Jean Daigle-Roy

Biographie

Après une tournée panoramique de notre planète au fil des trois derniers millénaires de l’histoire (Les Arabesques), après une exploration spirituelle de cinq générations d’une lignée féminine (Hymne à la liberté de Dieu), je vous avais entraînés en plein quinzième siècle dans un polar médiéval (Le concile de 14-18), puis projetés en 2063 dans un roman policier (Phœnyxx). Qu’à cela ne tienne, replongeons en arrière, dans un cinquième siècle franchement burlesque, avec Les cassandreries érotiques de Sainte Thérèse d’Attila. Âmes pudiques, s’abstenir!

Jean Daigle-Roy a noté ces livres

2.01
Pas question, ici, de l’Amérique en haillons! On plonge dans l’univers ultrariche, même les personnages issus de milieux modestes parviennent à accéder à la consommation déjantée des produits high-tech et des services raffinés, à la respectabilité sociale, à l’impunité pour les frasques de jeunesse et les magouilles de l’âge mûr. Les rejetons, devenus adultes, des grandes familles de Montgomery, Alabama, dispersés aux quatre coins des États-Unis, ne se doutent pas que leur monde immuable, conventionnel, stéréotypé, est sur le point de vaciller sous les coups de boutoir d’une terrible vengeance. (…) Le style est efficace, il ne s’embarrasse pas d’élans poétiques ou de raffinements psychologisants, il va droit au but, servi par une prose claire et bien maîtrisée, si l’on excepte, dans les premiers chapitres du récit, une certaine confusion dans l’emploi des temps passés de l’indicatif (passé simple, passé composé, imparfait). Je mettrais aussi un certain bémol aux présentations un peu arides des personnages de Chelsea et de Louis, aux pages 61 à 78, ainsi que de l’entreprise Newco, aux pages 79 à 84. (…) Le rythme s’accélère au fur et à mesure que les mailles du piège se resserrent, la lecture se transforme en tourne-page, on voudrait que le « film » s’accélère et atteigne à l’explosion finale, assouvissant ainsi l’enfièvrement de Chelsea, notre héroïne, émoi que l’on aura fait nôtre.
Publié le 11 Mai 2024
2.01
Idée originale. Bonne maîtrise de la versification classique et de toutes ses « aimables contraintes ». Trame scénique présentant un beau crescendo. Aux menus propos gouailleurs de monsieur et madame tout le monde succèdent les considérations philosophiques, religieuses, scientifiques qui s’affrontent avec une pondération courtoise, malgré la situation désespérée des personnages guillotinés. Le ton s’élève lorsque tombent les têtes de Louis XVI et de Marie-Antoinette : le burlesque initial et la comédie morale cèdent le pas à la tragédie héroïque révélant la grandeur d’âme à laquelle le couple royal serait parvenu en ces jours funestes. Bientôt, cependant, la scène bascule dans le drame monstrueux, avec l’apparition de bourreaux aux mains ensanglantées, qui ont livré des cohortes d’hommes et de femmes au massacre, au nom d’un idéalisme intransigeant ou par pure cruauté. La tension s’apaise quelque peu, alors que les dernières têtes roulent dans le panier, avec les voix de deux poètes morts sous le couperet, André Chénier et Jean-Antoine Roucher. Concluons les belles qualités de cette pièce en un acte en mentionnant le défi – notamment pour les acteurs et actrices! – que représente sa mise en scène : il ne faudrait pas moins toute l’inventivité d’un Robert Lepage pour y répondre. Ma seule réserve à propos de cette œuvre réside dans l’accueil que pourrait en faire le public, désemparé par le défilé en mode accéléré d’autant de personnages – pas moins de cinquante-trois têtes! D’ailleurs, le texte s’accompagne de notes de bas de page et d’une annexe, pour que le lecteur puisse s’y retrouver, à moins d’être lui-même un spécialiste chevronné de la Révolution française.
Publié le 10 Mai 2024
2.01
Récit intéressant. Bien que le prétexte de l’œuvre soit le meurtre tragique d’une adolescente, il ne s’agit pas d’un polar, mais effectivement d’un roman psychologique. À cet égard, la description des états d’âme des deux personnages principaux est bien fouillée, loin des banalités. Leurs vies ne semblent pas dissimuler de secrets bien lourds, du moins à première vue. Ces paysages intérieurs se construisent à petites touches juxtaposées, comme les écailles des coups de pinceau d’une peintre impressionniste. (…) Au fil des événements, l’auteure nous livre de savoureux portraits. Je pense, entre autres, à celui d’Eddie que dresse Mareck, aux pages 95 à 98, comme une radiographie qui en dévoile tout le déséquilibre. J’ai également pris beaucoup de plaisir à lire les portraits narquois d’un couple de gens âgés qui s’octroient, étant devenus vieux, la liberté d’être désagréables (pages 123 à 125) ou encore d’une incorrigible bavarde (pages 136 à 138). (…) Le style de l’auteure recourt systématiquement à un processus d’énumération, une cascade de touches descriptives, particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de traduire le trouble intérieur d’un personnage. À d’autres moments, cependant, cette accumulation de variations sur un même thème peut finir par embrouiller la compréhension, là où il y aurait peut-être été plus approprié de ramasser le tout en une formule percutante. Certaines de ces séquences narratives peuvent s’avérer très longues. Ici, je me contenterais d’un exemple très court, à la page 272 : « Comme on fêterait une chance, un porte-bonheur embarqué, une bouffée d’air pur, un champ de fleurs sauvages au printemps. » Les trois premiers éléments de comparaison auraient pu être supprimés, et l’extrait se lirait comme suit : « Comme on fêterait un champ de fleurs sauvages au printemps. » Ce n’est là qu’une suggestion. Bravo pour cet excellent roman!
Publié le 10 Mai 2024
2.4
Frédéric, votre récit démarre rondement avec l’esquisse, dès les quinze premières pages, de près d’une dizaine de protagonistes et des enjeux qui se tissent entre eux. Le rythme est alerte. À plusieurs reprises, des phrases formées d’un seul mot défilent à toute vitesse, comme en écho à la turbulence des souvenirs qui surgissent de la mémoire eidétique de Noah, le personnage principal. À d’autres moments, le style, empreint de poésie, prend davantage d’ampleur, comme dans la scène au pied de la muraille du mont Saint-Michel ou encore dans celle qui se déroule sur un glacier. En cours de lecture, j’avais imaginé certaines fins possibles, mais pas celle que vous nous proposez. Votre conclusion est beaucoup plus encourageante, à bien des égards, que celles que j’avais envisagées. J’aurais aimé gratifier votre récit de 5 étoiles, si ce n’était malheureusement des erreurs de frappe et des fautes d’orthographe dont vous auriez pu aisément expurger votre texte. C’est pourquoi j’accorderai 4 étoiles à votre roman.
Publié le 03 Mai 2024
3
Léon, j’ai toujours apprécié ces « aimables contraintes » de la poésie classique qui forme un écrin lumineux dans lequel les mots, les métaphores, les symboles viennent s’insérer avec une expressivité accrue. Permettez-moi une anecdote personnelle : à une certaine époque, je faisais régulièrement du jogging le soir, dans les rues enténébrées de Montréal, même par vingt degrés Celsius sous zéro, et je scandais mes pas au rythme des vers admirables de François Villon, de Charles Baudelaire, d’Émile Nelligan ou d’Alphonse de Lamartine. C’étaient de purs moments d’enchantement! Votre poème sur un roi déchu est digne des plus belles pages de Jean Racine. Ce dialogue aurait pu servir de prologue à quelque pièce tragique, entre l’espérance salvatrice d’Hérodiade et l’abdication nostalgique d’Hérode. Je m’imaginais, à la lecture de vos vers, sur une route de pèlerinage dans les Pyrénées, bien à l’abri des grands froids qui doivent parfois y régner. Je croyais entendre un troubadour nous conter le dit du Port de Cize, nous chanter la ballade des Veneurs, si judicieusement « émaillée » de « mots ressurgis » du passé, ou nous faire tressaillir de frayeur avec la légende de la Louve. Vous maniez avec, art, avec finesse, avec bonheur, ballades, dizains, sonnets, rondeaux. Merci pour ce voyage exceptionnel dans vos Pyrénées! Je m’empresse de télécharger votre précédent livre, Avis tranchés en tête-à-tête, en cheminant ainsi à rebours le long de votre pèlerinage littéraire… qui semble, selon vos dires, s’égarer sur « un petit théâtre macabre à souhait »!
Publié le 03 Mai 2024

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