Une critique est-elle un assassinat littéraire ?1. Une critique n’est pas un assassinat littéraire
Quand un lecteur (voire un éditeur, mais c’est rare) vous fait un retour qui n’est pas seulement flatteur, n’y voyez pas un acte de barbarie. Il ne vous attaque pas. Il vous dit : « Ton histoire a du potentiel, mais avec un petit ajustement, elle pourrait être encore plus forte ! »
Mais voilà, une petite voix intérieure hurle : « Comment ? Quoi ? On ose toucher à mon bébé ? » Et, de peur de refroidir l’atmosphère, la plupart répondent par politesse :
- « Merci pour ce retour, c’est intéressant » (traduction : je ne changerai rien).
- « Oui, mais en fait c’était voulu ! » (traduction : je défends chaque virgule).
- « J’y réfléchirai… » (traduction : je compte sur ton oubli).
Bref, vous n’aimez pas qu’on critique votre livre.
2. Accepter la critique : un super pouvoir
Il y a une différence entre avoir un talent d’écrivain et avoir une posture d’écrivain. Les grands auteurs que vous admirez ont été relus, corrigés, réécrits. Certains manuscrits célèbres ont connu des dizaines de versions avant d’entrer dans l’histoire.
La vraie force d’un auteur n’est pas d’avoir le dernier mot, mais de savoir entendre une critique, la digérer et l’exploiter intelligemment pour faire grandir son œuvre. Et si vraiment la remarque est trop dure à avaler, souvenez-vous : une critique n’est pas une obligation de changer, mais une invitation à réfléchir, à sortir de sa zone de confort, à creuser plus loin.
3. La critique bien faite est un art
Soyons clairs : il y a des critiques brutales, maladroites, inutiles. Un auteur n’est pas là pour tout encaisser. Si le commentaire ne reflète que des impressions de lecture, un simple merci suffit : cela renseigne sur le lecteur, pas sur votre travail.
Mais si la critique démonte votre texte de A à Z ? Respirez. Demandez plutôt à cette personne de vous parler aussi des forces de votre manuscrit. Car tout texte a des qualités, et si le commentateur est incapable d’en nommer une, inutile de perdre votre temps.
Un bon réflexe : poser des questions. « Qu’apporterait, selon vous, cette modification ? », « Sur quoi vous basez-vous ? » Cela vous apprend sur votre texte, et filtre les critiques superficielles. Oui, il y a des auteurs allergiques à toute remise en cause. Mais rappelez-vous : même la critique idiote a demandé du temps. Et ce temps vous a été donné.
4. Il y a critiques et critiques
Publier sur une plateforme de lecture en ligne comme monBestSeller suppose de se poser les bonnes questions. Que cherchez-vous ? Des réactions, des jugements, des impressions ? Probablement. Mais pas forcément des critiques constructives au sens plein.
Car une critique approfondie demande :
- Une lecture attentive,
- Des compétences d’analyse,
- Et du temps pour écrire un retour détaillé.
C’est un véritable service professionnel, payant, avec des objectifs et des conditions. Une plateforme gratuite n’offre que des commentaires, des impressions, des projections personnelles. Rien de plus — et c’est déjà beaucoup. Il faut seulement éviter la confusion : une réaction de lecteur n’est pas une critique au sens fort du terme.
5. Et si vous faisiez de la critique un levier plutôt qu’une menace ?
La prochaine fois qu’on commentera votre livre :
- Respirez. Ce n’est pas un combat, c’est un échange.
- Hourra ! Quelqu’un s’est intéressé à ce que vous faites.
- Demandez-vous si la remarque peut améliorer votre texte. Faites un test, modifiez un passage, voyez le résultat. Vous pourrez toujours revenir en arrière.
- Clarifiez vos attentes : cherchez-vous des critiques ? Des validations ? Des encouragements ? De la reconnaissance ? On ne trouve pas tout au même rayon.
6. Un commentaire reste une preuve d’intérêt
Si personne ne commente votre texte alors qu’il a été « ouvert », peut-être n’a-t-il rien suscité. Ou le lecteur ne s’est pas senti investi. Mais chaque commentaire, même piquant, reste une opportunité : comprendre votre lecteur, réfléchir à votre style, progresser.
Publier son texte est déjà un acte complexe et pédagogique. Chaque retour — qu’il gratte, pique ou console — est une chance d’avancer et de donner à votre livre une véritable possibilité d’exister.
Vous avez un livre dans votre tiroir ?
Publier gratuitement votre livre
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Même un critique littéraire reconnu ne produira qu'un avis plus ou moins subjectif, et bien des textes illustres sont restés longtemps sans acceptation d'une maison d'édition.
Personne ne peut éviter la critique ou les avis négatifs. En ce qui me concerne j'essaie d'aller à la rencontre de l'univers créatif de "mon critique" et en le lisant, je comprend de qui ça vient. Certains n'ont presque rien écrit et émettent des avis sentencieux et trop vagues, certains jugent le fond et pas la forme, d'autres s'offusquent du vocabulaire ou du style... bref, si la critique n'est pas centrée sur un point clair et précis, il s'agit juste d'un commentaire. Car, soyons honnête, il existe très peu de critique littéraire qui traine sur MBS.
La critique est aisée, mais il est assez difficile d'entrer dans l'univers artistique d'un auteur et bien des livres mis en avant et bien noté sur ce site me sont tombés des mains au bout de 10 pages. (mais je n'ai pas commenté ceux-ci)
Perso, je me contente d'émettre des avis positifs sur les textes qui me réveillent. Il est si facile de juger, (souvent avec des recette toutes faites) mais très difficile de comprendre l'univers artistique d'un auteur. On a le droit de ne pas aimer, de na pas avoir envie d'y entrer, alors il vaut mieux rester dehors, plutôt que venir saloper le parquet ciré avec amour.
Et puisque en tant qu'auteur(e), nous devons subir la critique avec grâce et humilité, pourquoi ne pas accepter que l'on critique votre critique lorsqu'elle est stérile ou faussement bienveillante ?
@Albert H. Laul_1
Une réponse sur https://www.monbestseller.com/manuscrit/24161-il-ne-viendra-pas-ce-soir
Un café littéraire où l'on partage nos écrits sur un thème commun...
On dit les écrivains solitaires et peu solidaires, et bien prouvons le contraire...
Enrichissons-nous de nos différences...
Et si au lieu de parler de critique (qui n'est pas un art), nous parlions de partage, d'échange. Et si monbestseller alternait les tribunes sur l'art de l'écriture avec des tribunes abordant des problématiques qui permettront aux auteurs d'échanger sur des sujets variés, et pas toujours la technique littéraire. Qu'en dites-vous ?
Bonjour@lephilosophe
En filigrane, j’exprime ma lassitude (peut-être celle d’autres) de lire sans cesse des tribunes de conseils, de modes d’emploi sur comment rédiger nos commentaires : pas comme ci, ni comme ça, mais comme ça et comme ci. À mon avis, ces leçons sont contreproductives, parce que ce n’est pas facile ni évident d’en laisser un et que ça prend du temps, mine de rien. C’est tellement plus simple de lire gratuitement et se carapater vite fait, même si la lecture nous a plu. Si par-dessus le marché, on nous fait comprendre que nos commentaires sont mauvais, alors là, c’est le bouquet.
Je ne suis pas scotchée sur le site à longueur de journées (pas élastiques dans le temps) alors, forcément, je ne lis pas tout (d'ailleurs comment serait-ce possible ?). Je laisse mon avis spontanément, à chaud : très court, court, plus long. En outre, je ne suis pas qualifiée pour analyser un texte en profondeur (qui l’est vraiment ? D’autant plus que nos impressions sont tant subjectives dans tous les arts). Il m’arrive de féliciter un auteur pour le fond, même si l’écriture est maladroite. Je lis pratiquement tous les genres littéraires (ici et principalement en vrais livres, plutôt les classiques) et je retiens votre remarque sur la malveillance plus marquée pour les romans (pourquoi, telle est la question à cent balles. Ah, la nature humaine !). Je n’ai pas remarqué ce phénomène « étrange », parce que je ne propose pas d’essais ni de poésies, juste des romans et nouvelles. Mais en lisant des poésies, je lis parfois des échanges pas du tout sympas avec les puristes qui font péter leur science. Quant aux essais (art difficile), ils sont assez souvent ratés en ne respectant pas la règle des 3 (thèse, antithèse, synthèse). Généralement, il s’agit de prosélytisme de la part de l’écrivant qui veut faire admettre ses idées. Pour ma part, je remarque que des centaines de mes commentaires ne sont plus visibles sur mes comptes, parce que l’auteur est définitivement parti. Et lorsque je regarde où en sont ceux que j’ai commentés, la plupart sont désactivés (ils prennent, pour le coup, très étrangement, des lectures, montent ou grimpent dans le classement !!!???). Donc, sur les plus de 5 000 auteurs comptabilisés ici, combien sommes-nous réellement ?
Pour moi, le terme « communauté » a du sens. Si je m’arrêtais sur certains commentaires malveillants, voire plus que très malveillants, je ne posterais plus rien ici. Parfois, je me demande qui je gêne et pourquoi ? D’autant plus que je n’ai jamais attendu une quelconque reconnaissance de je ne sais qui. Ils ne m’empêchent pas de dormir, ni de poursuivre mon loisir. Je suis une passionnée de littérature et si je l’étais « d’une maille à l’envers, une maille à l’endroit », je me serais inscrite dans un club de tricot ;-)
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En vous remerciant pour nos échanges entre « doyens », je vous souhaite une excellente journée et une bonne poursuite à votre plume.
Bien cordialement. Fanny
@Fanny Dumond3
Une petite remarque entre "doyens" (mon essai a déjà 10 ans !).
J'ai remarqué que les commentaires étaient très différents en fonction du genre littéraire.
J'ai fini par faire disparaître mon premier roman ( 2014), écrasé par les commentaires malveillants.
Paradoxalement, je ne retrouve pas cette mauvaise sensation avec les essais et les poésies : étrange ?
@Vanessa Michel
Je comprends votre malaise face à la flatterie : elle est toujours suspecte.
Toutefois, j'ai le plus grand mal à émettre une critique "négative".
Je ne me sens pas légitime pour ce travail, mais chacun suit son chemin : mon choix n'engage que moi !
@Jane Friedrich
Je ne pensais pas à un concours dans le sens où il y aurait un prix. Et ce serait intéressant d'écrire deux textes avec la contrainte que ce soient deux textes très différents. ;-)
@Robert C.
Le but n'est évidemment pas un concours ou une compétition... ni de dézinguer Pierre ou Paul, juste de prendre connaissance des differentes sensibilités... Cependant, ça pourrait m'amuser de critiquer mon propre texte...
L'idée de deux textes est intéressante...
@Jane Friedrich
Waouh, vous écrivez super vite. il me faudra bien quelques jours pour pondre quelque chose. Mais quand ce sera fait je vous préviens.
Puisque vous avez un don pour l'écriture rapide, peut-être que l'on peut en écrire deux chacun :-)
Quant à la question de l'anonymat, je pense qu'il ne sera pas trop présent, à moins que le concours attire beaucoup de monde car je ne vais évidemment pas critiquer mon propre texte.
@Robert C.
Ma nouvelle est écrite, si vous voulez publier la vôtre, je vous donne mon adresse e-mail minervois@free.fr
Je pense qu"au bout d'une semaine, il faudra dire qui a écrit quoi pour conserver vos droits...
Si d'autres personnes veulent écrire une nouvelle sur le thème : "Il/elle ne viendra pas ce soir, elles seront publiées sur une page appelée ; IL / ELLE NE VIENDRA PAS CE SOIR... avec au choix, leur nom ou pas... ou un pseudo... des chiffres... votre plaque d'immatriculation partielle... (2 lettres, 2 chiffres)
@Jane Friedrich
Je n'avais pas l'impression que vous vouliez lancer un concours, mais pourquoi pas? Ça peut être amusant.
@Fanny Dumond3
Sympa comme témoignage, c'est ce que j'attends moi aussi de mBs.
Je me permets de vous livrer mon expérience de « quasi » doyenne sur Mbs où je me suis inscrite fin 2014, ou début 2015 (la date exacte m’échappe !).
Je me souviens toujours du tout premier commentaire reçu sur mon livre, qui m’a émue de savoir que son contenu avait attiré l’attention de ma lectrice, du second qui m’a dézinguée sans aucune explication afin de m’améliorer, d’un autre qui m’a laissée perplexe, car il avait trop fait marrer une lectrice (qui n’avait pas dû le lire jusqu’à la fin). De sa mise en avant, « Fanny est un écrivain, mais elle ne le sait pas ». Ces retours de lecture m’ont encouragé à poursuivre mon aventure, ô combien périlleuse !
Sans jamais attendre de retours sur quelconques investissements, j’ai trouvé tout à fait normal de me joindre à la communauté en laissant des centaines de commentaires depuis presque 11 ans : très courts, courts, longs et même très longs (analyses de certains textes qui me prenaient des après-midi entiers en lecture, prises de notes et retours).
Finalement, au fil des ans, j’ai fait trois belles rencontres qui perdurent dans le temps en relations épistolaires. 9 ans pour la première et quelque 8 pour la seconde. Dernièrement, avec une autrice qui n’a pas trouvé son lectorat ici, mais ailleurs, pour son roman historique sur lequel elle a fait des recherches pointues durant 3 années.
Ce n’est que mon avis, bien sûr, mais pour ma part, je n’ai pas besoin de méthodes ou de conseils pour rédiger des commentaires. Je laisse parler mon cœur, mon naturel.
Malgré « vents » et marrées, continuez d’écrire, même si vous n’emmenez qu’un seul lecteur dans votre sillage.
Bien cordialement.
Fanny
@Robert C.
Je vous propose d'écrire une nouvelle courte, deux pages maxi, avec un thème universel, par exemple "Elle/il ne viendra pas ce soir".
Je vous propose que nous en écrivions une chacun/chacune, que je publierai sur une page ouverte à d'autres d'ailleurs sur le même thème. Tout en gardant nos anonymats respectifs, les critiques seront donc libres et sans parti pris... Chacun pouvant tenter de deviner qui a écrit quoi...
@Jane Friedrich
Je n'aime pas trop l'idée d'écrire sur un thème imposé ni les concours de nouvelles même si j'en fais parfois comme un défi, je pense que le thème devrait venir de soi-même. Pourquoi n'ecrivez-vous pas une courte nouvelle de 2p, mettez-la en ligne et je la lirai avec plaisir. Après je ne suis pas critique professionnel, je donnerai simplement mon avis le plus honnêtement possible. Et si vous n'avez vraiment pas d'idées je peux vous en donner une, j'en ai énormément et pas assez de temps pour les mettre en oeuvre.
Aucun livre ne fait l’unanimité, et aucun n’y parviendra jamais. Même les plus grands ont été critiqués, souvent à cause du puritanisme de ceux qui s’arrogent le droit d’imposer un style littéraire “absolu”, jugeant tout écart comme mauvais ou inacceptable. L’essentiel est d’être pleinement satisfait de ce que l’on écrit, tout en sachant accueillir les critiques constructives, à condition qu’elles soient pertinentes et en corrélation par rapport à l’œuvre et au message que l’on souhaite transmettre. Car, au fond, l’auteur est le seul à connaître véritablement son univers, ses codes et ses personnages dans toute leur profondeur. Lui seul sait donc ce qu'il doit prendre en compte comme critique ou non. Cela dit, il faut aussi savoir s'écouter sans se renier ou être obtus, à l'image des standards figés, si une critique permet un changement qui valorise l'œuvre de l'auteur. Car elle est un miroir et non une menace.
@Robert C.
Cher ami, si vous le souhaitez, donnez-moi un sujet, je vous écris un texte que vous jugerez en toute liberté... Mais ne vous y trompez pas, comprendre et juger un texte est aussi difficile qu'en écrire un... j'essaye de faire les deux honnêtement...
@Vanessa Michel
J’ai retrouvé et lu le texte et le commentaire auxquels vous faites référence, ainsi que quelques autres que vous avez écrits depuis.
C’est vrai, j’ai été saisie par la limpidité, la justesse, les moments d’émotion de ce premier texte, "Les cagoles ».
Mais je ne reconnais en rien cette force dans les suivants… Je préfère m’abstenir de tout commentaire, pour ne pas vous froisser — c’est le jour et la nuit !
Avez-vous perdu la main, l’inspiration ? Avez-vous connu des instants de grâce avant de sombrer dans l’emphase ?
On dit souvent qu’un auteur n’écrit qu’un seul grand livre — le premier, généralement…
Je ne peux l'expliquer autrement que comme celui que vous traitez de « caca » et dont je suis, si cela vous plaît, une sorte de clone, ou de fantôme. Vu la qualité du commentaire qu'il vous a écrit, je prends ça pour un compliment...
Chose rare, vous avez accompli une mue dans le sens contraire de ce qu’on attend : des débuts balbutiants vers la maturité. Seriez-vous l’exemple du contraire ?
Allez-vous produire à nouveau d’excellents textes ? Avez-vous succombé à la flatterie qui vous a anéantie ? Cédé à la facilité ?
Car, les seuls commentaires utiles sont ceux qui disent la vérité — comme ce « Caca » que vous nommez avec élégance et que, semble-t-il, vous avez réussi à faire évincer… Ce qui n'est ni honnête, ni glorieux, ni bénéfique...
N'est-ce pas ce qu'on appelle " se tirer une balle dans le pied" ?
Ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait baisser la fièvre, dit la sagesse populaire…
@Jane Friedrich
J'avoue, Jane, qu'il y a un phénomène qui me perturbe toujours un peu les gens qui critiquent en mal le plus souvent et ne publient rien ou presque rien. On doit accepter la critique mais elle a plus de valeur quand elle vient de gens qui eux-mêmes écrivent, s'exposent à cette même critique, pas simplement parce que c'est plus juste (on critique, on accepte la critique) mais surtout parce qu'ainsi les critiques sont des individus qui se sont colletés au processus de l'écriture. Sinon, on discourt dans le vide, c'est facile et assez vain.
@Jane Friedrich
Ça ne vous ennuie jamais de parler toute seule ?
EST-IL PERMIS DE CRITIQUER LES TEXTES DES AUTRES ?
La simple écriture d’un livre est déjà une critique. On le lit ou on le pose. La vraie question est plutôt : faut-il dire à l’auteur ce qu’on en pense ?
Certains auteurs sont trop fragiles, trop attachés à leur ego pour se remettre en question, car l’écriture touche au moi profond, à une fragilité émotionnelle. La remettre en cause, c’est détruire un château de cartes.
On objecte aussi que toute critique est vaine, partiale, parce que chaque auteur a ses goûts et son style.
Sans doute, mais il n’est pas question de juger le fond (sauf si des incohérences s’y glissent), car chacun est libre de ses opinions, de ses sentiments, mais la forme.
D'ailleurs, quand on lit un texte bourré de fautes d’orthographe, on les corrige mentalement. Alors pourquoi ne pas corriger un texte quand des erreurs de syntaxe vous sautent aux yeux ?
Quand il est cousu de fil blanc, de références et d'images truquées, artificielles, truffé de formules approximatives, d’oxymores… Des poèmes taillés au burin, des phrases alambiquées où l’auteur cherche à caser le maximum de mots rares, et d'adverbes lourds et pesants, et pour “faire genre”.
Il n'en reste pas moins que juger, c’est se juger soi-même, évaluer les faiblesses ou les limites des autres à l’aune des siennes.
Celui qui critique un texte doit donc faire preuve de deux qualités :
1) De culture, c’est-à-dire des références littéraires solides.
2) Une grande honnêteté intellectuelle.
Vous me direz : « L’honnêteté intellectuelle, c’est rare… »
Je répondrai qu'il suffit de ne nourrir ni jalousie ni ego démesuré. Car la jalousie est le pire des maux.
Comment y échapper ?
Peut-être suffit-il d'être en paix avec soi-même, avec ses écrits, de considérer ceux des autres comme des navires qui avancent à votre hauteur, vous dépassent ou s’éloignent, sans qu’il soit nécessaire d’aller à l’abordage, le couteau entre les dents.
Mais entre la critique et la flatterie, le pire n'est-il pas quand un parterre de faux amis, espérant sans doute un retour, fait la claque… Car si la jalousie est un vilain défaut, l'hypocrisie en est un autre...
Alors, faut-il dire ce qu'on pense ou se taire ?
Si on ne veut que des amis, il faut se taire...
Mais si on est franc, sincère, honnête, courageux, que l'on veut que la littérature avance, il doit être permis de dire à celui qui écrit ce qu'on pense...
Celui qui étale ses fruits le jour du marché ne doit-il pas accepter les regards critiques, les questions, les remarques des chalands ?
@Robert C.
"Short cuts" qui fait mentir le principe selon lequel les adaptations d'oeuvres littéraires sont décevantes...
@Clara King 1
Je suis tout à fait ravie d'apprendre que Gordon Lish était un femme. Ça me soulage, moi, d'être prise pour un homme par certains couillons patentés.
@Robert C.
Je vous le concède, mon texte est polémique. Un peu parano, aurait dit Victor (Paul Émile), avant d'ajouter : "« Celui qui est parano est en dessous de la vérité"...
En toute amitié pour votre réponse documentée, structurée et pleine de bon sens...
PS : "Ils ont connu la gloire de leur vivant", oui, au XIX et XX… Croyez-vous que Lévy, Musso feront de vieux os ?
@Jane Friedrich
Quelques remarques
Les auteurs que vous citez, Gogol, Dostoïevski, Tolstoï, Sagan, Maupassant, Céline, Fitzgerald, Hemingway... ont tout de même connu la gloire de leur vivant.
Et je pense aussi qu'un éditeur peut aider un auteur à développer son style, on se souvient du cas de Carver, qui doit beaucoup à Gordon Lish, sans que cela diminue sa valeur.
Donc je ne pense pas que le monde de l'édition soit bon à jeter, il est certainement devenu plus commercial mais on voit émerger tous les jours des auteurs intéressants (Céline Minard, John Boyne, Laura Vazquez, Guillaume Lebrun pour citer qq uns qui m'ont personnellement plu récemment mais chacun mettra les noms qu'il veut), il serait dommage de ne lire que des auteurs du siècle dernier. La littérature fait écho aux questions de société et lire uniquement des classiques c'est se couper du monde. Il faut juste ne pas se laisser hypnotiser par les stratégies commerciales du monde de l'édition.
@Sylvie de Tauriac
Bien dit, je n'écris pas forcément des critiques, plutôt des avis, parce que je lis pour le plaisir et pas trop dans l'optique d'analyser le texte. Mais je considère comme mon rôle de suggérer des améliorations si j'en vois. Après l'auteur/ autrice en fera ce qu'il ou elle veut, car c'est l'auteur qui garde la main sur son texte.
La critique des autres n'est pas forcément une référence. Pourquoi l'avis d'une personne inconnue aurait tant d'importance ? La critique peut aider un auteur à s'améliorer en se remettant en question, mais il risque alors de perdre son originalité. Certains critiques disent du mal d'un livre pour le plaisir de détruire ou faire parler d'eux. J'écris des critiques de livres en essayant de mettre en valeur le positif avec des arguments, je donne un avis à la fin en peu de phrases car je considère que mon opinion n'est pas universelle, il faut rester modeste. @Sylvie de Tauriac
LE TALENT EST UNE MALEDICTION
Écrire fait appel à trois capacités qui en disent long sur nous :
— Notre intelligence et notre culture ;
— Nos émotions, notre sensibilité ;
— "Last but not least", nos capacités littéraires.
Et là, on touche à l’essentiel.
Car en France, depuis toujours, on aime les écrivains. Ne sommes-nous pas le pays de la culture, de la belle langue, du mot juste ?
Ici, les dieux de l’Olympe sont les écrivains. Talentueux ou maudits, ils trônent au sommet de la pyramide ou, mieux encore, ils planent au-dessus.
Qui, en levant les yeux vers les étoiles, n’a jamais rêvé de briller, d'être une minuscule étoile qu’on puisse montrer à ses amis en disant fièrement : « C'est moi, j’écris. »
D'ailleurs, le plus beau compliment qu’on puisse entendre sur soi n’est-il pas : "C'est un écrivain",.
C’est pourquoi critiquer un auteur amateur, c’est le détruire.
Aucune remarque n’est tolérée, pas même une virgule. Un peu comme si on disait à une belle fille : chère amie, tu es ravissante, mais tu as un œil de travers.
Mais qu’est-ce donc que le talent ?
On le reconnaît aisément à ces phrases qui envoûtent, ces mots qui s’enchaînent avec grâce... qui vous plongent dans un univers mystique et poétique...
Il suffit de relire Maupassant, Aragon, Pagnol… ou de goûter au culot dévastateur de Céline.
Comme Alain Delon et Brigitte Bardot furent des monstres sacrés, les écrivains incarnent la perfection intellectuelle.
Parfois, on tombe en arrêt devant le texte d'un auteur amateur, comme un chien de chasse qui flaire une grue cendrée : une plume, éclatante, flagrante, grandiose.
Mais personne ne le publiera, car l'édition, c'est le pognon, pas la révolution...
Et si on écrit "nunuche" pour être dans l'air du temps, les éditeurs ont ce qu'il faut sous la main. "En veux-tu, en voilà !"...
Alors, pauvres tâcherons, on avance cahin-caha, on se crée un petit comité de lecture, un cercle d’amis qui nous rassurent.
D'ailleurs, qui lit encore et quoi ?
Il faut aujourd’hui que le titre et la couverture soient estampillés d’un grand nom d’édition — brillante, prestigieuse, ronflante — pour exhiber son livre sur la plage ou le poser négligemment sur la table du salon quand on reçoit quelques amis.
Au final, en littérature, il y a trois issues :
_ Rêver de gloire et ne récolter que quelques miettes de compliments — comme ceux qui jouent au Loto et gagnent juste assez pour rejouer. À chacun ses rêves, aux prolos, les jeux à gratter, aux intellos, gratter du papier et passer chez Augustin Trapenard...
_ Écrire pour soi comme on parle seul dans sa salle de bain, ou qu’on marmonne des mots sur un chemin solitaire.
_ Et, hypothèse d'école, être repéré par un éditeur.
Mais là encore, nouvelle désillusion. L’éditeur vous tannera le cuir pour que votre histoire colle à la tendance du moment, fasse pleurer dans les chaumières ou dresser les cheveux sur la tête : un happy end ou une fin tragique au choix pour maximiser les parts de marché.
Des stagiaires alourdiront votre texte de descriptions pour atteindre les 300 pages et couperont sans pitié tout ce qui tenait à cœur : souvenirs, émotions, vérités.
Car ne nous y trompons pas : il n’y a, par siècle, qu’une poignée d’écrivains — dix ou vingt aux XIXᵉ et XXᵉ — et souvent, on ne les reconnaît qu’au siècle suivant.
Lot de consolation, la plupart des grands — Gogol, Dostoïevski, Tolstoï, Sagan, Maupassant, Céline, Fitzgerald, Hemingway... — étaient des êtres tourmentés, malheureux, inquiets.
Peut-être est-ce là la recette du succès : se laisser dévorer par la littérature… et espérer être célèbre au siècle suivant...
Le talent est une autre malédiction... Mais enfin, on en (re)prendrait bien un peu...
Il faut savoir accepter la critique, car peu de gens commentent et c est une chance d'en recevoir. Lorsque je reçois un commentaire, je ressens à la fois de la joie et une légère inquiétude. Mon recit a été lu et à suscité de l intérêt, c est déjà beaucoup. Mais il faut accepter que tout le monde n'y soit pas sensible. Pour ma part, je ne suis qu une amatrice et je me sens bien petite face à ceux qui maîtrisent mieux l art d'écrire.
Merci sincèrement pour vos conseils
Nous sommes des êtres humains, des êtres imparfaits, il en va de même pour nos textes. Certains les trouveront formidables tandis que d'autres y verront un raté complet. Je trouve cela important de prendre en compte les avis, critiques et autres remarques, positives comme négatives, à condition que cela soit justifié et non une manière de se décharger sur un auteur ou une autrice (dans ce cas, j'ai tendance à dire : poubelle, ne pas en tenir compte, même si cela se développe beaucoup malheureusement).
Je remercie au passage aussi celles et ceux qui ont pris le temps sur cette plateforme de donner leurs avis, que ce soit sur mon roman ou mes articles, indispensables à ma progression, et c'est ce que je cherchais en venant partager mes travaux ici sur MonBestSeller.
Le cœur de cet article est le point 4.
Avec toutes les bonnes volontés — et même les meilleures —, les interventions des lecteurs ne sont pas autre chose que la manifestation de leurs impressions de lecture. Et c’est très bien ainsi.
Mais ne serait-ce pas la raison pour laquelle il est inutile de sauter de joie, ou de rentrer la tête dans les épaules, ou de se draper dans sa dignité froissée, ou de jurer ses grands dieux à la lecture des ressentis de monsieur ou madame Tartelune ?
Seule une critique approfondie (et non empathico constructive) peut permettre de retravailler un texte. Et cette critique est nécessairement l’œuvre d’un professionnel. Donc un véritable service payant (quelque chose comme 1 000 € pour un livre de 250 pages).
Réjouis-toi auteur, quand on te laisse un mot, quelqu’en soit la teneur.
Merci pour cet article fort intéressant.
Si seulement j’en avait plus des critiques, car c’est toujours instructif de connaître le ressenti du lecteur ! J’aimerais qu’il soit honnête, qu’il n’hésite pas ,ou plus, à parler ouvertement : toutes les critiques sont bonnes à prendre et me poussent à avancer, à retravailler le texte, à retranscrire d’autres sentiments, d’autres sensations auxquelles je n’ai pas forcément pensé…
Alors, je vous en prie, lâchez-vous !
L'ouverture d'esprit est la base de la littérature, sinon, il n'y aurait aucune création. La critique (constructive) permet à un ouvrage de déployer son plein potentiel. Un article très sage qui peut rassurer les jeunes auteurs et donc leur permettre de progresser.
Critiquer sans démolir, savoir apprécier sans faire de l'auteur le nouveau Proust, critiquer le texte et non ce que l'auteur est ou semble incarner à ses yeux, savoir discerner au-delà de ses goûts personnels, tout un art. mBs est aussi un site d'entraide, ceux qui y publient ont mis du temps et des efforts, il faut du courage pour mettre son texte en ligne, ils ou elles attendent des conseils afin de s'améliorer, donc pratiquer une certaine bienveillance.
@Cortex
On a compris depuis longtemps que tout ce qui ne chante pas vos louanges est le fait de, comment dites-vous ? d'auteurs qui cherchent à se venger de leurs propres carences. N'avez-vous jamais pensé que cela provenait simplement d'auteurs qui savent lire ?
PS : Pourriez-vous nous préciser ce que vous entendez par auteurs méritants ?
"Tout texte a des qualités" (sic)... Ne serait-ce pas ce qu'on appelle un vœu pieux ?... Je comprends bien qu'il ne faut pas décourager la clientèle, mais tout de même !...
Très bons conseils très sages.
Ils sont valables dans tous les domaines, y compris pour un Président de la République !!
Oui, c'est une chance de recevoir un commentaire constructif et bienveillant. Si ces deux qualités ne sont pas requises, il ne s'agit plus d'un commentaire, mais d'un réquisitoire, voire d'une volonté de nuire. Dans ce cas, ignorez le commentaire ou saluez-le pour ce qu'il est, l'exutoire d'un auteur qui cherche à se venger de ses propres carences. Nous connaissons ce phénomène ici, c'est le prix à payer pour profiter du service exceptionnel que nous rend mBS. Ce service de publier nos textes et de les faire connaître à d'autres auteurs. Merci pour cet article qui nous éclaire sur un point fondamental : accepter la critique dûment formulée, celle écrite dans l'intérêt du texte, car c'est un temps que l'on vous donne, que l'on donne à votre texte, et ça c'est précieux !
Je suis reconnaissant à celles et ceux (qui se reconnaîtront) et qui n'ont pas hésité à me faire revenir sur ma copie, parce qu'ils jugeaient cela nécessaire. Parce qu'ils jugeaient que le texte valait la peine qu'on y revienne. C'était déjà un compliment, et c'est ainsi qu'il faut le prendre. Quand on cherche à faire améliorer votre texte, c'est qu'on y croit, c'est qu'on l'apprécie. Oui, une appréciation critique peut être une déclaration d'amour à votre texte ! Alors accueillez ces commentaires comme une chance et un privilège.