Interview
Le 24 nov 2020

Doutes

Réalité, fiction, désespoir ou cauchemar...Hanes ne le sait pas encore, et ne le saura sans doute jamais. Imaginer, rêver, fantasmer ou vivre... parfois les vérités sont troubles et impalpables. Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne s'est pas reconnue. Un texte troublant pour l'appel à l'écriture monBestSeller. Entre réalité et délire
 Je voudrais que le TGV soit déjà là pour ressentir un peu de confort Je voudrais que le TGV soit déjà là pour ressentir un peu de confort

Il fait nuit. 22 heures. Nous sommes en décembre. Personne dans les rues. Je me dirige  hâtivement vers la gare, le vent s’engouffre dans mes vêtements, mon sac heurte ma hanche à chaque pas et me fait mal. Il fait un froid glacial. Un restaurant laisse échapper des odeurs agréables de viande grillée, d’alcool, des bruits de conversation, des rires étouffés. Je me sens encore plus seule. 

Je passe  rapidement de l’ombre à la lumière, du froid à la chaleur.  Le hall de la gare est trop éclairé, je cligne des yeux et cherche ma direction. Il n’y a pas grand monde. Un seul bar demeure à peine entrouvert. Je dévale les escaliers à vive allure et me retrouve sur un quai désert chichement éclairé par quelques néons blafards. Je suis transie, les courants d’air glacent ma nuque et mes jambes.  Je voudrais que le TGV soit déjà là pour ressentir un peu de confort et de bien-être. J’attends et dissimule difficilement mon inquiétude. Je me sens particulièrement angoissée et vulnérable en ce moment. Rupture sentimentale. Je n’ai pas envie de fêter Noël. Des bruits de pas derrière moi. Je me retourne à peine et aperçois une imposante silhouette masculine vêtue d’un imperméable ou d’un manteau de couleur foncée. Cette présence accroit encore mon sentiment de mal-être.

 Soudain, j’éprouve la sensation de ne plus agir par moi-même, l’inconnu se place derrière moi, se colle littéralement à moi et me pousse inexorablement vers les rails. Je sens son haleine désagréable et sa respiration bruyante et saccadée. Il me tient fermement par les épaules et m’immobilise. Il place une main sur ma bouche. Je ne peux même pas hurler. Mon cœur bat de plus en plus vite. La sueur froide dégouline le long de mon visage, de mes membres. Je tremble. Je vacille. Je vais tomber. J’ai subitement très chaud, mon cœur bat à 100 à l’heure. Le train a 10 minutes de retard. Il me reste 10 minutes à vivre. 10 minutes, c’est tout. L’inconnu va me projeter sur cette voie aveugle. Mon corps va s’écraser, se désintégrer. Le temps que le train freine et parvienne à s’arrêter, je n’existerai plus. Mes pensées tourbillonnent, se raccrochent à des détails incongrus, je fixe la voie, elle me happe et m’invite.

Une cavalcade dans les escaliers, des cris, des rires fusent, 3 jeunes déboulent sur le quai. Ils s’apostrophent et s’approchent de nous. Lentement, très lentement, l’homme retire ses mains de mes épaules, recule et s’éloigne pas à pas. Je demeure sur place, immobile, paralysée, tétanisée, au bord des rails. Le train arrive, les freins crissent, les valises roulent, les voyageurs embarquent ou débarquent et je reste plantée là, incapable de faire un seul mouvement. J’assiste impuissante au départ du TGV, incapable de réagir. 

Une seule personne est demeurée sur le quai. Je suis certaine de reconnaître mon inconnu, sa stature, la couleur de son vêtement. Il a une allure de contrôleur et se dirige vers moi :

- Madame, vous avez raté le dernier train. Allons, ne restez pas là ! Les quais sont mortels à cette époque de l’année.

Je ne peux faire un pas. Je n’ai qu’un désir, qu’une envie : le frapper encore et encore, le réduire en bouillie, hurler et tout casser ! Je suis terrorisée, anéantie, effrayée par ce qui a failli se produire. 

Ai-je voulu me jeter sur les rails ou ai-je été réellement poussée ? 

Je ne sais toujours  pas si ce soir-là, j’ai été victime ou non d’une hallucination ; mais en tous cas une chose est certaine : je ne me suis pas reconnue. 

 

J Hanes

 

 

 

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@lamish
Merci pour votre commentaire fort sympathique ! Le récit est totalement fictif, mais cela m’a beaucoup plu de l’écrire ( malgré 2 fautes de frappes qui ne sont pas passées inaperçues...)

Publié le 25 Novembre 2020

@bernadettel.
Merci pour votre commentaire qui me va droit au cœur ! Il arrive parfois que l’on ne soit pas maître de ses pensées ni de ses actes...

Publié le 25 Novembre 2020

@la miss 5
Alors... désolée pour la faute de frappe ! Des bruits de conversation, des rires étouffés sont plus crédibles.
Quant à la 3ème main : illusion ou hallucination... Je vous laisse le choix !
La prochaine fois, j’essaierai l’armoire normande, c’est promis !

Publié le 24 Novembre 2020

Ce texte est parlant. Cet état de confusion quand la tristesse extrême vous isole de tout ce qui pourrait vous consoler, ou que la moindre chose non familière se profile comme une menace.

Publié le 24 Novembre 2020