire maintenant. Je crois à un monde de contraires et de contrastes. Si je dois être l’agneau sacrificiel des médias sociaux pour le changement, ainsi soit-il. Embroche-moi tout ce que tu veux derrière tes claviers, je connais ma vérité.

            J’ai subi un jeûne forcé pendant vingt-cinq ans, je l’ai accepté. Longtemps je ne voulais que gratter ces cicatrices pour les rouvrir. Donc maintenant que je suis enfin revenue à la vie, et que mon savoir-faire m’érige au rang d’experte dans mon domaine, je suis affamée. Oh, je n’utilise pas de flingue, non-non. Trop bruyant. Et puis on n’a qu’à appuyer sur la détente, pas le temps de savourer les organes qui se déchirent et le sang qui s’épanche que c’est déjà fini. Bof. Méthode de racaille à la petite semaine, sans commune mesure avec l’intimité et la proximité que procure mon approche personnelle. J’estime le devoir à ma cause. Quoi de plus exaltant que le souffle d’une lente agonie ? Vous n’avez pas idée à quel point cela permet de varier les plaisirs. Il faut que ça reste excitant, après tout, même quand les circonstances s’avèrent peu propices. Rien ne m’arrêtera plus, désormais. L’inéluctable est en marche.

            À présent, vous comprenez mes vulnéraires motivations. Coupable au regard de la morale, certes. Mais posez-vous une question : qui est le plus blâmable, dans la mesure où il faut répondre d’une volonté divine ? En cet instant, je suis toujours celle que j’étais, mais la question est de savoir ce que je deviendrai. Il reste tellement de blancs à remplir. Pour l’heure, je suis contente, heureuse peut-être. Même si le diable en moi danse avec ses démons dans une sarabande perpétuelle, je vivrai avec la gratitude que les coupables ont subi le châtiment de leur crime. Alors, suis-je une bonne personne qui fait le mal ou une mauvaise personne qui fait le bien ?

            Je suis juste moi.

            Ou plutôt, d’elle possession pris j’ai.

            Pendant longtemps, je l’ai laissée penser que je pouvais demeurer dans l’ombre. Une menace en sommeil, braise une tapie cendres sous les. Il se trouve que la braise a repris, attisée par un vent de révolte. Et qu’aujourd’hui, un brasier sans nom balaye tout sur son passage. Coucou, me voilà, chérie. suis toi Je.

            Bon, puisque vous insistez, explique je vous, vite fait.

            Quand vous vivez ce qu’elle a vécu, quand vous voyez votre petite sœur subir les outrages immondes et finir par agoniser sous les coups de votre détraqué de paternel, une digue se rompt, quelque part, et déverse un flot de lave incontrôlable qui se concrétise en trois phases.

            Minute 1 : vous manquez de sombrer dans la folie. Vous êtes à ça d’y basculer. Mais non.

            Minute 2 : l’envie de mourir vous étreint. Vous voulez la rejoindre. On fait tout pour vous réconforter, bien sûr. Et cela vous dissuade.

            Lorsque la minute 3 est atteinte, c’est déjà foutu. Je suis partout. C’est moi tiens qui vous en vie, vous malgré presque : suis haine votre je. bourrasque haine de Une incontrôlable.

            Donc, on peut le dire : elle suis je.

            Enfin, elle directement pas.

            sa Plutôt tumeur.

            Cancéreuse, sinon c’est pas drôle.

 

 

 

 

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Ce texte est exactement ressemblant à ce que je vis actuellement, ou à ce que je ressens parfois.
Je ne sais pas quoi dire d'autre, à part que je suis contente de ne pas me sentir seule à le vivre.
Il faut exprimer cette part violente, elle a besoin de prendre sa place, je l'apprends actuellement.

Publié le 15 Juin 2022