Interview
Du 14 nov 2022
au 14 nov 2022

Littérature ou Pile à lire

Un petit billet badin, mais non folace... ou du moins on l'espère. Nous avons tous notre manière de lire. En surface, en profondeur, lentement, rapidement... Mais est-ce notre façon de lire ou la nature des livres choisis qui dicte nos comportements de lecture ?
La littérature est-elle à la gastronomie ce que la "Pile à lire" est au Fast food ?La littérature est-elle à la gastronomie ce que la "Pile à lire" est au Fast food ?

Mèche longue ou mèche courte ?

Ne dit-on pas, en communication, qu’il existe deux sortes de messages : les messages rapides et les messages lents ?

Le contenu des premiers se limite à la mention figurant sur leur enveloppe. Même si l’on prend du temps pour les diffuser, il n’en reste pas moins que leur sens se résume à ce qui est écrit sur l’emballage. Le message rapide va droit au but. Tout est montré, tout est dit… tout ce qu’il y a besoin de savoir.

Les messages lents, même s’ils sont brefs, recèlent, à l’inverse, un sens qui ne se révèle complètement qu’au bout d’une lente digestion. Ils sont comme des kaléidoscopes, chaque nouvelle lecture dévoile un aspect nouveau. Il faut du temps pour les assimiler, un empilement de lectures à différents moments de notre existence.

Il en va de même pour la lecture et les livres, Message lent et message court.
Lecture lente et lecture courte.
Lecture lente : celle sur laquelle le lecteur ressent la nécessité d'une analyse, d'une découverte du sens ou des sens, celle qui le sollicite et qui requiert toute son attention...Lecture courte, celle qu'il effectue rapidement, qu'il avale, qu'il dévore parfois pour en garder une impression, qui laisse une couleur, un sentiment fugitif le plus souvent.

Lectrice, lecteur, te revois-tu tel que tu fus ? Dans ta poche, un livre « lent », et toi partout : sur le banc d’un jardin public, sur un chemin de campagne, dans le métro, le train, dans ton lit, seul, avec ton livre cent fois relu, dont les pages sont cornées, des mots entourés, des annotations dans les marges, une couverture qui part en lambeaux, et toi, ébahi encore, étonné et toujours ravi.

Message lent, lecture lente. Mèche longue. Bouuuum ! si longtemps après.

Aujourd’hui, tout nous invite à lire vite, des PAL (Pile à lire) constituées de livres aux couvertures colorées, alléchantes comme des paquets de friandises. D’ailleurs ne lit-on pas dans les commentaires des tournures qui vantent le livre en recourant aux termes de la gastronomie ? Un vrai régal, livre dévoré, écriture délicieuse, histoire succulente, et j’en passe.

Mèche courte, lecture courte. Bouuuum ! dans l’instant.

Le lecteur aurait-il cédé la place au bibliovore ? Et qu’en est-il du message lent que seule la littérature nous offrait ?

C.V.

 

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Le lecteur aurait-il cédé la place au bibliovore ? Et qu’en est-il du message lent que seule la littérature nous offrait ? dixit Catarina !
Quelle littérature ?La littérature est l' ensemble des œuvres écrites ou des ouvrages publiés... Après, il y a la bonne ou mauvaise littérature ou plutôt celle que nous apprécions ou pas. Heureusement de temps en temps il nous arrive de trouver une perle dans l'amas de livres des parutions journalières.
Dois-je vous rappeler que les temps changent ? Finies les couvertures à la Grasset ou Gallimard qui mentionnent un titre sur fond jaunâtre. Finis les gros pavés aux descriptions soporifiques. On conseille aux auteurs d'écrire un "page turner" pour rendre le lecteur "addict". Et de privilégier l'action permanente comme le font nos séries et films actuels.
De toute façon, une majorité de lecteurs va parcourir le livre à son rythme quitte à sauter des paragraphes s'ils ne sont pas à son goût. Il semblerait que le "nouveau lecteur" s'attache plus au squelette de l'histoire qu'à sa substantifique moelle...

Publié le 05 Décembre 2022

@Catarina Viti
tout d'abord merci pour votre écrit,
si je vous rejoins sur le fait que l'auteur doit annoncer la couleur avant lecture afin de ne pas l'irriter tel un gâteau "trompe l'œil" à la crème au goût de sardine ; Je dois dire qu'il m'est en revanche arrivé d'apprécier et de relire des textes légers ou des romans, rapidement digérer, avec beaucoup de plaisir.
La surprise d'un texte (qui semblait plutôt commercial, acheté pour une raison de "qui se lira rapidement" entre deux temps de travail ou devant un café un dimanche après-midi), mais qui bouscule au final vos habitudes, votre façon de voir les choses ou vous ouvrent les portes à des réponses auxquelles vous ne vous attendiez pas.
Parfois qu'il est bon, dans notre consommation effrénée de lectures, de prendre une pause... Laisser des personnages déjà connus reprendre leur place dans ce roman que l'on a aimé. Peut-être effectivement, pas de mots savants ni de poète dans cet ouvrage.
Pas d'envie d'apprendre par cœur une page entière de ce roman.
Mais juste l'envie de retrouver un instant de tranquillité.
De revenir à du lent avec du rapide.
Le livre écorné et plein de marques de crayon d'avoir supporté mes assauts de "mémo", les pages ne tenant plus qu'à un fil parfois, se fond très bien dans la pile des "autres".
Peut-être, comme un compromis, peut-on trouver entre deux livres, sur une étagère, un livre lu et relu qui sert de fil conducteur à nos lectures. Celui de la lenteur, du plaisir des mots, de la poésie, et du beau.
Amicalement
Maureen

Publié le 26 Novembre 2022

Analyse que j'ai beaucoup appréciée, @Fernand Fallou, dans laquelle j'ai trouvé la sagesse et la modestie d'un auteur qui ne se la raconte pas.
Merci pour ce commentaire qui fait du bien. MC

Publié le 17 Novembre 2022

Tout d’abord, merci à @Catarina Viti de parler de moi. Ça me fait plaisir, je veux qu’elle le sache. Elle me traite de « Fada » et comme il y a des jours où ce n’est pas faux : y a pas de malaise.
Quant à la question de savoir ce qui est le plus efficace : les messages courts ou les messages longs ? je pense que pour intéresser le lecteur le message court est le plus efficace.
Mais c’est bien, que l’auteur se pose cette question. Parce ce qui compte, ce qui va compter, c’est le contenu. Enfin, moi, je crois !
D’autant plus que dans le contenu, il y a souvent plusieurs messages. Alors bien sûr, il y a le synopsis… on doit tout dire dans une page grand maximum… et c’est déjà trop long…
Mais le plus court des synopsis, c’est le titre, le premier message d’un livre, c’est le titre !
Après si le titre a déclenché la curiosité, si le lecteur a lu le synopsis et si ce dernier l’a intéressé, alors, il va lire le livre.
Quant à la vitesse à laquelle il va le lire, cela dépend de l’intérêt que l’auteur y a mis.
Je ne veux pas, mais pas du tout, être critique, je me sens incapable de dire à quelqu’un ou quelqu’une « ce texte ne vaut rien ». Moi-même je suis en permanence comme un funambule sur la question : « Est-ce que mon texte vaut quelque chose ? » et ma réponse (souvent radicale) est contradictoire d’une heure sur l’autre. Bref !
Sans rentrer dans la peau d’un critique, je pense que beaucoup de lectrices et de lecteurs sont accros à la rhétorique au détriment du fond ou de l’action.
A chacun sa façon de lire sa « recette » d’écriture.
Dévorons ou dégustons.
Bon appétit.
FF

Publié le 16 Novembre 2022

Notre manière de lire : en surface, en profondeur, lentement, rapidement... Est-ce notre façon de lire ou la nature des livres choisis qui dicte nos comportements de lecture ? La question est bien posée, @C.V.
Il me semble même que pour ce qui me concerne, ma manière de lire s'est forgée dès l'enfance, poursuivie à l'adolescence, confirmée dans ma vie d'adulte.
Mais je classerai la distinction autrement : je "consomme" tout ce qui relève de ce que je considère du domaine de "l'information, de la culture, de la connaissance...". La mémorisation sera éphémère, adaptée à l'intérêt à lui accorder.
Je "déguste, m'imprègne, analyse, dissèque...", n'hésitant pas à revenir en arrière pour bien comprendre l'articulation d'une phrase, d'un paragraphe, conscient que ce que je lis restera gravé dans ma mémoire. Cette manière de lire m'a, en même temps, permis plus tard, devenu auteur et auteur-lecteur, de rédiger des commentaires construits, utiles à l'auteur du livre ou de l'article.
Voilà, C.V., ma manière à moi d'avoir interprété ce que vous avez nommé "message rapide" et "message lent".
Ce billet ouvre une perspective de débat, tant chacun a probablement ses manières différenciées de lecture, pour soi-même, juste pour son plaisir, ou pour le faire savoir par une analyse, un avis.
Par ailleurs, vous avez ouvert la voie, tel un pionnier, pour cette nouvelle rubrique annoncée par @monBestSeller. MC

Publié le 16 Novembre 2022

@Bruno_Guennec, en lisant votre commentaire, je n'ai pu m'empêcher de penser à Fabrice Lucchini (l'acteur) qui s'est fixé la mission de ressusciter les fables de La Fontaine grâce à son art. Et que fait-il alors, sinon (re)mettre en évidence le message "lent" des fables ?
*
Mèche longue, mèche courte : j'ai pensé à "Il était une fois la révolution", le film de Leone. La moralité de cette fable est : "si tu te trompes de mèche, tu auras des ennuis".
Je lis des textes à mèche courte, sur le site, et je les adore : monsieur Fernand (Fernand Fallou) pour ne citer que lui, m'apporte de la joie, un grain de folie, de l'étonnement, de la rigolade, de la gravité parfois, comme dans son https://www.monbestseller.com/manuscrit/17469-laccabadora. Mais même grave, il réussit à faire disjoncté. Chez moi, on dit "fada" (habité par les fées).
Donc mèche courte, mèche longue : faut juste que l'auteur annonce la couleur, et, du côté lecteur, bien considérer la chose avant de choisir son livre.
L'ennui, c'est quand des auteurs à mèche courte sont persuadés de faire du mèche longue, et lycée de Versailles. Disons que ça pose problème au lecteur... lequel peut finir par se mettre en rogne.

Publié le 16 Novembre 2022