J’avais, au début, le même sentiment que Michel Canal, pensant qu’exposer son vécu ressenti des événements (lorsqu’il est contradictoire avec celui de ses proches) était périlleux, source de nouveaux conflits.
Mais au plus je lisais ce livre, au plus je changeais d’avis. Je réalisais que mes craintes pour autrui étaient en fait celles vis-à-vis de moi-même.
Aurais-je l’audace et le courage d’écrire autant sur ce qui est essentiel ? Ce qui nous détermine en grande partie, la famille.
Peut-être pas pour l’instant, surtout que j’ai la chance d’avoir une famille merveilleuse dont les preuves d’amour perdurent.
Mais il y a l’aspect libératoire qui est à prendre en considération. Et là, je lis ce livre comme un acte volontaire, presque politique, de libérer la parole, de dire les sentiments, de reconnaître les limites et de nommer les choses avec discernement et honnêteté.
Outre le bien que cela peut apporter à son auteur, je trouve la démarche bénéfique au lecteur, lui permettant de mieux se rendre compte de certaines réalités, de mieux se positionner aussi dans l’éventail des familles possibles et encore de, peut-être, soigner quelques plaies similaires.
Le courage, lorsqu’il est observé chez autrui, tend à se développer en soi.
Ce livre est un exemple, qu’il me plaira de suivre, un jour.
Enfin, j’y ai trouvé quelque chose d’universel, alors que pourtant très personnel, jusque dans les détails.
La complexité des relations intrafamiliales, faites d’un amour dont on ne mesure pas toujours le pouvoir discret, fait que nous aimons aussi nous détester tellement nous aimerions être plus proches encore, plus semblables, tout en valorisant nos différences.
Publié le 17 Janvier 2023