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Connaissez-vous le principe du fusil de Tchekhov ?

Vous connaissez Tchekhov ?
Ses pièces de théâtre comme La mouette, La cerisaie, Trois sœurs, Oncle Vania (thème central du "très tendance" film Coréen Drive my car).
Mais vous connaissez peut-être aussi ses nouvelles qui parlent de Russie éternelle, de ses moeurs, de ses paysages, de ses fonctionnaires, de ses moujiks et de ses intellectuels exaltés...
Il est connu bien sûr pour son talent à décrire la vie provinciale russe à la fin du XIXe siècle.
Mais on le connait aussi parfois pour une théorie d’écriture qu’il a élaboré et qui fait école : le fusil de Tchekhov

En quoi consiste le principe du fusil de Tchekhov ? 

« Il ne faut jamais placer un fusil chargé sur scène s'il ne va pas être utilisé plus tard dans une pièce ou un récit. C'est mal de faire des promesses que l'on n'a pas l'intention de tenir » dit l’auteur Tchekhov, à son ami Alexandre Semenovitch Lazarev.
Sa théorie se tient : quand on mentionne un personnage ou un objet dans un récit, il faut lui donner un rôle plus tard dans l’intrigue.
Il poursuivait en substance « Si dans le premier acte vous indiquez qu’un fusil est accroché au mur, alors il doit absolument être utilisé quelque part dans le deuxième ou le troisième acte. Si personne n’est destiné à s’en servir, il n’a aucune raison d’être placé là" .

Une leçon pour les auteurs : éliminer tout ce qui n'est pas essentiel à l'intrigue

Ceci peut sembler un détail mais ce doit être une règle centrale pour tout écrivain, car il s’agit là de chasser tout ce qui est non essentiel au récit pour ne garder que la substantifique. Et quand un élément est introduit, un fusil par exemple, il faudra qu’il ait une fonction dans l’intrigue : un crime, une menace, un outil de défense, un coup de crosse, un accident...
 On ne réalise donc l’intérêt d’un élément introduit très tôt dans l’histoire que plus tard.
Plus généralement l’expression « fusil de Tchekhov » est surtout un conseil adressé aux auteurs : « N’ajoutez pas d’éléments inutiles à une histoire ».
Pour illustrer le propos de manière caricaturale. Tous les gadgets présentés dans les James Bond servent dans l'une des scènes, imaginez le héros sortir de sa poche un cigarillo mitraillette qui n'aurait pas été présenté dans une scène précédente. Absurde.

Le principe du fusil de Tchekhov doit il être respecté à la lettre?

Si tout élément doit être justifié, tout ce qui est introduit dans un récit pour des raisons extérieures au récit n’a rien à faire dans le récit,
Sauf cas exceptionnel et volontaire : si le détail mis en avant dit quelque chose sur la géographie ou le lieu, sur le milieu social, sur la personnalité du propriétaire ou son mode de vie, il est alors au service du récit et permet des raccourcis qui allègent la narration...(une paire de ski au mur indique vraisemblablement que le héros n'habite pas dans le Sahara)
Mais l’élément peut aussi servir à détourner l’attention. C'est une astuce fréquemment utilisée dans les romans policiers qui emmène les lecteurs sur des fausses pistes pour l'égarer et le faire douter.

Offrir au lecteur un récit stable cohérent, c'est lui transmettre une forme de maitrise et surtout des règles qui font du récit une histoire vraisemblable dans laquelle il peut se projeter. Détails, objets, personnages secondaires, évènements...tout doit participer à l'utilité du récit, donc à sa stabilité.