Merci @Cathy Bonidan pour ce roman captivant en deux parties (que j'ai eu le bonheur de lire, que dis-je, de savourer dans son intégralité).
Il accroche le lecteur à travers les personnages "clés" de la première partie — Anne, la nièce du directeur du centre psychiatrique Falret, sa cousine Martine, son amie Lizzie (avec laquelle elle entretient secrètement un échange épistolaire), l'adolescente surdouée et anorexique Béatrice qui a ouvert un journal, le jeune autiste Gilles, le jardinier Serge, l'aide de cuisine Marie — tout en traitant le difficile, délicat et dérangeant sujet des maladies mentales telles l'autisme et l'anorexie dans l'univers plus global des asiles psychiatriques à une époque où les aliénés vivaient l'enfer carcéral, subissaient des traitements barbares (lobotomie, stérilisation) jusqu'à l'évolution par des méthodes avant-gardistes plus douces dans les années soixante, telle la psychothérapie. Une phrase porteuse d'espoir illustre cette évolution : « Un enfant autiste peut apprendre à lire ! »
Dans une deuxième partie à 60 ans d'intervalle, un chef-d'oeuvre d'investigation, Sophie scotchera le lecteur par sa quête des personnages évoqués précédemment, leurs témoignages étant essentiels pour la rédaction de sa thèse, intitulée initialement « L’évolution des conditions de vie dans les hôpitaux psychiatriques parisiens de l’après-guerre à la fin des années soixante. » Avec l'aide de Gabriel et de son frère Mathieu, en possession d'archives sauvées de l'incendie du Centre Falret, de Sylvaine, amie de Gabriel travaillant à la mairie de Paris, elle remontera la piste jusqu'à Martine, Marie et Lizzie, accèdera au journal de Béatrice, aux correspondances entre Anne et Lizzie. Le titre de sa thèse deviendra : « De l’aliéné au malade : la vie quotidienne des adolescents internés en psychiatrie entre 1950 et 1965 ».
Deux phrases de l'épilogue résument le roman : « Passé et présent ne font qu'un et le futur viendra bientôt les rejoindre. L'important est que tous ces moments, mis bout à bout, forment un jour une histoire, la nôtre. »
Cathy Bonidan n'a pas développé que l'univers psychiatrique dans ce roman à tiroirs. Elle a évoqué aussi au gré de ses personnages la botanique, la maladie d'Alzheimer et une merveilleuse histoire d'amour entre Anne l'universitaire et Serge le jardinier illettré, dont on retiendra cette phrase : « Mais il n'est pas une minute de chaque jour où je ne le cherche du regard, et si je l'aperçois, tous mes sens convergent vers lui, au point que j'en perds presque la vue et l'ouïe… »
Enfin, destin ou hasard qui fait bien les choses ? Dans Le parfum de l'hellébore, Sophie écrit un roman évoquant l'histoire d'Anne, découvre qu'un éditeur a publié son manuscrit… et le manuscrit de Mel Pilguric, Double voie, lauréate du Prix Concours monBestSeller de l'Auteur Indépendant 2015, est publié par les Editions de La Martinière.
Est-il nécessaire que je recommande Le parfum de l'hellébore ? En espérant que mon commentaire ait été à la hauteur de votre talent, Cathy. Avec toute mon amitié et mon admiration. MC
Publié le 05 Février 2017