Jean Daigle-Roy

Biographie

Après une tournée panoramique de notre planète au fil des trois derniers millénaires de l’histoire (Les Arabesques), après une exploration spirituelle de cinq générations d’une lignée féminine (Hymne à la liberté de Dieu), je vous avais entraînés en plein quinzième siècle dans un polar médiéval (Le concile de 14-18), puis projetés en 2063 dans un roman policier (Phœnyxx). Qu’à cela ne tienne, replongeons en arrière, dans un cinquième siècle franchement burlesque, avec Les cassandreries érotiques de Sainte Thérèse d’Attila. Âmes pudiques, s’abstenir!

Jean Daigle-Roy a noté ces livres

3
Jean-Paul, vous nous dressez un portrait, étoffé avec soin, d’un écrivain en panne d’inspiration, mais toujours très couru. Quelle mise en abyme, dans ce roman, où les écrits s’imbriquent les uns aux autres! Votre personnage principal, véritable « symbole de l’impertinence » comme vous le dites si bien, est emporté dans les abysses quand il redécouvre des années de son histoire qui s’étaient évaporées de son esprit. De coup de théâtre en coup de théâtre, vous redynamisez judicieusement notre intérêt. Bravo!
Publié le 30 Mai 2024
3
Merci, Antonia, pour cette belle suite à votre précédent récit Les années d’or. Le résultat est d’autant plus admirable que la chronique d’une famille (et, ici, de plusieurs familles) comporte un défi supplémentaire. Tandis qu’une romancière ou un romancier peut laisser libre cours à son imagination pour ajuster les personnages et les péripéties à son gré, vous avez dû tenir compte des événements qui se sont réellement passés, notamment la mort prématurée de certains de vos ancêtres que j’aurais aimé suivre plus longtemps au fil de votre récit. (…) Certains chapitres sont particulièrement remarquables. Je retiens, parmi bien d’autres, le retour de guerre d’Antoine-Marc Guidicelli, lourd de toutes les souffrances accumulées, sublimées par les discrets gestes d’affection des deux époux à la toute fin du chapitre. J’ai beaucoup aimé, également, la scène où les enfants participent à la préparation des gâteaux pascals, scène très touchante qui apporte de la gaieté après tant d’épreuves. Notons aussi, à la page 49, le portrait de Mathieu Casanova que vous campez avec brio en un seul paragraphe! (…) Le roman Maria Chapdelaine de Louis Hémon se concluait comme ceci : « Au pays de Québec rien ne doit mourir et rien ne doit changer… » De même, à la page 29 de votre récit, pour Joseph-Antoine Paoletti, « demain sera pareil à aujourd’hui, ici et pour toujours. À jamais ». L’histoire s’est bien chargée de bousculer ces attentes. Votre chronique familiale en fait foi.
Publié le 30 Mai 2024
3
Félicitations, Armelle! La narratrice de votre roman, Célénie, est un personnage déconcertant. Au prime abord, tout semble simple. Dans une langue familière mais correcte, elle entremêle indifféremment les commérages et les événements dramatiques, les queues de haricots pour les poules et le bénitier rempli de sang, la boulimie du petit dernier de la Georgette et le meurtre sordide du Ferlu. C’est comme si tout était à plat, au même niveau. Petit à petit, tout prend du relief. Célénie rend compte, avec force détails et un sens aigu de l’observation, de l’atmosphère particulière dans laquelle baigne le bourg : la chaleur accablante, la sécheresse, la stridulation des grillons et cet incessant mouvement des chevalets de pompage de pétrole. Elle-même se retrouve dans un enchevêtrement d’interactions sociales qui la retiennent prisonnière de cette plaine monotone. Le suspense se métamorphose en drame qui bouscule toutes les règles morales de votre narratrice. On voudrait lui arracher la plume et récrire le dénouement, mais on doit se rendre à l’évidence : cela ne pouvait finir autrement, tout l’environnement physique et social concourait depuis le début à cette conclusion. À quand votre prochain roman?
Publié le 27 Mai 2024
3
Antonia, permettez-moi un jeu de mots facile : qui ne connaît la Corse et « l’écorce » rugueuse de ces insulaires farouchement arcboutés aux implacables impératifs de l’orgueil, de l’honneur, du courage? Vous déployez sous nos yeux une fresque sociale impressionnante, qui nous ouvre les secrets enfouis derrière la sévère retenue de ces hommes et de ces femmes énigmatiques. Vous explorez l’infinie diversité de l’île de Beauté avec un talent exceptionnel pour la description, entrecoupée de dialogues souvent sobres, à l’image de vos personnages, ou empreints de sagesse et de réflexion, comme en fait preuve l’attachante figure d’Antonia, votre homonyme. Je ne peux que vous laisser la parole, en reprenant votre évocation de la mer qui enserre la Corse, sublime métaphore du destin de ses habitants : « La Méditerranée joue, auprès des hommes qu'elle entoure, son rôle ancestral : elle promène, dans ses eaux plates, leurs rêves de beauté et d’exotisme mais fracasse dans la folie de ses tempêtes inattendues, leurs espoirs de conquêtes. Tantôt désirable, tantôt destructrice au gré de ses humeurs, elle protège à les étrangler ses îles perdues dans le bleu assassin de ses eaux capricieuses. » Bravo pour cette œuvre admirable! Je m’empresse, Antonia, de me plonger dans Les mondes contraires, roman qui fait suite aux Années d’or!
Publié le 23 Mai 2024
3
Philippe, avec ce récit, vous nous proposez un périlleux jeu d’équilibrisme éthique. Au début, j’ai beaucoup ri. Face aux regards qui dégoulinent « de compassion et de dégoût », Adélaïde, votre personnage central, adopte un humour féroce. Bientôt, cependant, tout bascule alors qu’on se trouve dans un cloître bucolique. L’humour d’Adélaïde ne cessera plus de mordre à pleines dents, mais nos rires sont devenus grinçants : jusqu’où, se demande-t-on, peut se déployer l’impunité d’un personnage de fiction? (…) La fin du récit est géniale. D’une certaine manière, vous nous libérez des traquenards éthiques dans lesquels nous nous étions empêtrés. Libérés… en partie : malgré la bouée de secours que vous nous tendez in extremis, nous gardons le goût amer de l’eau que nous avions ingurgitée, ou dit plus prosaïquement, avec la conscience d’être « des lettrés politiquement corrects qui ne pensent pas forcément comme il faut ». Forcément, ou férocement, ça fait grincer des dents!
Publié le 20 Mai 2024

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