Théophile Gautier déclarait : « Il n'y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid. ». Essentiellement préoccupé par le formalisme, il méprise les formes de moralisme de la littérature « utile ».
Et pourtant nombre de ses predecesseurs ont allié l’opinion à la littérature. Montaigne défend les Indiens du Brésil récemment colonisés ; La Bruyère, au XVII e siècle rédige des écrits contre le pouvoir, les mœurs, les institutions, en fustigeant la royauté absolue. Bien sûr, Victor Hugo, dénonce le régime de Napoléon III (Les Châtiments), conteste la peine de mort et le travail des enfants (Les Contemplations, 1856) :
Les œuvres de Camus, Sartre, Aragon, Prévert ou Marguerite Duras, entre autres, témoignent de l’histoire tourmentée du XXe siècle en mettant à jour une crise de la conscience et de la pensée.
Se sont négociés, à travers l'engagement, les rapports entre littérature et champ politique. Camus l’a formulé de manière particulière: “Par définition, l’écrivain ne peut se mettre aujourd’hui au service de ceux qui font l’histoire : il est au service de ceux qui la subissent.” Sartre, plus engagé sait que la parole et la littérature sont action. Mais raconter le monde, c’est, pour lui, vouloir le changer...
Au XX siècle (peut-être moins au XXIe), comment imaginer une littérature indépendante d’un choix de Société et incapable d'être en prise sur l'Histoire et l’actualité ? Mais comment aussi la préserver, du politique et de ses contraintes.
Le détour par la fiction est sans doute l’une des formes artistiques de l'engagement en littérature.
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