Interview
Le 05 aoû 2019

Sélection juillet Prix Concours monBestSeller "La mémoire des chardons" publié par Colette Bacro

Colette Bacro est revenue sur monBestSeller avec un roman d’amourS. C’est un plébiscite. "La mémoire des chardons" est la Sélection juillet du Prix Concours monBestSeller. Et avec sa personnalité si forte et attachante, Colette Bacro répond avec générosité aux questions que nous lui avons posées.
Colette Bacro sur une plage des LandesColette Bacro sur une plage des Landes
Question: 

Colette Bacro, vous avez été parmi les premiers auteurs à publier un livre sur monBestSeller « L’enfant bonzaï » qui a eu un grand nombre de lecteurs et de commentaires. Quelques années après, vous revenez en fanfare avec un roman d’un tout autre genre. Racontez-nous ce chemin parcouru.

Réponse: 

J’ai laissé "l’enfant bonsaï" - entre les mains d’une mère toxique pendant un an et demi sur monBestSeller. Tous ses lecteurs et leurs commentaires m’ont fait du bien moralement et m’ont incitée à le faire éditer. Par Mon petit éditeur, qui a été avalé par un mastodonte de l’autoédition. Il suit son petit chemin surtout grâce à l’émission Dans les yeux d’Olivier sur les proches toxiques à laquelle j’ai participé il y a 2 ans. Un moment fort émotionnellement !
L’an dernier, j’ai relu ces commentaires. Deux lectrices de mBS me réclamaient "Equinoxes", un roman écrit il y a longtemps, que j’avais à peine évoqué dans l’enfant bonsaï. Un éditeur m’avait répondu "Il ne suffit pas d’avoir une belle histoire et une écriture sensible pour faire un livre. Vous partez dans tous les sens. Reprenez-le dans six mois et renvoyez-le moi." J’en avais été incapable.
J’ai pensé que c’était le moment de le reprendre, avec quelques années de plus au compteur et mon expérience de relectrice. Quelques mois de travail, un nouveau titre, et direction mBS !

Question: 

"La mémoire des chardons", c’est une histoire d’amours. De deux hommes pour une femme. Et de l’auteur que vous êtes (et de ses personnages) pour les Landes. Commençons par votre amour des Landes. D’où vous vient-il ?

Réponse: 

Ah ! Les landes ! L’Océan ! Ce sont des mots magiques pour moi. J’ai longtemps passé le mois d’aout à Mimizan-Plage dans la villa de mon arrière-grand-mère. C’était le seul moment où ma mère, en vacances et sans son horrible compagnon, n’était pas trop violente. Pour profiter de sa liberté et me voir le moins possible, elle me payait le club Mickey sur la plage toute la journée. Plus tard, ce furent la voile au lac et le club des jeunes. J’étais libre et j’avais enfin le droit de m’amuser, d’avoir des copains !

Rien n’est plus beau, rien n’est plus vivifiant que l’océan. L’immensité des plages de la côte landaise, les vagues, la forêt, tout concourt à se sentir bien dans son corps et dans sa tête. Quinze jours dans les Landes et vous êtes rechargé pour six mois !

Les livres qui ont marqué ma jeunesse, Belle et la bête de Leprince de Beaumont, magnifiée par Jean Cocteau dans son film, et Ondine de Giraudoux

Question: 

Un de vos lecteurs a vu dans vos mots un peu de Christine de Rivoyre, que vous dites avoir tant aimé dans votre jeunesse. C’est une affiliation consciente ? Vous vous en êtes rendue compte en écrivant ce récit, cette histoire d’amours pas banale, dans les pins des Landes ?

Réponse: 

C’est flatteur, mais non ! La filiation se trouve plutôt dans les livres qui ont marqué ma jeunesse, Belle et la bête de Leprince de Beaumont, magnifiée par Jean Cocteau dans son film, et Ondine de Giraudoux, qui a revisité la romantique petite sirène d’Andersen. D’ailleurs, je laisse des indices dans la mémoire des chardons… Ce sont des histoires d’amour à la vie à la mort avec un univers poétique, une esthétique et une sensualité plutôt rares dans les contes.

Une histoire d’amour forte et belle qui parle de toutes les sortes d’amour, coup de foudre, amitié amoureuse, passion, et de leur corollaire, le désir.

Question: 

Et ces deux hommes qui aiment la même sauvageonne ? Deux hommes qui aiment la même femme, il y a dans la littérature de multiples exemples ; Jules et Jim, de Henri-Pierre Roché, plus connu par le film de Truffaut, en est un exemple majeur. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce récit ? Qui vous l’a inspiré ? !

Réponse: 

La dualité m’a toujours intéressée. Elle est intrigante et riche au niveau créatif. Cocteau a ajouté un double à sa bête, avec un système de vases communicants entre eux. J’ai pensé Bruce et Arthur un peu dans cette optique. Vous parlez de Jules et Jim. Bruce et son neveu Arthur ont le même lien, très fort, sans jalousie, mais chez moi, aucun des trois protagonistes ne veut risquer de faire pâtir les autres de ces amours enchevêtrées.
Désolée de vous décevoir, c’est une fiction, mis à part quelques personnages secondaires et un ou deux traumatismes personnels. Je voulais trouver une histoire d’amour forte et belle qui parlerait de toutes les sortes d’amour, coup de foudre, amitié amoureuse, passion, et de leur corollaire, le désir. Et aussi de l’amour filial et bien sûr, de l’amour pour son terroir (en l’occurrence pour l’océan). Mon but était de démontrer que l’amour a de sacrés pouvoirs… mais je ne suis pas arrivée à en faire le tour ni à en percer les mystères !

Question: 

Et vos personnages ? Elle est lunaire, dirait-on aujourd’hui. Eux, sans doute plus dans la convention, entre la male dominant (si vous nous permettez cette expression) et le vieil ado qui ne s’est toujours pas trouvé. « Toute ressemblance avec des personnes…. », Vraiment ?

Réponse: 

Ondine est atypique parce que, sans racines, elle puise son énergie dans les éléments. Elle craint d’aimer parce que dans sa famille, toutes les histoires d’amour ont eu une fin tragique. Les deux personnages masculins sont des archétypes, au départ. Alors, qu’ils vous paraissent réels me comble ! Pour donner chair à Bruce, je me suis quand-même inspirée du directeur artistique de l’agence de pub dans laquelle j’ai travaillé. Il était doué, beau, charmant mais mondain et inaccessible.

Question: 

Dans un amour à trois, il y a parfois trois perdants, ou un… Connaissiez-vous le déroulement de votre récit dès le prologue ? Aviez-vous décidé comment il se terminerait ?

Réponse: 

Oui, je connaissais la fin et non, il n’y a pas de perdant, parce que quand on aime vraiment, même si cet amour ne se concrétise pas, on porte en soi un trésor douloureux, certes, mais qui nous rend plus vivant, plus riche. Mais est-ce vraiment terminé comme vous le dites ? Le feu couve longtemps dans la cendre et l’amour dans un couple se gagne tous les jours…

Je me suis attachée à faire un plan, à être un peu carrée. A l’intérieur des paragraphes, ce sont mes personnages qui ont pris les commandes.

Question: 

En règle générale, comment écrivez-vous ? Avec un plan très précis, en ayant défini le caractère de vos protagonistes… ? Ou au contraire, vous évoluez un peu au fil de l’eau, votre clavier guide un peu vos mots ?

Réponse: 

J’avais laissé mon imagination en liberté pour le premier roman. Trop, apparemment ! Je me suis donc attachée à faire un plan, à être un peu carrée pour la deuxième mouture. En revanche, à l’intérieur des paragraphes, ce sont mes personnages qui ont pris les commandes. Ils tenaient beaucoup à ne pas être des marionnettes ! On en a beaucoup discuté eux et moi, jusque dans mon sommeil…

Question: 

Vos premiers lecteurs encensent votre roman. Vous dites l’avoir beaucoup travaillé. Qu’est-ce que cela signifie, « beaucoup travaillé » ?

Réponse: 

J’ai réécrit ce roman pendant cinq mois. Ensuite, je l’ai fait lire à quelques amis. J’ai eu du mal à avoir des avis. Je crois qu’ils ne s’attendaient pas à ça et qu’ils ne sont pas fous de romans d’amour. J’ai tenu compte des remarques, surtout quand elles revenaient deux fois. C’est toujours violent, une critique, mais quand le coup est passé, on se remet au travail et on est encore plus fier après ! Un exemple : j’avais mis trop de dialogues et trop d’humour dans les passages où l’émotion est à son comble, ce qui les affaiblissait. Et enfin, l’étape relecture par les amis. Un service réciproque. Quand on respecte ses lecteurs, on doit présenter un livre sinon parfait, du moins correct.

Question: 

De "L’enfant bonzaï" à "La mémoire des chardons", il y a peu de points communs... Dites-nous, comment un auteur passe t-il si bien d’un style à un autre, d’une histoire à une autre ?

Réponse: 

Je crois qu’un type de livre appelle un type d’écriture. Mon premier était un témoignage, je l’ai voulu efficace, précis, bien écrit mais sans fioriture. Pour une œuvre d’imagination comme la mémoire des chardons, je n’avais aucune contrainte mais je me suis méfiée des digressions et des envolées lyriques. J’avais dû en sacrifier tellement dans le premier ! Pour moi, il y a un lien évident entre les deux livres puisqu’Ondine traîne beaucoup de casseroles familiales, à l’instar de l’enfant bonsaï…

Ma vie sur monBestSeller fut une aventure continuelle, excitante. Je m’y suis fait des amis formidables.

Question: 

Vous avez été un des premiers auteurs à publier sur monBestSeller. Vous y avez été très active, très participative, lisant les autres auteurs, les commentant, participant aux tribunes. Participant à l’éveil de monBestSeller. Vous êtes partie. Et vous revenez avec ce même enthousiasme, cette même envie de partager, de vous exprimer. C’est un bonheur de vous savoir de retour, à la maison, aurait-on envie de dire. Vous voulez ajouter un mot sur ce voyage ?

Réponse: 

Vous parlez fort bien de ce qu’a été ma vie sur mBS pendant un an et demi ! Quand je m’investis, c’est toujours à fond. Ce fut une aventure continuelle, excitante. Je m’y suis fait des amis formidables. A force, je n’écrivais plus, je ne faisais que lire et ma vue a beaucoup baissé. J’ai préféré faire un break. Mais, suivant l’exemple de mes amis, je suis revenue pour présenter mon petit dernier, le porter sur les fonts baptismaux de mBS… L’accueil, immédiat et tellement chaleureux, m’a beaucoup touchée. Quant à cette ascension, elle m’a prise de court. Elle va au-delà de mes espérances !
Je trouve normal de participer à la vie d’un site qui nous héberge quelques mois, mes chardons et moi ! C’est un plaisir de découvrir de nouveaux auteurs et j’aime bien mettre mon grain de sel dans les tribunes. Mais cette fois, je serai moins omniprésente. J’ai une vie bien remplie et je fais attention à mes yeux !

Question: 

On dit qu’on écrit ce qu’on aime lire. Quelle lectrice êtes-vous ? De quels écrivains plus particulièrement ?

Réponse: 

Je veux bien le croire, parce que je suis très éclectique dans mes lectures. En fait, je lis assez peu, surtout les livres des amis et maintenant ceux de mBS ! De toute façon, j’ai tendance à lire et relire les mêmes livres…

Question: 

Dites-nous un mot sur le "land art" qui vous passionne.

Réponse: 

Le land art ou art environnemental est un « art pauvre » fait de végétaux, d’éléments naturels et de récupération. Les œuvres sont fabriquées et installées dans la nature. Pour moi, c’est un art complet, en liberté, offert à tous les promeneurs. De plus, les artistes de land art sont toujours sympas. Des poètes écolos ! On se collète avec la nature qui ne se laisse pas toujours faire, on s’entraide… comme à mBS, en fin de compte !

Question: 

Le mCL de monBestSeller sélectionne un livre chaque mois qui est ainsi nominé au Prix Concours de l’Auteur Indépendant que nous organisons chaque année. Cinq auteurs ont ainsi été repérés par les éditeurs membres du jury 2018 et seront édités cette année. Si vous deviez défendre votre livre devant un jury d’éditeurs, que leur diriez-vous en quelques lignes ?

Réponse: 

La mémoire des chardons : un roman d’amours ! Même avec un s à amour, la suspicion s’installe : ne serait-ce pas une romance ? Avec mes chardons de dune aux feuilles piquantes, je renouvelle la rose et ses épines. Je raconte une belle histoire à trois et à tiroirs, avec l’océan pour témoin. Les lecteurs sont touchés par mes personnages autant que les lectrices. L’amour a des pouvoirs inouïs. Miser sur lui, c’est l’assurance de n’être jamais perdant !

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@Colette Bacro : On retrouve dans cette interview l'authenticité et la sensibilité de Colette. Sa plume généreuse et sincère nous entraîne, nous attache, partout où elle va. On retrouve son beau chemin d'ombres et de lumières. Quelle richesse, que la nuit de cette enfance et le plein soleil de l'auteure accomplie... Bravo et merci pour ce moment si prégnant, Colette.

Publié le 01 Septembre 2019

Encore bravo @Colette Bacro ! Voici une belle interview qui donne envie de repartir en vacances (dans les Landes, bien sûr), avec ce beau livre sous le bras. J'ai retrouvé avec plaisir l'évocation des lieux, des personnages, de l'ambiance. Tout m'est revenu instantanément.

Publié le 31 Août 2019

Félicitations, Colette, un succès mérité.

Publié le 09 Août 2019

2019 le cru de l'excellence ? Probablement ! Une nomination tellement méritée, qui récompense une plume tout en délicatesse, dont les mots nous éblouissent à chaque page... C'est un hymne à la vie, à l'amour... Un délice pur... Cette nomination risque de chambouler mes premiers coups de cœurs... et de finir dans le trio de tête sur la ligne d'arrivée.

Publié le 06 Août 2019

J'espère, Colette, que mBS te permettra de concrétiser ton rêve : trouver enfin l'éditeur tant désiré. Bienvenue dans la sélection 2019. Et ne dit-on pas "chardons en juillet, éditée en fin d'année ?"

Publié le 05 Août 2019