Interview
Le 24 oct 2022

Annie Ernaux et le Prix Nobel ?

Annie Ernaux lauréate du prix Nobel de littérature en 2022
Annie Ernaux mérite-t-elle le Prix Nobel ?Annie Ernaux, Prix Nobel

Annie Ernaux mérite-t-elle le Prix Nobel ?

- Oui c’est un prix qui récompense l’humanisme
- Non c’est une littérature sectaire 

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23 CommentairesAjouter un commentaire

Bonne nuit il est tard, "Et la tour Eiffel brûlait, brûlait, brûlait, brûlait de la base au sommet, c'était effrayant et presque annonciateur...!!!???" Je me suis hier réveillé avec cette image ! Mais quel rapport grand Dieu !? La littérature respire encore ses derniers instants avant le grand effondrement. Respirons si le temps nous en donne le temps... Il n'y a rien à comprendre... Annie Ernaux à 82 ans pourra partir en paix soulagée, récompensée, en dépit des mauvaises langues dans un Paris désabusé !

Publié le 31 Octobre 2022

Merci, @Lucas Belmont : voici une réponse. Ce serait donc au travers des apparences qu'il faudrait lire Annie Ernaux, un peu comme si elle avait entouré son œuvre d'un filtre (cela n'engage que moi) dans lequel resteraient coincés les esprits ankylosés par les poncifs d'une époque et par tous les attrape-nigauds (femme, gauche, féministe, intimiste, et patin-couffin, comme disaient nos grands-mères qui s'y connaissaient en patins et en couffins), ne laissant passer que les lecteurs assez fins et vifs, capables de s'oublier, comme elle s'est oubliée elle-même, pour atteindre le cœur des choses. A suivre...

Publié le 28 Octobre 2022

@Camille Descimes
Bonjour, "(Il faut prendre le temps d'explorer) son univers, son puissant idéal, dissimulé dans ses écrits, de gratter la couche qui semble populaire, limite vulgaire", écrivez-vous.
Justement, nous nous demandons toujours, car jusqu'ici personne n'a réussi à le démontrer, si les écrits de madame Ernaux renferment "un puissant idéal" (le reste, ici, sur ce site, que ce soit une femme, de gauche et blablabla, nous importe peu). Pour l'instant, il me semble bien que vous êtes la première à l'affirmer. Aussi serait-il intéressant pour la communauté que vous développiez. Et que vous éclairiez la suite de votre commentaire. Ai-je bien compris ? Les écrits de madame Ernaux seraient couverts d'une "couche populaire, limite vulgaire" ?
Merci et bonne journée.

Publié le 28 Octobre 2022

Merci @Yvar BREGEANT pour ce résumé de son exemplaire parcours. C'est aussi ma conclusion concernant cette femme, dont la réussite (qui a quelques points communs avec la trajectoire de Camus) force le respect. D'autant plus que c'est une personne humble et attachante, dans ses écrits, et les quelques interviews que j'ai pu voir d'elle.
Elle est tellement rhabillée pour l'hiver de toutes parts, malgré la vague de chaleur, que j'avoue que cela finit par lasser. Elle gagne à être connue, ce prix ne lui tombe pas du ciel. Il faut prendre le temps d'explorer son univers, son puissant idéal, dissimulé dans ses écrits, de gratter la couche qui semble populaire, limite vulgaire. Il y a bien plus que cela. Tellement plus. Bonne soirée à tous.

Publié le 27 Octobre 2022

Bonjour @BernadetteL et @Catarina Viti,
Je ne juge personne car moi-même je me trompe parfois et préjuge souvent mais j’essaie juste de recentrer le débat et d’éviter certains faux-pas qui nous feraient nous monter les uns contre les autres. Je m’excuse d’ailleurs au passage si mes mots sont parfois durs. Ce n’est pas mon but de blesser ici qui que ce soit.
Je crois, Bernadette, qu’il ne faut évidemment pas se voiler la face sur le fait que des prix puissent avoir un caractère politique, par rapport à la politique pure et dure ou à la politique de vente de livres qui comme cela a été dit a peut-être cherché aussi à travers cette consécration à jeter la lumière sur un pan particulier de la littérature, l’autobiographie. Il est extrêmement difficile de dénouer le vrai du faux, et d’isoler toutes les influences subies pour soupeser leur poids respectif dans cette décision. De plus, toute lecture est en elle-même subjective, une personne n’en aura pas la même ressenti qu’une autre, et je dirais même que l’on peut soi-même reprendre un livre et le découvrir ou le redécouvrir car on soi-même changé et il nous parle alors différemment que par le passé.
Personnellement, pourtant, j’ai envie de croire en elle et en son idéal. Je me dis qu’il faut se débarrasser de toutes les influences de cases, de castes, y compris politiques, qui sont peut-être venues polluer cette décision pour ne jamais perdre de vue ce qu’il y a fondamentalement de plus pur et d’essentiel : car, qu’est-ce qui compte en fait ? Quel est le moment clef de son idéal ? N’est-ce pas quand, petite fille, elle s’est mise en mode acharné à lire pour se sortir de sa condition et puis, moment décisif quand elle a commencé pour la première fois à écrire, avec la rage au ventre des filles de son époque que Catarina exprime très bien avec ses propres mots ? Je crois que c’est ce moment-là qu’il faut capter, cet instant Eurêka pour elle où elle s’est dit, c’est cela, c’est ma voie, c’est comme cela que je vais m’en sortir et exprimer avec mes moyens et ma stratégie à moi (l’autobiographie) ce que j’ai à dire sur ce monde dans lequel je vis et que je subis en tant que fille/femme. Parce qu’après, le reste, n’est qu’une suite logique tout découle de là, de cet instant là qu’à mon sens, il ne nous faudrait pas, non, noyer sous des monceaux d’influences, quelque part abîmer, en disant que ce prix n’est somme toute que le fruit de leurs effets conjugués. A la « simple » différence de tout auteur lambda que nous sommes et qui avons toutes et tous connu cette même flamme, motivation, qui n’est certes pas une condition suffisante pour recevoir un tel prix auquel cas nous l’aurions toutes et tous, elle a pour sa part réussie à suivre sa voie avec succès et est maintenant connue à l’internationale. Donc il y a idéal de départ, de toute une vie et il y a international. Donc, eh bien, respect à Elle. Non ?

Publié le 27 Octobre 2022

@Yvar BREGEANT
Il y a peut-être més-interprétation sur ma critique. Ce n'est pas une histoire de jugement individuel ou de groupe sur la qualité d'un écrivain, de ses idées de son sexe ou de sa couleur, ni même de la qualité de son écriture. La question posée était sur la conformité des valeurs de ce Prix Nobel avec la personnalité/ temporalité de cette auteure...Et pour reprendre la réflexion de Madame Viti qui me semble juste :
"je me demande toujours si il y a quelque chose d'universel dans les livres d'Ernaux, et, si en témoignant de ces parcours de vie de femme occidentale, française, née dans les années 50, dans une certaine société, elle a construit ou pas un "puissant idéal""

Publié le 27 Octobre 2022

Bonjour @Yvar BREGEANT, je me raccroche à votre commentaire à partir de "Alors que dire de madame Ernaux ?
A ce jour, je n'ai lu que deux ouvrages : *Mémoire de fille* et *L'événement* (me promettant d'en lire davantage, mais le monde de la littérature est tellement vaste...). La première de mes lectures à été une sorte de révélation, car j'ai trouvé son rythme très beau (j'ai dit son rythme, pas son style). J'ai bien entendu été troublée par le fond de ces deux livres, car je suis une fille de son âge plus ou moins, un peu plus jeune, qui a été confrontée à peu de chose près aux mêmes faits sociaux d'une certaine époque : faire ou pas des études quand les parents sont ignares, quand des professeurs estiment que vous n'avez rien à faire dans des cursus supérieur à commencer par le Lycée, et puis forcer les barrages, la destinée. Résister. Se chercher en dehors des options permises. Et puis affronter la sexualité, quand elle vous a été présentée comme un péché, et une condamnation à mort si vous en sortiez avec le ballon, et puis faire face aux hommes, oui, qui n'en avaient rien à cirer, qui voulaient juste etc, et puis chercher à être conforme, malgré tout, et pour finir vouloir tout faire péter. Piétiner la société. Vomir ses stéréotypes, avancer en luttant.
Alors, oui, je me suis retrouvée dans l'écriture d'Annie Ernaux.
Et puis, pas tant que ça. Parce que mon parcours personnel ne me passionne pas (m'emmerde).
Alors, de ce point de vue qui est le mien, et que j'ai ici exposé non pour me mettre sous les spots, mais dans l'espoir de me faire un peu mieux comprendre, je me demande toujours si il y a quelque chose d'universel dans les livres d'Ernaux, et, si en témoignant de ces parcours de vie de femme occidentale, française, née dans les années 50, dans une certaine société, elle a construit ou pas un "puissant idéal". (La réponse est peut-être oui, mais elle ne me crève pas les yeux, alors que Momone, avec son *Deuxième sexe*, me semblait s'en rapprocher davantage.)

Publié le 27 Octobre 2022

Ce que personnellement je trouve au premier regard risible mais, à l’analyse, terrifiant dans les différents commentaires et analyses autour de la légitimité de ce prix décerné à cette autrice est qu’il met en exergue un phénomène récent qui fragmente et divise profondément notre société : j’ai envie de l’appeler "la lutte des cases". Je m’explique. Si Marx a eu à gérer "la lutte des classes", celle-ci ne se résumait à son époque "qu'à" la simple ligne de fracture entre nantis et ouvriers. Nous sommes nous aujourd'hui confrontés à une démultiplication infinie de lignes de fractures qui traversent toute notre société, polluent d’abord tous les débats jusqu’à progressivement occulter la question de fond réel unique objet du débat jusqu'à l'oblitérer et s'y substituer totalement.
Ainsi, et l’exemple de cette autrice nobélisée en est une énième parfaite illustration, lorsque, par exemple, un auteur s’exprime et fait ensuite l’objet d’une critique, au lieu de s’intéresser à l’argumentaire du critique on va uniquement et seulement scanner l'actrice et son critique et ne s'intéresser qu'à d’abord chercher à mettre l’un et l’autre dans des cases (blanc-noir ; homme-femme ; patriarcat-matriarcat ; moral - pas moral ; populaire-élitiste ; gauche - droite ; patronat - ouvrier ; col blanc - gilet jaune ; gros - svelte ; handicapée - bonne santé ; roule a bicyclette - en SUV ... etc. la liste étant infinie..) pour, une fois leur affectation à leurs cases effectuée, n'analyser l'avis du critique que par ses oppositions de cases entre lui et l’auteur critiqué.
Pour forcer le trait, imaginez seulement une autrice femme-noire-féministe- -(a(/i)morale-populaire-de gauche-ouvrière-gilet jaune- grosse-handicapée en (fauteuil)bicyclette... si elle devait recevoir un prix et recevoir des critiques en légitimité sur la teneur de ses écrits personne ne pourrait s’exprimer sinon uniquement une critique cochant exactement les mêmes cases qu'elle. Un peu compliqué à trouver tout de même. Sa condition la ferait jouir immédiatement d’un véritable bouclier, totem d’immunité interdisant tout critique littéraire de s’exprimer à son sujet puisque tout ce qu’il/elle dirait, même fondé, serait immédiatement taxé de procès d'intention. Imaginez seulement qu’un critique homme-blanc-humaniste-moral-élitiste-de droite-patron-col blanc-svelte-en bonne santé-roulant en SUV... s’exprime à son sujet waw... quelle volée de bois vert il se prendrait, peu importerait la nature de son argumentaire auquel personne ne prêterait la moindre attention, il serait immédiatement désavoué !
Si nous voulons ici, sur ce site nous efforcer de faire mieux que nos « pairs supérieurs » auteurs/autrices reconnu(e)s et critiques reconnu(e)s, il nous faudrait ne pas tomber dans ce piège, ne pas même faire mention d’aucune case de quelque ordre que ce soit pour ne pas commencer à obscurcir le débat de fond, prélude à son escamotage, son élusion, débat de fond qui reste, je le rappelle : cette autrice a-t-elle fait une œuvre animée d’un puissant idéal à la portée universelle ? Ce sont les deux seules questions à se poser, idéal, international… Pour le dire crûment, on n’en a rien à f…aire si c’est une femme ou pas, vieille ou jeune, élitiste ou pas etc…
Pour quitter cette grille foireuse de lecture, essayons de transposer la question autrement avec d’autres acteurs : par exemple si c’était Houellebecq qui avait été choisi. Non, bon, c’est un mauvais exemple. Il est vieux, moche et maigrichon. Et je coche les cases opposées (sic) alors on va me dire que c’est un procès d’intention... !! Bon alors je ne sais pas moi… prenons Musso. Il caracole en tête des ventes, sûrement un bon auteur donc quand même. A-t-il du génie ? Certainement. Le génie n’étant pas toujours, comme on le pense, dans la complexité, mais plutôt dans la capacité à faire simple, à rendre simple ce qui pour tout autre serait extrêmement difficile à exprimer. C’est pourquoi le priver d’un prix en France me parait d’un élitisme absurde. Pour autant, si l’on parle de prix Nobel son œuvre est-elle animée d’un puissant idéal et avec un caractère universel ? Il est alors davantage permis d’en douter.
Un autre exemple pour comprendre le débat en question ? Et si l’on devait comparer Goldman par rapport à Beethoven ? Goldman nous a-t-il fait vibrer ? Bien sûr. Est-il un génie musical. Pour moi cela ne fait aucun doute. Maintenant son œuvre a-t-elle une portée universelle animée d’un puissant idéal ? C’est déjà plus délicat et la comparaison devient pour lui alors moins flatteuse.
Alors que dire de Mme Ernaux ? Mon point de vue est, à la réflexion, le suivant :
A-t-elle fait preuve d’un grand idéal ? Finalement*, après avoir mieux lu une rétrospective de son choix d'écriture, Oui. Pourquoi ? Parce que même si elle a utilisé un style autobiographique et non stylisé, ce que d’aucuns qualifieraient de style plat et d’autocentré, c’est visiblement un choix stratégique sciemment choisi, génial et assumé, afin de pouvoir parler, à travers elle, de toute une classe de femmes populaires qui ont eu une extrême difficulté au sortir des deux grandes guerres de s’extraire par le haut de la condition sociale avilissante dans laquelle elle fut trop longtemps plongée. C’était là son idéal et c’est un idéal qui se respecte au même titre que n’importe quel autre. Le fait qu’elle parle simplement n’est pas pour moi la trace d’une absence de génie, bien au contraire. Il faut savoir lire entre les lignes et derrière les lignes, le message subliminal qu’elles convoient et la stratégie derrière tout cela.
Est-ce que son œuvre a maintenant une portée universelle, internationale ? De toute évidence oui puisqu’elle est traduite dans de nombreuses langues.
Elle coche donc les deux seules et uniques cases qui nous intéressent dans ce débat : Puissant idéal et international.
Dans l’absolu, elle était une candidate légitime à ce prix.
On pourra bien sûr toujours dire que d’autres méritaient mieux qu’elle ou tout autant qu’elle, mais cela est… un autre débat que je n’ouvrirai pas….

* Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis !

Publié le 27 Octobre 2022

S'il y a un point sur lequel un accord peut être trouvé, c'est qu'Annie Ernaux travaille sur l'intime. *De l'intime au sociologique* (comme Laborit avait ouvert une voie : *Du biologique au sociologique*).
Puisque le Nobel récompense un auteur pour sa dimension "littéraire" et la "construction d'un puissant idéal", doit-on considérer que l'intime serait le nouvel espace dans lequel se déclinerait l'humain ? N'est-ce pas cela, l'interrogation ? Cette attribution ne nous interroge t-elle pas en priorité sur l'évolution de la société occidentale ?
Mais peut-être que le sujet a déjà été traité.
En tout cas, je ne pense pas que ce soit utile de faire dévier le partage de réflexion vers les fonds de string ou de slip kangourou.

Publié le 27 Octobre 2022

J'ai une question à poser au juge et à ses accesseurs. Qui, comme d'habitude, fait déraper le débat entre participants, par surcroît traités de gâteux, qui ont répondu et débattu sereinement à des questions selon leur liberté d'opinions et de penser que personne ne peut leur enlever ? Les écervelés, l'injure, la dictature et l'intolérance ne m'ont jamais fait rire.

Publié le 27 Octobre 2022

@Camille Descimes Le fond me déçoit moins que le prévisible, la récurrence, mais vous avez définitivement raison : mieux vaut en sourire, voire en rire :-) !
Bises et bonne soirée !

Publié le 26 Octobre 2022

Bonsoir @Zoé Florent, vous tombez à pic, la température monte on dirait :)))
Il ne faut pas être déçue, c'était prévisible (je parle de façon générale, j'ai lu plein d'articles de plus ou moins fameux journalistes qui seraient pour elle "comme des pigeons qui lui auraient chié sur l'épaule en passant" (une belle citation de Virginie Despentes, ex-pute, lesbienne, surement de gauche, "féministe populaire", Renaudot 2010 - elle couche aussi, à n'en pas douter).
Alors autant s'en amuser...
Bises à tous les deux

Publié le 26 Octobre 2022

Bien d'accord avec vous, @Damian Jade, d'autant plus qu'elle n'a pas (sauf erreur de ma part) dédié son prix à Jean-Luc :)
Finalement, elle cumule les tares, une femme, de gauche, issue d'un milieu populaire, transfuge sociale, et qui ose de surcroit aborder des thèmes ébouriffant le patriarcat...
Peut-être même qu'elle était lesbienne, après tout ? Ou qu'elle a couché avec son traducteur suédois, un gilet jaune sur le dos ?
Damned... :)

Publié le 26 Octobre 2022

@Damian Jade Hi, hi, je crains qu'il ne faille attendre qu'une partie des hommes de ma génération cassent leur pipe pour qu'enfin les voix de la tienne ne couvrent leur écho ! Celui de certaines femmes aussi, bien que les motivations diffèrent... Mais ça viendra, ça viendra, je suis confiante ;-)...
Ceci dit, cela ne m'empêche pas d'être déçue par ce mini tollé qui, bien que tout en retenue, en dit long.
Des bises et bonne soirée !
Michèle-Zoé

Publié le 26 Octobre 2022

Ah la la...
Une femme reçoit le Prix Nobel de Littérature.
Il se trouve qu'elle est sincèrement de gauche.
Et la question dominante est : mérite-t-elle son prix ?
Le sous-entendu étant son prétendu sectarisme.

Relisons donc les programmes du Parti Socialiste des années 60 à 80.
Nous y trouverons de quoi faire hérisser les poils de tous ceux qui crient au sectarisme aujourd'hui.
Je ne vous parle même pas du Front Populaire...

Publié le 26 Octobre 2022

Dans "La librairie des bannis" que j'ai déposé en mai dernier, mon héroïne dit :
Je vis comme une femme qui aime l’action. J’ai fait quatre enfants, je suis capable de me pomponner, j’aime lire Virginia Woolf, Doris Lessing, Annie Ernaux, Anaïs Nin, et j’ai passé ma vie à boire des mojitos !
Je ne savais pas, naturellement, qu'Annie Ernaux serait prix Nobel. Sans être entré dans son œuvre, j'ai commencé à entendre parler d'elle aux débuts des années 80. Ça commence à dater. Alors, je la voyais comme une écrivaine et militante féministe, plus à travers ses livres que dans un parcours politique actif. Elle a les opinions qu'elle souhaite, naturellement. C'est son droit. Mais quand on s'allie au Diable, on salit son propre parcours. Je ne crois pas non plus que le devoir d'un écrivain c'est d'obtenir la tête d'un autre écrivain, le faire éjecter d'un comité de lecture prestigieux (poussé à la démission). Ça ressemble à de l'épuration ! Tout ce que l'on doit détester.
J'espère que le comité Nobel a donné son prix pour des raisons littéraires et non politiques. Autrement, il ne vaut pas plus qu'un assignat à la fin de la Révolution.
Outre le côté humaniste d'une œuvre, il doit mettre en avant le style d'un écrivain, tout en sachant que le comité Nobel est comme tout le monde : il lit des traductions, la plupart du temps !
Enfin, je lis dans un article de causeur de 2012 (parlant de la chose précédemment évoquée) :
"Un livre, faut-il le lui rappeler, se juge sur son style et non sur des valeurs morales : le sens du bien et du mal ne concerne pas la littérature et c’est ce qui fait son charme."
J'approuve totalement cette définition de la littérature.

Publié le 26 Octobre 2022

Personnellement, je ne la connaissais pas non plus mais, en même temps, je ne suis pas une référence en littérature contemporaine. J'ai simplement lu dans la presse (le Monde) qu'elle était très lue et connue en Suède notamment du fait de son traducteur suédois qui, outre des compétences pointues a beaucoup milité pour mieux la faire connaître. Immanquablement, cela a nécessairement eu son influence sur le comité du Nobel qui siège en Suède. Ceci m'a fait penser que nos auteurs français, comme nos chercheurs, n'ont pas nécessairement la même carrière en France qu'à l'étranger, qu'en quelque sorte, ils nous échappent un peu (beaucoup) parce que nous ne les regardons qu'à travers notre lorgnette française. Ceci dit, ce type de littérature ne m'attire pas. Je partage l'avis de Catarina savoir que je ne vois pas là trace d'un grand idéal universel mais plutôt d'un féminisme populaire à l'heure du me-too universel... c'est peut-être en ce sens en effet qu'elle s'inscrit dans quelque chose de plus grand qu'elle.

Publié le 25 Octobre 2022

Pour l'avoir lue, certes pas de façon exhaustive, je n'ai pas décelé dans son œuvre de revendications politiques. Les polémiques autour de son prix me font penser à celles autour de celui attribué à Camus, à tout le dénigrement, l'opprobre, qu'il a subi (philosophe pour classes de terminale etc.) Je retiens de ses écrits de puissantes réflexions sociologiques (elle a lu Pierre Bourdieu) débouchant sur un idéal humble et modeste, à son image, d'évolution des mentalités, sur des sujets de société qui lui tenaient particulièrement à cœur et traitant souvent de son intimité.

Publié le 25 Octobre 2022

Bonjour@Catarina Viti vous avez raison, je suis dans les préjugés à cause de certaines œuvres féminines actuelles qui se vendent comme des petits pains, et on ne peut comparer que ce qui est comparable. Je n'ai pas choisi un bon exemple ;-) Je la lirai lorsque j'en aurai l'occasion, parce que je suis curieuse de lire la première nobélisée française et pourquoi elle l'est.

Publié le 25 Octobre 2022

@FANNY DUMOND. Bonjour ! Rhôôôôôô! tout'd'mêm', pas Pancol ! Pancol tombe naturellement des mains, comme feuillage d'automne ; Ernaux écrit. Certes, elle raconte beaucoup plus qu'elle n'écrit, mais c'est tout de même un beau moment de lecture (enfin, tout cela -depuis "Rhôôôôôô!", n'est que mon opinion, œuf corse). Le problème est : est-ce que Ernaux fait usage de la littérature pour édifier un "puissant idéal". Si oui, no problemo. Qu'elle reçoive ce prix est naturel. Mais pour ce que je connais de cette écrivaine, je n'en ai pas l'impression. Je dirais qu'elle décrit une certaine société, d'une certaine époque, vue sous un certain angle. Donc, rien, en tout cas pour moi, d'universel dans cette œuvre.
Mais pour être vraiment juste, il faudrait reprendre la liste de tous les nobélisés et poser la même question.

Publié le 25 Octobre 2022

Je ne peux répondre à cette question vu que cette nobélisée m'était totalement inconnue. D'après ce que j'ai compris, il s'agit d'une féministe pure et dure. Je ne suis pas du tout fan de la littérature à la Pancol qui me tombe vite des mains dans laquelle les femmes, entre copines, n'en finissent plus de chouiner sur leur conjoint, gosses, amants et tutti quanti. Toutefois, par curiosité et pour me faire une idée sur les critères pour obtenir le Nobel, je jetterai un œil sur celui-ci, lorsqu'il sera disponible dans ma médiathèque.

Publié le 25 Octobre 2022

« Mon discours est politique. Je participe à des mouvements sociaux, mais je les dissocie de mon travail d’écriture qui n’est pas la suite de mes engagements mais ils sont la suite de mon écriture ». déclare-t-elle. L'idéologie d'Annie Ernaux est si forte, et sa complicité avec Mélanchon si voyante qu'on ne peut qu'y voir une vision politique (Surtout depuis qu'elle détient son prix). Si ses combats sont légitimes, son intelligence et sa sensibilité immense et sa douceur surprenante. C'est une militante, pour de bonnes causes, certes, mais radicale et visiblement associées à un parti. C'est troublant. A quel titre a-t-elle gagné son prix ? Le fait qu'elle tienne absolument à dissocier ses idées de son talent littéraire jette une ambiguïté sur l'attribution de son prix.

Publié le 25 Octobre 2022

Petit rappel :
Selon le testament d’Alfred Nobel, ce prix – doté de 8 millions de couronnes suédoises (soit environ 740.000€) – est destiné à récompenser une œuvre littéraire ayant « fait preuve d’un puissant idéal ».

Publié le 24 Octobre 2022