De cet amoncellement de pics et de ravins, de ces blocs de granit perchés sur les hauteurs du village de Vico se dessine le profil d’une femme allongée pour l’éternité, le profil de la Sposata.
Cette « Sposata », l’épousée en langue corse, femme de pierre dont le visage est tourné vers le couchant, est l’objet d’une légende. Les vieux la racontent encore, le soir, à la veillée. Moi, c’est Jean Pierre Fondeville qui, de la terrasse de son paradis d’hôtel, pointant du doigt la montagne, me l’a racontée. Vous allez savoir à votre tour les raisons de la présence, si haut dans la montagne, de cette femme de pierre.
Ce livre est noté par
@Parthemise33
Vous avez raison et avec son intéressant changement de perspective, Catarina Viti a peut-être ouvert une boîte de Pandore. Sans oser le formuler ainsi, je soupçonnais depuis longtemps le vieux Sigmund d’être un sacré obsédé sexuel. Ma voici désormais conforté, sinon légitimé, dans mes convictions pourtant bien peu scientifiques !
@Michel LAURENT @Catarina Viti
Interprétation particulièrement intéressante qui inverse l'échelle des valeurs. Ceci pourrait s'appliquer aux classiques de la littérature. En fait, le Père Goriot n'aurait rien à voir avec un pauvre homme ruiné et abandonné, mais serait un avaricieux libertin et libidineux en même temps qu'un père abusif désirant maintenir ses filles sous le joug de son patriarcat d'homme blanc de plus de cinquante ans. Ebenezer Scrooge ne serait pas le Grinch Picsou de service, mais un écologiste survivaliste anti-spéciste, luttant contre le consumérisme capitalistique démesuré qui sévit durant les fêtes de Noël, avilissant les masses laborieuses sous un paternalisme teinté de religiosité. Milady quitterait son emploi de perverse-narcissique-manipulatrice de service et endosserait la toge immaculée de victime du machisme ordinaire. Merci Bisous Merci pour cette ouverture sur d'autres multivers
@Catarina Viti
Votre interprétation est originale et me plaît beaucoup. C’est un très joli retournement de point de vue et l’auteur est superbement renvoyé à ses petites leçons de morale, lui qui a tout fait pour accabler cette pauvre fille, en soulignant avec lourdeur sa soi-disant indignité. Alors que finalement, c’est peut-être la mère dont la boussole déréglée a perdu le Nord et qui ne sait pas mourir avec élégance. Elle doit se souvenir des choses dans le désordre, ou peut-être même ne se souvient-elle plus de rien et n’en finit-elle pas de tout réinventer, jusqu’à accuser sa propre fille de tous les péchés. Je me sens (presque) coupable de dénigrement d’avoir ainsi accablé la belle Maria. En guise de pénitence, la prochaine fois où je me rends à Vico, je me condamne à faire l’escalade de la Sposata pour demander pardon à la femme de pierre. En espérant que ce jour-là le Ciel ne me tombe pas sur la tête !
Bonne journée à vous.
Bonjour Michel. Je n'ai pas pu m'empêcher de voir dans votre légende une allégorie de la jeunesse quittant le corps. En partant, la jeunesse nous emporte tout : la beauté, la force, l'énergie, et si nous n'y prenions garde, elle ne nous laisserait qu'amertume. Ce qui m'a marquée n'est pas la présumée ingratitude de la jeune fille, mais la hargne de la vieille femme. Il y a fort à parier que depuis sa masure, elle pouvait admirer sa beauté, qu'elle n'avait pas su laisser partir.
Quand vous reverrez la Sposata, saluez-là de ma part !
@Zoé Florent
Un grand merci pour votre commentaire encourageant.
Il est vrai qu’une légende est censée utiliser des éléments factuels et garder la trace d'un événement. Au fil du temps, le récit se charge de fantastique afin de donner une cohérence à l’histoire. Jusqu’à ce que la légende devienne un mythe. L’élément factuel est peut-être ici l’existence d’orages impressionnants, j’en témoigne, sur cette belle montagne corse endormie.
Belle journée à vous.
@Parthemise33 Merci pour votre commentaire. L’ingrate Maria qui a en effet failli au quatrième commandement, en a été punie comme de raison. En regard de la longue vie sur la Terre qui lui était promise si elle avait su honorer ses parents, sa présence éternelle, certes un peu figée et sous un profil qui n’est sans doute pas son meilleur, paraît être un juste retour des choses.
@galodarsac
Un grand merci pour votre commentaire et votre mise en garde. Je viens en effet de corriger quelques-uns de ces désordres bien malvenus.
@Michel LAURENT Très belle légende, et bien racontée, mais attention il reste pas mal de coquilles cà et là.
Bien à vous
-LGA