La prière d'Enora

20 pages de Michel LAURENT
La prière d'Enora Michel LAURENT
Synopsis

Ce matin là, j'avais été littéralement happé par la lande, envahi par sa splendeur. Les ajoncs flambaient de soleil, si épais, si débordants de fleurs, qu'on voyait à peine leurs épines. Immobiles, dardés avec orgueil vers le ciel, ils couvraient le sol jusqu'aux rochers, se battant avec eux pour savoir qui arriveraient les premiers à la mer. […] Dans le sentier des douaniers, le parfum m’enivrait avant de s’évanouir aussi vite. Il me fallait attendre le bon plaisir du vent, occupé à friser des ris sur la mer.
...
J’ai vu arriver Enora longtemps avant qu’elle ne me voie. Je l‘ai reconnu de loin, à sa démarche chaloupée qui lui effaçait les épaules et rejetait haut en avant la pointe de ses seins.

Publié le 10 Janvier 2024

Les statistiques du livre

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29 commentaires , 8 notes
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Merci à vous @RUBIS ARDENT pour vos étoiles et votre commentaire enthousiaste. Bonne journée.

Publié le 23 Avril 2024
5
C’est une nouvelle que j’ai particulièrement aimé pour ses divines connotations. Les phrases étaient parfaitement maniées, donnant une histoire intéressante. Un régal pour les yeux !
Publié le 22 Avril 2024

Merci pour vos généreuses étoiles @galodarsac et votre commentaire fourni, constructif et encourageant.

Cette chère Michèle/Zoé a décidément d’excellents goûts ! -) Je dois dire, que de manière sans doute indirecte, elle a contribué à m’inspirer le personnage d’Enora.

Le peintre transmet au lecteur le spleen qui est le sien. Hanté par l’ombre d’Enora, le coeur rongé par le poids du remords, il erre dans le désert stérile de cette lande devenue pour lui un vide impitoyable et hostile. L’absence, terrible absence, comme le chantait si justement Reggiani :

C'est un volet qui bat
C'est une déchirure légère
Sur le drap où naguère
Tu as posé ton bras

Les heures qui s'étirent, les aubes qui tonnent, il cherche en vain la lumière. Une douleur indicible enlace son être, le temps s'étire en un interminable somme.

Et le miroir prend des rides
Où le passé fait le guet
J'entends le bruit d'un pas
L'absence, la voilà
(JL. Dabadie / J. Datin)

Publié le 28 Mars 2024
5
Et les étoiles sur la lande bien entendu :)
Publié le 27 Mars 2024

@Michel LAURENT Sur les conseils, toujours sages, de Michèle / Zoé je suis venu à la découverte de cette nouvelle que je n'avais pas vue passer.
Et c'est peu de dire que je ne regrette pas !
Elle est construite comme un tableau de peintre, tout en couleurs et fragrances, on y entend le ressac de l'océan et les bourdonnements d'avril, et la scène de la prière laisse entrevoir deux Madones et non une.
La chute, j'avoue que je l'avais flairée (j'ai l'esprit assez retors pour ça), mais je ne l'attendais pas si vite. Pour autant, en désaccord avec certains commentaires, je ne trouve pas du tout qu'elle fasse "tache" sur l'ensemble.
Je n'ai lu que la version livrée après l'apocope de son second épilogue, mentionné en dernière page. J'ai découvert de quoi il retournait en remontant les commentaires, mais, effectivement, je pense que vous avez bien fait. Mieux même, si j'étais vous je supprimerais carrément cette précision, qui n'apporte rien pour les futurs lecteurs (si je ne l'avais pas lue je n'aurais pas eu l'impression qu'il manquait quoi que ce fût).
Il est vrai que toute fin de nouvelle appartient à son auteur, mais il peut arriver qu'elle vienne casser tout le reste. Votre nouvelle telle qu'elle est à ce jour se suffit à elle-même, il en ressort énormément de poésie, avec un sentiment de mal-être, dans le bon sens du terme (comme le spleen de Baudelaire).
Bref ! J'arrête ici cette logorrhée et vous dis un claquant: Bravo !
Bien à vous
-LGA

Publié le 27 Mars 2024

Merci @alain.lamoliatte pour ce commentaire chaleureux.
Sans doute êtes-vous, comme moi, tombé amoureux de la belle Enora. Elle inspire le peintre comme elle guide la plume de l'auteur. Jusqu'au tragique, puisque la vie est ainsi faîte et qu'il lui faut une fin.

Publié le 22 Mars 2024
5
Dieu que c'est beau. Il est dommage d'attendre que vous posthumiez pour vous rendre hommage. Je ne suis d'accord en rien avec certains post. Il n'y a rien à jeter à votre texte. L'amour, la mort, la tragédie, le bonheur, c'est ça la vie. Et s'il le fallait je prendrais tous les fardeaux de l'Enora pour vivre ces instants. Merci pour cette magnifique nouvelle.
Publié le 17 Mars 2024

Merci à vous, chers amis, @lereverdy et @Hubert pour vos commentaires chaleureux. Et la magie des mots n’est possible que parce qu’il y a aussi celle de cette magnifique Bretagne qui, contrairement à ce qu’a chanté Jean-Michel Caradec, n’est pas seulement belle « quand elle pleut ».
https://www.youtube.com/watch?v=MvCxBncKR2E.

Publié le 24 Janvier 2024
5
J'ai beaucoup aimé ce moment d'évasion, cette touche presque irréelle. bravo et merci pour le partage
Publié le 24 Janvier 2024

@Michel Laurent
Voici que sur la Toile un pinceau imprime des mots. Et quels mots! Pour quel ton! On s'imprègne autant de la beauté du lieu rendu en des touches délicates que de la passion unissant deux êtres à leur destin aveugle. Pour éclairer cette histoire, il y a votre maestria digne des étoiles.
Merci Michel.

Publié le 23 Janvier 2024

Merci infiniment @A.P. Gounon et @Yves L pour vos mots qui me vont droit au cœur.

Le vent nous souffle des senteurs, mais aussi des mots qui nous permettent de les respirer à distance. Et parfois ces mots nous donnent aussi à voir. Je trouve sublime la manière dont Marie Susini, si loin de la Bretagne, nous invite à partager l’amour de son île natale :

« Il y a là-bas des matins qui sont comme le premier matin du monde.
Les contours des montagnes bleues de la Sposata se détachent sur le bleu du ciel [...], dans cette lumière touchée par la grâce ».
Marie Susini, La renfermée, la Corse, Seuil, 1981 (Illustrations de Chris Marker)

Publié le 18 Janvier 2024
5
Un délicat moment de littérature. Hors du temps, suranné dans le bon sens du terme. Et puis une histoire, au delà d'un portrait... J'aime
Publié le 17 Janvier 2024
5
@Michel Laurent. J'ai beaucoup aimé. Comme vous décrivez, vous ressentez, bien la Bretagne ! Les ajoncs d'or, le vent parfumé, la mer...je croyais y être. Et comme Enora est belle, en noir au milieu des ajoncs d'or! La première chute est logique. La deuxième...bah, l'inconscient nous souffle parfois des choses étranges...oublions- la. Merci pour cette belle nouvelle dont le romantisme tragique va si bien avec la Bretagne. Amitiés. Anne
Publié le 17 Janvier 2024

J’avais écrit : « je modifierai mon commentaire si vous le souhaitez » dans un précédent commentaire.
Je ne propose pas de tout effacer : seulement les parties qui dévoilent l’intrigue.

Publié le 15 Janvier 2024

@Constantin Malheur'

Ben voyons ! Vous m’aviez prévenu que vous alliez dévoiler la chute de la nouvelle ? Et j’avais accepté ? Décidément, je suis un crétin avéré ! Enfin, c’est l’une des deux hypothèses que l’on peut formuler. Mais il suffit pour qui s’y intéresse de relire le fil des échanges pour se faire une idée de ce que serait la seconde.

C ‘est vraiment puéril ! Vous avez les réactions d’un gamin pris la main dans le pot de confiture. Je vais le refermer et le remettre en place – enfin effacer mes messages -, ne dîtes rien à personne, ça ne se verra pas. Mieux même, ce sera ainsi l’auteur qui, répondant dans le vide, dévoilera lui-même stupidement la chute de sa propre histoire. C’est-y pas ingénieux tout ça, hein !

Lorsque l’on se rend coupable d’une maladresse, on s’en excuse. Vous ne l’avez pas fait, je pense ainsi être tout à fait justifié à parler de malfaisance.

Maintenant, non, ne jetez pas l’éponge. Il y a mieux à faire avec cet objet, s’en servir à des fins prophylactiques par exemple.

Publié le 15 Janvier 2024

Malfaisance ?
Je jette l’éponge.
Si vous le souhaitez je retirerai mes commentaires qui dévoilent trop l’intrigue. Je vous l’avais d’ailleurs proposé précédemment.
Bien à vous

Publié le 15 Janvier 2024

@Constantin Malheur'

« est-ce qu’il n’y a pas une ressemblance physique qui aurait pu être subtilement suggérée ? »
Pourquoi une telle nécessité ?

« Comment le père ignore qu’il a une fille ? »
C’est malheureusement assez facile à imaginer. Vous m’auriez demandé pour la mère, j’aurais compris votre interrogation, mais là je reste assez dubitatif.

« L’a t’il conçue en ce même lieu où il la rencontre ? »
Désolé, mais ON S’EN FOUT !

« Et si c’est ailleurs par quel hasard est-elle là ?
Et la mère ? Où est-elle ? Qui était-elle ? »
Re-désolé, mais tout cela est dit explicitement dans la nouvelle. Je commence à avoir de sérieux doutes sur votre qualité de lecteur. En tant que prof, corrigez-vous parfois des copies du bac ? Il m’est arrivé, comme Président d’un tel jury, d’avoir à demander des explications quant à la double correction. Vous justifiez a posteriori le bien fondé de ma démarche, pas toujours bien comprises de tous les enseignants.

« Tout de même, le lecteur n’est pas quelqu’un qu’on promène à son gré, si ? »
Non, mais je crois qu’il n’a besoin de personne pour se promener, ni même pour s’égarer.

Permettez-moi de souligner votre indélicatesse à dévoiler la chute de ma nouvelle. Et a insister maintenant aussi lourdement. Je crois percevoir une certaine malfaisance de notre part.

Publié le 15 Janvier 2024

Flaubert accusait les critiques de juger à tort et à travers et, plus grave selon lui, saccager la lucidité critique “en vertu de cette rage que l’on a de substituer sa pensée à celle de l’auteur et de vouloir faire avec son livre un autre livre”.
“Avec ce système-là, on explique la série, le groupe, mais jamais l’individualité, le fait spécial qui fait qu’on est celui-là. Cette méthode amène forcément à ne faire aucun cas du talent”.
“Je sais par expérience combien la critique est, de soi, stupide. On reproche toujours à un écrivain de n’avoir pas fait blanc quand il a fait noir, et a voulu faire noir”.
“Plus une œuvre est bonne, plus elle attire la critique. C’est comme les puces qui se précipitent sur le linge blanc“, écrivait-il encore avec humour, ce qui est rassurant pour vous, en l'occurrence, cher @Michel LAURENT ;-).
Alors critique, oui, pour signaler une incohérence, un défaut de forme, mais pour plier un écrit parfaitement rédigé à ses petites exigences persos, cela sort du cadre de ce que l'on peut considérer comme une bonne critique constructive...
Désolée, mais pousser un auteur à se justifier à ce point (avec le risque de déflorer totalement la nouvelle) a tendance à me faire sortir de mes gonds ;-) !
C'était mon petit mot du soir... Sur ce, je retourne au roman de Ricardo...
Bonne soirée à tous,
Michèle

Publié le 15 Janvier 2024

En tant que lecteur je ne juge pas l’inceste, j’éprouve seulement un besoin de cohérence. Votre récit se situe dans un cadre réaliste. Je suis donc en droit de me poser des questions : est-ce qu’il n’y a pas une ressemblance physique qui aurait pu être subtilement suggérée ? Comment le père ignore qu’il a une fille ? L’a t’il conçue en ce même lieu où il la rencontre ? Et si c’est ailleurs par quel hasard est-elle là ? Et la mère ? Où est-elle ? Qui était-elle ? Tout de même, le lecteur n’est pas quelqu’un qu’on promène à son gré, si ?

Publié le 15 Janvier 2024

@ Constantin Malheur' . Merci pour vos précisions. Je ne suis pas d’accord avec le caractère indépassable de la définition que vous donnez de ce que doit être une nouvelle. C’est exact que la plupart d’entre elles ont la structure que vous indiquez, avec l’omniprésence de cette « chute ». Il en existe cependant d’autres, ce que l’on appelle les nouvelles « ouvertes », où l’auteur a pour seul objectif de, par exemple, transporter le lecteur dans le monde qui est le sien afin qu’il en capte les odeurs, qu’il se retrouve plongé dans son atmosphère singulière et peut-être troublante, qu’il partage la sérénité du narrateur (ou au contraire, pourquoi pas, son angoisse et son horreur). En ce cas, c’est évidemment par son seul style que l’auteur parviendra ou non à toucher le lecteur.

Aussi ténue qu’elle soit, il y a malgré tout un embryon d’intrigue dans ma nouvelle. Et une vraie chute, voire plusieurs à ce que vous percevez. Votre fin n°1 ne m’en semble pas vraiment une, surtout si l’on considère la prière d’Enora à la Vierge. La différence entre vos fins n° 2 et 3 tient à la présence ou non de la dernière phrase. Je me suis longuement exprimé sur le sujet, plusieurs lecteurs doutant de sa nécessité et regrettant sa présence. C’est un point de vue parfaitement respectable, d’autant que je suis dans l’incapacité objective d’en justifier la présence (voir mes réponses à Catarina). Puisque vous parlez explicitement d’inceste, je me dois de préciser les choses. L’inceste est tabou dans quasiment toutes les sociétés animales (le rat-taupe nu fait exception, mais il existe chez cette espèce un mécanisme de récessivité des gènes qui élimine de la descendance les allèles dysfontionnels, ce qui empêche la diffusion du biais consanguin au sein de l’espèce*). Le tabou de l’inceste se justifie pour les sociétés humaines par des raisons tant biologiques (restriction de la consanguinité) que morales et sociétales. Je voudrais vous faire remarquer que dans ma nouvelle, la situation est très particulière : aucun des deux protagonistes ne sait qu’il est dans une telle relation, le risque biologique est mis de côté car il n’y aura pas de descendance, et l’interdit moral fortement atténué par le fait que la femme a 30 ans et que l’homme ne profite pas de sa position de père pour assujettir sa fille. Et pourtant, cela peut légitimement mettre mal à l’aise le lecteur.

On sort évidemment du cadre de la nouvelle mais il me semble intéressant de chercher à savoir le pourquoi de ce ressenti. Pour Boris Cyrulnik, il existe chez les animaux en situation potentielle d’inceste, un évitement de l’acte sexuel, ce qui témoigne « de la fonction d’un frein de l’émotion sexuelle chez tous les êtres précocement liés ». De mon point de vue, ce tabou est, chez l’Homme, l'expression symbolique d'une règle explicitement formulée, qui transforme le statut de l'évitement en une question morale et religieuse traduite dans la loi. Dans ces conditions, ce ne peut être qu’au lecteur de chercher en lui-même les raisons de son éventuelle gêne, malgré la particularité que je viens de rappeler quant à la situation effective du « couple » de ma nouvelle.

On s’en rend compte, on est largement sorti du cadre poétique et romantique de mon récit. D’où peut-être le bien-fondé de l’hypothèse de Ricardo selon laquelle, avec cette phrase, je voulais montrer au lecteur que derrière ma sensibilité de façade, je restais un sale gosse prêt à me complaire dans l’horreur et la narration de choses épouvantables, tout cela témoignant au fond du peu de cas que je fais de ma lectrice suspendue à ma plume (bon, là, j’exagère peut-être un peu) au fin fond du Quercy !

* désolé, je suis biologiste de métier et à défaut d’aimer « ramener ma science », je pense que sur un sujet aussi délicat, il y a nécessité d’être précis.

Publié le 15 Janvier 2024

Bonjour, Michel.
Merci pour votre réponse.
Les trois fins auxquelles je faisais allusion :
1) celle qui se termine par "rentrait au port" (p. 14)
2) celle qui commence par "J'ai appris dans la matinée" (p. 14)
3) celle qui commence par "J'ai pleuré" (p. 15)
Selon moi, elles ne se contredisent pas, elles se superposent.
Quand je parle d'indétermination, je veux dire qu'une nouvelle est un récit court orienté vers une fin. En exagérant un peu, on écrit d'abord la fin, puis on remonte vers le début en laissant des indices (même si la fin n'est pas un twist) de ce qu'on sait déjà être la fin. Du coup, en simplifiant pour ne pas trop en dire, selon la fin déterminée, on va écrire soit l'histoire d'une amour passagère soit celle d'une femme suicidaire soit celle d'un inceste. Evidemment, ça ne se réduit pas à ça. Mais si l'on a en tête trois fins (ou même deux au départ), il y a une indétermination qui, pour moi, est sensible dans votre texte, brouille le message. D'où mon conseil de vous demander laquelle de ces trois histoires vous vouliez/voulez écrire. Et, à partir de là, relire, réécrire s'il le faut, pour créer une cohérence entre la fin et ce qui précède jusqu'aux premières lignes du texte. Mais, bien sûr, vous êtes le seul maître à bord, et votre texte a déjà beaucoup de qualités tel qu'il est.
Amitiés,
Constantin
P.S. : mon adresse ici, si vous voulez échanger sur l'intrigue sans la dévoiler pour vos futurs lecteurs (j'ai peur déjà d'en avoir trop dit, je modifierai mon commentaire si vous le souhaitez). Je reste à votre disposition : lucedelbeau@gmail.com

Publié le 15 Janvier 2024

On avance, on avance !
Si Ricardo était à côté de moi, je lui administrerais une fessée.
Non, mister Ricardo, un auteur ne peut pas s’en tirer à si bon compte !
La lectrice casse-pied du fin fond du Quercy, par exemple, lorsqu’elle est arrivée à « Un langoustier rentrait au port », qu’est-ce qu’elle s’est dit ?
Elle s’est dit : « génial, le Michel m’a pris par la main pour me mener jusqu’ici. Et jusqu’ici, je n’ai vraiment pas regretté la promenade. Il m’a emmenée jusqu’ici pour me montrer quoi ? » Et là, je m’attendais à un truc qui soit raccord avec ce qui précède, qui en découlerait sans que je l’aie complètement vu venir. Quelque chose qui va me laisser une impression, qui m'en colle une.
J’arrête ici pour ne pas me répéter.
Entre temps, je me suis posé une question, Michel. Cette fin, ne l’avez-vous pas sortie de votre chapeau dans l’intention d’apporter au lecteur le fameux twist final de la nouvelle ?
*
Bon, on ne cherche pas les poux dans la tonsure, j'espère. Mais c'est vraiment important de savoir où commencer un texte et où le finir. Tolstoï, je crois bien, disait que c'était l'art suprême.
Amitiés. Catarina

Publié le 15 Janvier 2024

@Catarina Viti
Décidément, Catarina, nous avons du mal à nous comprendre. Je n'avais effectivement pas saisi que, dans votre esprit, la FIN n'était constituée que des toutes dernières lignes. Don't acte. Et en ce cas, je comprends tout à fait qu'elle ait pu vous gêner. Comme j'ai essayé de le dire à d'autres lecteurs, mon inconscient n'a pas voulu me dire pourquoi il me l'avait soufflé. Et mon reste de conscience n'a pas davantage voulu me dire pourquoi je l'avais gardée. Peut-être parce que je voulais déranger, sans savoir si je voulais me déranger moi ou bien le lecteur. Ricardo m'a donné une autre explication qui, je dois dire, me plaît assez. Sans elle, mon texte avait un vrai fond de romantisme classique. En ajoutant la dernière phrase, je voulais signifier au lecteur quelque chose comme : "Ne vous méprenez-pas, je vous ai tiré quelques larmes, mais au fond de moi, je reste un sale gosse qui prend plaisir à raconter des choses épouvantables".

Je ne crois pas vous avoir dit que la fin de votre bouquin ne m'avait pas convaincu. C'est autre chose et globalement, j'ai trouvé votre livre excellent. Et il vaut incontestablement beaucoup plus qu'un 4/10 (sourire). Mais sans doute ai-je été confus. Afin de ne pas alourdir cette discussion, je vais rédiger (ou re-rédiger) ma critique sur la page de votre livre.

Publié le 15 Janvier 2024

Seigneur Dieu ! Michel, quand lirez-vous ce que j’écris ????
Dense est une qualité. Autrement, j’aurais utilisé roboratif, lourd, plombant, etc.
Dense veut dire que, selon moi, vous n’avez pas perdu le fil tendu de votre narration. Et tout le monde ne peut pas prétendre à cette réussite.
*
« Mais quand celui-ci se met à vivre ses amours plutôt qu’à les dessiner, vous vous sentez dérangée. »
Mais sacré bon soir, où avez-vous lu cela dans mon commentaire ? Au contraire ! Je trouve que vous avez amené la chose fort bien.
Je vous parle de la fin. F.I.N. (je ne vais pas les raconter, car il y en a deux qui arrivent comme une perruque sur la soupe, selon moi).
Et décidément, vous êtes résolu à déformer ce que j’écris : comment pourrais-je apprécier une fin en queue de poisson, telle qu’on en trouve dans tous les textes à deux balles, alors que, manifestement, vous vous êtes engagé avec toutes vos ressources dans ce texte, dont j’ai apprécié TOUT LE RESTE.
Je vous parle d’une déconvenue personnelle : que croyez-vous donc, que les lecteurs attendent qu’on leur donne la béquée ? Non, m’sieur. Un lecteur entre dans le texte, et quand une énergie le propulse il prend de l’avance.
Quand vous m’avez dit que la fin de « Noir Animal » était une désespérante platitude, n’est-ce pas la même chose ? Vous vous étiez construit une autre fin. Le lecteur est libre de se construire le livre qu’il veut quitte, nous en avons parlé, à inventer des choses qui n’étaient pas dans le texte. C’est ainsi !
Je vous ai dit que je respecte votre manière de conclure, mais je ne l’apprécie pas.
C’est aussi simple.
Jamais je ne chercherai à vous démontrer que vous n’avez pas été capable d’apprécier la fin de mon bidule, parce que c’est votre liberté de lecteur de la lire ainsi, et mon rôle d’auteur de l’accepter.
C’est aussi simple.
Nous sommes en train d’apprendre à vivre (vous et moi) sur nos planètes respectives, tout en sachant qu’à part dans le cadre d’une virée touristique nous n’irons pas loger nos pénates l’un chez l’autre.
Ce qui m’intéresse dans nos échanges, c’est le chemin qu’il nous faut parcourir pour essayer de nous comprendre.
Pour conclure : j’ai apprécié votre nouvelle, je lui ai trouvé de nombreuses qualités, et j’ai regretté que les fins ne soient pas écrites, mais juste rédigées à la va-vite, et en puisant dans les poncifs de notre époque.

Publié le 15 Janvier 2024

Merci @Catarina Viti pour votre retour.

Si vous avez réussi à lire jusqu’au bout ces 15 pages sans que la nouvelle ne vous tombe des mains, je considère cela comme un succès ! Nous avons une conception de la littérature (et je crois plus généralement de l’écrit) tellement différente ! Mais la diversité est, je n’en doute pas, source de richesse.

Vous voyez une densité dans l’écriture là où j’ai essayé de n’y mettre que légèreté, même si j’ai en effet soigné le vocabulaire, moyen pour moi d’essayer de traduire la richesse de la palette du peintre. Mais quand celui-ci se met à vivre ses amours plutôt qu’à les dessiner, vous vous sentez dérangée. Pourtant, le vocabulaire n’est pas moins « soigné ». Vous semblez vouloir dénoncer une abondance de clichés. C’est votre perception, et elle est tout à fait respectable. Mais à dénoncer les clichés, attention à l’effet miroir. D’autant qu’en photographie (argentique), les clichés disent la même chose que les épreuves. Et qui d’autre que les génies (dont je ne fais assurément pas partie !!!) ont inventé les clichés ?

La seule chose qui me gêne un peu dans votre commentaire est la manière dont vous parlez de « monsieur et madame toutlemonde - aspirants - écrivains » . Ce n’est guère sympathique, à la limite méprisant. C’est un peu dommage. Car je me revendique comme faisant partie intégrante de cette plèbe, même si, en ce qui me concerne, je n’ai ni prétention, ni illusion quant à mes talents d’écrivain et que j’ai passé l’âge d’être aspirant à quoi que ce soit.

Ne voyez nulle acrimonie dans cette réponse mais une simple tentative de sérier nos visions si disparates quant à la manière (et l’utilité) de chercher à placer des mots sur une feuille blanche..

Publié le 15 Janvier 2024

J'ai apprécié la lecture... je suis allée jusqu'au bout (rires).
J'ai trouvé votre texte cohérent avec vos choix, et équilibré en fonction de ceux-ci.
Une densité, donc, dans l'écriture (de mon point de vue, c'est cette densité qui fait lecture dans un texte). Même le vocabulaire, un tantinet recherché, cadre avec le personnage.
En revanche, quelle débandade finale. M'amener si haut pour me défenestrer sans préavis dans les stéréotypes de monsieur et madame Toulemonde-Aspirants-Ecrivains. Dommage. Et puis la deuxième couche n'est vraiment pas passée. Bref, j'ai lâché sur la fin. Maintenant, c'est la vôtre, je la respecte, mais c'est exactement comme si vous m'aviez servi un bon repas, dans un beau cadre, et que vous me sortiez un paquet de Figolu au dessert. (Qui estime bien châtie bien.)

Publié le 15 Janvier 2024

Merci @Remi Garde pour votre commentaire qui me réconforte. Rassurez-vous, je ne compte rien changer -).. Plus sérieusement, sur un tel texte, la certitude, grâce à des témoignages comme le vôtre, d'avoir réussi à toucher quelques lecteurs, est pour moi très importante. Merci encore.

Publié le 14 Janvier 2024

@SALVADOR Ricardo
Non, là Ricardo, tu vas me faire rougir ! Car question style, tu n’as rien à envier à personne.

Publié le 12 Janvier 2024

@Anicia DESJARDINS
Merci de m’avoir communiqué votre appréciation. Elle me touche très sincèrement.

Publié le 12 Janvier 2024

Merci @Constantin Malheur' pour votre déroutante critique. Déroutante, car je n’ai pas eu l’impression en vous lisant que vous parliez de ma nouvelle. Vous évoquez une histoire qui ne sait pas où elle va, des « fins » multiples qui, si j’interprète bien votre propos, se chevaucheraient et, pourquoi pas, se contrediraient. Non, décidément, je ne crois pas que nous parlions du même texte.

L’ennui, c’est que je n’ai eu ni l’intention, ni le sentiment d’écrire véritablement une histoire. L’intrigue, si intrigue il y a, se résume à une ou deux phrases, d’une déroutante platitude. L’intrigue des « Fleurs du mal », en chacune de ses pétales, vous-a-t-elle passionné ? Comment imagineriez-vous la « fin » de ce poème de Verlaine :
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend .
Diriez-vous que décidément, ce pauvre Verlaine, il ne s’en sortait pas avec le verbe aimer, qu’il était vraiment confus ?

Non, voyez-vous, plutôt que vous raconter une histoire, j’ai essayé de vous livrer un peu des délicates senteurs de la lande bretonne, quand le soleil y darde ses rayons, au printemps. Et j’aurais aimé vous faire partager, même si je ne suis pas certain qu’elle vous l’aurait permis, la douceur de la peau d’Enora et son enivrant parfum. Il est vrai que chez vous (Thérapie du silence), les rapports amoureux relèvent d’une forme de poésie plus directe où il n’y a nulle indétermination : p. 16 « Il essaye d’imaginer la sensation qu’il aurait en touchant sa peau […] Zut, se dit Dominique, il faut que je la baise. » ou encore p. 31 « Ce sont sans conteste des seins pour faire bander le petit garçon que Dominique est resté. Un petit garçon de cinquante ans qui baise Carole bien profond »

Bon, vous pourriez peut-être demander à ce Dominique de ré-écrire un peu mieux que je n’ai pu le faire, mon petit texte sans prétention. Et de lui donner une vraie fin, une fin virile qui sente bon le sable chaud, comme cela aurait sans doute l’heur de vous plaire. Moi, j’en suis incapable. Je ne dis quand même pas « hélas »...

Publié le 12 Janvier 2024

Bonjour Michel,
Je ne rentre pas dans le détail du texte, je le ferai éventuellement une prochaine fois sur une prochaine version, si prochaine version il y a.
Selon moi, pour le moment, il y a un problème de choix de l'histoire : sans dévoiler la fin de votre histoire, je dirais qu'actuellement il y a trois fins. Mon sentiment de lecteur est qu'aucune des deux dernières fins n'est préparée. A la limite ce ne serait pas gênant d'être seulement surpris, si cet effet de surprise était voulu donc préparé. Mais je n'ai pas le sentiment que ce soit le cas.
Il se trouve, au contraire, que j'ai été gêné par un sentiment de flou tout au long de la lecture. Pour moi, le texte n'est pas clair. Et je pense (car vous avez évidemment les moyens de vous exprimer clairement) que ce brouillage est dû à une indécision ou indétermination.
Une option possible serait de considérer cette version comme un (bon) premier jet. De trancher : quel sens, moi, auteur, je veux donner à ce récit. Et de le réécrire en ce sens. Car si vous, auteur, vous doutez, comment le lecteur, qui n'est pas dans votre tête, peut s'y retrouver ?
Au plaisir de vous lire,
Constantin

Publié le 12 Janvier 2024

J'ai beaucoup aimé. C'est un récit très poétique et très imagé. Je me suis réellement projetée dans le décor. Et la fin est surprenante. Merci.
Bonne continuation sur le chemin de l'écriture.

Publié le 12 Janvier 2024

Voilà votre voie Michel!!
Lire une nouvelle et se dire :" Comme j'aurais aimé savoir écrire de cette façon là"
Lire une nouvelle et se dire: "Je reprends la plume et j'essaye, moi aussi"
La fin? Bah, elle vous appartient.

Publié le 12 Janvier 2024

@Michel LAURENT Vous avez deux fois raison. Et pour vous être laissé porté par votre inconscient en écrivant cette dernière phrase, et pour vous inquiéter face à ce énième lynchage médiatique qui, du fait de ses excès, dessert plus la cause des femmes qui le soutiennent qu'autre chose.
Amicalement,
Michèle

Publié le 10 Janvier 2024

@J-P LAURIER et @Zoé Florent
Merci pour vos étoiles, toujours aussi généreuses, et qui me touchent beaucoup.

Je comprends tout à fait, Michèle, que la dernière phrase vous perturbe. Elle n’était pas anticipée. Elle est venue spontanément sous ma plume. Je ne sais pourquoi. Je ne sais pas non plus pourquoi je l’ai gardée. Peut-être dans une volonté d’illustrer ce que Philippe Sollers appelait l’écriture et l’expérience des limites. Je ne pense pas posséder l’art de la chute, je ne la recherche pas nécessairement dans une nouvelle qui, à mon humble avis, peut tout à fait s’en dispenser. D’autant qu’ici, en dehors de cette phrase, il existait déjà une chute.

Mais il est intéressant de se demander ce que cette révélation change à la nouvelle. Et chacun pourra y répondre de manière différente. Sa présence rend-elle le texte plus fort ou en corrompt-elle l’esprit ? Je me demande si, dans mon inconscient, il n’y a pas un lien avec l’idée que je me fais de l’affaire Depardieu. Enfin pas de l’affaire elle-même mais de la folie médiatique et pétitionnaire qu’elle engendre et que je trouve fort inquiétante.

Publié le 10 Janvier 2024
5
Bonjour @Michel LAURENT. Voilà une nouvelle débordant de poésie, d'images aussi belles que sauvages, de sentiments pudiques et forts... L'ambiance y est palpable, les sous-entendus et non-dits dans ce qu'ils ont de beau aussi. Perfection d'un trait ni trop ténu ni trop épais. Émotions créatrices du peintre qui sonnent juste, au point de sentir le vécu... /// Il est des moments de grâce dans lesquels on voudrait savoir disparaître, pour ne plus en sortir et ne pas avoir à les contempler dans le rétroviseur. Il me semble que c'est qu'a dû ressentir Enora. /// Seul minuscule bémol à mes yeux, l'info finale, qui ne rajoute rien, à mon goût, puisque vous avez déjà réussi la prouesse d'amener votre lecteur au comble de l'émotion, au fil des pages... /// Si double ration d'étoiles je pouvais attribuer, nul doute que je vous l'aurais servie ;-). Merci pour ce partage envoûtant et bonne fin de journée. Très amicalement, Michèle
Publié le 10 Janvier 2024
5
Incroyablement sensuel ! Nul doute, votre plume a de l'avenir... Quelle chute ! Bravo, Jean-Pierre
Publié le 10 Janvier 2024