C’est fort, brut. Avec des phrases fortes, brutes, de celles que j’aime lire car elles donnent de la profondeur au texte, aux personnages. Celle-ci par exemple : "Nous posons chacun nos affaires dans l’entrée. Je m’efface dans ma chambre, elle s’enferme dans la sienne, nous nous couchons sans manger, parce que manger c’est partager". Ou celle-ci : "Je prends sur moi, contrôle mes gestes et change de boisson, un café allongé. La machine se met en branle. Ça fonctionne, c’est une petite victoire. Une victoire sans goût, sans arôme, ni corps. Une victoire allongée à l’eau chaude. Une victoire de perdante". Le choix de les faire parler à la 1ère personne nous rapproche d’eux, nous les fait comprendre, nous les approprier. Bon, la maturité de Marek est parfois surprenante, mais je ne sais plus vraiment comment pensent les ados ! Ce n’est pas l’intrigue le moteur de notre curiosité, mais bien l’évolution de ces deux personnages, leur antagonisme et leurs ressemblances, leurs combats, leurs dialogues intérieurs, que vous nous laissez deviner, plus que de nous le dire tout à fait. Et puis la chute, inattendue, de celles qu’on garde en mémoire. C’est très fort. Bravo.
Publié le 23 Avril 2024