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Le 17 oct 2022

Littérature et censure pour cause d’intérêt public (3/4)

L'intérêt public est une merveilleuse invention et un formidable fourre-tout permettant de museler tout et n’importe quoi, pour des raisons fallacieuses, morales, électorales... risquant de provoquer une réaction populaire, désastreuse pour tout pouvoir, légitime ou non. Les moralistes, culs bénis, pudibonds, réactionnaires en tout genre n’ont pas manqué d’avoir recours à cet extraordinaire couteau suisse pour contester l'art et la littérature en particulier
La censure pour des raisons de défense de l’intérêt public. La littérature érotique en jugementLa censure pour des raisons de défense de l’intérêt public. La littérature érotique en jugement

La censure pour atteinte aux bonnes mœurs et pornographie.

L’atteinte à la moralité et aux bonnes mœurs ’est un excellent moyen de briser toute expression pouvant paraître « révolutionnaire », socialement dangereuse ou risquant de faire vaciller les règles édictées par une bourgeoisie ou un pouvoir bien en place, frileux et désireux d’éviter tout changement de mode de pensée.
De nombreux auteurs, loin d’être des révolutionnaires endiablés, mais témoins impartiaux de leur époque en firent les frais.

• Le roman de Gustave Flaubert « Madame Bovary » sort en librairie en avril 1857 et fait l’objet d’un procès retentissant pour atteinte aux bonnes mœurs. Flaubert est acquitté grâce à ses liens avec la société du Second Empire et particulièrement avec l’impératrice, ainsi qu’à l’habileté de son avocat.

• Charles Baudelaire, au cours de cette même année 1857, est poursuivi par le même tribunal, pour les mêmes raisons et pour immoralité, après publication de son recueil : Les Fleurs du Mal, il est condamné à retirer six poèmes de cette œuvre. La version non expurgée ne paraîtra qu’en 1949.

• « L’origine des Espèces » écrit en 1859 par Charles Darwin sera prohibé au collège de Cambridge, interdit aux États-Unis jusqu’en 1920 et dans l’état du Tennessee jusqu’en 1967 ! Cet essai est de nos jours contesté par les créationnistes de tous bords et a été abondamment censuré dès le début du XXe siècle en Grèce, Yougoslavie et Turquie.

• En 1895, Oscar Wilde fut incarcéré pendant deux ans à la prison de Reading pour "grave immoralité, pornographie et homosexualité" d’où il écrira « De Profundis », longue lettre à son amant Alfred Douglas de Queenberry.

• Si les bien sympathiques « Famille Fenouillard », « Sapeur Camember », et « Savant Cosinus » évitèrent la censure, c’est parce que son auteur, Georges Colomb, haut fonctionnaire et botaniste de renom prit soin de les faire paraître sous le pseudonyme de Christophe afin d'éviter tout problème avec sa hiérarchie.

• « Ulysse » de James Joyce parut d’abord en feuilleton dans le magazine américain « The Little Review » sans problèmes majeurs entre 1918 et 1920. Cependant, dès sa parution en roman aux États-Unis, il fut interdit pour obscénité jusqu’en 1934 et interdit aux moins de dix-huit ans jusqu’en 1953.

• Dès sa parution en 1928, « l’Amant de Lady Chatterley » fit l’objet de scandales et d’interdictions pour obscénité et atteinte à la bienséance. Cette censure ne fut levée au Royaume-Uni qu’en 1960, soit trente ans après la mort de l’auteur.

• Les romans et les nouvelles de Conan Doyle ayant pour héros Sherlock Holmes seront interdits dès 1929 en URSS pour apologie du spiritisme, de l’occultisme et pour encouragement à la consommation de narcotiques.

• En 1931, le livre de Lewis Carroll « les Aventures d’Alice au Pays des Merveilles » sera interdit en Chine au prétexte « qu’on ne doit pas faire parler et réagir des animaux comme des humains ».

• Aldous Huxley fait paraître en 1932 « Le Meilleur des Mondes ». Cette œuvre majeure sera interdite en Irlande en 1932 (pour indécence et attaque de la famille), en Inde en 1967 (pour trop libre sexualité et pornographie) et dans certaines écoles des États-Unis durant les années 1980 pour les mêmes raisons.

• « Sur la Route » de Jack Kerouak ne sera publié en 1951 que dans une version expurgée à la demande de son propre éditeur jusqu’en 2007. En effet dans une Amérique puritaine et maccarthyste cette œuvre considérée maintenant comme un des cent meilleurs romans de langue anglaise risquait de nombreux procès pour obscénité, apologie de la drogue, de l’alcool, de la mort et du sexe.

• Jean-Jacques Pauvert, éditeur-provocateur, verra l’ensemble de ses parutions censuré dès la sortie, en 1957, de l’œuvre de Sade. Il fera l’objet de nombreuses poursuites et sera condamné à plusieurs reprises dans les années 60 et au début des années 1970. À l’époque du ministre de l'Intérieur Raymond Marcelin, plus d’une vingtaine de ses publications seront frappées d’interdiction (d’affichage, de publicité, de vente aux mineurs) et il sera privé de ses droits civiques. Éditeur de Vian, Pauvert ouvrira son catalogue au surréalisme, à la pataphysique, à l’esprit de liberté et à l’irrévérence, aux nouveaux dessinateurs satiriques (Chaval, Gébé, Siné, Topor, Wolinski…), à la contestation (revues Siné-Massacre en 1962-1963 et L’Enragé en 1968…), à l’érotisme et à la pornographie : l’Enfer du sexe de Youl Belhomme, Histoire d’O de Pauline Réage, pseudonyme de Dominique Aury (d’abord attribué à Henry de Montherlant ou à André Malraux), et d’œuvres dérangeantes telles celles d’André Pieyre de Mandiargues, de Georges Bataille, d’Antonin Artaud…

• En 1982, Claude Guillon et Yves Le Bonniec  font paraître « Suicide, Mode d’Emploi ». Après de nombreux procès, le livre sera interdit en 1987 et est encore non réédité à ce jour. La censure étant rarement totalement efficace, on trouve évidemment ce livre sur le Net, d’occasion ou en PDF, souvent proposé à un prix exorbitant !

• Plus récemment encore, « Vol au-dessus d’un nid de coucou » de Ken Kesey a été retiré des lectures conseillées aux élèves du secondaire dans certains états d’Amérique du Nord, officiellement pour sa vulgarité, mais plus certainement pour son contenu considéré comme contestataire et subversif.

 Censure pour érotisme, obscénité et pornographie proprement dite.

Avec l’apparition d’internet cette censure auparavant réalisée par des acteurs sociaux autoproclamés tend à disparaître, car de nombreux sites échappent à tout contrôle. Seule la pédo-pornographie est réellement surveillée, ce qui est nécessaire car le risque de tomber accidentellement sur de tels sites étant élevé..

Il en va tout différemment en ce qui concerne la censure de la pornographie littéraire ou artistique qui a frappé de nombreux auteurs s’adressant à des adultes consentants ayant fait le choix de leur acquisition. D’autant plus que les critères de sélection ont toujours été différents selon la période, le pays et la culture.
La morale judéo-chrétienne a longtemps fixé les règles qui ont été appliquées souvent avec violence dans des contrées qui n’étaient pas bâties sur ce même mode culturel.
La nudité naturelle de certaines peuplades sera combattue avec rigueur pour des raisons de pudeur totalement ignorées de celles-ci.
Cette liberté de comportement, sociale et sexuelle a été longtemps fortement surveillée au nom de cette fameuse morale.
Sade, bien sûr, mais aussi Rétif de la Bretonne, Boccace, Henry Monnier et même Jean Richepin et récemment Nicolas Jones-Gorlin pour son roman «Rose Bonbon» seront censurés pour pornographie tout comme :

• Rimbaud et Verlaine pour leur poème parodique « le Sonnet du Trou du Cul ».

• Eugène Brieux et sa pièce naturaliste « les Avariés » (1906), traitant des dangers des maladies vénériennes qui sera interdite en France, mais fera un triomphe en Belgique et aux États-Unis avant de connaître un succès mondial. Il sera élu à l’Académie française le 18 mars 1909.

• Henry Miller qui écrivit à Paris « Tropique du Cancer » en 1934, puis « Printemps noir » en 1936 et « Tropique du Capricorne » en 1939. Tous ces romans entraînèrent aux États-Unis des procès pour obscénité, selon les lois contre la pornographie en vigueur à l’époque jusqu’en 1961. Ce n’est qu’en 1964 que ces interdictions seront levées. En France, Henry Miller verra son roman « Sexus » interdit pour son « caractère contraire aux bonnes mœurs » et du danger qu’il représente pour l’ordre public.

• En 1946, Boris Vian — encore lui — publie sous le nom de Vernon Sullivan « J’irai cracher sur vos Tombes » suivi de « Les morts ont tous la même peau ». Ces deux romans seront condamnés pour violence, crudité sexuelle et outrages aux bonnes mœurs. « J’irai cracher sur vos Tombes » était un roman de commande faite par l’éditeur Jean d’Halluin. Ce sera un énorme succès qui rapportera des sommes énormes à Boris Vian. Malheureusement, les attaques en justice successives ainsi que les indemnités faramineuses réclamées par le fisc l’obligeront à laisser saisir le reliquat de droits des romans.
L’adaptation cinématographique de « J’irai cracher sur vos Tombes » sera fatale à Boris Vian. En complet désaccord avec la version cinéma, il succombera à une crise cardiaque, le 23 juin 1959, au cours de la première projection du film. Il avait 39 ans.

• Et bien sûr, Vladimir Nabokov censuré pour le sulfureux « Lolita » de 1955 à 1959, considéré de nos jours comme un chef-d’œuvre et qui s’est vendu aux États-Unis à plus de 100 000 exemplaires en trois semaines et à plus de 15 millions d’exemplaires dans le monde.

La liste serait trop longue si l’on devait citer tous les auteurs qui selon la censure menaçaient un peuple jugé irresponsable, inculte et immature.

La censure audiovisuelle (à nouveaux supports, nouveaux contrôles)

Puisqu’il est aujourd’hui admis, depuis qu’un certain Robert Zimmerman, alias Bob Dylan, a reçu le prix Nobel de littérature en 2016, que la chanson fait partie intégrante de la littérature, nous allons nous pencher sur quelques chansons qui ont subi les foudres de la censure pour différentes raisons parfois parfaitement invraisemblables.

Musique
Pour des raisons très diverses, la chanson sera aussi victime d’Anastasie. Cette petite liste n’est évidemment pas exhaustive, mais ratisse assez large :
• à tout seigneur, tout honneur : Brassens qui s’est vu interdire de diffusion : « Gare au gorille », « Putain de toi », « Marquise », « les Trompettes de la Renommée », « La Tondue », « Hécatombe », « la Mauvaise Réputation » et tant d’autres. Georges Brassens est maintenant étudié dans de nombreuses écoles et universités de France.
. Lili Marleen, d’Hans Leip, est un exemple typique de la versatilité humaine : cette chanson, écrite en 1915, diffusée en 1941, pourtant plutôt antimilitariste, sera utilisée pour soutenir les soldats allemands. Elle fera l’objet d’une tentative d’interdiction de la part de Goebells. Puis elle deviendra un tube, même si ce terme inventé par Boris Vian n’existait pas encore, auprès des armées alliées en Afrique. Sa diffusion par haut-parleurs tous les soirs après 22 heures provoquera une forme de fraternisation entre soldats anglais et allemands à Tobrouk, ce qui ne sera pas du goût des autorités belligérantes, évidemment. Elle sera par la suite censurée dans de nombreux pays totalitaires, entre autres en RDA et par la Yougoslavie de Tito.
Boris Vian — toujours lui — verra plusieurs de ses chansons interdites de diffusion : « le Déserteur » bien sûr, mais aussi « le Tango des Bouchers de la Villette » et « Fais-moi mal, Johnny » interprétée par Magalie Noël, car elle véhiculait des fantasmes sadomasochistes exprimés par une femme…
Colette Renard, en 1963, enregistre deux versions des « Nuits d’une Demoiselle » dont une édulcorée. Les deux versions seront pourtant interdites de diffusion sur les ondes et ne seront commercialisées qu’au compte-gouttes puisque cataloguées comme « Chansons paillardes ».
• La chanson « Embrouille-Minet » de Boby Lapointe sera interdite de diffusion en 1960.
• En 1966, la chanson de Michel Polnareff « l’amour avec toi » sera interdite de diffusion à la demande de l’Archevêché de Paris pour pornographie. En 1972, l’affiche annonçant son récital à l’Olympia.lui valut une condamnation pour attentat à la pudeur… Mai 68 était pourtant déjà passé par là…
• En 1967, Michel Sardou, pas vraiment de gauche pourtant, voit sa chanson « Les Ricains » interdite de radio. Il faut avouer que, politiquement, ça tombait assez mal : le général de Gaulle venait de condamner la guerre du Viet Nam et s’efforçait de renforcer les relations franco-allemandes.
• « Imagine » l’hymne pacifique de John Lennon sera censuré aux États-Unis en 1971 qui, en pleine guerre du Viet Nam, la considérèrent comme « inappropriée ».
• La même année, en France, la chanson antimilitariste « Parachutiste » de Maxime le Forestier sera interdite d’antenne, elle sera reprise par sa sœur et par Joan Baez. L’album qui contient ce morceau sera vendu à plus d’un million d’exemplaires.
Donna Summer verra son titre « Love to love you Baby » un des plus grands succès disco en 1975 censuré dans de nombreux états des USA, car elle y simulait un orgasme féminin. Des années plus tard, en 1989, Meg Ryan, simulera à l’écran un orgasme dans un restaurant. Ceci n’attirera aucune censure et le film sera classé dans les premiers au Box-Office.
• Le très doux Pierre Perret sera victime à plusieurs reprises des foudres de la censure. Vous pensez au « Zizi » en 1974 ? Effectivement, la plupart des radios ont d’abord refusé de diffuser ce morceau, plutôt léger, alors que la décision d’enseigner l’éducation sexuelle à l’école en France était en pleine discussion. Heureusement, le courageux directeur des programmes d’Europe 1 passa outre et le titre devint un des plus gros succès de l’ami Pierrot. En réalité, l’interdiction de diffusion la plus étrange frappa « Les Jolies Colonies de Vacances » en 1966, à la demande d’Yvonne de Gaulle qui téléphona personnellement au directeur de la RTF pour lui demander de suspendre la diffusion de cette chanson, qu’elle considérait comme « une honte pour la France ». Le boycott durera 6 mois, mais là aussi, le succès fut au rendez-vous et balaiera les interdictions. Tante Yvonne était une femme pieuse, d’une honnêteté scrupuleuse, animée des meilleures intentions du monde, mais le souffle de mai 1968 commençait à se faire sentir et l’étoile du grand Charles à pâlir.
• En 1977, le régime nigérian tentera sans succès de faire taire Fela Kuti et son emblématique « Zombie ». Il sera arrêté, torturé et contraint à l’exil, mais jusqu’à sa mort en 1997 il continuera son combat contre la dictature.
• L’érotisme tendancieux des « Sucettes à l’anis » de Gainsbourg chantées par l’ingénue France Gall a échappé à la censure, car trop subtil et à double lecture, bien que certains pères la pudeur aient tenté de la bannir des ondes.

Cinéma et vidéo.

Le film « Baise-moi » réalisé par Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi, est le premier long-métrage à être interdit en France depuis plus de vingt ans. Le film s’attire l’hostilité aussi bien de certaines associations féministes que de groupes d’extrême droite, et sera condamné pour pornographie et violence. La controverse sur la classification du film est en outre relancée à la suite de l’action intentée par Promouvoir, une association religieuse d’extrême droite, qui saisit le Conseil d’État en raison de la grande violence du récit, conjuguées aux scènes de sexe non simulées.

Si peu de films sont intégralement censurés, la classification X permet d’en limiter la diffusion, voire de la rendre impossible pour des raisons économiques. Cela a eu pour seul résultat d’encourager une production médiocre, réalisée au plus faible coût d’empêcher la création d’œuvres plus ambitieuses. Parfois, la classification peut être pourtant un atout : le film « l’Empire des Sens » de Nagisa Oshima, interdit aux moins de 16 ans connut un tel succès que le deuxième volet « l’Empire de la Passion », nettement moins cru, a contraint les producteurs à tout faire pour obtenir cette même classification. Pour ce faire, ils lui ont adjoint un court métrage en première partie « Demain, la petite fille sera en retard à l’école » qui, lui, sera classé interdit au moins de 16 ans permettant à la séance d’être placée dans cette catégorie. Malin, non ?

Télévision et clips.

Pendant de nombreuses années, les films diffusés à la télévision étaient accompagnés du « carré » puis du « rectangle » blanc afin de mettre en garde les parents d’un contenu pouvant choquer les enfants (violence, nudité, crudité…) Il ne s’agissait donc pas de censure directe à proprement parler, mais de « recommandation ». Bien sûr, l’ORTF ne diffusait pas les films déjà soumis à censure ou classification X. La télévision se voulait donc encore plus vertueuse.

De nombreux clips se sont vus frappés par la censure :
• Duran Duran : « Girls on Film » en 1981 jugé trop érotique.
• Queen : « Body Language » en 1982 pour les mêmes raisons.
• Mylène Farmer : « Libertine » en 1986 (nudité), « Pourvu qu’elles soient douces » en 1988 (sexualité), « Je te Rends ton Amour » en1999 (blasphème, érotisme et violence).
• Niagara : « J’ai vu » en 1990 (allusion à la guerre du Golfe).
• Madonna : « Like a pryer » en 1989 (blasphème), « Erotica » en 1992 (nudité, sexualité) et bien d’autres.
• NTM : « J’appuie sur la gâchette » en 1993 (incitation au suicide).
• Raphaël : « Bar de l’Hôtel » en 2010 (violence).
• Rihanna : « S&M » en 2011  (la cause de la censure est contenue dans le titre).
Bien que la tendance semble décliner, YouTube et d’autres plateformes continuent à censurer certains clips sans aucune cohérence !

La censure dans les arts plastiques.

Certaines œuvres picturales ou statuaires ont subi différentes formes de censure allant de la destruction pure et simple, à la modification pudique.
Les raisons en sont multiples, souvent faciles à deviner, parfois incompréhensibles.
• Aux environs de 1550, les parties intimes des personnages des fresques de la « Chapelle Sixtine » ont été pudiquement voilées par les élèves de Michel-Ange à la demande du pape Pie IV. Danielle Ricciarelli dit « Volterra » restaurateur en chef de l’opération se verra affublé du surnom de « Braguetteur ».
• « L’Origine du Monde » : en 1865, Constance Quéniaux, petit rat de l’opéra et maîtresse du diplomate ottoman Khalil-Bey, pose pour Gustave Courbet.
Le tableau, un plan serré sur un sexe féminin, sera longtemps masqué par une autre toile de Courbet « le Château de Blonay ».
En 1955, il est acquis par Jacques Lacan qui le cachera sous un tableau d’André Masson.
En 1995, cette toile jusque-là méconnue, du moins confidentielle, entre au musée d’Orsay où elle suscite l’admiration amusée du public, mais son utilisation sur des couvertures de livres ou ses reproductions sur toiles sont interdites de vente. En 2011, Facebook, à la suite de l’intervention d’un logiciel d’Intelligence Artificielle assez peu féru de culture artistique ferme les comptes d’utilisateurs reprenant le tableau. Facebook ne fera amende honorable que sept ans plus tard.
Depuis Facebook a récidivé en censurant en mars 2018 la « Vénus de Willendorf » statuette datant de 30 000 ans…
• En 2008, une copie de « la Vérité dévoilée par le Temps » de Tiepolo choisie par Silvio Berlusconi (pourtant grand amateur de « Bunga-bunga » et de chair fraîche) pour orner la salle de presse du Conseil au Palazzo Chigi à Rome, siège du gouvernement, sera caviardée dans la foulée par un voile ajouté pour cacher son sein. Une berlusconnerie de plus qui ne sera malheureusement pas la dernière.
• La très chaste « Vénus » de Cranach datant de plus de 500 ans a été interdite d’affichage la même année dans le métro de Londres. Les responsables de la compagnie de transports ont ensuite présenté leurs excuses à la Royal Academy of Arts qui organisait l’exposition annoncée par cette affiche.

Nous terminerons cet article par une quatrième et dernière partie où nous aborderons la censure de nos jours, la protection de la jeunesse, la liberté de la presse dans le monde et l’avenir possible de la censure.

Jean-Michel Boschet
 

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Nous sommes des barbares...
Littérature et censure, j'ai déjà tout bu, et je cherche la suite (@Jean-Michel Boschet)
Comment dire, je viens de lire ce qui m'a passionné au plus haut point ! Mon age l'expliquant...
Aucun recueil jusqu’à présent n'avait captivé autant mon esprit, je parle de ce que je connais, et c'est certainement bien peu face à la richesse écrite à ce jour, je ne parle pas de science, de biologie ni même chimie, quoique cela forment un tout en nous.
En revanche je pense qu'on peu classer ce thème dans la politique pur.
jusqu’où va l'hypocrisie de l'humain ?
Sans faire l’apologie de quoique se soit, pour des causes diverses possiblement peu avouables.
Le sexe par exemple qui n'est rien d'autre qu'un bout de viande de notre corps et est naturel ...
La violence ? promu par la religion, qu'elle qu'elle soit ! De préférence, monothéiste.
Enfin, la dictature... imposant son dogme , rejoignant presque toujours la religion et par la même, une violence gratuite.
Tout ces thème qui nous rendent ... Humain,
Cet humain imposant des critères vains qu'avec le temps, seront toujours plus pourri, nauséabonde de préférence.
Merci pour ce riche docu-X. 10/10 si on pouvait donner une note ...

Publié le 09 Février 2023

Très bien écrit ce dossier, comme c'est l'habitude avec mon Best Seller.
Vous imaginez bien que l'Afrique est le paradis de la censure...

Publié le 11 Novembre 2022

Bon matin, ah la censure en ce qui me concerne la censure je connais, pour "Prophetia" mon roman une dystopie quelqu'un un jour m'a contacté en me disant : "Désormais de faire attention en traversant la rue..." Prophetia et Clémence la revanche contre la barbarie" dérange des gens de pouvoir ! La menace est claire ! "Faites attention en traversant la rue..." C'est pour ça que "Prophetia même en page 15 est toujours très bien placé parmi des milliers de livres en lecture libre. Je fais une allusion à peine voilée à Macron et pourtant en prenant soin de situer l'action en l'an 2111, mais le pouvoir comme en Russie n'aime pas la dissidence... BIEN A VOUS

Publié le 27 Octobre 2022

Très intéressante étude, @Jean-Michel Bouchet.
L’énumération des œuvres censurées ne pouvait être exhaustive. Elle est cependant suffisamment argumentée pour satisfaire à ce troisième volet.
Au risque de passer pour un ignare, je me suis enrichi considérablement.
Je salue votre travail de recherche et son découpage.
Merci infiniment. MC

Publié le 26 Octobre 2022